Mardi 16 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Afrique

Kadhafi le destructeur, Kadhafi le constructeur

Single Post
Kadhafi le destructeur, Kadhafi le constructeur

Les 40 ans de dictature de Mouammar Kadhafi en Lybie sont près de s’achever. Notre correspondant en Afrique, Bram Posthumus, évalue l’héritage mitigé laissé par le colonel libyen.

C’est une ville flambant neuve. Une place monumentale située au cœur, dominée par un centre de conférences gigantesque, de style futuriste. Promenez-vous le long de cette place et admirez les palaces, les larges boulevards, les gratte-ciel et hôtel tout neufs – sans oublier le palais présidentiel.

 

Voilà une autre ville, mais cette fois l’image ne peut pas être plus contrastée. Le long boulevard unique rejoignant le centre aux banlieues est sombre. Il n’y a pas eu de lumière depuis de nombreuses années. Les bâtiments sont criblés de balles ; les maisons sont des coquillages creux – mais un instant : il y a bien du linge accroché à des fils. Est-ce que des gens peuvent habiter dans ces ruines ? Oui, bien sûr. Ils ne peuvent aller nulle part ailleurs.

Ces deux villes portent la signature du leader libyen aujourd’hui en proie à des difficultés, le colonel Mouammar Kadhafi.

Construction et investissement

La première : Ouaga 2000, une nouvelle ville satellite aux abords de la capitale du Burkina Faso, co-financée par son ami le président Blaise Comparoé. La Libye nage dans l’argent de l’or noir et Kadhafi a créé la société Laaico (Libyan Arab African Investment Company), une compagnie d’investissement, afin de construire et d’investir. Et l’argent libyen est largement utilisé dans des dizaines de pays africains : dans des entreprises de télécom au Niger, des mines en RDC, dans l’agriculture en Ethiopie, et dans des hôtels, de nombreux hôtels, à Accra, Dar es Salam, Brazzaville, Kigali, Libreville, Ouagadougou…

Camps d’entraînement à la révolution

La deuxième : Monrovia, au Liberia, il y a 10 ans. Mais elle aurait très bien pu être Freetown en Sierra Leone ou N’Djamena au Tchad. Monrovia a presque entièrement été détruite, l’ouvrage d’une milice armée fidèle à l’homme qui est maintenant le président du pays : Charles Taylor et son Front National Patriotique pour le Liberia. Ses membres ont été formés au Liberia à al-Mathab al Thauviya al-Alamyia : le quartier général des révolutionnaires. Un endroit que l’écrivain et érudit africain Stephen Ellis a appelé une fois ‘l’Université Harvard et Yale d’une génération entière de révolutionnaires africains’. D’autres ‘diplômés’, comme Foday Sankoh de Sierra Leone, dont le Front Uni Révolutionnaire a fait des ravages dans ce pays et Laurent Désiré Kabila, le chercheur d’or de la RDC qui avait lancé une attaque réussi sur Kinshasa en 1997 et qui s’est avéré ne pas être mieux que Mobutu, l’homme qu’il a renversé. Actuellement, c’est Joseph Kabila, le fils de Laurent, qui est au pouvoir.

Ingérence violente

La première ingérence violente de Kadhafi en Afrique a commencé tout de suite après sa prise de pouvoir en 1969 et le pays qui en a fait les frais est le Tchad. En 1971, il a commencé à occuper la bande d’Azaou, dans le nord du Tchad, région riche en uranium. Ses soldats ont occupé brièvement la capitale N’Djamena, après une guerre civile très destructrice. Les actions militaires libyennes au Tchad se sont terminées par la une défaite humiliante en 1986-1987 et la victoire d’Hissène Habré, un chef de guerre soutenu par les Etats-Unis et la France, qui est devenu un autre dictateur sanguinaire du Tchad.

Financement des mandataires

Les guerres au Tchad se sont étendues jusqu’au Soudan voisin, et en particulier dans la province du Darfour. A cette époque l’armée libyenne n’est pas intervenue directement mais a commencé à fournir des armes à la milice, et ceci déjà au début des années 80. La crise du Darfour a atteint son paroxysme au moment où la guerre a éclaté en 2003, mais ses origines sont plus anciennes et continuent à porter la griffe de Kadhafi, même à l’heure actuelle. L’armement des mandataires a depuis été la méthode de choix d’intervention de Kadhafi, utilisant l’argent libyen pour soutenir les insurrections dans un grand nombre de pays africains comme le Liberia et la Sierra Leone.

 Mercenaires

Certains rapports font état de manifestants libyens tués par des mercenaires africains. Leur présence a des répercutions dangereuses pour les autres migrants africains. Deux d’entre eux, du Sénégal, ont témoigné dans un quotidien de Dakar qu’ils n’avaient pas le courage de quitter leur domicile par crainte d’être tués ou capturés. Ils pensent qu’ils pourraient être pris pour des mercenaires. Ils seraient alors les dernières victimes en date de l’héritage mixte mais empoisonné de Mouammar Kadhafi. Un héritage qui persistera longtemps encore après son départ.



1 Commentaires

  1. Auteur

    Boygalsene

    En Février, 2011 (21:05 PM)
    Dooyena waar daale mais sui nouveau sur ce site comment on sait que une personne est dakor avec tn comentaire et ya pas de notifications pr cela aidez moi svp?????

    Top Banner

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email