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Afrique

Mabingue Ngom, directeur de l'Unfpa-Wcaro : "Comment tirer profit du dividende démographique en Afrique"

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Mabingue Ngom, directeur de l'Unfpa-Wcaro : "Comment tirer profit du dividende démographique en Afrique"

Directeur régional du Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa) pour l'Afrique du l'Ouest et du Centre, Mabingué Ngom travaille à aider les pays africains à réussir la capture du dividende démographique. Toutefois, il estime que le leadership et une réponse coordonnée et multisectorielle sont une nécessité pour tirer profit au maximum du dividende démographique.

Vous avez travaillé à faire comprendre le profit que l'Afrique peut tirer du dividende démographique. Aujourd'hui, le véhicule a de l'essence et a démarré (pour reprendre votre expression). Ne va-t-il pas rencontrer des obstacles majeurs sur la route ?
D'importants efforts ont effectivement été réalisés par l'Unfpa pour une meilleure compréhension et une adoption du dividende démographique au plus haut niveau. La feuille de route, adoptée par l'Union africaine, en juillet 2016, à Kigali, et lancée, en janvier 2017, à Addis-Abeba, par les chefs d'État et de Gouvernement, en est une parfaite illustration. Aujourd'hui, le véhicule a effectivement de l'essence et il faut qu'on aille de l'avant. Cependant, comme dans tout processus de développement, il y a des obstacles ou des risques à prévoir et à mitiger. Les plus importants, en ce qui concerne le dividende démographique, sont l'appropriation nationale et le manque de ressources nécessaires pour assurer leur pérennité. Toutefois, l'approche participative qui a été menée largement dans ce processus et se poursuivra permet d'envisager des risques moindres et d'être optimiste pour la suite. Quant à la mobilisation des ressources, nous avons déjà des succès. Le projet sur l'Autonomisation de la femme et le dividende démographique au Sahel (Swedd), mis en œuvre dans six pays de la région Afrique de l'Ouest et du Centre depuis 2016, en est la parfaite illustration et les évaluations annuelles à mi-parcours réalisés le confirment. Cette initiative, menée au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Tchad et en Côte d'Ivoire, est considérée comme un modèle de résilience pour les populations et constitue déjà une source d'inspiration pour le développement des autres pays de la région. C'est le parti pris de l'Unfpa, celui de travailler en étroite collaboration avec tous les acteurs, y compris les bénéficiaires, à identifier les bonnes pratiques et à les passer à l'échelle en étendant cette initiative à d'autres pays, voire d'autres régions.
"La pleine possession de ses ressources domestiques permettra à l'Afrique d'investir davantage dans la jeunesse, la santé, l'éducation et la formation, en vue d'avoir une main d'œuvre capable de générer une économie florissante."

La bonne gouvernance est une des roues du dividende démographique. Or, la mal gouvernance est souvent décriée dans nombre de nos États. Dans ce cas, ne craignez-vous pas un fiasco ?
La mal gouvernance constitue un phénomène qui touche certains de nos pays comme en témoigne le rang peu enviable qu'occupe l'essentiel des États africains dans le classement international du rapport "Doing Business". Elle participe considérablement à anéantir les progrès réalisés dans le processus de développement et constitue, de ce fait, une redoutable force de frottement à l'effort de capture du dividende démographique. Malgré tout, je reste confiant. L'Afrique s'est résolue à relever ce défi majeur et nous devons l'accompagner. Les nombreux investissements étrangers directement orientés vers l'Afrique et qui contribuent à améliorer, de façon significative, le climat des affaires constituent des signes encourageants et traduisent les progrès remarquables réalisés dans la région dans ce domaine. Il est, par ailleurs, heureux de noter que cette question de la mal gouvernance est prise très au sérieux par les leaders africains puisque le thème du récent Sommet de l'Union africaine, organisé en fin janvier 2018, a porté sur la corruption qui est une composante essentielle de la mal gouvernance. Des déclinaisons concrètes devraient découler de cette rencontre et participeront à la définition de mesures fermes pour inverser les tendances lourdes et pour bien des pays du continent. Nous ne pouvons que nous réjouir, en tant qu'Agence des Nations unies, de ce nouvel agenda de l'Union africaine contre la corruption. La pleine possession de ses ressources domestiques permettra à l'Afrique d'investir davantage dans les secteurs prioritaires que sont la jeunesse, la santé, y compris de la reproduction, la qualité de l'éducation et de la formation, en vue d'avoir une main d'œuvre capable de générer une économie florissante. En un mot, c'est cela la capture du dividende démographique.

Le leadership est nécessaire pour capter le dividende démographique. Vous avez rencontré presque tous nos chefs d'État. Sentez-vous en eux ce leadership ?
Le leadership constitue l'épine dorsale pour tirer au maximum profit du dividende démographique. Dans le cadre du plaidoyer en faveur du dividende démographique, j'ai effectivement rencontré la majorité des chefs d'État des 23 pays de l'Afrique de l'Ouest et du Centre et j'ai constaté un engagement et une détermination sans faille. Nous avons embarqué dans la même dynamique les anciens chefs d'État à travers le symposium organisé, à Dakar, en 2016, sur le dividende démographique. On peut noter également la récente mobilisation d'un nombre impressionnant de Premières dames d'Afrique, le 18 octobre 2017, à Abidjan, considérées désormais comme les ambassadrices et les championnes des changements sociaux qui doivent nous aider à accélérer la capture du dividende démographique dans leurs pays respectifs. Je souligne, en passant, la participation de la Première dame du Sénégal. Le continent et ses acteurs sont en train de se mobiliser. Au Tchad, plus d'un millier d'imams étaient en conclave du 24 au 27 juillet 2017 et ils sont arrivés à la conclusion qu'il était vital d'orienter les priorités du continent vers une meilleure maîtrise de la croissance démographique pour lutter contre la pauvreté et donc, d'évoquer la question de la planification familiale. Egalement, lors de la dernière Conférence internationale sur le Sida - Icasa - à Abidjan, du 4 au 9 décembre 2017, un réseau de journalistes africains, spécialistes de l'information et de la communication, a été créé dans le but d'accentuer la visibilité et la compréhension du grand public sur les questions de santé y compris de la reproduction, de population et développement afin d'accompagner la feuille de route de l'Union africaine. Je peux, sans hésitation, vous rassurer que la détermination et le leadership de l'ensemble des chefs d'État africains sont bel et biens réels et sans faille !
"Le taux d'accroissement démographique en Afrique subsaharienne ne semble pas militer en faveur du développement du continent."

Le croît démographique ne constitue-t-il pas un frein pour l'Afrique ?
Un croît démographique non maîtrisé entraîne la multiplication des défis à relever en termes de réponse à une forte demande sociale. Le taux d'accroissement démographique record de 2,7 % enregistré par l'Afrique subsaharienne, contre 1,2 % au niveau mondial, ne semble pas militer en faveur du développement du continent si l'on interroge la quasi-totalité des indicateurs de développement. L'on constate, en effet, que pour la plupart de ces indicateurs, l'Afrique occupe le bas de l'échelle dans le classement des régions du monde (source : Unfpa Wcaro 2016). Il est ainsi important pour les pays africains d'accélérer leur transition démographique afin de maî- triser la croissance de la population et apporter une réponse positive aux nombreuses sollicitations des masses.

Réussir le dividende, c'est aussi faire confiance au génie africain. Est-ce le cas sur le continent ?
Absolument ! L'Afrique que nous voulons à l'horizon 2063, c'est-à-dire une Afrique intégrée, prospère et en paix, une Afrique dirigée et gérée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique sur la scène internationale, passera nécessairement par la capture du dividende démographique. C'est, en effet, ce que les leaders africains ont reconnu en adoptant la feuille de route de l'Union africaine sur le dividende démographique que j'ai évoquée plus haut. A travers le continent, particulièrement dans l'écrasante majorité des pays de l'Afrique de l'Ouest et du centre, l'Unfpa a facilité le lancement de cette feuille de route à l'échelle nationale et son alignement aux plans nationaux et sectoriels de développement ; j'y ai veillé personnellement. L'Unfpa a également apporté son appui pour l'engagement des chefs religieux et coutumiers et des organisations de jeunesse ; la redynamisation des réseaux des parlementaires, des journalistes et des spécialistes de communication en population et développement ; et le renforcement des capacités nationales pour le développement de profils suivant l'approche des Comptes de transferts nationaux (Nta). A cet égard, je veux saluer le partenariat vibrant avec le Crefat qui fait un travail extraordinaire dans la sous-région avec mes collègues. Comme vous pouvez le constater, ce génie africain est en train d'être testé avec des actions concrètes sur le terrain.



8 Commentaires

  1. Auteur

    Lepatriote

    En Février, 2018 (17:00 PM)
    Quand un intellectuel a un discours long, il y cache très souvent des mensonges ! Arrêtez de nous tympaniser avec de nouveaux concepts qui trompent les masses populaires et leur adresse de faux espoirs ! a l horizon 2063, LE BEBE QUI VIENT DE NAITRE AURA 46 ANS ET PROCHE DE LA RETRAITE ! C'est comme Senghor qui dans les années 1970 promettait aux sénégalais qu'il ferait de "Dakar comme Paris", prommesse pour l'an 2000, soit en 30 ans ! La realite est là, tangible, je ne sais pas si Dakar est comme Paris, mais ce qui est sür c'est le Barca ou Barsak est une réalité ! LA DIVIDENDE DEMOGRAPHIQUE N A JAMAIS ETE ET NE PEUT ETRE UN FACTEUR DE DEVELOPPEMENT DES SOCIETES ! ARRETEZ DE MENTIR AUX MASSES AFRICAINES. DITES LEUR POURQUOI FAUDRAIT IL ATTEINDRE DES TAUX DE CROISSANCE DE 7% POUR S EN SORTIR ! LA VERITE EST QUE NOUS AUTRES AFRICAINS ET SURTOUT MUSULMANS NOUS FAISONS TROP D ENFANTS. Et pire dans le cas du Sénégal, NOS FRONTIERES POREUSES FONT QU AUCUNE POLITIQUE NE PEUT ETRE SERIEUSEMENT MENEE DU FAIT D UN TRES MAUVAISE PLANIFICATION AU VU DE LA NON MAITRISE DU NOMBRE DE PERSONNES VIVANT SUR LE TERRITOIRE SENEGALAIS. TROP D ETRANGERS QUI RENTRENT ET SORTENT COMME ILS VEULENT. IL Y AURA TOUJOURS UNE PRECARITE DES RESSOURCES FONCIERES ENERGETIQUES ET AUTRES DANS CES CONDITIONS.
  2. Auteur

    Anonyme

    En Février, 2018 (17:33 PM)
    khana ce Monsieur se prépare à faire son entrée politique? je ne comprends toujours pas ce que sa tronche fait sur les affiches de l'UNFPA
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    Auteur

    Senenmut

    En Février, 2018 (17:49 PM)
    Hier pays:

    -sous développée

    -tiers monde, quart...

    -en voie de développement. et leur politique :

    -ajustement structurels,

    désengagement des états

    - privatisations,

    - dérégulations.... toujours misère et pauvreté point de développement. si ce n'est le contraire..



    Aujourd'hui :

    -émergence

    -genre = est le masque vers la dépénalisation de l homosexualité

    dividende démographique = dont l'éducation est le masque conduit vers la dénatalisation cachée de l'Afrique.

    Ils savent éperdument que la forte démographie africaine qui est une vitalité qui fera d'elle une superpuissance en matière de population au niveau mondiale quand la dénatalité est un péril pour l'occident? incapable de faire face comme ils ont deja échoué à nous exterminer avec le sidas, le palu hier aujourd'hui, c' Ebola, Zica, dingue, les arrets cardiaques, AVC , nouveaux cancers inexpliqués de jeunes africains. Tout est bon pour le génocide des africains et nos leaders et ong complices, les populations passives. mais Dieu est plus fiort que tout. On a commencé l humanité on l a terminera.

    Le bien matériel vous perdra

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    Auteur

    Vieux

    En Février, 2018 (18:02 PM)
    Mabigué et non mabingue
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    Auteur

    Vieux

    En Février, 2018 (18:02 PM)
    Mabigué et non mabingue
    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2018 (19:36 PM)
    Rien de nouveau ici. On connait tous la solution.

    Arret de la corruption

    Mise en place d'administrations fortes et efficace

    Une Afrique unie pour l'exploitation de ces resources naturelle et une circulation libre des personnes et des biens a travers le continent.



    Dirigeant Africain reveillez-vous, Le peuple vous a elu pour mener a bien son developpement.

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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2018 (09:08 AM)
    Excellent article bien écrit

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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2018 (11:43 AM)
    Felicitation Mabigué: Réduisons nos enfants et travailons ils reussiront forcément

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