«La chute de la France». Cet article d'une journaliste du magazine américain Newsweek, Janine di Giovanni, qui s'est installée à Paris, avait fait couler beaucoup d'encre, il y a quelque temps. Pourtant, en ce qui concerne la croissance, le chômage, le moral des entreprises, la consommation..., tous les voyants de l'économie française sont au rouge. Le pouvoir de la France s'érode au niveau mondial (9e mondial, selon le dernier rapport du Fmi). Même le rapport 2016 du World Happiness Report, qui mesure le bonheur par pays selon plusieurs critères, fait dégringoler la France qui n'arrive qu'en 32e position. Une lente, mais certaine dégringolade depuis le premier rapport de ce type, en 2012.
Pourtant, même si elle est consciente de la perte de sa superpuissance, la France a encore de beaux restes en Afrique. Ses entreprises captent énormément de revenus dans les pays africains. Et la France continue d'être le garant de la convertibilité du franc Cfa. Décryptage.
La chute d'un mastodonte
Lorsqu'un mastodonte s'affale, sa chute est retentissante. Bruissante. Pays d'une grande puissance, avec une influence mondiale, la France a amorcé une phase descendante depuis des années, même si elle continue de jouer un rôle important dans le monde. Le dernier classement du Fonds monétaire international (Fmi) la reléguant de la 6e à la 9e puissance économique mondiale vient exacerber la chute de l'ancien colonisateur.
En 2015, la France était la 6e puissance économique mondiale derrière les Etats-Unis, la Chine, le Japon, l'Allemagne et le Royaume-Uni. La valeur de son Produit intérieur brut (Pib) était de 2.935 milliards de dollars (2.672 milliards d'euros). Au troisième trimestre de 2015, sa dette publique dépasse 2.100 milliards d'euros et représente près de 97% de son Pib. Des chiffres qui confirment la chute de ce pays amorcée depuis des années.
Même si dans le classement des Pib calculés avec les taux de change des marchés des monnaies, la France occupe toujours le sixième rang, dans le classement 2016 de Pib en «parité de pouvoir d'achat», publié le mardi 5 avril 2016 par le Fonds monétaire international, la France est relégué au 9e rang des économies mondiales. Cette méthode de calcul est très chère au Fonds monétaire international. Elle consacre la suprématie de la Chine, suivie des Etats-Unis, de l'Inde, de Japon, de l'Allemagne, de la Russie, du Brésil, du Royaume Uni avant que la France n'arrive. Le Mexique vient clôturer le top ten. A ce rythme, la France finira même par perdre sa place dans le G7 (Groupe des 7).
Du sommet aux abysses
Pourtant, la France a toujours sur un vaste territoire, un sous-sol riche en minerais, une population nombreuse (plus de 60 millions d’habitants) et bénéficiant d’un niveau d’éducation élevé, qualifiée... Sur le plan économique, la puissance française a toujours reposé sur une agriculture grâce à des superficies cultivables étendues, une industrialisation soutenue, la richesse de son sous-sol (charbon, fer), sa main-d’?uvre qualifiée.... La France est, en effet, l'une des premières puissances agricoles de l’Union européenne. Elle produit et exporte massivement (blé, viande, produits laitiers, fruits, vin…). Les succès industriels de la France sont visibles avec les automobiles, l’Airbus, la fusée Ariane, les industries de pointe (pharmacie, pétrochimie). L'un des points forts de la France réside aussi dans ses services, qui connaissent un grand succès à l’échelle mondiale (banques, assurances…) Aussi, la France accueille-t-elle le plus grand nombre de touristes au monde, grâce à la richesse de son patrimoine historique et culturel et la diversité de ses paysages.
Outre ce poids économique, la France est présente à l’échelle mondiale en raison du rôle stratégique, diplomatique et politique qu’elle exerce. Elle occupe une place de premier plan à l’Onu (elle est l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité) et participe à toutes les organisations qui dirigent le monde, comme le G7. Elle participe à la gestion des affaires du monde de façon militaire et diplomatique (intervention en Irak en 1991, au Rwanda en 1994, en Yougoslavie en 1999, en Libye en 2011 et au Mali en 2013). Elle aide aussi de nombreux pays en voie de développement, en particulier ceux d’Afrique francophone par le biais de l'Agence française de développement (Afd).
La puissance de la France a également toujours reposé sur un État unifié par un pouvoir solide qui a su construire le pays et stimuler l’économie. Ses territoriales dispersées dans le monde entier (les DOM-TOM) participent également à la puissance française, lui faisant jouer un rôle de premier plan dans l’Union européenne sur le plan économique et politique (parlement européen à Strasbourg).
La France exerce également un rôle mondial grâce au rayonnement de la langue et de la culture françaises.
Les raisons d'une dégringolade
Depuis des années, les entreprises industrielles françaises sont confrontées à une concurrence internationale très vive. En raison de certains retards, la France a souvent du mal à s’adapter aux nécessités de la modernisation. Conséquence, la France connaît de nombreux problèmes : un chômage élevé pour un pays développé, le vieillissement de la population, le développement de la pauvreté dans des régions économiquement très fragiles, la montée de l’insécurité et de la violence dans certaines banlieues de grandes villes. Autre facteur, l'ambiguïté du pays. Même si la France est une puissance indéniable au niveau européen et un pays ouvert sur l’extérieur, cette puissance est fragile et inégale. Du coup, les Français ne se sentent même plus aussi heureux qu'ils ne l'étaient auparavant.
En effet, selon le rapport 2016 du World Happiness Report, qui mesure le bonheur par pays selon plusieurs critères, la France n'arrive qu'en 32e position. Selon cette étude des Nations unies, qui prend en compte plusieurs critères (dont le Pib, les soutiens sociaux, l'espérance de vie, la liberté sociale, la générosité et l'absence de corruption), la France arrive loin derrière la Norvège (4e), Israël (11e), les Etats-Unis (13e), l'Allemagne (16e) ou même le Mexique (21e).
Mais tout n'est pas pour autant perdu. La France, avec 8,2 milliards d'euros, reste de loin le premier exportateur de vin en valeur avec 29% des parts du marché mondial.
Aussi, plusieurs entreprises françaises continuent de prospérer surtout en Afrique.