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[Journée mondiale de l’éducation] La difficile inclusion des enfants handicapés dans le système

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[Journée mondiale de l’éducation] La difficile inclusion des enfants handicapés dans le système
La journée internationale de l’éducation est célébrée ce mercredi 24 janvier 2024. « Apprendre pour une paix durable » est le thème de la 6ème édition de cette journée. Une occasion pour Seneweb de faire un constat sur  la situation de l’éducation inclusive au Sénégal, notamment dans sa capitale Dakar où les enfants en situation de handicap ont encore du mal à intégrer le système éducatif… Reportage 

Fatou Thiaw supporte un lourd fardeau : élever sa fille née avec un handicap moteur. Devenue mère à l’âge de 18 ans, la seule fille de sa fratrie, tente d’éviter à l’enfant son malheur de n’avoir jamais fréquenté l’école. Dans l’insouciance, la petite Rokhaya, 5 ans, rêve d'entamer son cursus scolaire. Mais elle  se heurte  à  une société qui donne peu de place aux personnes vivant avec un handicap. Pour expliquer sa situation, Fatou Diaw arrive à peine à trouver les mots. Visage couvert à moitié par une main qui montre les effets d’une dépigmentation, la native du quartier Alassane Moussa Dia makatal mou Karam de Fass Mbao, explique son calvaire : «J’ai essayé maintes fois de l’inscrire dans des écoles spécialisées, mais le processus reste à chaque fois sans suite. Ils (les responsables des écoles: ndlr) me disent toujours qu’ils vont me rappeler, mais rien.» 

Dans son récit teinté d'émotion, elle a encore ces souvenirs douloureux qui la replongent dans les méandres de son désarroi causé par le rejet de la chair de sa chair. Sur un ton chagriné, la mère célibataire ajoute : «Ma fille a même réussi des tests pour intégrer le centre spécialisé bien connu. Mais eux n’ont plus ne m’ont pas rappelée. Et je n’ai eu aucune explication de la part des responsables». Ces difficultés à trouver une école pour sa fille empêchent Fatou d' avoir une activité professionnelle. «Je suis obligée de rester à la maison pour m’occuper d’elle. Sinon, à part ma mère, personne ne le fera à ma place. D’ailleurs, de bonnes volontés se sont proposées à payer ses frais de scolarité mais on n’arrive pas à trouver une école», a affirmé Fatou Thiaw dans la narration est entrecoupée de quelques secondes d’hésitation.

En ce début de soirée du samedi 20 janvier, le vent frais qui souffle au quartier Alassane Moussa Dia makatal mou Karam de Fass Mbao, oblige les habitants à regagner leurs maisons. Seuls les plus petits résistent. Leur gaieté à se pavaner dehors ne se cache pas. Ce quartier insalubre de la banlieue dakaroise abrite aussi des âmes bien malheureuses. Assise sur le lit, dans une chambre dont la dalle est supportée par des poteaux, la grand-mère de Rokhaya est veuve. De forte corpulence, Fatou Boye, relais communautaire, peine à trouver une solution à sa petite fille. « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour que ma petite fille intègre une école. Elle sait parler, son handicap moteur ne devrait pas l’empêcher d’intégrer notre système éducatif» enrage-t-elle.

Le poids de la stigmatisation

Au cours du lancement du concept «Bonne année, bonne santé pour les enfants handicapés âgés de 3 à 12 ans », le mardi 16 janvier aux Almadies, des parents ont témoigné leur désarroi de voir leurs progénitures frappées d’injustice sociale, à leurs yeux. En effet, au Sénégal, des enfants sont encore « rejetés des écoles » parce qu’ils sont handicapés selon Ndeye Coumba Thiaw, institutrice et présidente de l’association des handicapés de Yoff. « Les handicapés, enfants comme adultes sont laissés en rade », affirme-t-elle.

Pourtant la loi N° 91-22  du 16 février 1991 portant orientation de l’éducation nationale, modifiée indique que « la scolarité est obligatoire pour tous les enfants des deux sexes âgés de 6 ans à 16 ans. L'Etat a l'obligation de maintenir, au sein du système scolaire, les enfants âgés de 6 à 16 ans. La scolarité obligatoire est assurée gratuitement au sein des établissements publics d'enseignement ».

D’ailleurs, selon Mme THIAW, le ministère de l’Education a demandé l’intégration des enfants handicapés en âge d’être scolarisés dans les établissements publics, «mais ces écoles ne sont pas adaptées, ni les classes. Les maîtres ne sont pas encore formés. Les tables bancs ne sont pas adaptés pour les handicapés moteurs », observe-t-elle. 

Les centres spécialisés comme Talibou Dabo de Grand Yoff, créés en 1981, structure publique la plus populaire d’éducation et de réadaptation pour les enfants handicapés physiques, ne sont pas nombreux. Mais Souleymane Diop, chef de la Division intégration et protection sociale au ministère de la Santé et de l’Action sociale d’indiquer dans le journal Le Soleil du 18 janvier  qu’il y a « une intervention au niveau de l’éducation avec la prise en compte de l’éducation inclusive des enfants qui sont formés et accompagnés dans leur cursus scolaire. Nous faisons en sorte d’aménager l’environnement scolaire pour qu’il puisse s’adapter au handicap de l’enfant».

Selon un recensement fait par le ministère de l’Éducation nationale dans le cadre du projet «favoriser l’inclusion et la réussite à l’école» (Faire l’école), plus de 4000 enfants handicapés sont non-inscrits à l’école dans les zones d’intervention du projet que sont Dakar, Kaffrine, Kaolack, Pikine-Guediawaye, Rufisque et Sédhiou. Toutefois, des données au niveau national ne sont pas encore disponibles. En attendant, les barrières et préjugés pour la scolarisation massive des enfants handicapés sont loin d’être levées au Sénégal.


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