La ministre néerlandaise de la Défense en mauvaise posture

La ministre démissionnaire néerlandaise de la Défense, Jeanine Hennis-Plasschaert, se trouve dans une situation politiquement difficile après la publication d'un rapport accablant sur un accident de tir survenu l'an dernier au Mali et qui a coûté la vie à deux Casques bleus, elle qui espérait obtenir un portefeuille dans le prochain gouvernement en cours de formation. Mme Hennis devra répondre mardi aux questions des parlementaires sur ce rapport, qui pointe de "sérieux manquements" ayant mené à la mort de deux soldats néerlandais au Mali lors de l'explosion accidentelle d'un mortier en juillet 2016.

Et la ministre, membre du parti libéral du Premier ministre Mark Rutte (le VVD), semble avoir perdu le soutien de l'autre membre de la coalition finissante - à la suite des élections législatives du 15 mars dernier -, le Parti travailliste (PvdA). Les conclusions du rapport sont "normalement suffisamment fortes" pour mener à une démission, a affirmé vendredi le vice-Premier ministre travailliste Lodewijk Asscher.

Dans son rapport officiel sur l'accident publié fin septembre, le Bureau d'enquête pour la sécurité (OVV) a découvert que les Casques bleus déployés au Mali utilisaient des stocks de vieux obus achetés en 2006 "dans l'urgence avec l'aide du département américain de la Défense" pour la mission néerlandaise en Afghanistan sous l'égide de l'Otan. Mais lors de l'achat, le ministère néerlandais de la Défense "a omis de mener ses procédures et contrôles, (supposant) que l'armée américaine utilisait elle-même les munitions et les avait déjà suffisamment testés", a indiqué l'OVV.

L'obus présentait des "zones fragiles dans sa conception: l'humidité peut ainsi pénétrer" dedans, d'après le rapport. Combinée à la chaleur, l'humidité a rendu ces "substances explosives très instables et sensibles aux chocs". Même si l'obus a été chargé correctement ce jour-là, il a explosé tandis qu'il descendait dans le mortier, et non au moment du tir, ont souligné les enquêteurs. "Excuses" aux proches des victimes L'accident avait couté la vie au sergent Henry Hoving, 29 ans, et au caporal Kevin Roggeveld, 24 ans, tués "sur le coup" en juillet 2016. Un troisième, qui filmait l'exercice en cours, avait été gravement blessé par des éclats d'obus en juillet 2016 à Kidal (nord-ouest du Mali).

Mme Hennis a téléphoné vendredi aux proches des victimes pour leur présenter ses "excuses", selon la presse néerlandaise. Ces proches envisagent toutefois de se tourner vers la justice, en reprochant au ministère de la Défense d'avoir utilisé des munitions peu sûres. C'est aussi la voie choisie par cinq commandos néerlandais, qui ont annoncé leur volonté de porter plainte pour la mort de l'un de leurs collègues, tué lors d'un exercice de tir distinct survenu le 22 mars 2016 à Ossendrecht, aux Pays-Bas. Mme Hennis a publiquement annoncé son intention de briguer un nouveau maroquin ministériel au sein du gouvernement en formation depuis des mois entre quatre partis: le VVD, le CDA (chrétien-démocrate), D66 (libéral de gauche) et ChristenUnie.