Face à l'indignation populaire, le Comité international olympique a mis en place un ensemble de réformes pour contenir les coûts, par exemple en réduisant la taille des sites et en utilisant les infrastructures existantes partout où c’est possible.
Est-ce bien normal d’inclure des satellites de prévision météorologique, des taxis ou la 5G dans un budget olympique ? Le débat fait rage au Japon, où les organisateurs de Tokyo-2020 et le gouvernement tentent désespérément de maîtriser les coûts.
La dernière version du budget sera annoncée vendredi. Le comité d’organisation des jeux japonais a promis qu’elle ne dépasserait pas l’enveloppe fixée précédemment à 10,5 milliards d’euros.
L’enjeu est crucial pour le Comité international olympique (CIO), qui craint qu’une facture trop lourde ne dissuade les futures villes candidatures, sur fond de réticences des citoyens à l’idée de supporter le coût d’un tel événement. Mais sur le terrain, c’est un casse-tête.
Entre 2013 et 2018, déjà 6 milliards d’euros dépensés
Sur les 10,5 milliards d’euros, les organisateurs déboursent 4,7 milliards d’euros, la municipalité de Tokyo aussi, tandis que le gouvernement central du Japon contribue à hauteur de 1,1 milliard d’euros, principalement pour construire un nouveau stade.
Jusqu’ici, tout va bien, sauf que des auditeurs de l’État ont rendu en octobre un rapport explosif, qui souligne que les différents ministères et agences gouvernementales avaient déjà alloué… 800 milliards de yens (6,25 milliards d’euros) à des projets olympiques, sur la période 2013-2018.
« Abusif de dire que ces dépenses sont liées aux JO »
Selon ce rapport, le gouvernement a listé 286 projets, allant des satellites météo aux subventions pour les stations d’hydrogène destinées aux véhicules à pile à combustible, en passant par les nouveaux taxis Toyota estampillés du logo des JO qui sillonnent la ville, dont l’État subventionne l’achat, ou même une partie des recherches pour la 5e génération de télécommunications mobiles.
« Je pense que c’est abusif de dire que ces dépenses sont liées aux JO », avait réagi dans la foulée le directeur général du comité d’organisation, Toshiro Muto. Le gouvernement doit « clarifier et expliquer » les choses.
« Nous voulons que le gouvernement fournisse un tableau complet des coûts pertinents », souligne un responsable du Comité d’audit. « Si certaines dépenses sont clairement liées aux JO, elles doivent être rendues publiques, il s’agit d’une question de transparence ».
Des JO « économes » selon le Japon
Après la publication du rapport, le gouvernement a ordonné une étude et réparti les projets en trois catégories. Le porte-parole de l’exécutif, Yoshihide Suga, a de son côté réaffirmé l’engagement du Japon pour des JO « économes ».
Le problème est « qu’il n’y a pas de règle » en la matière, explique Holger Preuss, professeur d’économie du sport à l’université allemande Johannes Gutenberg. Il n’y a pas non plus de normes internationales. « Cela relève du pays qui accueille les jeux », dit-il. « C’est une zone grise ».
Il y a d’abord la catégorie A pour les dépenses directement associées aux jeux, estimées à 1,35 milliard d’euros. La catégorie B regroupe les projets avec un lien plus difficile à établir, comme les nouveaux taxis Toyota estampillés du logo des JO. Facture totale : 4,26 milliards d’euros. Enfin, dans la catégorie C, à l’enveloppe plus petite (640 millions d’euros), le rapport avec les JO est très faible.
Des « ruses comptables »
Face à la désaffection populaire, le Comité international olympique a mis en place un ensemble de réformes pour contenir les coûts, par exemple en réduisant la taille des sites et en utilisant les infrastructures existantes partout où c’est possible.
« Je pense que, tout pris en considération, la facture de Tokyo-2020 s’élèvera bien au-delà de 17,6 milliards d’euros. Le CIO a simplement exclu de force de nombreux éléments du budget pour abaisser le coût public autour de 10,5 milliards d’euros », juge Andrew Zimbalist, professeur au Smith College (Massachusetts) et spécialiste de l’économie du sport
« Ce sont des ruses comptables, rien de moins », assène-t-il.
Tokyo 2020. L’énorme budget des Jeux olympiques inquiète le gouvernement japonais et le CIO
?
1 Commentaires
Anonyme
En Décembre, 2018 (16:41 PM)Participer à la Discussion