Europe, Amérique, Afrique ! Chacun incarne dans sa musique une idée du continent qu’il représente. La musique a perdu en l’espace de quelques mois trois monstres sacrés. Après la légende Bowie, dandy british et avatar transformiste, l’inclassable Prince, génie créatif, excentrique et fantaisiste, Papa Wemba, l’autre Prince de la Sape et roi de la Rumba, est tombé sur scène. Une époque est révolue ! Celle des générations 80- 90, où Bowie se fait porte étendard des nouvelles mœurs, Prince, icône de la mode des talons compensés et des jarretelles en évidence, Wemba, figure de proue de la suave rumba congolaise.
Ce 24 avril, une page s’est tournée. Avec la mort de Papa Wemba, tombés sur scène « Comme un soldat sur le champ de bataille », pour reprendre Youssou Ndour, ces génies de la musique appartiennent désormais à l’éternité. Le dernier voyage pour notre Papa, continental, qui marque aussi la fin d’une apologie !
« Je crois que je partirai sur scène, devant tous les fans qui seront là... J’en ai l’impression parce qu’il m’arrive par moment, je le dévoile maintenant, d’avoir la sensation de planer. Je ne sais pas comment l’expliquer, peut-être que je partirai comme ça un jour » avait déclaré l’artiste lors d’une interview. Troublante coïncidence... Le chanteur s’est écroulé sur scène, filmé par la chaîne publique à Abidjan, en Côte d’Ivoire, ce dimanche. Il était alors âgé de 66 ans. Tête d’affiche du Femua, il est mort lors de son transfert à l’hôpital à la suite du malaise, peu après 5 heures du matin. À l’annonce de sa mort, personne n’y a vraiment cru. C’était la quatrième fois qu’on annonçait la mort de l’artiste. C’est un peu plus tard dans la matinée, que l’onde de choc s’est abattue sur la planète musique. Papa, était bel et bien parti !
Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba dit Papa Wemba, rayonnait comme un « phare » pour les Congolais qui l’ont porté au rang de « roi ».
Né le 14 juin 1949 à Lubefu au Congo, Papa Wemba a commencé la musique à l’âge de 20 ans. Au fil de sa carrière, il fonde en 1977, le label Viva la Musica, qui a formé de nombreux artistes de la musique congolaise et africaine, entre autres, Kofi Olomidé et King Kester Emeneya. Celui à qui nous attribuons la paternité de la Rumba, son des indépendances, n’en est pas vraiment le géniteur. Mais, pour avoir largement contribué à la diffusion de la musique à l’internationale, Papa Wemba a été élevé au rang de King. Grâce à ses tubes Maria Valencia ou encore Yolele, il contribue à populariser le genre en y ajoutant une touche de modernité, grâce à laquelle il est devenu l’emblème de la « world music ».
Papa Wemba n’était pas seulement un chanteur. Il était aussi sapeur. À l’origine du mouvement de la SAPE ; la société des ambianceurs et des personnes élégantes, mouvement à la fois dandy et exubérant, il était une icône de la mode, précurseur des tendances. Grâce à lui, la SAPE s’est popularisée au Congo avant de contaminer toute l’Afrique et même au-delà. Même la rafale du Ndombolo au début des années 2000 n’a pu le secouer. Okoningana, avec le rappeur Madinda, un tube plein d’énergie nous montre que le Papi a plus d’un tour dans son sac. Avec quelques apparitions au cinéma, La Vie est belle en 1987, il se propulse comme un artiste multidimensionnel. Aujourd’hui, il est reconnu comme l’une des plus grandes figures de la musique africaine, une source de réjouissance et d’inspiration pour les nouvelles générations. M’zée Fula-Ngenge (titre d’un de ses albums en 1999), Papa ! Tu resteras toujours le sage qui nous souffle le bonheur.
4 Commentaires
Sape
En Avril, 2016 (15:38 PM)Rip
En Avril, 2016 (16:42 PM)Anonyme
En Avril, 2016 (22:09 PM)Voir cette vidéo (19:00 à 35;00): https://youtu.be/eCBsMwfWkvc
Anonyme
En Avril, 2016 (08:37 AM)Participer à la Discussion