Quel crédit va-t-on donner aux résultats d’une enquête interne de la police, menée par des fonctionnaires de police en activité alors que leurs patrons les plus élevés dans la hiérarchie sont en cause dans la même enquête et demeurent à leur poste ?
Abdoulaye Niang, directeur général de la Police nationale, est gravement éclaboussé par des accusations de trafic de drogue. Il reste à son poste contre vents et marées. Le ministre de l’Intérieur, le général Pathé Seck, qui avait proposé la nomination de Abdoulaye Niang en sachant parfaitement qu’il existait un «dossier» de drogue sur lui, sans pour autant en informer le Président Macky Sall, n’est pas lui non plus exempt de reproches. Le général Seck a fait montre d’un laxisme coupable.
Il est fautif. Plus grave, interpelé sur le scandale, le ministre de l’Intérieur ne trouve rien de mieux à rétorquer aux journalistes qu’il ne se mêlerait pas d’une guerre fratricide au sein de la police. Qui peut dire pour quelles raisons Pathé Seck a été nommé ministre autrement que pour s’occuper des problèmes de tous genres et de toutes sortes dans son département ? Pathé Seck avait été haut commandant de la Gendarmerie nationale.
On ose croire que dans ses fonctions antérieures au sein de la maréchaussée, le général Seck ne faisait pas une gestion à la Ponce-Pilate. Le ministre de l’Intérieur ne daigne pas démissionner en dépit du tollé suscité par le scandale révélé, sa propre responsabilité dans la nomination de Abdoulaye Niang, mais aussi pour l’irresponsabilité de ses propos. Abdoulaye Niang n’est plus crédible à la tête de la police, comme Pathé Seck ne l’est plus comme ministre de l’Intérieur. Dire que son prédécesseur à la Place Washington, Mbaye Ndiaye, avait été limogé pour bien moins que cela !
Abdoulaye Niang et Pathé Seck auraient rendu d’éminents services au Sénégal et lui auraient permis de redorer son blason bien terni dans cette affaire, s’ils avaient démissionné d’eux-mêmes de leur fonction. Le prétexte d’attendre la conclusion d’une enquête en cours est inacceptable et d’ailleurs, l’ouverture de l’enquête justifie davantage la nécessité de démissionner pour que ces enquêtes administratives puisent être menées à bon terme, en toute sérénité et en toute liberté.
Quel crédit va-t-on donner aux résultats d’une enquête interne de la police, menée par des fonctionnaires de police en activité alors que leurs patrons directs et les plus élevés dans la hiérarchie sont en cause dans la même enquête et demeurent à leur poste. Les bonnes pratiques voudraient que la personne mise en cause dans une enquête interne de la police soit suspendue provisoirement de ses fonctions, le temps de terminer l’enquête et de situer les responsabilités. Il sera difficile de faire admettre l’impartialité de l’enquête.
On peut bien craindre que l’enquête confiée à l’Inspection des services de police ne serve de faire-valoir pour faire porter le chapeau au maillon le plus faible, le commissaire Keïta qui a eu l’outrecuidance de déclencher la polémique qui salit toute la hiérarchie de la police. La preuve, Cheikhna Cheikh Saadbou Keïta avait déjà été sanctionné par Abdoulaye Niang et Pathé Seck, qui avaient décidé de le faire quitter du poste de directeur de l’Office central de contrôle et de répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis).
Le commissaire Keïta est parti pour être l’agneau du sacrifice. On peut bien croire que l’enquête aboutira par dire que les faits que le commissaire Keïta a consignés dans deux rapports de janvier et juin 2013 découlent de son imagination fertile. Ainsi, l’affabulateur qu’il serait, finira traduit devant un conseil de discipline et radié des corps de la Police nationale dont l’honneur sera sauf. Où est la morale dans tout ça ? «Démissionner permet à la responsabilité morale d’exister. Les personnes qui détiennent une charge publique sont responsables de leurs actes et la démission représente, pour tout agent responsable, un recours moral fondamental.», (J. Patrick Dobel, Intégrité morale et vie publique).
La question du devoir de démission ou de la culture de la démission chez nos élites politiques se pose de plus en plus. Voilà que le Premier ministre, Abdoul Mbaye, ne se sent pas concerné, le moins du monde, par une décision prise la semaine dernière par la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar, à savoir le maintien d’une inculpation prononcée à son encontre par le Doyen des juges d’instruction de Dakar pour des faits d’escroquerie au moment où il était Directeur général de banque.
La procédure avait été initiée bien avant que Abdoul Mbaye ne soit nommé Premier ministre. Autrement dit, Abdoul Mbaye est rattrapé par son passé et nul ne pourra accuser des esprits chagrins d’avoir fabriqué une telle affaire pour le pousser à la sortie. C’est un simple citoyen qui s’est senti grugé et spolié et qui avait porté plainte et a eu beaucoup de peines à faire avancer une procédure judiciaire contre un puissant Directeur général de banque. Ils sont nombreux les Abdoulaye Diakité et Pape Ndiamé Sène, à accuser Abdoul Mbaye de les avoir grugés. En dépit de cette décision de justice qui permettrait à un magistrat instructeur de le convoquer, le Premier ministre fait le dos rond et reste à son poste.
N’est-ce pas d’ailleurs un moyen d’échapper à la justice, car pour convoquer un membre de gouvernement, la justice a besoin d‘une autorisation du président de la République. Une telle procédure spéciale est loin d’être simple. Peut-on s’imaginer que le chef du gouvernement ait à répondre un jour à un juge d’instruction dans l’affaire Hissène Habré, d’avoir le lendemain à répondre à un autre juge pour une histoire d’escroquerie et le surlendemain siéger au Conseil des ministres? L’image du Sénégal et le sens de la République commanderaient une autre démarche.
En 2001, Mamadou Seck, nommé ministre de l’Economie et des Finances, avait pris sur lui de démissionner pour mettre la justice et le gouvernement à l’aise, parce que cité dans une affaire pendante en justice. Mamadou Seck reviendra par la grande porte aux affaires publiques après avoir été blanchi. En mars 2011, alors que Dominique Strauss Kahn était épinglé par la justice américaine dans une affaire de mœurs, il n’a pas hésité à démissionner de ses fonctions de directeur général du Fonds monétaire international (Fmi), pour se mettre entièrement à la disposition de la justice.
De même avait-il démissionné de ses fonctions de ministre de l’Economie et des Finances le 2 novembre 1999, quand il avait été mis en cause dans le cadre d’une enquête judiciaire sur la diversification des activités de la Mutuelle nationale des étudiants de France (Mnef), auprès de laquelle il avait exercé une activité d’avocat-conseil de 1994 à 1997. Récemment, Karl-Theodor zu Guttenberg, ministre allemand de la Défense, après avoir été accusé de plagiat, avait annoncé sa démission, le mardi 1er mars 2011, et renoncé à son titre de Docteur. Jérôme Cahuzac a démissionné du poste de ministre du Budget en France après avoir été mis à nu par la presse pour avoir caché un compte bancaire à l’étranger.
14 Commentaires
Bounkhatab
En Juillet, 2013 (20:59 PM)Nsi
En Juillet, 2013 (21:39 PM)Deugdeugdeug
En Juillet, 2013 (22:21 PM)Abou
En Juillet, 2013 (22:58 PM)NdigËl
En Juillet, 2013 (23:53 PM)Wala
En Juillet, 2013 (23:58 PM)MONSIEUR EST IMCOMPETANT DEVANT CETTE AFFAIRE DE CE FAIT IL DOIT TOUT SIMPLEMENT DEMISSIONER.EN MOINS QUE.............WALA.
Bounkhatab
En Juillet, 2013 (00:05 AM)Beye
En Juillet, 2013 (02:57 AM)Mobile One
En Juillet, 2013 (06:34 AM)Dilate La Rate
En Juillet, 2013 (07:43 AM)Merci Damel
En Juillet, 2013 (09:19 AM)Que pathé seck vire !!
Bamby
En Juillet, 2013 (11:19 AM)Faux Général
En Juillet, 2013 (12:16 PM)d'abord on croyait avoir une bonne gestion de la sécurité du pays lorsqu'on nous a annoncé l'arrivé de ce général à la téte du ministere de l'intérieur mais voila on vit le pire aujourd'hui avec chaque jour des agressions des tueries des vols a n'en finir.
ensuite ce general lorsque le "mythe" obama venait au sénégal on notait une forte sécurité à l'intérieur du pays on se permettait meme de dormir à la rue ou meme d'y laisser nos bagages parce que ya pas de souci la police est présente partout et on sent la sécurité.
enfin ce gros scandale de la police l'affaire de la drogue qui est une affaire trés grave que ce général ministre minimise mais quoi qu'il en soit il est responsable et si on est un haut gradé de la police avec bcp de responsabilité d'éthique et de morale mais le geste qui compte est LA DEMISSION.
voila ce qui encore une fois de plus montre ou justifie l'INCOMPETENCE de ce monsieur ces gens la je ne veux meme pas les appeler general ou ministre car ce qui manque à leur personnalité c'est l'éthique et la morale et jamais ce general ne démisionnera pas
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En Juillet, 2013 (12:18 PM)SENE24.COM est un portail d'informations générales. Suivez l'actualité 24/24 avec SENE24.COM!
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