Jadis, la fonction d’imam était l’apanage des savants, des érudits, des hommes de Dieu à dimension incommensurable. De nos jours, cette fonction a perdu ses valeurs et ses repères au profit des aléas de la vie.
«Au Sénégal, il y a certaines personnes qui veulent être imam à tout prix», a déclaré Imam El Hadj Omar Diène, Secrétaire général de l’Association des Imams et Oulémas du Sénégal, par ailleurs, prothésiste dentaire. Selon lui, cela est normal, parce que, c’est un poste alléchant que les gens veulent avoir. Interpellé sur la question de savoir si la fonction d’imam est devenue un business lucratif au Sénégal, le religieux répond : «Non, je suis au regret de vous apprendre que tel n’est pas le cas». Avant de préciser que l’imam n’est pas une fonction mais plutôt une attribution sociale d’un rang, alignée avec la religion. «N’est pas imam qui veut», souligne l’homme de la mosquée, confortablement assis dans son bureau au siège de l’association, sis au Centre commercial Maodo Sylla de la Grande mosquée de Dakar. Pour lui, ces rivalités entre les fidèles musulmans pour occuper la fonction d’imam, s’explique par les aléas de la vie.
Selon le secrétaire général des imams, il y a parfois, des intérêts politiques qui se cachent derrière et qui font que les gens convoitent le poste. C’est ce qui fait que les intérêts crypto personnels ont primé sur ceux de la religion. Parce qu’en général, explique-t-il, ce sont des retraités qui deviennent des imams, notamment des policiers, des douaniers, des enseignants, entre autres. Alors qu’ils n’ont pas reçu les connaissances qu’il faut pour être imam. Ce sont ces gens qui, une fois à la retraite, créent des comités de gestion, et autres, à l’échelle politique, dans les mosquées. Selon lui, c’est qui amène des problèmes, parce que, c’est l’imam titulaire qui est la personne morale et gestionnaire de la mosquée. En ce sens, l’imam Diène, annonce que son association a réglé beaucoup de problèmes relatifs à la succession d’imams dans les mosquées, à travers le Sénégal.
Il y a des mosquées qui, dit-il, sont fermées parce qu’il y a eu de mort d’homme, des incidents regrettables, des rivalités tenaces, dus à des problèmes culturels ou ethniques.
«Quand on invite un imam…, on doit lui donner le transport car il n’est pas salarié»
Le secrétaire général de l’association des imams et oulémas du Sénégal estime que «quand on invite un imam pour un baptême ou autres manifestations religieuses, on doit lui donner le transport car il n’est pas salarié». Il a aussi précisé que l’imamat est une chose que tout le monde peut faire, dès l’instant que ce n’est pas par un concours qu’on y arrive mais, par connaissance et acquisition de moralité. Pour lui, le rôle de l’imam dans la société devait être pris en charge par le maire. De son avis, les imams font beaucoup de choses sans être rémunérés. «Ce n’est pas une obligation qu’un imam vient célébrer un baptême suite à une invitation mais, s’il accepte de le faire, c’est tant mieux», souligne le prothésiste dentaire.
Et d'ajouter que les gens n’ont pas la culture de rémunérer ou de donner le transport à l’imam. Ils disent que l’imam est venu faire son devoir sans penser que l’imam a aussi des devoirs et des responsabilités dans sa famille. L’imam a une épouse, des enfants, il paye la scolarité, la nourriture, les factures, et le loyer parfois», précise le religieux, qui estime que l’imam n’a aucun avantage mais il a le privilège de diriger.
«Les pouvoirs publics ont l’obligation de venir en aide aux imams…»
Selon El Hadj Omar Diène, «les pouvoirs publics ont l’obligation de venir en aide aux imams, parce qu’ils rendent des services à la société». Mais, toutefois, le secrétaire général précise qu’au moment où l’imam n’est pas une fonction, son association ne peut pas l’exiger à l’Etat, car le Sénégal n’a pas un régime islamique. Il soutient aussi qu’au Sénégal, les autorités aident les imams pendant les grandes fêtes religieuses. Mais, il défend que l’évolution du monde a fait qu’aujourd’hui, certains imams comme lui, ont une profession. Ce qui n’était pas le cas. Des magistrats, des enseignants, des administrateurs, des intellectuels de haut niveau, sont devenus des imams au Sénégal, souligne l’imam Diène, qui précise que cette nouvelle vague d’imams ne connaîtra pas la situation précaire que vivaient certains imams sénégalais.
Le dernier recensement a indiqué qu’il y a 11 000 imams au Sénégal, selon El Hadj Omar Diène, qui précise que son association n’en regroupe que 6 000 dont les 65% se trouvent à Dakar.
«Du point de vue islamique, la fonction d’imam n’a pas d’avantages matériels»
Omar Sall, imam Ratib de la Grande mosquée de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), pour sa part, déclare que «Du point de vue islamique, la fonction d’imam n’a pas d’avantages matériels». Cette fonction peut être considérée comme un métier dans un Etat islamique. Mais, en général, précise-t-il, l’imamat n’est pas un métier mais, une fonction qui requiert une formation, de la foi, de l’éthique et une certaine connaissance en islam. Pour lui, au Sénégal, les imams ont des avantages liés à la célébration de mariages dans les mosquées, des prières mortuaires, des baptêmes, et autres cérémonie religieuses. Ces avantages, explique l’imam, créent des problèmes dans les mosquées et provoquent des rivalités tenaces entre les fidèles.
«L’islam ne réfute pas que l’imam gagne de l’argent dans l’exercice de sa fonction mais…»
Pour Omar Sall, «l’islam ne réfute pas que l’imam gagne de l’argent dans l’exercice de sa fonction mais, vouloir être imam, à tout prix, pour avoir de l’argent seulement, n’est pas recommandé par la religion musulmane». L’imam, pour lui, doit diriger et orienter les fidèles par rapport aux enseignements de l’islam et doit avoir un rôle de régulateur social, de conciliateur et de conscientisation. Même s’il reconnait qu’il y a des exceptions, l’islamologue précise qu’il y a certains imams, au Sénégal, qui jouent véritablement ce rôle. Pour lui, c’est le manque de formation qui fait que certains veulent être imam pour des intérêts. Chose que Omar Sall regrette.
Dans un Etat laïc, renseigne le religieux, l’imam ne doit pas être pris en charge par l’Etat mais, les fidèles de la mosquée peuvent lui venir en aide, en cas de besoin. Omar Sall explique que l’imam doit être choisi par les fidèles de la mosquée, sur la base d’un certain nombre de critères, à savoir : la maîtrise du Coran, l’âge, le comportement, et autres. Selon lui, un homme célibataire peut être un imam.
«La fonction d’imam est devenue un business et une source de conflit au Sénégal…»
Amadou Ba, fidèle musulman dont la cinquantaine est dépassée, estime que «la fonction d’imam est devenue un business et une source de conflit au Sénégal car il y a trop de mosquées». Selon lui, cela est dû au fait qu’il y a certaines personnes, qui, une fois à la retraite, fréquentent les mosquées pour devenir coûte que coûte imam. Ce, pour se faire de l’argent. «Certains imams se battent ou s’insultent dans les mosquées à cause de l’argent qu’on leur offre», souligne l’habitant de Dieupeul IV, qui fustige le fait que, dans certaines mosquées, les imams réclament des sommes d’argent (10 000 Fcfa et plus) aux mariés pour sceller les mariages. Selon Amadou Ba, l’imam, en dehors de son rôle de diriger la prière, était un homme fédérateur, une personne constante dans la société. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui pour M. Ba, convaincu que ce changement est dû au fait que certains imams sont obsédés par l‘argent.
«Au Sénégal, il y a certains imams qui font de la religion business»
Selon un autre fidèle musulman sous l’anonymat que nous avons rencontré à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, «au Sénégal, il y a certains imams qui font de la religion business». Pour lui, il faut être célèbre pour être imam au Sénégal.
«Un business pour se faire de l’argent»
Serigne Modou Babou, un autre fidèle musulman, par ailleurs, étudiant en 2ème année de médecine à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, (Ucad), quant à lui, estime que «certaines personnes, prennent la fonction d’imam comme un business pour se faire de l’argent». Pour lui, l’imam doit uniquement diriger la prière et réguler la société.
«Il y a des rivalités entre les fidèles pour être imam dans certaines mosquées»
Selon une fidèle musulmane qui a requis l’anonymat, «il y a des rivalités entre les fidèles pour être imam dans certaines mosquées». Même si elle est sceptique par rapport à la question, la jeune étudiante en 1ère année de Licence à la Faculté des Sciences économiques et de gestion (Faseg) à l’université de Dakar, soutient qu’il y a certains imams qui sont trop obnubilés par l’argent.
12 Commentaires
Gories123
En Octobre, 2014 (16:36 PM)Abou Fatou
En Octobre, 2014 (16:45 PM)Senegal En Danger
En Octobre, 2014 (16:48 PM)Spaghettii
En Octobre, 2014 (16:57 PM)Rima
En Octobre, 2014 (17:15 PM)quand tu prie c'est pour toi meme que tu le fais et le faite d'etre imam c'est de partager ton savoir avec les fidèles et ta récompense est auprés d'Allah swt.
Goor
En Octobre, 2014 (17:39 PM)Il Maldive
En Octobre, 2014 (21:13 PM)Senegal En Danger
En Octobre, 2014 (21:22 PM)Gogo
En Octobre, 2014 (00:52 AM)Lp
En Octobre, 2014 (04:03 AM)Sene
En Octobre, 2014 (07:12 AM)Imammgueye
En Octobre, 2014 (15:40 PM)qui se sont battus en plein jour.
Raison: Etre imam egal depense quotidienne assuree.
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