Ils s’étaient affrontés en 2002, et le combat s’était terminé en queue de poisson du fait de la hargne, mais aussi et surtout de l’indiscipline des deux lutteurs, mêlée à une crainte de la défaite. Gris Bordeaux et Baye Mandione, en effet, avaient été séparés par l’arbitre, sans qu’un verdit n’ait été prononcé. Ce dimanche 1er janvier 2011, les pensionnaires des écuries de Fass et de Thiaroye savent qu’ils ont une dette vis-à-vis du public, qui attend leurs retrouvailles depuis neuf ans. Surtout après les énormes progrès qu’ils ont réalisés depuis lors.
Baye Mandione est connu pour sa fougue, sa témérité, mais aussi ses réelles dispositions en lutte pure. Quant à Gris Bordeaux, ses trois derniers revers ont tendance à faire oublier les énormes potentialités de l’héritier de Fass, qui ravalait ses adversaires tel un rouleau compresseur. Lors de leur première confrontation, en 2002, alors que le Fassois venait de «dévorer» Khadim Ndiaye n°2, jusque-là intouchable, et le premier lieutenant de Yékini, Antoine Bakhoum, encore invaincu comme son chef d’écurie, Baye Mandione aussi vivait une période faste au cours de laquelle il avait vaincu des ténors dont feu Lang Sané, Modou Awa et Yaram Guèye.
Tout était réuni pour que le public du stade Iba Mar Diop assiste, ce jour-là, à un combat de haute facture. Et le début de la confrontation fut palpitant : échange de coups, attaque, pénétration et saisie. L’épreuve de force les conduit tout près des sacs qui délimitent l’enceinte, et l’arbitre se vit obligé de les séparer. C’est ce moment que choisit, malheureusement, Gris Bordeaux pour asséner un coup à l’adversaire. Et puisque, dans le passé, Baye Mandione avait vu Yékini gagner un combat dans ces conditions, il reste à terre, refusant obstinément de «reprendre connaissance».
Chaque fois que le lutteur de Thiaroye ouvrait les yeux, c’était pour aller attaquer Gris Bordeaux, même hors de l’enceinte. Mais, chaque fois qu’on l’a cru conscient et prêt à reprendre le combat, il retombait en transes, dès que l’arbitre faisait débuter la confrontation. Lassé par ce qui commençait à prendre des airs de cirque et ne pouvant pas disqualifier «l’agresseur», le corps arbitral décida de mettre fin au combat, sans donner de verdict.
Forces et faiblesses
Les retrouvailles entre Gris Bordeaux et Baye Mandione promettent d’être palpitantes. Le premier a besoin de succès pour restaurer la confiance en lui-même, mais aussi dans le camp de Fass où les victoires sont devenues l’apanage des «lieutenants» (Papa Sow, Bruce Lee, Lac Rose). Gris Bordeaux doit gagner pour rester à sa place, parmi les "VIP". Ayant été recalé lors de ses trois derniers "examens", face à Yékini, Balla Bèye 2 et Eumeu Sène, un quatrième revers pourrait peser lourd dans la suite de sa carrière. Il le sait, son entourage aussi…
Baye Mandione, qui réclame toujours la "victoire spoliée" face à Modou Lô, voudra confirmer son facile succès sur Moussa Dioum pour viser plus haut, le sommet. Lui-même l’a dit : «Ce n’est pas Gris Bordeaux qui m’intéresse, je vise plus haut avec un objectif précis». Un langage codé que déchiffrent aisément les initiés : affronter le vainqueur du combat Yékini-Balla Gaye 2. Il lui faudra donc battre le Fassois ...
Gris Bordeaux : une frappe limpide
Considéré comme l’un des lutteurs qui maîtrise le plus la frappe, le poulain de Moustapha Guèye peut s’avérer dangereux dans un combat rapproché. Ses directs (gauche-droite) obéissent aux règles les plus strictes des sports de combat : regard, timing, précision et puissance. Et le Fassois a une étonnante facilité d’enchaînement entre frappe et attaque aux jambes ou corps-à-corps. C’est une de ses principales forces. Son agilité, sa puissance et sa maîtrise technique sont aussi autant d’arguments pour espérer vaincre tout adversaire.
Même s’il est un bon cogneur, l’enfant de Thieurigne (Médina dakaroise) est un piètre encaisseur. Il aime bien donner des coups, mais ne veut point en recevoir. Dès que l’adversaire riposte énergiquement, le Fassois abandonne la bagarre pour chercher l’accrochage. C’est peut-être ce qui explique que malgré une bonne frappe, il n’a jamais envoyé un adversaire au tapis.
Dans plusieurs de ses combats aussi, on a vu Gris Bordeaux trébucher, mettre un ou deux genoux au sol : contre feu Tyson Jr, Gris Bordeaux, Balla Bèye, Yékini… Et cela lui a fait perdre par deux fois. Comme si ses appuis au sol n’étaient pas solides, ou s’il traînait une infirmité à une jambe. Il gagnerait à éviter de trébucher devant un mastodonte comme le lutteur de Thiaroye/Mer.
Baye Mandione : tel un buffle
Fonceur, le champion de Thiaroye l’est à plus d’un titre. Ancienne star du jeu de faux-lion (Simb), Baye Mandione s’est taillé un caractère de lion qui ne connaît ni la peur, ni la puissance d’un adversaire. Il croit tout pouvoir démolir sur son passage. Tel un buffle, il avance la tête baissée. Naturellement, cela lui a coûté des défaites presque imprévisibles, comme celle essuyée face à Mbaye Diouf. Mais Baye Mandione n’en a pas moins l’étoffe d’un vrai champion, au regard de toutes ses dispositions.
Bagarreur impénitent, il affectionne les saisies de l’adversaire en emprisonnant la tête dans un crochet (kor) pour donner de rapides et meurtriers uppercuts. Moussa Dioum et Boy Kaïré ne nous démentiront pas. Au plan technique aussi, Mandione possède une panoplie de techniques encore inexploitées, tout comme ses 130 kg sont assez dissuasifs. Toutefois, le lutteur de Thiaroye a intérêt à savoir canaliser sa fougue et éviter la précipitation, ce qui lui a souvent joué des tours.
A n’en pas douter, le stade Demba Diop sera, en ce Jour de l’An, le théâtre d’un violent affrontement entre deux ténors de l’arène qui ne se feront aucun cadeau.
7 Commentaires
Dxb
En Décembre, 2011 (15:25 PM)Radiakhe
En Décembre, 2011 (16:06 PM)Amateur!!
En Décembre, 2011 (16:07 PM)Ada
En Décembre, 2011 (16:43 PM)Om
En Décembre, 2011 (17:00 PM)Xtrem
En Décembre, 2011 (19:02 PM)Thunder
En Décembre, 2011 (20:33 PM)Participer à la Discussion