Imam de la mosquée Point E, Ahmadou Makhtar Kanté n’attend pas les vendredis pour s’adresser aux fidèles. «Provocateur», il a fait de Facebook son minbar. Avec des questions qui suscitent très souvent la polémique.
Très actif sur les réseaux sociaux, Imam Ahmadou Makhtar Kanté est à la fois adulé et très contesté sur la toile. L’homme est très souvent au centre de polémiques. Les débats qu’il pose et les postures adoptées l’exposent souvent à des critiques acerbes de certains internautes. Mais le prêcheur n’en a cure. Il s’accroche au Dogme.
Pour Kanté, il ne doit pas y avoir de sujet tabou en Islam. «Les expressions ‘boul yéé fitna’, ‘daw thiow’ (éviter les histoires) sont des prétextes pour fermer la porte au débat de l’islam au Sénégal», suggère-t-il.
Partisan du débat contradictoire, il n’attend pas d’être sollicité pour donner son point de vue sur des questions que les religieux n’ont pas l’habitude d’aborder au Sénégal. Que ce soit une question politique, sociale ou religieuse, il est toujours prêt à un face-à-face avec la communauté Facebook. Quitte à se voir coller l’étiquette «Provocateur».
Il avait suscité une vive polémique à l’ occasion de la célébration de l’Appel de Limamou Laye. Kanté a demandé aux Layènes de «reconsidérer leurs croyances sur le Mahdi, Jesus et Dajjal». Une question qui avait suscité autant de passion et de critiques chez les internautes pour qui ces genres de sujets ne doivent pas être traités sur la toile. Mais au finish, un débat télévisé a eu lieu en toute sérénité.
Le sieur Kanté n’est pas seulement un adepte des débats religieux. Il s’invite aussi dans les débats politiques. «Si c’est avéré, qu’est-ce qui peut justifier que l’épouse du Président donne 500 000 francs à chaque député femme ?», se demandait-il récemment sur Facebook. Un post qui avait généré une cinquantaine de commentaires, révélant des points de vue différents.
Frondeur
Ouvert d’esprit, Kanté n’est pas de cette catégorie d’imams classiques foncièrement collés aux textes. Il bouscule les codes, prône une lecture dynamique des écrits. C’est ainsi qu’il propose de s’appuyer sur l’astronomie pour scruter le croissant lunaire. Une proposition rejetée par Ahmed Iyane Thiam à qui il reproche de s’accrocher à des privilèges.
Pour qui connait son histoire, cette posture ne saurait surprendre. L’homme est presque un révolutionnaire né. En effet, Ahmadou Makhtar Kanté a toujours été un agitateur.
Etudiant à l’Université Cheikh Anta Diop, il s’est illustré au rang des grands frondeurs. «J’étais un grand contestataire quand j’étais à l’Ucad. D’ailleurs, c’est ce qui m’a valu mon expulsion en même temps que l’actuel DG de la Sonacos, Modou Diagne Fada. C’était durant l’année universitaire 1995/1996.»
Diagne Fada entre alors en politique, Kanté lui va s’occuper de la mosquée. «C’est nous qui avons construit la mosquée de l’université, rejoue-t-il. Il y avait beaucoup de tiraillements au début, car certains disaient que l’Université est laïque et on ne doit pas y construire une mosquée. Mais on a fini par la mettre en place.» Après la mosquée de l’université, celle de Point E, où il officie depuis 1993.
Né le 11 novembre 1965 à Dakar, cet Imam-activiste a aussi une face cachée. L’ancien auditeur libre dans les écoles doctorales de philosophie (dirigées par Souleymane Bachir Diagne et Sémou Pathé Guèye) est un brillant intellectuel.
En 1985, il décroche son baccalauréat scientifique au lycée Malick Sy de Thiès. Débutent alors des études en science naturelle à l’Université de Dakar. Mais, l’année blanche de 1988 le pousse à migrer vers le Maroc à l’université Cadi Ayyad de Marrakech où il décrocha sa maitrise en science naturelle en 1994 avec formation parallèle en sciences islamiques dans les maisons du Coran.
Rescapé
Ecrivain, conférencier et expert en environnement économique solidaire, Imam Kanté est titulaire d’un DEA à l’institut des sciences de l’environnement. Il est également fondateur du portail Web Tibiane.com et chroniqueur à Iradio.
Si Ahmadou Makhtar Kanté est toujours en vie, c’est qu’il a réussi à jouer quelques tours à la mort. En effet, l’homme figure sur la liste des miraculés, pour avoir échappé deux fois à la grande faucheuse. Il rembobine : «En 2006, j’étais à Tambacounda dans le cadre d’une mission sur la gestion forestière. Notre Pick-up a fait trois tonneaux à Makakoulibanta. Heureusement pour moi, je suis sorti sain et sauf de l’accident.»
En 2013, bis repetita ! A l’époque, il travaillait pour le compte de l’Organisation internationale de la migration (OIM). Le véhicule de service a fait des tonneaux avant de se renverser sur l’axe Kébémer-Fatick. «J’ai été éjecté via la fenêtre, se souvient-il. Au sortir de cet accident, je me suis dit Alhamdou Lilah, car j’avais beaucoup de projets à réaliser.»
9 Commentaires
plusieurs ouvrages à son actif
Seneweb parlez nous aussi de Elhadji Moustapha Gueye
Xeme
En Mai, 2019 (20:19 PM)Homme De L'est
En Mai, 2019 (20:53 PM)Moujahid
En Mai, 2019 (23:33 PM)Samory
En Mai, 2019 (01:03 AM)Qu'Allah augmente son savoir pour notre bien commun.
Amin.
Imam n'est pas un métier
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