Le récit terrifiant de la mise à mort de Solo Sendeng ne pouvait laisser personne insensible. Pas même les cœurs les mieux accrochés, tant la cruauté de l’acte fut sidérante. Le seul tort du jeune homme : avoir pris part à une manifestation politique et réclamer des réformes électorales. Il sera arrêté, enfermé et battu à mort comme un vulgaire paria, par les forces de sécurité gambiennes.
Une violence inouïe
«Solo portait un caleçon de type boxer de couleur bleue. Il a été battu et torturé jusqu’au moment où il a perdu connaissance, obligeant Sheikh Oumar Jeng, le Directeur adjoint des opérations à la Nia de Tanjeh à appeler le docteur Lamine Sanyang de Brikama Berewuleng pour examiner le jeune opposant qui baignait dans une mare de sang. Le corps complètement inanimé. Il était entre 4 heures et 5 heures du matin, et le médecin n’a pas tardé à confirmer son décès. Solo Sandeng, dont le corps était complètement déchiré par les coups de fouet, est mort des suites de ses blessures contractées lors des séances de torture. Quelques minutes plus tard, Sheikh Oumar Jeng est revenu dans la salle où le corps de Solo Sandeng était couché sur une natte, pour annoncer un ordre qui a pris de court tout le monde : ‘‘Boss nous a demandé de faire disparaître le corps de Solo Sandeng’’. Et puisqu’il n’était pas prudent d’amener un tel corps au cimetière, tout le monde était d’accord qu’il fallait l’enterrer derrière les locaux de la Nia de Tanjeh, près du mur de clôture», avait confié un membre de la National intelligence Agency (Nia), l’instrument de torture par excellence du dictateur gambien. Aujourd’hui, la famille de Solo a fui la Gambie. Elle panse ses plaies et digère sa douleur au Sénégal.
Mais, malheureusement, l’affaire Solo Sendeng n’est pas un cas isolé en Gambie. Au contraire, depuis l’installation de Jammeh, une répression impitoyable s’abat sur ceux qui osent ramer à contre-courant de l’homme fort de Banjul.
En effet, c’est le 22 juillet 1994 que Yaya Jammeh est arrivé au pouvoir en Gambie. A la faveur d’un coup d’état, il a renversé le gouvernement de Diawara. Et ce sera le point de départ d’une dictature qui a duré plus de 20 ans, et fait germer la terreur au sein de la société gambienne.
2000: Les forces de sécurité massacrent des enfants
Avril 2000, alors que le monde tombait en admiration devant le Sénégal qui venait de réussir une transition démocratique historique entre Diouf et Wade, dans la Gambie voisine, c’est le carnage. Une manifestation pacifique d’élèves qui réclamaient justice pour leur camarade Ebrimah Barry, décédé des suites d’un mauvais traitement infligé par des forces de l’ordre à Brikama, est réprimée dans le sang. Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des enfants désarmés. Quatorze personnes sont tuées dont six enfants. Pas d’enquête, pas de sanctions. La terreur ne faisait que commencer.
2001 : La loi de l’impunité
Pour mieux asseoir sa machine répressive, Jammeh va changer la loi. En avril 2001, le texte portant modification de la loi relative à l’immunité, est adopté. Elle donne au président le pouvoir de protéger des poursuites toute personne susceptible d’avoir commis un acte de répression d’une réunion non autorisée ou autre situation d’urgence. Une loi, pour tout simplement protéger les bourreaux. Jammeh venait là, d’institutionnaliser l’impunité.
2004 : Deyda Haydara est tué
Le 16 décembre 2004, la répression funeste et lugubre frappe le monde des journalistes. Deyda Hydara est tué. Rédacteur en chef du journal The Point, il avait montré son opposition à la loi promulguée par le président, qui relevait les frais d’enregistrement pour les médias. Il sera retrouvé mort dans son véhicule, le corps criblé de balles. Jusqu’à ce jour, aucune enquête sérieuse. La Cour de justice de la Cedeao s’était égosillée à rappeler à l’ordre la Gambie. Elle avait même rendu une décision à l’encontre du gouvernement gambien à qui elle reprochait de n’avoir pas mené d’enquête adéquate sur le meurtre du journaliste. Jammeh restera sourd.
2005 : Massacre et décapitation des 50 migrants
Le 23 juillet 2005, le massacre! 50 migrants, dont 44 de nationalité ghanéenne, appréhendés au large de la Gambie, ont été lâchement tués et décapités par les forces de sécurité gambiennes dites «incontrôlées». «Ils étaient soupçonnés de vouloir renverser le gouvernement pendant les célébrations de la fête de l’indépendance. Selon un rapport de l’Initiative du Commonwealth pour les droits de l’homme (Chri), ces hommes ont été emmenés au quartier général de la marine à Banjul, divisés en groupes de huit et conduits vers un champ près de Siffoe, dans la division occidentale de la Gambie, où ils auraient été tués par des membres des forces de sécurité armés de machettes, de haches et d’autres armes. Les corps ont ensuite été jetés au hasard en plusieurs endroits, notamment dans le village de Brufut», renseigne le rapport ‘‘20 années de peur en Gambie: il est temps que justice soit rendue’’. Le Ghana a pu identifier les corps de huit de ses compatriotes tués. En 2009, un rapport conjoint de la Cedeao et de l’Onu a indiqué que les responsables de ces agissements étaient des éléments véreux des forces de sécurité. Mais aucune autre enquête n’a été menée. Personne ne sera inquiété.
Disparition de journalistes et d’opposants
En 2006, le journaliste Ebrima Manneh disparait. Il n’est plus retrouvé depuis. Les plaintes de la Cour de justice de la Cedeao n’y refont rien. Jusqu’à ce jour il est introuvable. En décembre 2010, la Cour de Justice de la Cedeao prend position contre le gouvernement gambien en raison de l’arrestation arbitraire et de la torture du journaliste Musa Saidykhan. Mais rien n’y fait. Des journalistes et hommes politiques seront arrêtés, enfermés et torturés, à l’image d’Amadou Sanneh, Malang Fatty et Alhagie Sambou Fatty, militants du Parti démocratique unifié. Ils sont toujours incarcérés. Jammeh n’hésitera pas à fermer des stations radio qui n’émettent pas dans le sens de sa volonté, comme Teranga Fm, Daily New, Standard etc.
2012 : Les exécutions qui fâchent Macky
En 2012, Jammeh fait exécuter 9 condamnés à mort dont deux Sénégalais par un peloton d’exécution. Ni les prisonniers, ni leurs proches, ni leurs avocats, ni les représentants diplomatiques ne sont mis au courant. Ce qui avait provoqué le courroux du chef de l’Etat Macky Sall en son temps.
2015 : des putschistes fusillés leurs corps exposés
En janvier 2015, après un coup d’Etat manqué, Jammeh fait sa chasse aux sorcières et tue les présumés soldats putschistes dont les corps ensanglantés et nus, sont exposés sur le web. L’horreur !
Aujourd’hui, le dictateur gambien, bien qu’il s’accroche encore au pouvoir, appartient désormais au passé de la Gambie. Il a dirigé ce pays, d’une main de fer pendant 22 ans. Et pourtant, le peuple gambien n’eut même pas besoin de se soulever ou de verser dans la violence pour le balayer du pouvoir.
Youssouf SANE
16 Commentaires
Anonyme
En Décembre, 2016 (23:56 PM)Anonyme
En Décembre, 2016 (23:59 PM)Anonyme
En Décembre, 2016 (00:12 AM)A Lire Pour Certains Journalis
En Décembre, 2016 (00:20 AM)3° tout citoyen qui participe sciemment à une entreprise de démoralisation de l'armée ou de la nation ayant pour objet de nuire à la défense nationale.
Est puni de la réclusion de cinq à vingt ans tout citoyen qui participe sciemment à une entreprise de démoralisation de la nation ayant pour objet de nuire à la défense nationale.
Est coupable d'atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat:
1° tout citoyen ou étranger qui, par des actes hostiles non approuvés par le Gouvernement, expose l’etat à une déclaration de guerre;
2° tout citoyen ou étranger qui, par des actes non approuvés par le Gouvernement, expose des nationaux à subir des représailles.
Lorsque les infractions prévues aux paragraphes 1 et 2 sont commises en temps de guerre, elles sont punies de la réclusion de cinq à trente ans.
Lorsqu'elles sont commises en temps de paix, elles sont punies d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende
Est coupable d'atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat et puni de la réclusion de cinq à trente tout citoyen ou étranger qui, en temps de guerre, entretient sans autorisation du Gouvernement, une correspondance ou des relations avec les sujets d'une puissance ou les agents d'une autorité ennemie;
2° tout citoyen ou étranger qui, en temps de guerre, au mépris des prohibitions édictées, fait directement ou par intermédiaire des actes de commerce avec les sujets d'une puissance ou les agents d'une autorité ennemie.
Anonyme La Vérité
En Décembre, 2016 (00:40 AM)Jig Jag
En Décembre, 2016 (01:08 AM)NGOUROU YALLAH REK MO DOUL DJEKHE.
DEUKKE DI TOROKHALE NITT GNI RAWATINA NITOU DINE YI.
BAYI WOUL DJOUMA BAYI WOUL EGLISE.
iL N A PAS LE CHOIX IL VA PARTIR PAR A OU PAR B.....
Anonyme
En Décembre, 2016 (04:27 AM)Anonyme
En Décembre, 2016 (10:13 AM)j'avais echappais bel je travaillais a sud fm banjul a cette periode avec comme chef de station Mohamed souleymane mboup,
les militaires avaient tue ce jour notre chef de deepartement Baro qui travaillait a la croix rouge en meme temps.
Il a ete tue avec son veste de croix rouge au moment ou il sauvait un enfant atteint d'une balle.
Croyez moi la majeur partie de l'armee gambienne je veux dire la branche criminelle sont des rebels de la casamance.
Amisino
En Décembre, 2016 (11:43 AM)Toi tu es ici au Sénégal la plupart de ton temps, des gens témoigne des faits de leur président et tu joues l'avocat de Yaya.
Tu es pire que ses bourreaux. Eux tuent, mais ne mentent pas, et un jour témoigneront pour la vérité.
Toi tu defends les atrocités de quelqu'un sur son peuple, tu tentes de les justifier, malheur à toi, comme il l'est sur jammeh et ses bourreaux.
À te lire tout le monde sait qui tu es.
Tu maintenant âgé, tu dois cultiver la sagesse. Ne ce serait que pour ta famille et le jour où les gens se tiendront devant ta dépouille pour temoigner et prier.
C'est important, si tu savais.
Qu'Allah t'aide à changer dans la droiture et non dans le bruit, le mensonge et la cupidité.
Doul
En Décembre, 2016 (12:12 PM)Anonyme
En Décembre, 2016 (13:04 PM)Siiw
En Décembre, 2016 (13:41 PM)En définitive qu'il soit décri comme saint ou barbare,les Gambiens on su avec la patience et dans la douleur,le faire partir puisque ce sont leurs volontés qui se sont exprimés.Maintenant il nous appartient à tous de les soutenir dans ce combat car comme le disait l'autre "SI LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE LAISSE PASSER L'ACTE DE YAYA,PLUS PERSONNE NE POURRA ORGANISER DES ELECTIONS EN AFRIQUE"
Après tout,ce ne sera pas ce petit pays qui va remettre en cause tout le processus de démocratisation que bons nombres de pays ont mis en place en Afrique:l'objectif à atteindre est de "zerro Coup d'Etat en Afrique"
Amisino
En Décembre, 2016 (15:35 PM)On respecte ta famille aussi, car après tout nous sommes respectueux.
Comment , si t bien informé, on peut accordé de la légitimité à une telle cours suprême.
Yallah beuggoul naafekh.
Une légalité sans légitimité n'a aucun sens.
Anonyme
En Décembre, 2016 (16:43 PM)"Ce que le pardon n'est pas:
- le pardon n'est pas facile - il exige un travail assidu et une volonté authentique
- le pardon n'est pas un signe de faiblesse - il exige courage et force intérieure
- le pardon ne remplace pas la justice - il crée un espace dans lequel justice peut être rendue dans un esprit pur excluant toute idée de vengeance
- pardonner n'est pas oublier - pardonner exige le courage de se rappeler le tort subi
- le pardon n'est pas un processus rapide - nous devons parfois traverser le cycle à maintes reprises, nous rappelant le tort subi et la détresse éprouvée, avant de pouvoir pardonner et de retrouver notre liberté".
Desmond Tutu (Afrique du Sud) Le livre du Pardon, 2015
On ne pardonne pas "pour l'autre", mais pour soi, pour guérir sa mémoire. Il s'agit de sortir de l'enfermement dans lequel la haine et le ressentiment tiennent notre coeur, et ainsi, comme l'écrit Desmond Tutu, "de retrouver notre liberté".
Dakar
En Décembre, 2016 (17:12 PM)Anonyme
En Décembre, 2016 (17:25 PM)Participer à la Discussion