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Afrique

Autonomie des régions anglophones au Cameroun : « encore une déclaration » ?

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Paul Biya, président du Cameroun
L'annonce par le président Paul Biya d'accorder un statut spécial aux zones anglophones ne fait pas l'unanimité au Cameroun.

Pendant que certains saluent une réaction longtemps attendue, d'autres se posent déjà la question de la pertinence de cette mesure.

Dans les rues comme parmi les juristes, en zone francophone comme anglophone, les réactions sont diverses et variées.

« C'est quelque chose qu'on reçoit avec la joie dans le Nord-Ouest et dans le Sud-ouest parce qu'on était dans des situations très difficiles. On voulait que le pouvoir [retourne] dans les mains du peuple. On élit des gens qui vont nous rendre compte », a réagi une Camerounaise interrogée par la BBC depuis Bamenda, grande ville du Nord-Ouest du pays.

Une autre d'ajouter que « le simple fait qu'il (Paul Biya) ait parlé en disant qu'ils sont en train de travailler pour donner un statut spécial pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, je pense que c'est quelque chose de bien. Même si cela ne va pas résoudre la crise totalement. Ça va quand même calmer les choses. »

Mais le professeur Hilaire Kamga, juriste et expert des questions électorales, lui, craint « une déclaration » de plus.

« En réalité c'est encore une déclaration puisqu'on a là une indication claire du fait que ce statut spécial est encore une vue de l'esprit », déclare-t-il.

« Le fait d'avoir convoqué le corps électoral pour des élections locales alors même que le statut n'a pas encore fait l'objet de débat ou d'encadrement juridique pose un problème ou alors traduit de manière claire la légèreté qui gouverne ceux qui ont ainsi proposéce statut spécial comme étant l'une des solutions aux problèmes anglophones.»

« Voyez-vous, un statut spécial voudrait dire au moins dire deux choses. D'abord du point de vue législatif, la capacité à légiférer sur un certain nombre de dossiers sans avoir à attendre le niveau national; deuxièmement, une large autonomie financière qu'il convient d'encadrer sur le plan légal », explique le professeur Hilaire Kamga.

« Si on veut être sérieux, il va falloir constitutionnaliser ; ça ne peut même pas se faire par une loi ; ça doit se faire par une constitution puisque cela remet en cause d'autres éléments qui avaient déjà été conceptualisés. », suggère-t-il.

Un autre Camerounais a déjà sa proposition pour le contenu à donner à ce statut spécial annoncé: « Je voudrais que dans le statut spécial on donne une certaine autonomie à ces régions, pourquoi ne pas en arriver à des Etats fédérés dans les deux régions où ils auraient elle-mêmes des gouverneurs élus. » « Personnellement, je ne vois pas ce que le délégué du gouvernement fait. Je ne vois même pas ce que le sous-préfet ou le préfet fait [comme travail]», se désole une autre.

La crise dite anglophone au Cameroun a éclatée fin 2017. Elle est partie de revendications corporatistes d'avocats et d'enseignants exerçant dans la zone anglophone.

Mais, très vite, la crise s'est muée en une insurrection émaillée de violences, affectant les régions Nord-ouest et Sud-Ouest qui dénoncent une marginalisation, comparée à la zone francophone.

Certains sont allés jusqu'à prononcer 1er octobre 2017 ce qu'il sont appelé une sécession et la création de l'Etat d'Ambazonie, une situation qui avait davantage exacerbé la tension et donné lieu à des affrontements. Avec un gouvernement qui comptait sur une victoire militaire et sur la répression, le conflit a fait 1 850 morts, 530 000 déplacés internes et des dizaines de milliers de réfugiés, selon International crisis Group.


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