Des rescapés du génocide rwandais posent avec leur bourreau

Le New York Times publie sur son site internet une série de portraits à couper le souffle, car totalement inimaginables il y a vingt ans. Sur chacune de ces photos, le sud-africain Pieter Hugo a réuni un rescapé du génocide rwandais et son bourreau. 800.000 personnes sont mortes au Rwanda au printemps 1994.Sur une photo, une femme pose sa main sur l'épaule de l'homme qui a tué son père et ses frères. Sur une autre, une femme est accompagné de l'homme qui a pillé sa propriété et dont le père a contribué au meurtre de son mari et de ses enfants. Sur chaque photo, la victime, un Tutsi, a pardonné à son bourreau, un Hutu, pour les terribles crimes qu'il a commis. 

 Les modèles de ces photos prises le mois dernier participent à l'effort national de réconciliation et travaillent en étroite collaboration avec l'AMI (Association Modeste et Innocent), une ONG qui réunit Hutus et Tutsis. Après quelques mois de préparation, le bourreau, s'il obtient le pardon du survivant, se rend avec sa famille chez ce dernier et lui offre un panier généralement rempli de nourriture et de bière de banane. La réconciliation est ensuite scellée par des chants et des danses. "Différents niveaux de réconciliation" Au New York Times, le photographe témoigne de l'ambiance qui régnait lors des séances photo: "Il y a clairement différents niveaux de réconciliation".

Si certains s'asseyaient volontiers ensemble, discutant même des derniers ragots du village, d'autres en revanche acceptaient la photo, mais sans aller plus loin. "Ces gens n'ont nulle part où aller, ils doivent faire la paix", conclut Pieter Hugo. Ces clichés - le New York Times n'en a publié qu'une sélection - seront exposés dans leur totalité à partir d'avril, en extérieur et en grand format, à La Haye aux Pays-Bas. Elles pourraient ensuite être montrées au Rwanda, sur des monuments commémoratifs et des églises.