La bataille d’Abidjan’ ouverte entre les forces pro-Ouattara et les forces pro-Gbagbo donne lieu en ce moment à une autre bataille, plus silencieuse, sournoise mais pernicieuse et contre laquelle les populations abidjanaises restent sans grande défense : ‘la bataille des rumeurs’.
Selay Marius Kouassi, Abidjan, Côte d’Ivoire.
La rumeur : une arme lourde
Des combats d’une rare intensité ont eu lieu dans la nuit du deuxième jour de l’offensive militaire menée par les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, les forces pro-Ouattara, sur la capitale ivoirienne.
Les rafales de kalachnikov et les détonations d'arme lourde se sont succédé à un rythme effréné, avec une très forte intensité qui a fait trembler, murs, immeubles, et leurs occupants. Mais une autre arme qu’on pourrait qualifier de ‘lourde’ a fait bien plus trembler les ivoiriens : la rumeur.
Rumeur du Bombardement du Golf Hôtel
La première rumeur qui fait ‘trembler’ Abidjan est celle du prétendu bombardement de l’Hôtel du Golf, de la mort d’Alassane Ouattara et de la fuite de ses ministres vers un pays voisin. Elle parcourt si vite la ville qu’elle manque de convaincre les pro-Ouattara les plus irréductibles.
Lorsque Patrick Achi, le porte-parole du gouvernement Ouattara fait son apparition sur la TCI, une chaîne pro Ouattara et affirme : «Le gouvernement Ouattara rassure les populations Ivoiriennes qu’il est au travail et que bientôt la vie reprendra son cours normal», la rumeur est stoppée net dans sa course effrénée. Mais une autre rumeur a fait ravage ; ‘la rumeur de l’eau empoisonnée’.
La rumeur de l’eau empoisonnée
«N’utilisez plus l’eau du robinet pour vos usages domestiques, elle vient d’être empoisonnée, à partir des châteaux de distribution d’eau, par des hommes en armes non identifiés qui souhaiteraient faire le maximum de victimes à Abidjan». Cette rumeur circule vite, par internet, via les médias sociaux, par téléphone mobile (par les appels -le service de messagerie instantané étant toujours suspendu).
Absence de source officielle : terreau de la rumeur
Comment ne pas y croire et s’y conformer quand il est impossible de joindre les services techniques de traitement et de dépollution des eaux à Abidjan et que ces services restent surtout muets sur ce sujet. «La rumeur prend forme et survit quand les institutions qui produisent l’information sont défaillantes ou inexistantes», soutient le professeur en Sociologie et enseignant à l’Université de Cocody-Abidjan, le Professeur Francis Akindès.
Tous, victimes de la rumeur
«La rumeur une fois lancée s’étend facilement comme une traînée de poudre. On ne peut l’éviter ; une nouvelle est lancée à l’autre bout de la ville qu’elle vous rattrape aussitôt sans que vous ne l’ayez attiré vers vous.» reconnaît Ignace Dago, informaticien à Abidjan.
La rumeur utilisée comme arme de guerre fait des victimes collatérales. Et les premières, celles qui en pâtissent, sont les populations civiles.
4 Commentaires
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En Avril, 2011 (14:50 PM)Aloo
En Avril, 2011 (14:52 PM)Detectiv
En Avril, 2011 (15:19 PM)Alphaone
En Avril, 2011 (06:13 AM)Cela aura peut-être lieu, quand les fabricants d'armes se recycleront dans la fabrication de robinets!
Que vaut un bébé face au prix de vente d'une Kalachnikov!
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