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Afrique

Le viol comme arme de guerre: une journée pour informer et sensibiliser

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République démocratique du Congo.

C'est aujourd'hui la première Journée mondiale de lutte contre le viol comme arme de guerre. La prise en compte du viol comme arme de guerre dans les conflits actuels est relativement récente : elle n'a fait l'objet d'une résolution -adoptée par l'Assemblée Générale de l'ONU- que l'an passé pourtant cette arme serait utilisée dans plus de 10 pays dans le monde encore aujourd'hui.

Le viol peut avoir plusieurs objectifs dont celui de mettre à genoux les opposants politiques, explique à RFI Céline Bardet, juriste internationale et présidente de l'association We are not Weapons of War.

La juriste prend l'exemple de la Libye. « Pendant la révolution libyenne les troupes de Kadhafi ont utilisé le viol à l’encontre des femmes et des hommes dans ce but précis ». Il en a été de même au Kenya, pendant les élections de 2007-2008, au Zimbabwe ou encore au Darfour où « le viol est utilisé comme une arme de terreur ». On peut se demander pourquoi les victimes ne sont pas tuées mais violées, interroge Céline Bardet. C'est que instaurer la terreur est une stratégie. Les habitants, « terrifiés, quittent les lieux où ils vivent, répandent aussi l’information selon laquelle les viols sont en cours, répandant ainsi la terreur » parmi les populations civiles.

Le viol et l'esclavage sexuel selon Daesh

« Ce n’est pas une arme nouvelle, elle est utilisée depuis la nuit des temps, poursuit Céline Bardet. Sauf qu’il y a une utilisation beaucoup plus structurée de cet outil dans les conflits contemporains ». Ces dernières années, Daesh et l’Etat islamique l'ont « théologisé et en ont fait un outil établi dans un manuel : le viol et l’esclavage sexuel sont des armes de torture » dont l'organisation jihadiste a fait « une arme absolue ». La juriste distingue deux niveaux dans l'utilisation de cet « outil ». Un premier niveau dans lequel « le viol et l’esclavage sexuel sont utilisés comme outils d’anéantissement, de nettoyage ethnique, dirigé contre certaines parties de la population pour des raisons ethniques et religieuses ». Par exemple contre les populations yézidies. Second niveau cette fois dans les territoires contrôlés par l’organisation Etat islamique où le statut de la femme est défini. Il est alors clairement établi dans les manuels de propagande de l'organisation que quand la femme ne correspond pas au statut qui lui assigné, « le viol et l’esclavage sexuel peuvent être utilisés contre elle ».

Boko Haram et Daesh, mêmes pratiques

En Afrique, Boko Haram utilise aussi le viol de manière systématique, poursuit Céline Bardet. L'organisation jihadiste assigne à la femme la même place que Daesh dans la la société. Par exemple, les jeunes filles ne doivent pas aller à l'école car elle est corruptrice. De la même manière, les femmes et les jeunes filles sont des outils de recrutement. « Boko Haram cherche des jeunes hommes pour rejoindre ses rangs et pour les attirer, ils vont kidnapper des jeunes filles, souvent qui sont vierges, qui vont être offertes, données en mariage aux hommes de Boko Haram. Il y a une utilisation de la position de la femme dans la société dans ce but-là ».

La RDC, « capitale mondiale du viol »

La République démocratique du Congo s'est rendue tristement célèbre aussi pour l'utilisation systématique du viol comme arme de guerre et de terreur sur les populations civiles. En 2010, Margot Wallström, ancienne représentante de l'ONU pour les violences sexuelles dans les conflits avait qualifié le pays de « capitale mondiale du viol ». Quatre ans plus tard, Joseph Kabila créait un bureau spécialisé sur la question en signe de bonne volonté. Et si aujourd'hui le gouvernement et les humanitaires s'accordent pour dire que le nombre de viols lors de conflits a diminué, le problème est loin d'être résolu.

Les viols enregistrés dans les zones de conflits auraient diminué de 50% en deux ans en RDC. Une conséquence de la diminution des conflits armés dans le pays depuis 2013, selon Jeanine Mabunda, la représentante de Joseph Kabila pour les questions de violences sexuelles. Selon elle, c'est sur le terrain de la justice qu'il faut continuer de travailler. « Il n’y a pas de perfection, on ne va pas passer du jour au lendemain vers une justice parfaite, mais si je prends le cas de la justice militaire, il y a eu plus de 246 décisions en deux ans de militaires et policiers impliqués dans des violences sexuelles. On a les réponses au sein de notre société, ça a changé », assure Jeanine Mabunda.

Les choses ont changé, mais le défi reste entier. Le docteur Denis Mukwege, qui opère, et répare les victimes dans son hôpital de Bukavu, le rappelle : les conflits ne durent qu'un temps alors que les viols peuvent avoir des répercussions sur des générations. «Le viol est une métastase » explique le praticien qui s'interroge : comment les enfants qui ont vu leurs parents subir une telle humilitation peuvent-ils se comporter normalement ? « C’est un problème réel qu’il faut affronter avec courage », assène le docteur Mukwege, et selon lui, cela passe d'abord par une plus grande reconnaissance du statut des victimes. Les femmes qui témoignent devant les tribunaux aujourd'hui ne reçoivent pas de réparations, qu'elles soient financières, ou symboliques.

 



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