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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Chronique

Baisse des prix : ces pièges que le duo Sonko-Faye doit éviter

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Baisse des prix : ces pièges que le duo Sonko-Faye doit éviter
Le gouvernement a annoncé les nouveaux prix des denrées de première nécessité tels que le riz, le sucre, l’huile… Maintenant que les prix définitifs sont fixés après quelques tergiversations, il reste le plus difficile pour les nouvelles autorités : l’application. En effet, s’enfermer dans son bureau ou bien même se concerter avec les acteurs pour déterminer les prix est une chose, les faire appliquer par les grossistes, demi-grossistes et boutiquiers détaillants en est une autre bien différente et de loin plus difficile.

Si Diomaye et Sonko veulent que les prix annoncés soient effectifs, il leur faudra beaucoup de rigueur, de sérieux et de fermeté. Ils en ont déjà eu une idée avec la résistance avortée des meuniers. Seulement, si le gouvernement a vite maîtrisé ces industriels (du moins jusqu’ici), il en va autrement du côté des commerçants, notamment les détaillants. Ils sont les plus grands récalcitrants de la chaîne de distribution. Faire appliquer les prix par le petit commerce relève d’un vrai défi, à la limite d’une gageure.

Contrairement aux industriels qui sont généralement une poignée de personnes, la force des commerçants détaillants relève du fait qu’ils sont à la fois nombreux et éparpillés un peu partout. Il faut donc un travail de fourmi pour les surveiller.

Pour le moment, le gouvernement a demandé à ce que les prix soient affichés dans les boutiques de façon très visible. Cette exigence rappelle les tentatives de baisse des prix par le régime de Macky Sall. Vers la fin du règne de l’ancien président, toutes les tentatives de baisse des prix se sont soldées par un échec. A chaque fois, les boutiquiers ont affiché les prix homologués mais ne les ont jamais appliqués. D’ailleurs, si on se réfère uniquement sur le papier, le kilogramme de sucre au Sénégal était de 575 F Cfa avant le départ de Macky du palais. Sur le terrain, le prix était de 650 au meilleur des cas, 700 F dans la plupart des commerces.

Pourtant, lors de la dernière baisse décidée par Macky Sall, un numéro vert a été mis en place pour dénoncer tout manquement. Face au refus du boutiquier de notre quartier d’appliquer les nouveaux prix, nous avions tenté plusieurs fois d'appeler le numéro, en vain. Pour avoir une idée de combien de temps faut-il attendre pour avoir un interlocuteur au bout du fil, nous avons laissé le téléphone sonner pendant 30 minutes, sans trouver un répondant. Nous avions alors interpellé une connaissance au ministère du commerce qui nous avait fait comprendre que la ligne était saturée ; il nous avait tout de même promis de transmettre le message aux autorités compétentes. Mais nous n’avons jamais eu de retour. C’est dire donc que l’existence d’un numéro vert ou d’un autre dispositif ne garantit pas nécessairement l’application des prix, sans un engagement au plus haut sommet et à tous les niveaux.

Déjà, les commerçants sont conscients de la faiblesse de l’Etat. D’abord parce que le nombre de contrôleurs des prix n’a jamais cessé de baisser et de vieillir depuis longtemps. Aujourd’hui, l’effectif est largement insuffisant comparé aux besoins actuels. L’idée des volontaires de la consommation censée pallier le déficit n’a jamais été réellement mise en œuvre. Ensuite, il y a le risque de corruption des agents de l’Etat chargés d’appliquer la mesure.

Tout ceci fait qu’il est difficile de faire respecter les prix à Dakar, à plus forte raison dans les régions où les effectifs sont souvent quasi nuls. A titre illustratif, au moment où on parle de baisse sur le pain, la baguette est vendue à 250 F dans un village non loin de Kaffrine. Pourtant, le tandem Faye-Sonko a intérêt à ce que l’application soit effective. Si jamais cette première tentative se solde par un échec, l’aura du duo en prendra un sacré coup. En effet, les mesures tendant à renforcer le pouvoir d’achat des Sénégalais figurent parmi les plus attendues et les plus populaires, spécialement la baisse sur les prix des denrées de première nécessité. En plus, si jamais le gouvernement n’arrive pas à faire plier les commerçants, ce sera ainsi jusqu’à la fin du quinquennat.

Déjà, les commerçants ont l’habitude de refuser de s’approvisionner à chaque fois qu’ils ne veulent pas appliquer des prix homologués. Cela crée une tension et provoque une pénurie artificielle. Ce qui crée une hausse des prix, et donc le contraire de ce qui a été escompté. Il y a juste quelques jours, il était difficile de trouver le sac de riz dans certaines localités, simplement parce que les commerçants qui avaient entendu parler d’une baisse des prix n’ont pas voulu acheter le produit avant que les nouveaux prix ne soient rendus publics.

Par ailleurs, le contrôle ne doit pas se limiter uniquement sur les prix. Un regard pointu doit être porté sur les quantités. Certains commerçants peuvent être tentés d’appliquer les prix pour ne pas prendre de risque, mais ensuite essayer de se rattraper sur la quantité. Déjà, les associations de consommateurs soupçonnent les boulangers de n’avoir jamais respecté les 200 à 210 g pour la miche de pain à 175. Aujourd’hui, la baguette est fixée à 150 f pour un poids égal à 190 g. Le gouvernement doit s’assurer que la miche pèse réellement 190 g et non 180 voire 170g.

D’ailleurs, lors de la dernière baisse décidée par Macky Sall, il nous a été donné de constater une différence nette sur deux kilogrammes de sucre entre deux grossistes. L’un vendait à 650 f, l’autre à 700 f. Notre pot de sucre nous a permis de constater que le kilogramme à 700 F était de loin plus intéressant pour le consommateur que nous sommes car sa quantité était largement supérieure au kilo vendu à 650 F. Ce qui laisse croire que le grossiste a drastiquement réduit le poids en prétendant vendre à un meilleur prix. Voilà autant de pratiques qui prouvent, si besoin en était encore, que l’application effective relève d’un vrai défi pour les nouvelles autorités qui doivent réussir là où le régime précédent a échoué.

Jusqu’ici, le gouvernement a fait preuve de fermeté à l’encontre des prédateurs fonciers, des patrons de presse et récemment des meuniers. Reste à savoir si cette fermeté sera de mise face aux commerçants et si le résultat attendu sera au rendez-vous.    






4 Commentaires

  1. Auteur

    Am Diome

    il y a 4 jours (10:23 AM)
    QUI a pondu ce torchon
  2. Auteur

    Apr Renovation

    il y a 4 jours (10:57 AM)
    Deux talibans !
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    Auteur

    Nianthio

    il y a 4 jours (12:37 PM)
    L urgence de l heure c le DPG.Les sénégalais veulent savoir dans quel bateau ils sont avant qu'il n arrive dans les eaux profondes. Le capitaine auteur de " SOLUTIONS " et " PROJET" à peur du ring. Ses talibes mentent pour le défendre
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    Auteur

    Lerabé

    il y a 4 jours (13:00 PM)
    La demarche n'est pas la bonne : Le mode push notification s'adapte mieux ici puisque l'Etat n'a pas assez de personnel pour descendre sur le terrain.

    Identifier chaque boutique à travers un code et donner la possibilité à chaque citoyen de dénoncer sa boutique de quartier depuis une app mobile en envoyant le message associé au numero d'identification et au code d'infraction.

    Une cartographie géolocalisable permettra au citoyen de connaitre, selon sa position, le code d'identification associé à la boutique où il se trouve.

    Obligation devant chaque boutique d'afficher son code boutique de façon visible. Le contrôle se fera uniquement sur ce volet. laisser le reste aux citoyens.
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