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Election présidentielle de 2019 et spirale dynamique (par Ibrahima Thioye)

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Election présidentielle de 2019 et spirale dynamique (par Ibrahima Thioye)

Cet article est une contribution aux débats sur la prochaine élection présidentielle prévue en 2019. Il  s’adresse à tous ceux qui sont soucieux du devenir de notre pays. Il donne un avis sur notre compréhension des  contributions de quelques acteurs majeurs qui ont façonné la scène politique sénégalaise depuis l’indépendance. Il tente également d’analyser les futurs possibles.

La grille d’analyse utilisée est la spirale dynamique dont les principes de base sont rappelés plus loin. Comme tout modèle lié aux sciences humaines, il ne peut échapper au principe selon lequel : « aussi belles et élégantes soient elles, les théories qui sous-tendent n’importe quel modèle restent toujours des fictions incapables de décrire toute la réalité. »

 

Cet article comporte trois parties. La première aborde deux questions majeures liées à l’élection présidentielle de 2019. La deuxième partie est un résumé du modèle de la spirale dynamique. Pour ne pas ennuyer le lecteur, une description plus détaillée est proposée en annexe. Enfin, la dernière partie, nommée « questions de l’heure », est le cœur de cet article. Par le biais de questions/réponses, sont examinés : le thème du code dominant au Sénégal, notre compréhension des contributions de divers acteurs et quelques sujets liés au futur que nous devons construire.

 

I Election présidentielle de 2019 : deux questions majeures

 

L’élection présidentielle de 2019 constituera un moment fort de l’évolution politique de notre pays. Le Sénégal a  enregistré deux alternances démocratiques largement saluées dans le monde. Elles ont suivi le même schéma avec leurs différentes phases d’euphorie, d’espoir, de doute et enfin de  déception. Cette dernière tend à s’amplifier à l’approche de la nouvelle échéance électorale.

 

Question 1 : y aura-t-il une troisième alternance ou un maintien de l’actuel régime du Président Macky Sall ? D’emblée, ma réponse est : tout est possible. Cela dépendra du degré de rupture de confiance entre  le président et le peuple, mais aussi d’une offre politique alternative crédible.

 

Question 2 : et si la troisième alternance devenait une réalité, que faire pour éviter la répétition du schéma évoqué plus haut ? Sans une réflexion profonde et un sens de l’anticipation, nous risquons simplement de répéter l’histoire. Certains observateurs pensent qu’il y a dans nos conduites, nos valeurs profondes -pas toujours conscientes-, des éléments puissants qui entament  la volonté de changement émanant du nouveau dirigeant. Est-ce  que cela a un lien avec les nouveaux types de rapports qu’il découvre dans l’exercice du pouvoir ? Est-ce que cela est simplement lié à une abdication de sa part face à l’énorme problème d’intégration des valeurs, comme cela a été évoqué dans les conclusions des assises nationales ? Dans le résumé du rapport final, on peut lire : « D’emblée, il faut relever une crise des valeurs qui résulte d’une intégration insuffisante, instable et conflictuelle de divers systèmes de référence, comprenant des valeurs traditionnelles endogènes, des valeurs religieuses et des valeurs globalisées. » Nous partageons ce constat et essaierons de l’approfondir en utilisant la spirale dynamique.

 

II Généralités  sur la spirale dynamique

 

Ces généralités visent à introduire juste quelques notions sur la spirale dynamique.  Elles nous servirons dans l’analyse de l’évolution politique de notre pays et les enseignements que nous pouvons en tirer.

 

La spirale dynamique peut être définie comme un modèle qui permet de comprendre l’évolution des systèmes de valeurs. Elle constitue une clé intéressante pour comprendre l’évolution des hommes, des organisations et du monde, afin d’agir de façon à accélérer et canaliser les changements idoines sur ces différents systèmes de valeurs.

Les concepts de ce modèle se sont  développés grâce aux travaux du psychologue Clare W. Graves.

Ce dernier  stipule qu’il y a eu 8 niveaux d’existence connus à ce jour. Pour lui, un humain, centré sur un niveau d’existence, a une psychologie propre à ce niveau. « Ses émotions, ses motivations, son sens de l’éthique et des valeurs, sa biochimie, son degré d’activation neurologique, son système d’apprentissage, ses croyances, sa conception de la santé mentale, son éducation, ses préférences en matière de management, d’éducation, d’économie et  de théorie et de pratique politiques sont tous caractéristiques de ce niveau. »

Le niveau d’existence est aussi appelé vmème (vmeme ou value meme), en référence à la notion de mème qui joue, au niveau social, le même rôle que le gène au niveau biologique. Certains le nomment: code, système de valeurs, système de référence, vision du monde, système de pensée etc. Tous ces termes sont réducteurs, quand on se réfère à la définition citée plus haut qui rappelle bien que le niveau d’existence englobe des aspects biologique, psychologique et social. Graves disait que ce modèle est biopsychosocial. Ce modèle a été renommé « Spiral Dynamics » par Don E. Beck, professeur de sociologie, et Christopher C. Cowan un de ses étudiants. Don Beck  a largement contribué à la transition  qui fit passer l’Afrique du Sud de l’Apartheid à la démocratie. Il fut un des conseillers privilégiés de Nelson Mandela.

 

Chaque niveau émerge quand les conditions d’existence le rendent nécessaires sans pour autant faire disparaître les anciens. Les  conditions d’existence X activent les capacités cérébrales Y, permettant ainsi la mise en œuvre d’un niveau d’existence XY. Capacité cérébrale doit être conçue ici comme une aptitude à s’adapter aux conditions d’existence. Elle n’est pas réduite à l’intelligence.

 

Pour désigner le niveau d’existence, nous utilisons le terme « code ». Sont décrits ci-après de façon synthétique ces différents codes. Est mise en annexe une description plus détaillée.

 

-Code AN-Beige : code dominé par la survie, la satisfaction immédiate des besoins physiologiques.

But : Réussir à survivre en satisfaisant les besoins physiologiques.

Thème : Exprimer le soi automatiquement en fonction des impératifs physiologiques et des possibilités de l’environnement.

 

-Code BO-Violet : code dominé par les esprits, la magie, la superstition, le respect des traditions, le droit d’aînesse, le respect des rites etc. La communauté occupe une place importante.

But : réussir à survivre en s’appuyant sur l’appartenance au groupe et le respect des traditions.

Thème: sacrifier le soi aux désirs des anciens et aux coutumes des ancêtres.

Les maîtres-mots de ce code sont : harmonie avec la nature, appartenance, tradition, relation de sang, respect des tabous, des rites, obéissance, respect des anciens, hospitalité, protection, magie, superstition, népotisme (mon clan d’abord, les autres ensuite).

 

-Code CP-Rouge : code dominé par le pouvoir, les vertus aristocratiques (héroïsme, bravoure, sens de l’honneur etc.) Chacun occupe une place très précise dans la société.

But : acquérir une identité personnelle en se connectant à sa puissance.

Thème : exprimer le soi sans culpabilité pour satisfaire immédiatement ses impulsions.

Les maîtres- mots de ce code sont : affirmation de soi, pouvoir, courage, bravoure, confiance en soi, honneur, renom,  force, domination, indépendance, conquête, exigence de respect, évitement de la honte etc.

 

-Code DQ-Bleu : code structuré, dominé par la recherche de sens, de but, d’ordre et de vérité.

But : acquérir une identité sociale en se connectant à un système qui organise en donnant sens, structure et ordre.

Thème : sacrifier le soi maintenant pour obtenir une récompense plus tard.

Les maitres-mots de ce code  sont : qualité, respect des lois et règlements, discipline, stabilité, ordre, conformité, vérité, patience, rang, statut, justice, titre, clarté, ordre, fiabilité, contrôle, pensée polarisée (une seule vérité), évitement de la culpabilité etc.

 

-Code ER-Orange : code valorisant le succès, l’autonomie, la compréhension du monde etc.

But : assurer la satisfaction matérielle en assouvissant ses désirs.

Thème : exprimer le soi de manière calculée, de façon à éviter l’agressivité des autres.

Les maîtres- mots de ce code sont : performance, prestige, responsabilité, succès personnel, compétition, productivité, orientation résultat, challenge, indépendance, acceptation, flexibilité, croissance, richesse, capacité à  mettre le focus, réalisme etc.

 

-Code FS-Vert : code de l’harmonie, promouvant les relations chaleureuses avec tout autre être humain. Tolérance, flexibilité, empathie sont cœur des interactions humaines.

But : assurer la satisfaction émotionnelle en tissant des relations chaleureuses.

Thème : sacrifier le soi maintenant pour obtenir l’harmonie pour soi et pour les autres.

Les maîtres- mots de ce code sont : harmonie, coopération, esprit ouvert, tolérance, consensus, responsabilité, dialogue, intégration, empathie, participation, égalité, équité, adaptation, flexibilité, droits humains, développement personnel, relativisme etc.

 

-Code GT-Jaune : code valorisant l’indépendance, l’autonomie et l’assertivité sans que cela nuise aux intérêts des autres. L’ouverture aux autres et consensus sont des réflexes dans ce monde.

But : Reconstruire l’homme et le monde en misant sur la compétence, la responsabilité et l’autonomie.

Thème : exprimer le soi, mais jamais aux dépens des autres, pour que toute vie puisse continuer de manière naturelle et fonctionnelle.

Les maîtres- mots de ce code sont : réflexion personnelle, vision en perspectives multiples, intégration systémique, connaissance & créativité, réseautage,  ouverture aux autres, apprentissage permanent, intégration des connaissances, vision & autonomie, compétence profonde, etc.

 

-Code HU-Turquoise : code considérant la planète comme un tout indissociable. Sa fragilité nous intime à tous une attitude de compréhension et de protection à l’égard de toute vie.

But : Reconstruire l’homme et le monde en élargissant sa vision holistique.

Thème : sacrifier si nécessaire le soi et celui des autres pour le bien de toute vie présente ou à venir.

Les maîtres- mots de ce code sont : développement durable, responsabilité pour le vivant et pour les générations futures, amélioration des conditions de toutes les vies, responsabilité sociale, acceptation de la complexité globale, conscience spirituelle, etc.

 

III Questions de l’heure

 

-Quels sont les codes présents au Sénégal ?

Au Sénégal, on note une coexistence de codes allant de BO-Violet au DQ-Bleu, mais le code dominant est le BO-CP (coexistence des deux codes BO et CP). Il est omniprésent avec ses aspects positifs et ses côtés négatifs. Est-ce que les exigences du moment ne se résument pas à travailler un bon DQ-Bleu et assurer plus tard une transition vers les valeurs positives de ER-Orange ? Il s’agirait alors de développer une conscience républicaine, le sens de la citoyenneté et du vivre ensemble, le respect de la loi, la promotion de la valeur travail, la lutte contre la corruption, la gabegie, la concussion, le laxisme, le népotisme, l’obscurantisme, tout en œuvrant pour la libération des potentiels, l‘indépendance d’esprit  et l’autonomie. Passer de BO-CP à DQ-ER suppose une transition difficile. Où mettre le curseur entre les valeurs de solidarité et de celles de responsabilisation qui peuvent être antinomiques dans certaines situations. Comment aider sans tomber dans l’assistanat ? Doit-on imposer l’autonomie à quelqu’un qui préfère la dépendance ?

 

L’émergence des valeurs DQ-ER nécessite surtout une éducation à la citoyenneté et aux valeurs républicaines. DQ apporte la rigueur, l’ordre, la ponctualité et la rationalité ; ER contribue par l’esprit d’entreprise, l’innovation, le goût du risque calculé et l’efficacité. L’enseignement et les media doivent jouer un rôle majeur à cet effet. Mais le plus important consiste à l’intégration avec les valeurs positives de CP-BO. Cela demande toute une pédagogie avec du recul, de l’humilité et du respect (au sens où le conçoivent les populations centrées CP-BO). Des valeurs, adaptées dans certains contextes, deviennent des « anti-valeurs » dans d’autres. La réciprocité telle qu’elle était pratiquée dans nos campagnes est complètement dénaturée quand on la translate sans précaution dans nos villes. Lutter contre ces dérapages et toutes les formes de travers issus du monde BO-CP nécessite qu’on associe fortement les influenceurs les plus importants. Dans une société de type BO-CP, ceux-ci sont écoutés et la majorité attend d’eux des orientations.

 

Quelles doivent être les relations entre le régime et les grands influenceurs (têtes de réseau, porteurs de  voix, lobbyistes etc.) ?

Dans une société de type BO, toute démarche qui n’inclut pas ces acteurs peut être vouée à l’échec. Il faut le faire avec rigueur et fermeté, mais aussi avec retenue et respect, car les porteurs de voix représentés par les chefs coutumiers et religieux ont joué un rôle de grande portée dans l’évolution des mœurs politiques, contribuant fortement à la stabilité politique du pays. Il y a un cercle relationnel parfait entre le citoyen lambda, le porteur de voix et le dirigeant. La tendance à la facilité s’insère assez vite dans ce cercle relationnel. Tous les candidats  à la magistrature suprême devraient indiquer de façon très précise comment ils comptent sauvegarder les pratiques républicaines en rendant  ce cercle harmonieux et vertueux. Il faudrait qu’ils expliquent les mécanismes qu’ils comptent introduire à cet effet, étant entendu que :

-les citoyens (dans leur grande majorité) continuerons à faire des requêtes auprès de leur guide ou tête de réseau ;

-les guides (dans leur grande majorité) continueront à demander des interventions pour leurs protégés ;

-les dirigeants (que nous avons vus jusqu’à présent) continueront à demander la bénédiction et le soutien des guides.

Honnêtement, nous ne pensons pas que ce sujet soit facile à traiter. Il faudrait certainement mobiliser les parties prenantes, aidées par nos experts sociologues, psychologues, anthropologues, spécialistes de la communication (y compris les communicateurs traditionnels) pour adresser sérieusement ce sujet.

 

-Quelle est la part de subjectivité, quand je dis qu’il y a de la déception qui s’installe et s’amplifie ? Est-ce un fait ou une opinion ?

Il s’agit bien d’une opinion. Cela ne concerne que mon appréciation subjective. Une autre personne soutenant le régime peut avoir une lecture tout à fait opposée. Seul un sondage, mené par une structure fiable, pourrait nous édifier de façon objective  sur cette question de la déception.

 

-Comment apprécier la contribution des différents leaders politiques qui ont façonné l’espace politique sénégalais de 1960 à nos jours, sous l’angle de la spirale dynamique ?

 

Le propos ici n’est pas d’illustrer de façon rigoureuse les associations de codes aux différents leaders. Je pense que ce premier travail n’est qu’une esquisse qu’il faut compléter et affiner par la contribution d’autres spécialistes de la spirale dynamique et en recueillant plus de données.

 

Ceux qui ont eu à diriger le pays : Senghor, Diouf, Wade, Macky

 

Senghor

-Senghor a joué un rôle important en assurant le passage d’une ancienne colonie à un jeune Etat indépendant. Il a contribué à mettre en place une machine étatique. Sous son règne, ont été lancés les premiers plans de développement économique. En vingt ans du régime senghorien, le Sénégal a enregistré  quelques avancées démocratiques (contributions que nous devons à l’opposition de l’époque, mais également à sa clairvoyance). Il n’y a pas eu de coup d’état ou de guerre civile durant cette période. Beaucoup de personnes  insistent sur son sens de l’organisation et de la méthode et sa légendaire courtoisie. Il a développé le culte de l’intelligence. Il fallait avoir un certain niveau pour travailler à ses côtés.

-De l’avis de certains observateurs, Senghor n’a pas mis en place les programmes idoines qui auraient assuré au pays un décollage économique, à l‘image de la Corée du Sud qui avait le même PIB que le Sénégal  à l’avènement des indépendances. De nombreux acteurs estiment qu’on pouvait faire plus en mettant en orbite ce pays sur la voie de l’émergence économique.

-Pour moi, il était centré DQ –bleu avec son sens de l’organisation et de la méthode, mais il était pris en tenaille entre les exigences de l’ancienne métropole et le monde BO-CP qui l’entourait, il a préféré assurer l’équilibre du système en évitant les vagues liées au passage BO-CP vers DQ-ER.

 

Abdou Diouf

-Abdou Diouf a assuré la continuité du régime de Senghor. Au début de son règne, il a manifesté  de fortes ambitions en matière de lutte contre les détournements de deniers publiques. Mais celles-ci ont été vite revues à la baisse quelques années plus tard. On se rappelle les initiatives sur la  lutte contre la corruption et l’impunité, mais elles n’ont pas fait long feu. On doit lui reconnaître la clairvoyance d’avoir accepté –sous l’impulsion des luttes de l’opposition également- le multipartisme intégral au moment où le parti-Etat était légion en Afrique. On doit mettre également à son actif une certaine connaissance de la sociologie du peuple sénégalais et des réflexes d’homme d’Etat pondéré, ayant le sens de la mesure.

-Sur le plan économique, lui-même souligne que les programmes d’ajustement structurels du FMI et de la Banque mondiale, la dévaluation du CFA ont rendu la situation sociale assez difficile. Pour le Président Diouf, cela a pu doper l’économie, mais nombreux sont ceux qui pensent que l’émergence économique n’a pas été au rendez-vous. Les efforts consentis par son pouvoir ont pourtant produit des fruits au moment où le peuple a décidé de rompre avec son régime. Les signaux économiques commençaient à basculer au vert.

-De mon point de vue, Abdou Diouf était certainement centré DQ-bleu comme Senghor. Y a-t-il eu une volonté de hisser le code dominant vers un niveau plus élevé. « Non » serait ma réponse immédiate il y a quelques années. Mais après avoir lu la biographie de Abdou Diouf, j’ai un point de vue plus nuancé. Comme Senghor, Abdou Diouf également a déployé énormément d’efforts pour assurer l’évolution et l’équilibre du système BO-CP. Intuitivement, ces dirigeants mettaient en œuvre des principes de la spirale dynamique : respect des valeurs du monde BO-CP, proximité avec les têtes de réseau, bien que d’autres y voient une instrumentalisation. Intuitivement, je me demande si Jean Colin n’était pas le prototype d’une personne centrée ER-Orange.

 

Abdoulaye Wade

-Son arrivée en 2000 à la tête de la magistrature suprême avait suscité un très gros espoir. Incontestablement, il a donné une forte impulsion aux grands chantiers liés aux infrastructures, même si beaucoup d’observateurs pensaient que ses rêves étaient démesurés. Sans état d’âme, il a essayé de sortir du giron français, en multipliant les initiatives de coopération avec les pays du Golfe.  Abdoulaye Wade a de l’audace. Cela est largement reconnu.

-Nombreux sont les observateurs qui estiment qu’Abdoulaye Wade a banalisé tous les attributs de la république, en introduisant le désordre et le mélange de genres (CF les livres de Latif Coulibaly : « Wade, un opposant au pouvoir », « La république abîmée »). On a assisté sous son règne à une personnalisation du pouvoir avec la modification de la constitution de 2001, « laquelle a engendré un bonapartisme personnaliste sans  équivalent historique », pour paraphraser Mamadou Dia. Il a choqué beaucoup de sénégalais avec cette « idée » de dévolution monarchique du pouvoir que l’opposition  décelait dans tous les actes qu’il posait. Et quand il a voulu modifier à nouveau la constitution, il est parvenu à rassembler toute l’opposition contre lui autour du cadre appelé le M23. Le processus de renversement de son pouvoir fut enclenché dès lors.

-Selon moi, Abdoulaye Wade était  centré CP-Rouge, agissant avec des réflexes de monarque.

 

Macky Sall

-Contrairement à Abdoulaye Wade qui avait concentré le pouvoir entre ses mains, Macky a réussi à regrouper autour de lui la vielle opposition. C’est une prouesse de maintenir dans le même régime des anciens caciques du parti socialiste et de l’AFP, des éléments du PDS, d’anciens gauchistes, des démocrates et des éléments de la société civile, y compris de nombreux leaders syndicaux. Macky a poursuivi les chantiers initiés par Wade avec un certain réalisme. Beaucoup d’observateurs apprécient la stabilité dans le domaine de l’énergie, les progrès réalisés sur la filière RIZ, la poursuite des projets du nouveau pôle urbain de Diamniadio, mais d’autres estiment que le pouvoir d’achat ne cesse de se dégrader. Il a plus ou moins pacifié le front syndical.

-C’est surtout avec les dossiers sur le pétrole et le Gaz que la déception s’est installée. Sur l’affaire Khalifa Sall, l’opinion, largement partagée, est qu’il veut éliminer un adversaire politique.

-Sans aucun doute, Macky est dans la même logique qu’Abdoulaye Wade. Il est centré CP-Rouge, agissant dans une société BO-CP. Il peut opérer quelques changements, mais le passage vers DQ-ER n’est pas à l’ordre du jour.

 

Deux figures majeures de l’histoire politique du Sénégal : Mamadou Dia, Cheikh Anta Diop

 

Mamadou Dia

-Mamadou Dia était une chance pour le Sénégal, mais je crois qu’il était d’un cran trop avancé au- dessus du code BO-CP dominant. Cet Homme était centré DQ-ER  avec une orientation très nette vers des valeurs positives de la République. Armé d’une volonté ferme d’assurer le décollage du pays, il avait aussi un fort engagement pour l’éducation des masses populaires en vue d’enclencher un changement du code dominant BO-CP vers DQ- Bleu. Il était sans concession sur les pratiques « non –républicaines ». Si l’on peut reconnaître à Senghor et Abdou Diouf un code DQ –bleu relatif au sens de la méthode, à la maîtrise des affaires liées à l’administration, de l’avis de nombreux observateurs, Mamadou Dia était beaucoup plus en avance dans la  volonté de construction et d’émergence d’une conscience citoyenne, républicaine.

-Des observateurs estiment qu’il n’a pas su faire preuve de pédagogie. Son ancrage patriotique et son sens de l’indépendance ont su réunir contre lui les anciens colons et toutes les forces du monde BO-CP qui sentaient une menace pour leurs intérêts. Cela a abouti au coup d’Etat de décembre 1962, qui l’écarta  définitivement du pouvoir.

 

Cheikh Anta Diop

-Cheikh Anta était encore plus éloigné du code dominant BO-CP. Savant émérite et reconnu dans le monde, anthropologue, historien, patriote et panafricaniste convaincu, je me demande juste  si ses analyses et mots d’ordre n’étaient pas trop en avance par rapport au code dominant BO-CP. La notion de nation étant encore très abstraite dans ce monde ; l’ordre BO-CP avait beaucoup de mal à envisager le panafricanisme qui exige un niveau de conscience assez élevé. Par sa grande érudition, Cheikh Anta avait certainement une connaissance assez fine du monde B0-CP, mais d’un point de vue pratique, tout laisse croire que Senghor et Abdou Diouf avaient une meilleure perception des conduites en cours dans le monde BO-CP. On peut se demander avec le recul si l’aile patriotique le plus à gauche et les anciens communistes, qui s’insurgeaient contre la bourgeoisie bureaucratique et compradore et les marabouts affairistes, comprenaient réellement les conduites de leurs compatriotes du monde BO-CP.

 

Les dirigeants de la gauche révolutionnaire : Abdoulaye Bathily, Landing Savané, Amath Dansokho

 

Nous devons leur dire merci pour leur contribution à l’élargissement de la démocratie. Ils ont joué leur partition de façon magistrale. Ils ont fait preuve de courage et ont marqué de leur empreinte les luttes les plus ardues depuis l’indépendance. J’ai eu la chair de poule quand j’ai vu en 2012 à la télévision Amath Dansokho participer à un  rassemblement de la place de l’indépendance, béquille à la main, gardant sa sérénité alors que la police était en train de charger la foule.

Devraient –ils tous quitter le navire que conduit Macky Sall, car les faits pour lesquels le peuple s’était soulevé contre Wade sont encore plus d’actualité aujourd’hui? Quand on n’a pas fait le centième de leur sacrifice, l’on doit avoir l’humilité de ne pas se positionner en donneur de leçons. Même vis-à-vis des personnes comme Latif Coulibaly, Souleymane Jules Diop, El Hadji Kassé, j’adopterai la même attitude. Ils ont joué une belle partition en 2012. Nous n’émettons aucun jugement négatif sur leur attitude. Nous constatons simplement pour le moment qu’ils ne manifestent aucune indignation. La nature ayant horreur du vide, s’ils ne le font pas, d’autres sont en train de prendre le relais.

 

Quelques nouveaux dirigeants de l’actuelle opposition : Idrissa Seck, Khalifa Sall, Ousmane Sonko, Abdoul Mbaye, Mansour Sy Jamil

 

Idrissa Seck

Les sénégalais lui reconnaissent certainement des compétences avérées. Nombreux sont ceux qui avaient positivement apprécié les réalisations issues des chantiers de Thies, même s’ils avaient suscité de nombreux débats. Suite à ses dissensions avec Abdoulaye Wade, s’il avait adopté une attitude d’autonomie et de clarté sur sa volonté d’accéder au pouvoir, en mettant une croix sur le PDS, Macky ne serait peut –être pas président de la République en 2012. Mais ses allers-retours vers Abdoulaye Wade n’ont pas été bien appréciés par les Sénégalais. Sous ses airs d’une personnalité sûre d’elle-même, se cache peut-être une personne très dépendante. Ceci est mon humble avis. J’espère bien me tromper. Sans certitude, je pense qu’il est centré CP-Rouge.

 

Ousmane Sonko, Abdoul Mbaye, Mansour Sy Jamil et Khalifa Sall

Ce pôle, constitué par Ousmane Sonko, Abdoul Mbaye, Mansour Sy Jamil et Khalifa Sall, constitue, de mon point de vue, le socle de l’opposition véritable à Macky. De toute cette opposition, Sonko donne l’image de la figure qui peut aller le plus loin. Son engagement patriotique et la méthode qu’il propose sont assez originaux. Il est centré DQ Bleu avec une orientation très nette vers les bonnes pratiques républicaines. En s’appuyant sur l’expérience pragmatique de Abdoul Mbaye, la connaissance du monde BO de Mansour Sy Jamil, le charisme et le poids politique de Khalifa Sall, ce quarté peut constituer une menace pour le régime actuel. Celle-ci sera très grosse si ce pôle arrive à attirer des personnalités qui ont marqué récemment les esprits par leur sens de l’intégrité et leur courage : le magistrat Ibrahima Dème, le capitaine Dieye, Mody Niang, Nafy Ngom Keita  et même Youssou Ndour.

Peut –on faire entièrement confiance à un tel pôle ? Pas totalement, si nous poursuivons notre logique jusqu’au bout, car le jeu des interactions avec le pouvoir va faire émerger de nouvelles attitudes. On peut juste dire intuitivement qu’ils peuvent aller le plus loin possible.

Quelles peuvent être  les difficultés d’un tel front arrivé au pouvoir ?

Difficulté 1 Ceux-là mêmes, qui vont peser de tout leur poids pour aider dans la première phase de conquête du pouvoir, peuvent constituer une grosse entrave dans la phase de gestion du pouvoir.

Difficulté 2 Celui qui emportera le suffrage des sénégalais subira les assauts du monde BO-CP avec les nouveaux types d’interaction qu’il découvre dans l’exercice du pouvoir. Il deviendra un autre homme, six mois, un an, trois ans après.

Il ne faudra pas sous-estimer la capacité du monde BO-CP à assurer sa survie. Comme tout système secoué dans son équilibre, il tentera de résister.

D’aucuns me demanderont le programme autour duquel ce mouvement doit s’organiser. La réponse est assez simple : les conclusions des assises nationales doivent en constituer le cœur.

 

-Quel doit être le programme du futur régime ?

L’essentiel doit tourner autour des conclusions des assises nationales. C’est le lieu de saluer ce travail remarquable réalisé sous la houlette du doyen Amadou Makhtar Mbow. Comment relever maintenant le défi de la mise en œuvre ? Une telle question peut paraître anodine alors qu’elle recèle beaucoup de complexité. Il faudra prendre du temps et faire appel à des experts (ayant du recul vis-à-vis de nos codes dominants) pour comprendre les véritables freins à la mise en œuvre.

 

-Quelles sont les conditions requises pour une troisième alternance ?

1   un peuple en désaccord avec son dirigeant ;

2 une alternative en face crédible capable de se différencier, une bonne compréhension des systèmes de valeur en cours, une organisation méthodique pour être présent dans tous les bureaux de vote, une communication efficace avec des mots d’ordre simples (même le nom du mouvement ne doit pas dépasser deux syllabes) et une exploitation judicieuse des nouveaux canaux digitaux qu’utilisent les milléniaux. Ceux-ci doivent être à l’avant-garde de ce combat.

 

-Est-ce que les outils de communication peuvent jouer un rôle décisif dans la prochaine  élection ?

Nous savons tous qu’Abdou Diouf a été vaincu par un peuple déterminé à tourner la page et qui s’est largement appuyé sur les radios privées et le mobile pour amplifier le mouvement de rupture et assurer une élection transparente. L’opposition à Abdoulaye Wade a ajouté à ces outils classiques les réseaux sociaux avec la plateforme Seneweb en particulier. Je crois que les chroniques de Souleymane Jules Diop et certainement ceux d’autres acteurs du net (bloggeurs, animateurs) ont contribué largement à la victoire de Macky. Ce dernier risque d’être emporté par WhatsApp. Je suis particulièrement impressionné par la nature des contenus qui circulent sur cette plateforme  avec une très grande viralité. Un gros paradigme qui change : avant, il fallait beaucoup d’argent pour organiser des meetings et passer à la télévision afin d’influer sur l’opinion. Maintenant, une petite vidéo peut faire le buzz et marquer durablement les esprits.

 

-Si l’alternance se réalise, quelles sont les conditions requises pour réaliser un vrai changement?

On reproche à nos leaders de trahir leurs promesses et principes de départ. La question de savoir à quand remonte le changement survenu chez un dirigeant n’est pas pertinente, car lui-même n’est pas toujours conscient du moment où s’opère le glissement. Je crois même que les dirigeants arrivent au début avec des ambitions très sincères, visant le développement du pays et l’épanouissement des citoyens. C’est au contact avec le pouvoir, à la facilité avec laquelle ils font et défont les choses et à la nature des nouvelles interactions que s’opèrent les changements. Essayons de faire parler notre imagination. Supposons que je sois à la place de Macky. Durant les six premiers mois de mon mandat, 99% des personnes que je reçois au palais – y compris le peuple des assises- arrivent dans mon bureau avec des requêtes de cas personnels ou de demande de faveurs notamment à propos d’attribution de marché ou d’avantages fiscaux. A un moment, je vais me demander si ce peuple – à travers ces représentants que je reçois- a un sens patriotique. Serai-je capable de rester lucide, de refuser à chaque fois que cela est nécessaire et inscrire mon action dans le sens du respect des principes républicains ? Je crois que la réponse positive est plus facile à dire qu’à faire. Que faire donc pour réaliser un vrai changement ?Il faut se donner une période de 6 mois pour approfondir le diagnostic ; faire appel à une équipe d’experts  qui accompagne cette étude (le modèle de la spirale dynamique peut être intéressant  à cet effet; il a servi de grille d’analyse dans le processus de la transformation de l’Afrique du Sud dans les années 1990). Au-delà du diagnostic, il faudrait que le futur dirigeant accepte de s’entourer d’hommes et de femmes suffisamment courageux pour lui indiquer la bonne distance à entretenir vis-à-vis du système B0-CP. Elle ne doit être ni trop courte, ni trop grande. Trop courte, le système l’absorbe et lie ses mains ; Trop grande, cela peut engendrer des risques de rejet et de fortes tensions. La présence d’une diversité de forces nécessaires pour adopter la bonne distance ne suffit pas. Il faut une réelle ouverture de sa part, une grande capacité d’écoute et un certain état d’esprit. La pensée linéaire (qui fige le temps et nie les émergences issues de la contradiction), le calcul politicien simpliste basé sur le jeu à somme nulle (ils perdent, je gagne ; ils gagnent, je perds), les réflexes paranoïaques activés par des conseillers manipulateurs (que l’on retrouve dans toute cour) ne s’accordent pas avec cet état d’esprit.  Ce positionnement vis-à-vis du système peut être difficile. Il ne suffit pas de l’adopter théoriquement ; il faut surtout le mettre en pratique, car les personnes perçoivent  surtout ce que vous faites. C’est ce que dit  Emmerson : « Tes actes parlent si fort que je n’entends pas ce que tu dis. »

 

-Si le régime de Macky est maintenu, peut-il œuvrer pour un véritable changement ?

Deux cas d’usage méritent d’être rappelés. Le cas de Ben Ali de Tunisie qui avait suscité de gros espoirs dans les années 1990, grâce à sa volonté hardie d’œuvrer pour le décollage économique de son pays, en l’inscrivant dans un système DQ. Quelques années plus tard, le régime bascula dans une gestion clanique BO-CP au grand dam du peuple tunisien. Le second cas est le régime de Paul Kagamé du Rwanda. Ce dernier est considéré par des observateurs avertis (voir les livres de Pierre Pean) comme le déclencheur du génocide rwandais et le principal allié d’Israél et des USA/UK dans la région des grands lacs. Ce qui est curieux, il incarne aujourd’hui l’image du président modèle qui a inscrit son pays dans un processus d’émergence économique et un ancrage vers DQ-ER. Quelle est la réalité de ce processus ? Si ces faits sont avérés, quels en sont les ressorts ? Kagamé est –il aussi exemplaire qu’on le présente ?

Macky peut-il s’inscrire dans une dynamique de changement véritable s’il est réélu ? Réponse : Tout est possible. Mais la probabilité de maintenir le statu quo est très grande.

 

-Comment adresser la question des biens mal acquis avec l’avènement d’un nouveau régime ?

Cette question est assez complexe. Comment lutter contre les détournements de deniers publics, les malversations et l’impunité sans perdre du temps dans des procès inutiles ? Ne faudrait-il pas faire table rase de la situation précédente et annoncer avec l’aval de toutes les têtes de réseau que dorénavant, tout manquement dans ce domaine fera l’objet d’un traitement de rigueur ? Pour être logique et conséquent, il faudrait que le nouveau dirigeant annonce à son entourage et à ses compagnons qu’il n’aura aucun moyen d’intervenir sur ce type de dossier. L’idéal serait que ces dossiers en provenance de IGE ou OFNAC, remontent directement au président et au parquet. 

 

Quel devraient être les grands axes de la feuille de route du futur régime ?

Le premier mot d’ordre est de mettre le pays au travail. Il faut également construire une conscience citoyenne et républicaine en phase avec le code DQ-ER. La lutte contre la corruption, la concussion et le népotisme doit être érigée en réflexe pour tout le monde. Pour être efficace, ce combat doit être mené par l’éducation, l’exemplarité des dirigeants mais aussi par des mesures d’ordre institutionnel. cf « rapport des assises ». La responsabilité doit être partagée à plusieurs niveaux : la famille, le quartier et  la ville.

Ces mesures doivent être accompagnées par des programmes de développement économique et social où l’Etat s’occupe de grands chantiers et crée le cadre adéquat qui permet aux différents acteurs de créer de la richesse. Nous devons libérer tout le potentiel de créativité et d’innovation de nos entrepreneurs, car c’est la création de richesse qui stimule le développement. Aujourd’hui, la mondialisation nous intime l’obligation d’être réaliste. Nous devons renforcer et multiplier les axes de coopération profitables au pays. Dans certains secteurs, nous serons obligés de nouer des partenariats stratégiques. Il faut également miser sur la modernisation des organisations et de l’administration, en s’appuyant sur la dynamique de transformation digitale. L’éducation et la santé doivent être perçues comme des centres de profit à long terme.

 

<816>[email protected]

 

 

 

 

ANNEXE

 

Les descriptions ci-après sont largement inspirées du livre de Fabien & Patricia Chabreuil: « Spirale dynamique ».

 

code AN-Beige 

But : Réussir à survivre en satisfaisant les besoins physiologiques.

Thème : Exprimer le soi automatiquement en fonction des impératifs physiologiques et des possibilités de l’environnement.

Caractéristiques

Ce code est apparu il y a plusieurs centaines de milliers d’années. Certains auteurs parlent de  millions d’années. C’est le monde des chasseurs-cueilleurs qui vivaient en hordes qui se déplacent. Aujourd’hui, on peut considérer que ce code a disparu. Toutes les sociétés ont évolué vers un niveau supérieur.

 

code BO-Violet 

But : réussir à survivre en s’appuyant sur l’appartenance au groupe et le respect des traditions.

Thème: sacrifier le soi aux désirs des anciens et aux coutumes des ancêtres.

Caractéristiques

Ce code est apparu il y a 50 000 ans. Certains auteurs évoquent 200 000 ans. La présence du groupe procure une sécurité psychologique.  Dans sa variante la plus ancienne, ce monde correspond à la gens primitive décrite par Morgan Lewis et reprise par F. Engels dans son célèbre livre : « Origine de la famille, de propriété privée et de l’Etat ».Nous n’aborderons pas toutes les formes d’organisation de cette société avec les différents types de famille qui s’y sont succédés. La notion de propriété privée, de possession occupait une place moindre que dans les codes postérieurs de la spirale. Ce code se caractérise par :

- l’usage de la magie, des totems/tabous et de la superstition;

- l’omniprésence des esprits;

- la division du travail peu perceptible et l’économie tournée vers la consommation ;

- des valeurs phares comme la réciprocité (téranga), l’humilité (le groupe d’abord et moi ensuite; la personne existe par, grâce et à travers le groupe);

« L’on est triste ensemble et joyeux ensemble » résume le fonctionnement de ce monde B0-violet ;

Les maîtres-mots de ce code sont : harmonie avec la nature, appartenance, tradition, relation de sang, respect des tabous, des rites, obéissance, respect des anciens, hospitalité, protection, magie, superstition, népotisme (mon clan d’abord, les autres ensuite).

Aujourd’hui, ce code est très présent dans le monde, particulièrement en Afrique. Au Sénégal, il y côtoie d’autres codes. Certaines caractéristiques se sont atténuées, mais d’autres sont encore visibles surtout dans le monde rural, avec des différences selon les régions. En ville également, ce code reste actif.

 

code CP-Rouge 

But : acquérir une identité personnelle en se connectant à sa puissance.

Thème : exprimer le soi sans culpabilité pour satisfaire immédiatement ses impulsions.

Caractéristiques

Ce code est apparu il y a 10 000 ans. La division du travail acquiert une autre dimension avec les progrès dans la domestication des animaux et des plantes, entraînant ainsi  de la production marchande. On voit apparaître le troc qui, plus tard, va donner naissance aux premiers types de monnaie. Des dispositifs de régulation sont mis en place pour atténuer les conflits de classe ou de castes. L’esclavage et une de ses déclinaisons plus sophistiquée – le servage- apparu plus tard, sont au cœur du mode de production.

Ce code se caractérise par :

-la tendance à acquérir une identité personnelle chez une minorité; la majorité accepte de se réfugier sous cette aile protectrice, jusqu’à une certaine limite ;

-le besoin de connexion à sa force personnelle ;

-des valeurs aristocratiques comme le sens de l’honneur, le courage, l’héroïsme ;

Les maîtres- mots de ce code sont : affirmation de soi, pouvoir, courage, bravoure, confiance en soi, honneur, renom,  force, domination, indépendance, conquête, exigence de respect, évitement de la honte etc.

Ce code était assez présent dans nos anciens royaumes. Quelques éléments de ce code sont encore très actifs dans nos villes, mais surtout dans nos campagnes.

 

code DQ-Bleu 

But : acquérir une identité sociale en se connectant à un système qui organise en donnant sens, structure et ordre.

Thème : sacrifier le soi maintenant pour obtenir une récompense plus tard.

Caractéristiques

Ce code est apparu il y a 6000 ans ; il se caractérise essentiellement par le sens du sacrifice et la recherche de la vérité ultime. La division du travail s’intensifie avec l’apparition des grands empires. Le mode de production évolue de l’esclavage au servage.  On voit apparaître quelques grandes cités. A certains endroits, L’Etat se modernise avec ses multiples institutions.

Les maitres-mots de ce code  sont : qualité, respect des lois et règlements, discipline, stabilité, ordre, conformité, vérité, patience, rang, statut, justice, titre, clarté, ordre, fiabilité, contrôle, pensée polarisée (une seule vérité), évitement de la culpabilité etc.

    L’Egypte ancienne constitue la première institution DQ Bleu.

    Au Sénégal, DQ bleu est présent, mais ses valeurs positives n’ont pas complètement imprégnées nos conduites   de tous les jours. La discipline et le sens de la conformité sont régulièrement mis à l’écart au profit de valeurs comme la réciprocité et le népotisme qui nous viennent du monde BO Violet.

 

code ER-Orange 

But : assurer la satisfaction matérielle en assouvissant ses désirs.

Thème : exprimer le soi de manière calculée, de façon à éviter l’agressivité des autres.

Caractéristiques

Ce code apparaît à la renaissance, mais il va  prendre une dimension assez forte avec la révolution industrielle. Ce code incarne les valeurs du capitalisme : l’individualisme, l’autonomie, l’affirmation de soi, l’innovation etc.

Au plan économique, on voit apparaître le machinisme et le libre-échange. Le salariat devient le nouveau mode de production dominant. Le monde devient pour les nouveaux capitaines d’industrie une source inépuisable d’opportunités et de création de richesse.  A côté de la production de masse, surgit également une  consommation de masse et une  éducation de masse. Les média ou canaux de communication prennent également cette dimension « de masse ». En Europe de l’ouest, ce code devient dominant dans les années 1960. Dans ce monde, le travail est survalorisé, le temps  est une variable clé, le calcul égoïste est la norme.

Les maîtres- mots de ce code sont : performance, prestige, responsabilité, succès personnel, compétition, productivité, orientation résultat, challenge, indépendance, acceptation, flexibilité, croissance, richesse, capacité à  mettre le focus, réalisme etc.

On peut noter des niches ER –Orange au Sénégal. De nombreux acteurs économiques sont centrés ER-Orange, en faisant preuve de pragmatisme et de sens du travail. Mais on constate souvent l’absence des valeurs DQ-Bleu (rigueur, esprit républicain, respect des normes etc.) Pour maintenir et protéger leur business, certains adoptent les valeurs négatives BO-CP (gabegie, contournement des lois, népotisme, concussion, clientélisme etc.).

 

code FS-Vert 

But : assurer la satisfaction émotionnelle en tissant des relations chaleureuses.

Thème : sacrifier le soi maintenant pour obtenir l’harmonie pour soi et pour les autres.

Caractéristiques:

Ce code apparaît au début du 20é siècle. Il est encore en cours d’émergence dans la plupart des pays développés, exceptées les démocraties de l’Europe du Nord ; ce sont des Etats multiculturels, protégeant l’environnement et les droits de l’homme, privilégiant le commerce équitable et voulant faire profiter d’un service public efficace à tous les citoyens. Concertation et recherche de compromis sont utilisées comme méthode d’échange. Corruption et népotisme sont largement combattus.

Les maîtres- mots de ce code sont : harmonie, coopération, esprit ouvert, tolérance, consensus, responsabilité, dialogue, intégration, empathie, participation, égalité, équité, adaptation, flexibilité, droits humains, développement personnel, relativisme etc.

    

code A’N’ou GT-Jaune 

But : Reconstruire l’homme et le monde en misant sur la compétence, la responsabilité et l’autonomie.

Thème : exprimer le soi, mais jamais aux dépens des autres, pour que toute vie puisse continuer de manière naturelle et fonctionnelle.

Caractéristiques:

Ce code a pour ambition de reconstruire l’homme en misant sur la compétence, la responsabilité et  l’autonomie. Tout en étant relié aux autres, l’être humain se veut indépendant. Ce code apparaît dans une période marquée par la révolution de l’information dont l’une des caractéristiques majeures est l’accélération digitale. Le digital arrive avec de nouvelles valeurs qui ont comme noms : partage, transparence, humilité, ouverture  et authenticité. Ce code valorise la flexibilité et accepte les paradoxes et le chaos.

Les maîtres- mots de ce code sont : réflexion personnelle, vision en perspectives multiples, intégration systémique, connaissance & créativité, réseautage,  ouverture aux autres, apprentissage permanent, intégration des connaissances, vision & autonomie, compétence profonde, etc.

 

code B’O’ou HU-Turquoise

But : Reconstruire l’homme et le monde en élargissant sa vision holistique.

Thème : sacrifier si nécessaire le soi et celui des autres pour le bien de toute vie présente ou à venir.

Caractéristiques:

Un des piliers de ce code consiste à reconstruire le monde, en s’appuyant sur une perception élargie et une vision holistique. Restaurer l’harmonie globale deviendra une exigence pour tout le monde.  L’on ne peut procéder à une séparation entre les différents problèmes. La terre entière est devenue une structure communale à l’image de la société communiste de Marx. Cela requiert un niveau d’éducation assez élevé. L’apprentissage ne va plus se limiter à l’acquisition de connaissance. Les méthodologies utilisées vont s’affiner au fur et à mesure. Les maîtres- mots de ce code sont : développement durable, responsabilité pour le vivant et pour les générations futures, amélioration des conditions de toutes les vies, responsabilité sociale, acceptation de la complexité globale, conscience spirituelle, etc.

 

Ce schéma fait la synthèse de la description des codes.

 

 

 

 

Ci-après quelques principes à propos des codes ou niveaux d’existence :

 

II.1 Un code englobe ceux de niveaux inférieurs (principe d’holarchie).

 

II.2 Un code décrit surtout comment les gens pensent et non l’objet de ces pensées. Le code doit être compris comme un container qui structure la vision du monde. Les idées, croyances, rituels spécifiques  constitueront le contenu. Ce code ou container structure des valeurs profondes. Le contenu est constitué des valeurs de surface (activités observables: évènements, comportements, rituels etc.) et  des valeurs cachées (idées, croyances, attitudes, routines, conscients ou inconscients, déclarés ou tus). Au sein d’un individu, d’une organisation ou d’une société, plusieurs codes coexistent à un moment donné. La régression ou l’évolution vers d’autres codes est possible, mais elles suivent toujours un ordre précis sans saut de niveau.

 

II.3 Il n’existe pas un bon ou un mauvais code. A l’intérieur d’un code, on peut noter des aspects positifs ou négatifs, selon le contexte. La solution d’aujourd’hui peut être le problème de demain. A priori, un principe fondamental est que chaque code ou vmème a quelque chose à offrir aux autres. Il est pertinent lorsque les conditions d’existence le requièrent. Il devient complètement inadapté lorsque celles-ci évoluent.

 

II.4 Les six premiers codes constituent la première boucle. Les deux derniers codes démarrent une deuxième boucle et ils utilisent des outils de pensée et d’apprentissage plus sophistiqués, à la mesure des nouvelles conditions de vie : théorie des systèmes, théorie du chaos, théorie de la complexité, théorie des réseaux sociaux, anthropologie culturelle etc. La grosse différence entre ces codes de la deuxième boucle et ceux de la première, c’est la disparition des peurs structurelles (compulsions et anxiétés). Il peut y avoir des peurs, mais elles n’ont plus ce pouvoir qui pousse l’individu vers des réactions instantanées. On note également une alternance lors du passage d’un code à un autre. Si l’un opère une expression du soi, le suivant s’inscrit dans un sacrifice du soi. Le passage de la première à la deuxième boucle est considéré comme un saut quantique.

 

II.5 Le passage vers d’autres niveaux supérieurs à GT ou B’O’ –turquoise est possible d’après Graves. Cela constitue une ouverture du modèle et marque une différence entre la théorie de Graves et celle de Maslow ou de Karl Marx. Retenons tout de même que l’analyse économique de la société capitaliste chez Marx est d’une profondeur qu’on ne retrouve pas dans la théorie de Graves. Maslow, également,  a largement contribué à notre compréhension des besoins et motivations humains

                                                                                                                                                 



15 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2018 (10:08 AM)
    Merci Ibrahima pour cette réflexion riche et très structurée. J'avoue que j'ai énormément appris et consolidé des connaissances par l'utilisation de cette approche.

    Les concepts doivent nous aider à modéliser et à mieux appréhender la réalité pour plus de clairvoyance et d'efficacité dans la prise en main de notre destin.

    C'est rassurant de voir qu'il y a une génération de sénégalais bien formés et ayant fait leurs preuves dans de grosses multinationales qui ne désespèrent pas de voir leur pays se développer malgré le pessimisme ambiant.



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  2. Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2018 (10:08 AM)
    Merci Ibrahima pour cette réflexion riche et très structurée. J'avoue que j'ai énormément appris et consolidé des connaissances par l'utilisation de cette approche.

    Les concepts doivent nous aider à modéliser et à mieux appréhender la réalité pour plus de clairvoyance et d'efficacité dans la prise en main de notre destin.

    C'est rassurant de voir qu'il y a une génération de sénégalais bien formés et ayant fait leurs preuves dans de grosses multinationales qui ne désespèrent pas de voir leur pays se développer malgré le pessimisme ambiant.



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    Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2018 (10:08 AM)
    Merci Ibrahima pour cette réflexion riche et très structurée. J'avoue que j'ai énormément appris et consolidé des connaissances par l'utilisation de cette approche.

    Les concepts doivent nous aider à modéliser et à mieux appréhender la réalité pour plus de clairvoyance et d'efficacité dans la prise en main de notre destin.

    C'est rassurant de voir qu'il y a une génération de sénégalais bien formés et ayant fait leurs preuves dans de grosses multinationales qui ne désespèrent pas de voir leur pays se développer malgré le pessimisme ambiant.



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    Auteur

    Khatior-bi

    En Septembre, 2018 (11:09 AM)
    Trop long.

    Des intellectuels on en trouve dans les grandes villes. En campagne on trouve les gorgorlous qui poussent le senegal vers l'avant.

    Quand on communique on utilise un langage simple accessible a la masse.

    Comme dirait Trump ceci me fait dormir.
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    Auteur

    Birima Sobel

    En Septembre, 2018 (15:40 PM)
    On s'y perd facilement dans un texte aussi kilométrique que cette analyse. Je crois qu'un résumé avec force-détails précis et quelques renvois nous aurait évité une telle glissade dans un sommeil de lecture aussi évidente. Nous n'avons rien contre une contribution de valeur émanant d'un spécialiste bien formé, mais l'intérêt fort à tirer d'une bonne compréhension tire toute son essence de la faculté d'un écrivain d'être mesuré dans sa communication par l'écriture.
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    Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2018 (16:06 PM)
    Toutes les publications ne peuvent se limiter à la communication.

    Cet article est très bien écrit.

    Seulement il exigent du lecteur une envie de savoir et une capacité à décortiquer un texte.

    Je dirai que c'est un cours magistrale.

    Le problème est que nous aimons la facilité.

    Il suffit de prendre le temps pour en tirer profit.

    Bravo monsieur l'auteur.



    Il est tant que la presse élève le niveau. "Le Gorgorlou" ne peut avoir comme ambition que le profit. le développement de l'intellect aussi incombe au "Gorgorlou".
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    Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2018 (16:52 PM)
    D'accord avec post 4.



    Il n'y a rien à redire sur ce texte très instructif. C'est inquiétant cette volonté de facilité et de simplification à outrance de la réalité.



    Bravo Mr Thioye !
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    Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2018 (16:52 PM)
    D'accord avec post 4.



    Il n'y a rien à redire sur ce texte très instructif. C'est inquiétant cette volonté de facilité et de simplification à outrance de la réalité.



    Bravo Mr Thioye !
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    Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2018 (17:23 PM)
    Ce n'est pas la densité des analyses pertinentes qui manquent mais leur mise en oeuvre. Depuis l’indépendance, le cadre Sénégalais formé dans les plus grandes universités du monde n'a fait que poursuivre ses ambitions personnelles. Son vœu le plus c'est : villas, voitures et comptes à l'étranger. Personne n'a donné l'exemple d'un gestionnaire soucieux du bien être des populations. Je n'ai rien contre l'esprit qui a produit cet brillant article, mais le temps que nous tournons vers des types moins instruits mais très patriotiques et imbue d'une seule logique, la rechercher du bon résultat

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    Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2018 (20:24 PM)
    @Post 5



    Des types moins instruits et patriotiques dites-vous ?

    À l'image de nos "opérateurs économiques" qui cherchent du gros profits rapides sur le dos de leurs compatriotes, par tous les moyens possibles.

    Je ne crois pas que ceux-là nous feront avancer.
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    Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2018 (20:56 PM)
    Je trouve l article très intéressant ; j ai beaucoup avec la théorie de la spirale dynamique

    Merci Mr thioye
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    Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2018 (20:56 PM)
    Je trouve l article très intéressant ; j ai beaucoup avec la théorie de la spirale dynamique

    Merci Mr thioye
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    Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2018 (22:04 PM)
    Post 6: aucun pays ne peut forger une économie solide et durable en comptant que sur la force physique de ses citoyens. Les têtes pensantes sont aussi utiles. Le manque de patriotisme n'est pas en rapport avec le niveau intellectuel. Justement si vous avez bien lu ce texte vous comprendriez que l'auteur nous pousse consciemment ou inconsciemment à réfléchir sur un équilibre entre la méthode, le culte de l'excellence et le respect de nos traditions pour aboutir à un patriotisme productif..
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    Auteur

    Ibrahima

    En Septembre, 2018 (10:28 AM)
    Merci pour ces retours. Merci pour les critiques et les compliments. J’aspire à évoluer vers les codes FS, A’N’, bien que je reste persuadé d’être centré sur un code de niveau plus bas. Ma seule attitude face à la critique est : qu’est-ce que je peux en apprendre pour grandir?

    Le texte est long et peut être complexe. OK j’accepte que cela peut l’être dans la perception de nombreuses personnes. J’ai déjà reçu ce type de retour de la part d’amis très proches. Et en rigolant avec d’autres, je leur ai transmis le texte en leur demandant de bien s’accrocher, car ils peuvent se perdre dans les descriptions des codes. J’avoue que mon propos a été : "je ne vise pas une cible étendue". Mais cela peut bien ressembler à une rationalisation. Lorsqu’on écrit, l’idéal est que le lecteur lambda puisse comprendre. Je reste ouvert à ceux qui s’intéressent au modèle et qui ont cette habileté à rendre simples des choses complexes. Nous pourrons réaliser de belles choses. Moi-même, j’ai eu une difficulté, quand j’ai pour la première fois découvert le modèle avec ces 8 codes. Pourquoi ne l’ont –ils pas réduit à 3 ou 4 codes ? Je connais également quelques définitions simplifiées. Fallait –il lâcher la rigueur au profit de la simplification ? Toutes ces questions seront largement prises en compte dans mes prochains textes.

    Je vous invite juste à lire et relire le texte. Je peux vous transmettre la version pdf, si vous me faites la demande à [email protected].

    Dans un prochain post, j’essaierai de résumer le texte .

    Merci encore à tous

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    Auteur

    Ibrahima

    En Septembre, 2018 (23:32 PM)
    Ci-après les idées majeures développées dans cette contribution:





    1 Les élections au Sénégal se suivent et se ressemblent. Il y a eu deux alternances qui ont suivi globalement le même schéma. Comment expliquer ce phénomène ? Il doit avoir un lien avec nos mentalités, nos systèmes de valeurs.



    2 Les dirigeants sont face à un système qui ressemble bien à un tourbillon (qui intègre en son sein des vents favorables, mais aussi des vents vicieux ; (cela est une vue de l’esprit : les spécialistes me pardonneront cette image qui n’a certainement rien à voir avec les mécanismes d’un tourbillon). Trop proche de lui, il vous aspire et vous avez les mains liées. Trop loin de lui, il vous rejette et vous n’aurez aucun moyen d’agir sur lui. Question : quelle est la bonne distance à entretenir vis-à-vis de ce tourbillon ?



    3 « Trop proche » veut dire que vous épousez exactement le même système de valeurs dominant de la société. « Trop loin » veut dire que vous souhaitez changer ce système de valeurs en introduisant un nouveau (sans faire preuve de pédagogie).



    4 Senghor , Abdou Diouf , Abdoulaye Wade et Macky se sont bien rapprochés du système. Mamadou Dia et Cheikh Anta étaient trop éloignés du système.



    5 Penser que tous ces hommes qui ont eu à diriger le pays sont des incapables est une vue de l’esprit très étroite, qui ne prend pas en compte le poids du système auquel ils ont eu à faire face. Je crois qu’ils avaient tous, à leur début, de très fortes ambitions pour ce pays autant pour son décollage économique et l’épanouissement de ses citoyens. Cela est une opinion intuitive qui s’appuie sur cette approche systémique qui est le fondement de tout ce texte.



    6 Ces dirigeants évoluent avec le système et sont en interaction avec ce dernier, ils deviennent d’autres hommes au moment de prêter serment, trois mois après, six mois après, deux ans après, etc. « Victimes-innocents » ou « acteurs-coupables ». Je crois qu’ils sont les deux à la fois. (je comprends que cela soit une belle provocation face aux politiciens). Chacun a le droit de le voir autrement, mais dans une boucle, tous les acteurs entretiennent la vie et la stabilité de celle-ci.



    7 Notre système de valeur dominant est de type BO-CP (alliant valeurs traditionnelles et aristocratiques ; cf texte intégral). L’esprit républicain, la conscience citoyenne ne sont pas encore bien ancrés dans nos pratiques. Ils appartiennent à un système plus évolué que nous devons ensemble mettre en place.



    8 Que va t –il se passer ? les possibilités sont ouvertes.

    -Si Macky gagne ces élections, pourra- t –il établir la bonne distance vis-à-vis du système BO-CP? Tout est possible. Il suffit de voir les cas Ben Ali et Paul Kagamé. Le premier a bien démarré et mal fini. Le second a mal démarré et actuellement il est devenu une référence. Mais mon point de vue personnel est qu’il est difficile de sortir de ce tourbillon lorsqu’il vous a déjà aspiré (cf le texte intégral)

    -Si un autre gagne les élections, que va-t-il se passer ? Tout est possible. Et la probabilité qu’il se fasse aspirer par le tourbillon est très forte (contrairement à ce qu’on pense). Si tous les candidats ne disent pas clairement comment ils comptent créer cette bonne distance vis-à-vis de ce tourbillon, il y aura certainement une répétition de l’histoire. Rappelons que ce tourbillon (qu’on appelle système et que j’appelle aussi code BO-CP) est maintenu dans son équilibre par tous les acteurs :les dirigeants, les têtes de réseau et le peuple. Comment transformer ce tourbillon en maintenant et développant les vents favorables avec leurs cycles vertueux et éradiquer tous les cycles vicieux ?



    9 Y a t –il un problème de programme, de vision ? Non. L’essentiel est dans le rapport des assises nationales.



    10 Solution : L’idée n’est pas uniquement d’avoir de nouveaux hommes, mais des dirigeants conscients de toute cette complexité, qui évaluent bien notre vulnérabilité face au puissant système BO-CP et qui, patiemment, avec fermeté, lucidité et pédagogie essaieront de trouver le moyen adéquat pour transformer ce système. Il ne s’agit pas de chercher des boucs émissaires. Nous avons nos tares. Nous devons ensemble nous battre pour les éradiquer.

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