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Culture

Lamine Ndiaye, comédien : «Les téléfilms, c’est tout sauf du théâtre»

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Lamine Ndiaye, comédien : «Les téléfilms, c’est tout sauf du théâtre»

Après Kaolack et Dakar, c’était au tour de Thiès, la capitale du rail, d’accueillir, ce lundi 27 mars, la journée mondiale du théâtre. Outre la mise en place prochaine d’un fonds de développement du théâtre, d’un montant de 300 millions de francs Cfa annoncé par le ministre de la Culture pour soutenir un secteur moribond, cette journée a été l’occasion pour certains acteurs du théâtre de lister les maux qui gangrènent leur secteur. De faire l’état des lieux d’un art très prisé mais dont les techniques restent méconnues du grand public, y compris de certains comédiens qui mériteraient d’être mieux formés. Les séries télévisées, les téléfilms, de plus en plus prisés sur le petit écran, n’ont rien à voir avec le théâtre, tient à clarifier le comédien Lamine Ndiaye. Au micro de Seneweb, il revient, dans cet entretien, sur les manquements d’un secteur où le déficit de formation de ses acteurs donne lieu à un mélange des genres. Morceaux choisis.

Ce qui différencie le théâtre des téléfilms

«Jusqu’à présent, on n’a pas encore vu l’avancement du théâtre, pour dire vrai. Parce que ce qu’on est en train de faire à la télévision, ce n’est pas du théâtre, c’est tout sauf du théâtre. Je veux respecter les professionnels qui ont passé des années à l’école des Arts pour l’apprendre, d’autres qui sont passés par la pratique, y en a d’autres qui ont fait la théorie et qui n’ont pas fait la pratique, donc toutes ces familles, pour les remercier, leur rendre ce qui appartient à César, il faudrait qu’on essaie de revisiter notre théâtre. Parce que ce qu’on voit à la télévision, c’est des téléfilms, ce n’est pas du théâtre, insiste-t-il. Le théâtre se fait sur une scène en respectant les règles. C’est un métier qui se définit par une technique, sa technique c’est la règle des 3 P», explique l’artiste comédien.

Pour ce qui est des téléfilms, «il faut apprendre ou définir la diagnétique», recommande-t-il. «C’est le sentiment et l’émotion. Quand on joue dans un film, il est plus exigeant d’utiliser la diagnétique. Il y a moins de texte mais beaucoup de jeu. Et il faut être naturel. Alors que le théâtre, les gestes sont burlesques, c’est pour convaincre le public en face de soi, en live. Mais à la télévision, on n’a pas besoin de ça. Il y a une caméra, un œil formidable… Tout ça, c’est l’audiovisuel (parole et image)», tranche Lamine Ndiaye. Qui lève un coin du voile sur l’exploitation de certains artistes par ceux qui commercialisent leurs films à l’étranger, en contrepartie de quelques miettes. Une exploitation qu'il dénonce.

Des artistes mal payés, victimes d’une exploitation

«Ces artistes, malheureusement, sont mal payés. C’est des téléfilms tournés par eux-mêmes ou par un monsieur dans le quartier, qui a du matériel et qui s’y connait un tout petit peu soi-disant. Il leur dit, ‘je peux vous filmer moyennant 150 mille (francs) par exemple’. Ce n’est rien par rapport à ce qu’il devait payer. Après, il exporte le téléfilm à l’extérieur et la cassette est vendue à 2  millions…. Tandis que ces artistes ont 300 mille peut-être. C’est de l’exploitation de l’homme par l’homme. Et c’est grave pour les jeunes qui viennent d’arriver, qui n’y comprennent rien du tout. Je voudrais leur dire de faire attention, d’aller voir les professionnels et essayer de partager avec eux».

«Partager avec des jeunes expérience de l’extérieur»

Quid de la frontière entre le théâtre et le cinéma ? L’ancien directeur de la radio Jappo Fm renvoie la balle à la presse. «On n’a qu’à faire des émissions qui parlent du théâtre. Des téléfilms ou du cinéma. On n’en fait pas», déplore celui dont le talent, connu et reconnu à travers le Sénégal, s’est exporté à l’étranger, à la Comédie française précisément. 

«Au moins, j’ai une expérience de l’extérieur que je voudrais partager avec des jeunes. Malheureusement, ceux qui sont dans la corporation vont voir ces jeunes et leur dire, «il fait le malin, il ne connait rien…», regrette l’artiste comédien.

«Les stars ont trop de tares, et les vedettes, trop de dettes»

Les stars et vedettes du showbiz en ont également pris pour leur grade. «Les stars ont trop de tares : l’insuffisance. Et les vedettes ont trop de dettes, dettes envers les populations qui les ont élues vedettes». Lamine Ndiaye assume ses propos et s'explique. «Tu as été confectionné par ta population et tu ne leur rends même pas la balle. Parce que tu es en train de leur voler. La chose qu’ils aiment, quand tu le fais mal, tu es en train de leur voler ce qu’ils aiment», critique l’artiste selon qui, le théâtre est bien conciliable avec les études. Un conseil qu’il prodigue aux jeunes générations.

«Ici, on pense que faire rire c’est du théâtre. Le théâtre contribue aux études. Ça nous couvre quelque part. Les études vont de pair avec le théâtre. On pense que le théâtre c’est un jeu d’enfant, c’est malheureux», sourit Lamine Ndiaye.

Donnant son propre exemple à la jeune génération de comédiens, il insiste sur l’apprentissage, la formation. Car, être artiste, comédien, nécessite aussi un travail sur soi. «Vous pensez que j’avais cette voix ?», interroge-t-il, avant de révéler : «J’ai travaillé pour avoir cette voix, c’est un travail de longue haleine. Jusqu’à présent je continue à travailler ma voix pour avoir une bonne articulation, une bonne diction. Avoir une voix qui donne».

Au ministère de l’Education nationale, il recommande d’introduire le théâtre à l’école, dès la maternelle. «Ça développe des sens chez l’enfant», conclut celui qui a écrit de belles pages d’histoire au sein de la troupe Daaray Kocc.

Propos recueillis par Momar Mbaye

 



12 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Mars, 2017 (18:50 PM)
    MEME LES TELELIMS SONT NILS ET VIDE DE MATERIEL EDUCATIF, QUE DES HISTOIRES A RACONTER, MAL ET TRES LENT.

    LE THEATRE EST UNE DISCIPLINE SCOLAIRE, OUI IL RAISON, LE THEATRE FORME L'ACTEUR ET SON PUBLIC.

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  2. Auteur

    Spagheti

    En Mars, 2017 (19:04 PM)
    bilay lamine wakh gha deug se pays va mal que du recule ,on n'est passer d'un dg peut en cacher un autre a un caffè avec qui n'est que de la merde
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    Auteur

    Yeet

    En Mars, 2017 (19:10 PM)
    Le Theatre est mort mon ami!!!!! il est remplacé par les telefilms.

    Il faut s'adapter our périr!!!!

    On ne va plus en guerre avec des chevaux et des sabres!!!!! Il faut s'adapter
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    Auteur

    Anonyme

    En Mars, 2017 (19:37 PM)
    C'est un type très sympa
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    Auteur

    Anonyme

    En Mars, 2017 (20:40 PM)
    ces séries ne sont que des subterfuges pour leur pseudos acteurs et actrices, de se faire connaître le plus rapidement et facilement possible.
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    Auteur

    Birima Sobel

    En Mars, 2017 (21:37 PM)
    Lamine a bien raison de hausser le ton face à ce qu'on pourrait appeler le déluge d'un art ! En bon professionnel du théâtre que les sénégalais ne discutent pas, Lamine a su se lever et mettre le pied dans le plat; oui nous avons bien besoin d'autres choses que ce que nous servent les plateaux de télévisions conçu à partir de scénarios qui bafouent les règles du théâtre pur. Rien ne vaut l'apprentissage de l'art pour lequel l'on est choisi pour décrire des faits vivants sociétaux. Et la meilleure façon pour s'y exercer, c'est d'étoffer ses aptitudes en apprenant les rudiments élémentaires qui s'y rattachent. Les téléspectateurs sénégalais, dans leur large majorité, ont fini de s'apercevoir de la très grande différence qui existe entre la troupe daraay coch, par exemple, et les séries qu'on nous passe très souvent sur les plateaux de télévisions. Autant en ce qui concerne le talent des acteurs que la mise en scène des pièces, les insuffisances sont énormes à corriger et améliorer ! Pour autant qu'il faille comprendre qu'il ne saurait être question de parler de nullité des comédiens, mais juste de leur formation à compléter. Je félicite tous ceux qui se produisent dans les séries téléfilms et les exhorte à la formation appréciable au grand bonheur de ce qu'ils font et de ceux pour qui ils le font !!!
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    Auteur

    Cheikhbi

    En Mars, 2017 (23:04 PM)
    Faut pas se tromper d'objectif car il s'agit de Faire ce les gens aiment cest Tout. Chercher d'autres arguments. Ce n'importe quoi dont vous parlez c'est bien ce qu'aiment les gens Et en business le consommateur dicte sa loi Et le bon producteur doit suivre la demande. Recyclez vous cest Tout.
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    Auteur

    Latyr

    En Mars, 2017 (00:43 AM)
    Nous sommes à l'heure du téléfilm et des films

    On ne veut plus de vos vieux théâtres
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    Auteur

    Anonyme

    En Mars, 2017 (07:41 AM)
    Le théatre aurait du rester à Sorano. le théâtre se joue sur scène et ce sont les troupes daray kocc et jamonoy tey qui ont donné du succès au théatre filmé qui est sorti de la scène. C'est ce théâtre filmé qui a donné naissance aux séries.

    Il y a avait le vrai théâtre du temps de Senghor et les gens se déplaçaient à Sorano le soir pour voir des pièces.

    Pour des raisons mercantiles, ces troupes ont commencé à vendre leurs pièces à la RTS et avec l'appât du gain ils ont commencé à faire des scènes en dehors du cadre, avec des prises de vues dans les rues, les maisons etc...

    Lamine Ndiaye a en partie raison mais il faut s'adapter avec son temps, la preuve, Tapha Diop joue dans wiri-wiri alors qu'il était un des pionniers du théâtre Sénégalais.

    Le théâtre ne paie pas son homme et pour les séries, les acteurs ont un cachet plus intéressant en tournant dans les séries qui sont prisées par les Sénégalais. Malgré toutes les critiques, je suis fier de voir nos télévisions diffuser de plus en plus de séries locales au détriment des série sud-Américaines ou Indiennes qu'on nous a imposé pendant des années.

    Ce n'est pas parfait mais au moins l'argent des annonceurs Sénégalais reste au Sénégal.
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    Auteur

    Zale

    En Mars, 2017 (10:11 AM)
    les choses evoluent
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    Auteur

    Cj

    En Mars, 2017 (10:31 AM)
    aucune piece theatrale n a jamais ete joue au grand theatre c est le theatre des khawares et des griots et laobes il faut se dire la verite et maintenant la salle sent mauvais au cause des odeurs de thiouraye et de khessal
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    Auteur

    Kayamagan

    En Mars, 2017 (15:44 PM)
    Le théâtre sénégalais, c'est archi-nul, ringard, dépassé! Téléfilms et mélodrames pseudo-historiques, c'est tout ce qu'il propose. il n'y a pas de dramaturges au vrai sens du terme. des comédiens, oui sans doute, mais si peu! Il faut créer un nouveau type de théâtre dont seront exclus les has-been et les tontons macoutes des planches.
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