En 2001, à la faveur de l'Initiative PPTE (Pays pauvres très endettés) le Sénégal a vu sa dette extérieure passer de 2570,4 milliards de francs Cfa à 1022 milliards. Dix-sept ans plus tard, celle-ci a repris les airs pour se hisser à 6420 milliards. Comment en est-on arrivé là ? Réponse.
2000. Alternance au Sénégal. Exit Diouf, place à Wade. Mais l'euphorie née de ce bond en avant démocratique dissimule mal les tensions financières qui s'annoncent : les comptes publics affichent 2570,4 milliards de francs Cfa de dette. Les nouvelles autorités se grattent la tête. Coup de chance, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale étaient en pleine révision de l'Initiative PPTE (Pays pauvres très endettés), qui vise à réduire la dette du Tiers monde. Les critères de soutenabilité sont assouplis, le Sénégal est éligible. Sa dette passe à 1022 milliards de francs Cfa.
Mais très vite, le pays rechute. La dette publique passe à 1432 milliards en 2007 puis à 1974 milliards en 2009. En 2011, elle atteint 2704 milliards. Le stock d'avant-Ppte est dépassé. Les Grands chantiers de Wade sont passés par là. "Venir en aide au Sénégal sans lui demander de réformer profondément son système politique reviendrait à fournir à un toxicomane la dose qu'il demande, mais le conduit un peu plus sûrement vers sa fin", avait commenté Jean-Christophe Ruffin, alors ambassadeur de la France au Sénégal.
Cette piqure ne freinera guère Wade. Qui, obnubilé par son troisième mandat, ne lésinera pas sur… la dette. En vain. "J'ai toujours maitrisé la dette", s'est-il défendu après sa chute.
Les bonnes intentions de Macky
En 2012, Macky Sall arrive avec, d'abord Yoonu Yokkute, son programme de campagne devenu programme de gouvernance. Il a des projets, mais il joue la prudence. Du moins, dans l'intention. "Il est indispensable de mettre fin à la spirale dangereuse de croissance de la dette publique qui représentait 38,6% du Pib en 2011 contre 20,7% en 2006", claironnait-ils au début de son magistère. Mais très vite, il se lâche, s'élance dans un rythme d'endettement supersonique qui finit par inquiéter le Fmi et l'opinion publique.
De 3076 milliards en 2012, la dette sera presque doublée en 2016. En 2018, elle est attendue à 6 420 milliards de Cfa, avec un encours de 840 milliards de francs Cfa. Soit 61.44% du Pib.
Malgré ces chiffres éloquents, le chef de l'État considère qu'il n'y a pas de quoi fouetter un chat : "Si l'on considère les critères et les normes de viabilité retenues pour la dette publique au plan international, deux critères restent fondamentaux. Premièrement, c'est le service de la dette extérieure, sur les recettes budgétaires : il faut que l'on soit capables de rembourser la dette. Si vous prenez ce ratio, nous sommes à 10.9% et la norme est de 30%. Deuxièmement, le ratio de la dette extérieure sur les exportations de biens et services : la norme est de 20% et nous sommes à 9.1%. Donc, où est le débat ?"
L'analyse d'El Hadji Mounirou Ndiaye, économiste, enseignant chercheur à l'Université de Thiès
"Il y a de quoi s'alarmer"
"Le débat" ? El Hadji Mounirou Ndiaye, enseignant chercheur au département Sciences économiques et de gestion de l'Université de Thiès, le juge opportun. "Ramenée à 17% du Pib en 2006, la dette était déjà à 36% du Pib en 2012 et à 64% du Pib en 2018. Donc, quel que soit ce que le ministre des Finances dit pour rassurer, que la dette est solvable, qu'elle est soutenable, il y a quand même de quoi avoir peur, de quoi s'alarmer avec ce rythme d'endettement. Durant cette décennie, le rythme d'endettement est tellement élevé qu'on redoute même la situation des pays de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale)."
En effet, les pays de la Cemac ploient sous le poids de la dette. Au point qu'ils ont reçu un coup de semonce. "Le Fmi a dit aux pays de la Cemac : ‘soit vous acceptez de serrer la ceinture, pour assainir les finances publiques afin de rendre soutenable la dette publique, soit vous acceptez la dévaluation'. Et ils ont accepté l'austérité", signale El Hadji Mounirou Ndiaye. Conséquence : baisses de salaires et dépenses réduites dans plusieurs pays dont le Gabon.
L'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) n'est pas totalement à l'abri d'un tel scénario avec le rythme d'endettement de l'un de ses piliers. "L'année dernière le Fmi a alerté sur le niveau de la dette et le niveau des charges courantes de l'État par rapport aux recettes publiques. Ce qui fait qu'aujourd'hui les signaux sont là : quel que soit ce qu'ils nous diront, le rythme d'endettement du Sénégal n'est pas normal, et il faut trouver une solution."
Les risques encourus
El Hadji Mounirou Ndiaye estime que le Sénégal ne peut pas continuer perpétuellement à avoir un service de la dette qui étrangle les finances publiques. Il alerte : "72 milliards de francs Cfa de dettes payées par mois, 840 milliards à payer pour l'année 2018 alors qu'à côté vous n'avez que 70 milliards pour payer les salaires. Donc vous avez un service de la dette supérieur au montant des salaires. C'est cela le problème. D'ici quelques années, nous aurons dépassé les 70% et nous allons être le mauvais élève au niveau de l'Uemoa et nous allons être le pays qui va semer la panique ou même semer de l'anxiété au niveau de l'Uemoa."
La situation est d'autant plus inquiétante que les emprunts ne sont pas toujours utilisés à bon escient, de l'avis de l'économiste. Qui interroge : "Comment pouvez-vous justifier 730 milliards mobilisés pour un Ter de 50 km, 57 milliards uniquement pour acheter des lampadaires, 30 milliards pour un building administratif en commettant en même temps la redondance d'entamer la construction de sphères ministérielles à Diamniadio ? Le gouvernement éparpille ses moyens et ses forces dans des dépenses sans calcul économique."
El Hadji Mounirou Ndiaye recommande au gouvernement d'adopter une démarche de rationalisation des dépenses.
31 Commentaires
Anonyme
En Juin, 2018 (13:21 PM)pourquoi Macky cache qu'il part pour le Quebec, dofoul dé il a peur que ce qui lui est arrivé à paris se reproduise,
bayilen dakh soupçon
Anonyme
En Juin, 2018 (13:24 PM)Anonyme
En Juin, 2018 (13:37 PM)Anonyme
En Juin, 2018 (13:38 PM)Anonyme
En Juin, 2018 (13:40 PM)Anonyme
En Juin, 2018 (13:42 PM)bayi len thiakhan bi ak yeufou doff yi.
macky sall ci kaw ci kanam
SENEGAL EMERGENT
Lynx
En Juin, 2018 (14:02 PM)je m'attendais à une vraie analyse mais hélas !!!!
Amath Bakhoum
En Juin, 2018 (14:41 PM)Anonyme
En Juin, 2018 (14:45 PM)Coumba Seye
En Juin, 2018 (14:51 PM)Mor Cissé
En Juin, 2018 (14:58 PM)Aliou Fall
En Juin, 2018 (15:05 PM)Bourama Kébé
En Juin, 2018 (15:12 PM)Pas De.brouiillard
En Juin, 2018 (15:19 PM)Anonyme
En Juin, 2018 (16:00 PM)Anonyme
En Juin, 2018 (17:07 PM)Anonyme
En Juin, 2018 (17:10 PM)Mais?
En Juin, 2018 (17:24 PM)Un cao pour le Senegal ndiaye
Anonyme
En Juin, 2018 (17:41 PM)A L'economiste
En Juin, 2018 (17:48 PM)Mr l'économiste avez-vous évalué le coût économique et sanitaire (tous les enfants de Dakar naissent aujourd'hui avec des problèmes respiratoires) des embouteillages à Dakar?
Quelle solution préconisez-vous pour réduire voir anéantir ces coûts économiques et sanitaires?
Entre payer un transport plus cher et payer des ordonnances chères pour votre famille vous choisirez quelle option?
Pour régler ou amoindrir le coût économique et sanitaire des embouteillages à Dakar, Mackhy SALL et son gouvernement à tord ou à raison ont pensé qu'il fallait un TER. Et vous Mr l'économiste quelle solution préconisez-vous pour régler ce problème des embouteillages à Dakar?
En tout cas j'ai plus lu un OPPOSANT à l'AFRICAINE (toujours la critique, sans proposition de solution) qu'un économiste.
Anonyme
En Juin, 2018 (18:26 PM)Bayilen tiakhan on a que les dirigeants que l'on merite. Estimez vs heureux bande de perroquets tout le temps entrain de quequeter
Anonyme
En Juin, 2018 (19:00 PM)Anonyme
En Juin, 2018 (19:30 PM)Anonyme
En Juin, 2018 (19:33 PM)Anonyme
En Juin, 2018 (20:53 PM)Anonyme
En Juin, 2018 (09:46 AM)Watt
En Juin, 2018 (11:50 AM)Comme pour vous dire que c'est bel et bien lui qui a gonflé la dette intérieure et extérieure du Sénégal. Il ne se passe pas une semaine où il ne parle pas de prêt ! la merde, c'est lui.
Anonyme
En Juin, 2018 (20:54 PM)Foullileenko Leygui
En Juin, 2018 (02:32 AM)7 ans de mensonges des faux chiffres gonflès sur la croissance l'emploi la CMU et les autres réalisations il faut etre vraiment de mauvaise foi ou aveugle pour ne pas constater l'extreme pauvreté de nos populations l'eau manque les coupures d'electricité redeviennent récurentes surtout la nuit l'insécurité l'ecole et l'université sont à genou mais on continue de nous mentir ils mentent sans meme se rendre compte qu'ils ridicules dans leur mensonge ils nous sortent des chiffres commes des magiciens
Sur le plan poltique Macky Sall se sait minoritaire mais on fait tout pour avoir un second mandat on achète à coups de miliards le khalif d'une telle tarikha qui ne se gene pas de déclarer l'actuel prèsident déja vainqueur des prochaines elections et tire à boulets rouges sur l'un de ses principaux adversaires qui aurait commis l'imprudence de traiter le prophète psl de bédouin on achéte les adversaires politiques on fait la promotion des médiocres au détriment des méritants
On emprisonne un potentiel adversaire dangeureux du prèsident-candidat et on exile un autre on achète les patrons de la presse pour orchestrer une campagne de diabolisation et dénigrement d'opposants
On crée des loi scélérates comme le parrainage pour éliminer de potentiels candidats tout cela pour crèer un boulevard vide au prèsident-candidat car malgré la gouvernance de 7 ans de mensonges et de sopoudrages bourses familiales chantiers Ter ect.... il est conscient que la majorité des sénégalais lui ont tourné le dos
Anonyme
En Juin, 2018 (05:43 AM)Radar 2
En Juin, 2018 (09:32 AM)Une alerte donnée pendant qu'il est encore temps.
Les dépenses de l'Etat doivent aller vers les priorités des sénégalais. La majorité des sénégalais.
Actuellement on perd 2 heures en moyenne dans les embouteillages à Dakar. C'est une priorité. Une solution serait le TER et le BRT attendons de voir. Pour l'instant un Plan d'urgence pour la mobilité s'impose. Interdisons la circulation des camions durant le jour. Coût = zéro milliard.
Le Sénégal fait partie des 39 pays qui ont besoin d'une aide alimentaire selon la FAO. C'est une priorité.
Il y'a une dette intérieure forte envers les écoles privées qui ont pris des étudiants à la demande de l'Etat.
Pourquoi les bourses des étudiants ne sont pas payées à temps ? Nous le savons tous. L'Etat n'a pas d'argent.
Nous avons de maigres ressources utilisons les mieux.
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