L’année 2003 a été celle qui a connu la plus forte production d’engrais aux Industries chimiques du Sénégal (Ics). Le directeur de la société affirme qu’il a posé les graphiques sur son bureau, et ne se lasse pas de les contempler. Une manière de se porter en faux des informations livrées par la source du Quotidien, dans le n° 412 du 10 mai dernier.
Cette année en effet, les Ics auraient, selon leur Dg, atteint 215 000 tonnes d’engrais. Alors, comment expliquer le paradoxe d’une situation financière au rouge, caractérisée par un déficit d’environ 35 milliards de francs Cfa ? Rien de plus simple, selon le premier responsable de la société de production des produits chimiques.
«La forte demande de la Chine sur le sulfate a créé une très forte hausse sur ce produit, qui est passé de 30 à 100 dollars.» Dans le même temps, ajoute-t-il, le dollar a connu une forte dépréciation, de l’ordre de 35%, face à la monnaie européenne, l’euro. Ce qui a fait renchérir les exportations du Sénégal à des tarifs hors concurrence.
Dans ces conditions, de peur de vouloir produire à perte, le directeur a pris la décision de faire arrêter la production d’engrais. Car, souligne-t-il, le sulfate est un élément destiné à améliorer la qualité de l’engrais. «Il est vrai que nous pourrions remplacer le sulfate par de l’acide. Mais le produit n’aurait pas la même qualité.» Et par ailleurs, si l’entreprise s’obstinait à payer le sulfate au prix du marché, à quel prix pourrait-elle écouler son engrais aux paysans du Sénégal ?
En recevant Le Quotidien, suite à l’article publié avant-hier, le directeur des Ics a tenu à préciser dès l’abord qu’il ne se mettait pas en position de réclamer un droit de réponse «à des propos de personnes anonymes» dont ses collaborateurs et lui doutent qu’elles appartiennent réellement à la maison. Cependant, l’argumentaire développé était une réplique aux accusations portées sur sa gestion de l’entreprise. C’est ainsi que la production record, citée plus haut, peut être perçue comme une récusation de ce qui a été présenté comme une baisse des cadences de production par les cadres qui se sont mis en contact avec la rédaction. «A certains moments, nous produisions tellement que le directeur de l’usine, en me voyant, avait peur que je lui apporte de nouvelles commandes.»
De même, s’agissant du déficit, le directeur n’hésite pas à invoquer, en plus de la conjoncture internationale, la gestion de l’entreprise avant son arrivée. C’est à peine si, en termes plus ou moins mesurés, M. Ngom n’affirme pas qu’il lui avait été confié un navire en perdition. «Le déficit de l’entreprise était même beaucoup plus lourd avant mon arrivée», à la tête de l’entreprise, signale-t-il. Le directeur des Ics tient toutefois à relever qu’une crise de ce genre a déjà eu lieu dans les années 80. «C’est une crise courte dans une période longue, une situation cyclique», juge-t-il, en tendant à démontrer que son entreprise va bientôt la surmonter. Le directeur tient néanmoins à mettre en valeur les investissements qui ont été opérés pour rendre encore plus performant l’outil de production.
Aujourd’hui, selon son équipe de communication et lui, les usines de la société produisent avec des techniques parmi les plus modernes. Cependant, le meilleur de la situation est la stratégie que le directeur a mise en place pour ne pas perdre sur tous les tableaux. Si les Ics se sont mis à la commercialisation de l’urée, c’est pour garantir l’accès à des marchés traditionnels qu’elles ne veulent pas perdre dans cette mauvaise passe. En plus, l’urée est si rentable sur le marché que l’entreprise ne perd aucunement au change. De même que pour l’acide produit par l’entreprise. Un bon management et une stratégie intelligente ont permis à la société d’engranger environ 15 milliards de francs Cfa sur ce produit. Ce qui constitue une manière, aux dires de son dirigeant, d’entamer le processus de combler le fameux déficit.
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