Perspectives de croissance : Le Fmi optimiste sur les projections du Sénégal en 2012

S’il n’est pas impacté par les risques qui planent sur le taux de croissance mondiale, projeté à 4 % en 2012, le Sénégal devrait bien atteindre les 4,5 % de croissance prévus l’année prochaine.C’est ce que révèle le rapport du Fonds monétaire international (Fmi) sur les Perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne, publié hier à Dakar.

Dans le même sillage que l’Afrique subsaharienne, le Sénégal va connaître une croissance robuste en 2012. Les 4,5 % annoncés par le gouvernement sont confirmés par le Fonds monétaire international (Fmi) qui publiait hier son rapport sur les Perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne. ‘Pour le moment, nous prévoyons une croissance de 4,5 % en 2012. Cela s’appuie sur le fait qu’on estime que les impacts des réformes sur le secteur de l’énergie auront des effets en 2012’, note la représentante résidente du Fmi au Sénégal, Valeria Fichera. Qui soutient néanmoins qu’il existe des risques qui viennent de l’extérieur avec notamment la crise de la dette qui secoue la zone euro depuis plusieurs mois. ‘On s’attend à ce que ces risques puissent être maîtrisés avec des décisions de politiques économiques pertinentes. Mais, pour le moment, on ne voit pas de raisons permettant de revoir nos prévisions à la baisse.

Les données pour les premiers mois de l’année 2011 montrent qu’il y a des secteurs porteurs comme les transports, l’activité portuaire, etc. Il y a des secteurs qui ont aussi montré des taux de croissance très importants comme la production du ciment. On n’a pas de raisons pour mettre en doute les potentialités du pays d’atteindre 4,5 % en 2012’, déclare Mme Fichera.

Des craintes que partage le ministre de l’Economie et des Finances. Abdoulaye Diouf pense, en effet, que les risques de dégradation liés à la dette souveraine dans les pays de la zone euro et aux Usa continuent de peser sur l’économie mondiale dont le ralentissement ne manquerait pas d’impacter sur l’Afrique subsaharienne en général et le Sénégal en particulier. ‘Pour faire face à cette grave crise qui s’annonce, nos pays doivent faire preuve d’une capacité d’adaptation. Notre pays assumera son entière responsabilité en réitérant sa détermination à mener des politiques appropriées, à entreprendre des réformes structurelles idoines, réduire sa vulnérabilité socio-économique, améliorer ses perspectives économiques et réduire la pauvreté’, dit l’argentier de l’Etat.

Le rapport constate, en outre, des progrès sensibles en Afrique subsaharienne. Selon les projections de ce rapport du Fmi, la croissance économique des pays d’Afrique subsaharienne restera en moyenne supérieure à 5,2 % en 2011 et devrait s’accélérer en 2012 pour atteindre près de 6 %. Ces bonnes tendances globales pour l’ensemble de la région masquent cependant des écarts considérables entre pays.

La plupart des pays à faible revenu s’en sortent très bien. Un tiers d’entre eux devrait, selon le communiqué de presse du Fmi remis aux journalistes lors de la présentation de ce rapport, enregistrer une croissance supérieure à 6 % en 2011. De même, les pays exportateurs de pétrole ont bénéficié du niveau élevé des cours du pétrole et les projections laissent entrevoir une croissance de 6 % cette année. Par contre, certains pays à revenu intermédiaire ont profondément souffert de la crise mondiale. En Afrique du Sud, où le chômage reste obstinément élevé, la croissance ne dépassera pas, au mieux, 3,5 % cette année. Par ailleurs, les ménages pauvres ont été durement éprouvés par la hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant, et la famine qui sévit dans la Corne de l’Afrique a des effets dévastateurs.

Malgré ces bonnes performances, l’Afrique subsaharienne fait face à de sérieux risques liés à la conjoncture mondiale. Roger Nord, Conseiller principal au département Afrique du Fmi, que cite le communiqué, souligne en effet que la volatilité des marchés financiers mondiaux et un ralentissement prononcé de la croissance dans les pays avancés auraient des retombées négatives sur l’Afrique subsaharienne en faisant diminuer la demande d’exportations et les flux de financements privés.

Mais, le Pr Ibrahima Thioune Diop, du Centre de recherches économiques appliquées (Crea) de l’université de Dakar, lui, trouve des limites dans le rapport. Il constate, en effet, la projection sur la croissance économique très optimiste. Parce que, selon lui, les prévisions sont fondées sur un maintien du taux de croissance mondiale de 4 %. Or, dit-il, ‘les problèmes dans les pays avancés aujourd’hui font que je penche plus vers un ralentissement de la croissance en Afrique dans les pays au sud du Sahara’. Même s’il juge l’analyse du Fmi riche, il trouve également qu’il y a des problèmes qui n’ont pas été pris en compte. Il s’agit notamment des crises politiques, avec des problèmes post-électoraux qui peuvent se répercuter négativement sur le déroulement de l’activité économique.