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Education

(Interview) Gougna Niang, secrétaire général de l’Ues : «Ce qui nous frustre …»

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Gougna Niang, secrétaire général de l’Ues

Secrétaire général de l’Union des enseignants du Sénégal (Ues) et Premier vice-président du Grand cadre, Gougna Niang parle des manquements qui légitiment les grèves cycliques notées dans l’école sénégalaise. Dans un entretien accordé à Seneweb, le syndicaliste parle des maux de l’école et esquisse des solutions. Entretien?!

Les enseignants ont repris le chemin des classes. Après quelques mois de vacances, peut-on espérer une année scolaire sans incidents?? Et où en êtes-vous avec votre fameux slogan « » Ubi tay, grève tay » »?

Le slogan « » Ubi tay grève tay » » a été lancé par notre coordonnateur pour attirer l’attention des autorités sur le fait que ce qui a été dit n’a pas été respecté. Mais il faut savoir que nous sommes des responsables. Si nous devons déclencher la grève, il faudra que l’on prenne en charge la position de la base. C’est pourquoi, au début de l’année, notre tâche consistera à recueillir la position de la base. Ce qui demande un peu de temps. Si la position de la base requiert que nous allions en grève, nous le ferons ».

Et pourquoi voulez-vous coûte que coûte aller en grève?

C’est parce que nous ne sommes pas satisfaits du tout parce que sur les 5 points qui faisaient l’objet d’accord, on se rend compte qu’il y a une insatisfaction. Les seuls frémissements que l’on a eu au niveau de ces 5 points, c’est peut-être la formation. On a peut-être eu la satisfaction de voir effectivement qu’il y a démarrage de la formation pour les instituteurs adjoints, il y a aussi des filières au niveau de l’enseignement technique qui n’en avait pas (céramique, coiffure et alphabétisation). Mais en dehors de ces frémissements-là, sur tous les autres points, c’est presque le statu quo. C’est ce qui, à la limite, a poussé notre coordonnateur à parler de « » Ubi tay, grève tay » ». C’était pour, justement, montrer à l’opinion que, vraiment, il n’y a pas eu d’avancées par rapport à l’application des points qui ont fait l’objet d’accords. Si je prends l’exemple de l’indemnité de logement, on avait dit qu’il est assujetti à une étude sur le système de rémunération au niveau de la fonction publique. Ces études ont été faites et on avait fixé la date du 30 mai pour avoir les résultats. Mais jusqu’au moment où on parle, on n’a pas encore eu ces résultats. Les experts ont sorti les résultats, mais le gouvernement a fait des amendements. Nous, nous soupçonnons que ces résultats-là nous ont été favorables. Pour ne pas aller à la satisfaction de ces points de revendication, l’Etat a fait des amendements pour faire du dilatoire. Et ça, vraiment, ça frustre tout le monde.

Un deadline était-il donc fixé, au préalable, concernant votre plateforme revendicative?

C’était prévu pour le 30 mai, aujourd’hui, nous sommes au mois d’octobre. Et vraiment jusqu’au moment où nous parlons, les choses ne bougent pas. C’est donc dire qu’il y a du dilatoire de la part du gouvernement. J’aurai pu parler des rappels. On avait parlé de la date du 30 juillet pour payer tous ceux qui étaient en instance. Au moment où nous parlons, les gens tergiversent. On nous avait dit que les lourdeurs administratives seraient un souvenir et que le dispositif allait être mis en place pour le traitement des dossiers d’une manière conséquente. Mais, jusqu’à présent les gens attendent parfois des années pour voir leur carrière prise en charge.

Comment expliquez-vous le fait qu’à chaque fois vous attendez toujours l’ouverture des classes pour manifester votre volonté d’aller en grève?

Ça, c’est juste une vision. Ce qui est sûr c’est que l’éducation c’est une mission de service public. C’est à l’état de prendre toutes les dispositions pour qu’il n’y ait pas de perturbation au niveau de l’enseignement. Et vous savez que les vacances constituent presque une occasion pour les autorités d’amener tous les partenaires de l’école à discuter pour qu’au début de l’année qu’il n’y ait pas de perturbation. Mais le problème est que durant les vacances, nous n’arrivons même pas à voir ces autorités. C’est peut-être une illustration que nous n’avons que l’année scolaire pour nous faire entendre. Ce n’est qu’au début ou au cours de l’année quand on fait une grève que les gens font attention à nous. Ça, il faut le comprendre. Moi, je crois qu’un gouvernement responsable devrait,durant les vacances, profiter de ces opportunités de temps presque perdu, pour discuter avec les partenaires des écoles pour qu’il n’y ait pas de perturbation. Malheureusement, ce n’est pas ce qui est fait. On attend la vieille de l’année pour faire des slogans. Nous aussi nous sommes obligés de prendre en compte ces slogans-là pour nous faire entendre. C’est pourquoi les gens ont l’impression que nous attendons l’ouverture des classes pour nous faire entendre. Mais ce qui est sûr est que chaque fois que l’occasion nous est donnée nous tapons sur la table pour anticiper sur les choses. On a eu à faire plusieurs conférences de presse sur la nécessité de discuter durant les vacances pour pouvoir vraiment avoir une année scolaire apaisée.

Au finish, ne pensez-vous pas que vous donnez raison à certains qui, d’une part, vous accusent de prendre les enfants en otage et, d’autre part, d’être des chasseurs de primes parce que toutes vos revendications portent sur l’argent?

Je crois que depuis une décennie, il y a une guerre armée entre l’autorité et les syndicats. Et la raison, c’est que le gouvernement signe des protocoles qu’il n’arrive pas à appliquer. Et pour se dérober, ce qu’il a comme stratégie, c’est de diaboliser les enseignants. Quand nous parlons d’enseignants, les gens parlent d’argent. On oriente les gens vers ça et on les oriente aussi sur la centralité de l’élève en disant que l’élève doit être la priorité. Je crois qu’un bon responsable, quelqu’un qui a une expertise au niveau de l’école doit comprendre qu’on ne peut pas mettre l’enfant au centre de l’enseignement et mettre l’enseignant à la périphérie. C’est un couple qui est inséparable. Nous même qui parlons, nous sommes des parents d’élèves. Donc, faire une dichotomie entre les élèves et les enseignants, c’est d’une part méconnaitre les réalités de l’école. C’est pourquoi nous disons vivement que c’est le couple enseignants-élèves qui doit être mis au centre de l’enseignement. Et cela requiert que l’on fasse attention à l’enseignant. Parce que si l’enseignant n’est pas à l’aise ça se répercute sur la formation des élèves. C’est pourquoi nous disons que nous ne pouvons pas prendre les élèves en otage. Ce n’est même pas notre ambition. Ce que nous voulons, c’est d’une manière très claire que les accords qui ont été signés soient appliqués. Cela d’autant qu’on a eu à signer un protocole d’accord le 17 février 2014. Des accords qu’on avait même signés avec l’ancien régime. Mais, tenant compte qu’il y a de nouvelles autorités, on s’est dit « » nous sommes même prêts à discuter sur des accords qui étaient déjà signés » ». À la sortie de ces négociations-là, vous avez entendu le ministre de la Fonction publique dire « » nous venons de signer des accords qui sont réalistes et réalisables » ». Mieux, nous nous sommes fait violence. Et avons discuté autour de ces points qui ont été aussi objets d’accord avec les autorités. Le 30 avril, on a eu à signer un PV (procès verbal). Nous avons épuisé presque tous les délais. L’État ne respecte pas ses engagements et ils nous disent que nous prenons en otages les élèves. Dire ça, je crois que c’est déplacer le problème. Nous nous ne demandons rien d’autre que ce qui a été objet d’accord soit appliqué.

Certains ne comprennent pas pourquoi on ne vous entend jamais déplorer, entre autres, les abris provisoires, le manque d’effectif d’enseignant, la pléthore d’élèves par classe, etc.

C’est, en fait, cette campagne de diabolisation des enseignants qui donne cet effet. Et les gens ont cette impression, effectivement, que nous nous concentrons juste sur le problème des indemnités ou de l’argent. Mais, il n’en est rien. Moi-même, j’ai eu à sortir un document où j’ai eu à dire qu’il faut mettre l’enseignant à sa place. Mettre l’enseignant à sa place, c’est le mettre dans un environnement favorable pour enseigner. Et cela suppose effectivement qu’au niveau de sa classe, qu’il ait un effectif normal. La norme, c’est 45 élèves au maximum pour chaque classe. Le cadre aussi, c’est important. Que l’école soit bien clôturée. Qu’il y ait vraiment des conditions d’épanouissement pour les élèves. Les abris provisoires, c’est comme on l’a dit, ça devrait être provisoire, normalement.

Le budget pour les constructions des établissements laisse vraiment à désirer. Nous l’avons dénoncé, à chaque fois, qu’il y a des ponctions au niveau du budget du ministère de l’Éducation pour prendre en charge ces questions. On a toujours dénoncé effectivement, les conditions dans lesquelles les enseignants travaillent. Et ça, si on le prend, en général, les abris provisoires en font partie. Il faut éradiquer ces abris provisoires.

Le niveau de certains enseignants est aussi pointé du doigt?? Qu’en dites-vous?

La formation diplômante, on en parle, le niveau des enseignants aussi. Chaque fois, nous nous battons pour que les enseignants soient formés. Vous savez maintenant que même dans le système, il y a des corps émergents. Au début même, il y a des corps émergents qui avaient des niveaux élevés, parce qu’on prenait des maîtrisards, des gens qui ont le DEA, la Licence. Mais à un certain moment, on l’a tellement dévoyé avec le quota sécuritaire, qu’on a pris n’importe qui pour en faire des enseignants. Maintenant, ils sont dans le système, on ne peut pas les chasser. Ce qu’il y a lieu de faire, c’est de les recycler, de les former. Chaque fois, vous voyez dans nos revendications qu’il y a ce point de la formation diplômante, qui est en bonne place si elle n’est pas en première place. C’est donc dire que c’est faire un mauvais procès aux enseignants que de les assimiler a des chasseurs de primes.

Vous avez parlé d’une surpopulation dans les classes, mais l’on ne vous entend pas dénoncer un manque d’effectif dans le rang des enseignants ni de leur niveau. Pourquoi?

Au niveau de la gestion du personnel, il a beaucoup à dire. Les gens prennent des personnes les affectent sur une base clientéliste. Ça aussi, c’est l’objet de frustration. Au moment où nous parlons, par exemple, on nous dit que nous parlons toujours d’argent, mais quand quelqu’un travaille aussi, à la fin du mois, il a droit à son salaire. Et ça débouche souvent sur des grèves, sur des mécontentements, sur des manques de motivations. Parce que, on peut être dans la classe et si on n’est pas motivé, on peut ne pas être productif. Et c’est cela à quoi nous assistons. C’est la faute de qui?? Mais ça revient encore une fois à celui à qui on a confié la tâche d’organiser l’enseignement, c’est-à-dire le gouvernement.



3 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Octobre, 2015 (15:53 PM)
    L’institut Panafricain des Arts Divinatoires IPAD lance une formation

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  2. Auteur

    Anonyme

    En Octobre, 2015 (19:38 PM)
    Do touss toi qui a presque foutu notre année scolaire en 2001 au lycée des parcelles assainies en classe de première l2a. 3 leçons en tout et pour tout pour toute l'année scolaire on avait fini par t nommer "révolution industrielle" car c'est la seule leçon qu'il maîtrisait. Pour vous dire ce n'est qu'un comédien doublé d'escroc tu n'as jamais mérite l'enseignement yaw nopi mola war thipri do trouss sakh
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    Auteur

    Jeune

    En Octobre, 2015 (10:43 AM)
    Le syndicalisme est devenue de la politique médiocre au Sénégal, mais on verra le résultat que ça va donner. Pauvre type vraiment...
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