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Entretien

Sénégal – Aminata Touré : « En politique, l’ambition n’est pas un délit »

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Aminata Touré, à son domicile, à Dakar, en décembre 2020
Forte tête de la mouvance présidentielle, « Mimi » Touré a dû céder sa place à Idrissa Seck à la tête du Conseil économique, social et environnemental. Mais elle n’en a pas pour autant perdu la voix.

« Ce n’est pas la première fois que je prends la porte ! », plaisante-t-elle face à l’imposante porte d’entrée en bois sculpté de son domicile dakarois, qu’elle indique avoir ramenée de Côte d’Ivoire à l’époque où elle y était affectée au Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA). Depuis son entrée dans le premier gouvernement de Macky Sall, en avril 2012, Aminata Touré aura effectivement connu une trajectoire en dents-de-scie : tantôt aux premières loges, tantôt au fond de la classe.

En mai 2019, au lendemain de la réélection du chef de l’État, sa nomination à la tête du Conseil économique, social et environnemental (CESE) semblait marquer son retour en grâce après cinq années de vaches maigres. Mais l’expérience aura été de courte durée. À l’occasion du remaniement ministériel intervenu le 1er novembre, « Mimi » Touré était sacrifiée sur l’autel de la réconciliation entre Macky Sall et son éternel rival Idrissa Seck – qui hérite de cette fonction.

Ce chassé-croisé inattendu, entre cette « mackyste » de la première heure et un ex-opposant jusque-là peu avare de critiques envers le chef de l’État, n’est toutefois pas un cas isolé. D’autres ministres historiques ont eux aussi plié bagages à cette occasion, tandis que des ralliés de la 25e heure, comme Aïssata Tall Sall ou Oumar Sarr, ont fait leur entrée au conseil des ministres.

Depuis son limogeage, fidèle à sa réputation, celle qui fut Premier ministre de septembre 2013 à juillet 2014 fait davantage parler d’elle qu’au cours des 18 derniers mois, évitant de prononcer le nom de Macky Sall lors de son discours d’adieu ou martelant, lors d’une conférence virtuelle, que le deuxième mandat de son mentor ne pouvait qu’être le dernier.

Nominations, déceptions, ambitions… elle s’est confiée à JA.

Jeune Afrique : À l’occasion de votre départ du CESE, on a cru percevoir dans votre allocution – où ni le nom de votre successeur ni celui de Macky Sall n’ont été prononcés – une certaine désapprobation des récentes nominations qui ont entraîné le départ de plusieurs fidèles du président de la République, dont vous-même…

Aminata Touré : Le chef de l’État nomme aux fonctions civiles et militaires, conformément aux prérogatives que lui accorde la Constitution. Cela n’appelle pas de commentaires particuliers de ma part : c’est cela la vie politique et la vie tout court, et les éventuels ressentiments personnels doivent rester personnels. Les hommes et les femmes passent, les institutions demeurent. Et j’ai adressé mes remerciements au chef de l’État dans les formes que recommande la courtoisie républicaine. Tout le reste n’est qu’animation journalistique.

Après avoir exercé de hautes fonctions officielles, je ne saurais me laisser aller à des appréciations sentimentales. C’est au président de choisir ses collaborateurs. Le plus important, que l’on appréciera au cours des semaines et des mois à venir, ce sont les conséquences de ces choix pour le pays. Quant à moi, je resterai mobilisée, au contact des jeunes et des femmes notamment, afin de surmonter l’année difficile que nous avons connue. En ce qui me concerne, ce n’est pas la fin de l’histoire…

Vous êtes réputée pour votre caractère et votre liberté de ton : vous sentez-vous plus à l’aise lorsque vous occupez une fonction sensible ou quand vous revenez à la « vie civile » ?

Les fonctions dont vous parlez permettent de faire évoluer les choses, même si elles s’accompagnent bien sûr de contraintes, comme le devoir de réserve. Mais lorsqu’on les quitte, on retrouve une liberté de parole qui est appréciable. Dans les deux scénarios, les principes que l’on défend restent identiques.

Je rappelle qu’avant la présidentielle de 2012, j’étais fonctionnaire internationale aux Nations unies, à New York, avec rang de directrice, quand j’ai pris la décision de venir soutenir un opposant – ce qui n’est pas si courant. Je l’ai fait par conviction, sachant que la victoire de Macky Sall était


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