Dakar, Seneweb.com - «Nous demandons au secrétaire général adjoint de l'Onu de ne pas circonscrire son enquête aux violences du 28 septembre, mais d'élargir ses investigations à la question de la liberté de la presse et du traitement des journalistes», a déclaré Reporters sans frontières qui, d’ailleurs, déplore l'inquiétant tour de vis donné par les autorités militaires guinéennes après que plusieurs équipes de journalistes français ont été refoulées du territoire à leur arrivée à l'aéroport de Conakry. Selon l’organisation, ces incidents sont survenus alors que de très graves menaces pèsent toujours sur les reporters locaux et que le secrétaire général adjoint de l'Onu, Hailé Menkerios, vient d'arriver à Conakry.
Dans la soirée du 17 octobre 2009, souligne Reporters sans frontières trois journalistes français de la chaîne internationale France 24 ont été refoulés de l'aéroport de Conakry et placés dans le premier avion les ramenant à Paris. Cyril Vannier et Willy Bracciano n'avaient pas de visa. Alain Chabot, en revanche, disposait d'un visa et s'était déjà rendu dans le pays après les événements du 28 septembre. Son entrée sur le territoire a été refusée au motif qu'il n'avait pas de lettre d'invitation. Au même moment et pour les mêmes raisons, trois journalistes de la chaîne publique française France 2, arrivés de Dakar, ont dû prendre le premier avion pour le Sénégal. Deux jours plus tôt, c'est un reporter français de l'hebdomadaire Paris Match, Patrick Forestier, qui avait été refoulé.
«Visiblement mécontent du traitement de l'actualité guinéenne par les médias internationaux, le pouvoir de Conakry semble ne plus vouloir autoriser la presse étrangère à se rendre en Guinée. Après avoir malmené puis menacé des journalistes locaux, les militaires guinéens franchissent une nouvelle étape dans l'élimination des témoins gênants. Etant donné le climat qui règne dans le pays, cette mesure et l'absence de tout journaliste étranger sont extrêmement préoccupantes. Nous demandons au secrétaire général adjoint de l'Onu de ne pas circonscrire son enquête aux violences du 28 septembre, mais d'élargir ses investigations à la question de la liberté de la presse et du traitement des journalistes», a déclaré l'organisation.
Par ailleurs, rappelle Rsf, nombre de journalistes locaux, dont Reporters sans frontières souhaite préserver l'anonymat, continuent d'être surveillés par la junte et reçoivent des menaces de mort régulières, notamment par téléphone. «Tous les acteurs impliqués dans le règlement de la crise doivent prendre ces menaces très au sérieux et être conscients que de nouvelles exactions sont possibles si rien n'est fait pour assurer la protection des journalistes guinéens», a ajouté Reporters sans frontières. Le secrétaire général adjoint de l'Onu, Hailé Menkerios, en charge d'une enquête de l'Onu sur le massacre de civils le 28 septembre dernier, est arrivé à Conakry le 18 octobre. Ces derniers jours, la France a recommandé à ses ressortissants de quitter le pays.
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