Le Premier ministre désigné Mohammed Allawi a annoncé dimanche soir qu'il renonçait à former un gouvernement en Irak, dénonçant des partis "sans aucun respect pour la cause nationale". Le président a désormais 15 jours pour proposer un nouveau Premier ministre.
Le Premier ministre irakien désigné, Mohammed Allawi, a retiré dimanche 1er mars sa candidature à ce poste, accusant les partis politiques d'entraver son action et d'aggraver la crise dans le pays. Cette décision intervient quelques heures après un nouveau refus du Parlement d'approuver la composition de son gouvernement.
Son prédécesseur, Adel Abdel Mahdi, avait démissionné fin novembre au plus fort de la vague de contestation populaire, sur fond de lutte d'influence entre partis chiites pro et anti-iraniens.
Le président de la République, Barham Saleh, a désormais 15 jours pour proposer un candidat pour former le futur gouvernement. Il va le choisir seul, sans cette fois demander l'avis des grands blocs parlementaires comme l'y obligeait la Constitution lors de la désignation de Mohammed Allawi. Selon plusieurs sources politiques, il a déjà depuis des semaines arrêté son choix, et nommera très probablement le chef du Renseignement, Moustafa al-Kazimi.
La rue non satisfaite
Mohammed Allawi, deux fois ministre ces dernières années, ne satisfaisait pas la rue même s'il avait promis un cabinet "historique", composé uniquement de ministres non partisans et compétents.
De nombreux manifestants réclament qu'un des leurs, Alaa al-Rikaby, un pharmacien d'une quarantaine d'années résidant à Nassiriya, ville à la pointe de la contestation dans le sud, devienne Premier ministre.
Le démissionnaire Abdel Mahdi, lui, a déjà prévenu qu'il quitterait ses fonctions quoi qu'il arrive lundi. Il ne serait, a-t-il redit dimanche, "ni juste ni adéquat" de conserver son poste au-delà de la date-butoir du 2 mars.
Mohammed Allawi, lui, a dénoncé dans une lettre adressé à Barham Saleh "des parties qui ne négocient que pour leurs propores intérêts sans aucun respect pour la cause nationale", dans le seizième pays le plus corrompu au monde, où les politiciens avouent "acheter" et "vendre" postes et ministères.
Moqtada Sadr salue sa décision
Le leader chiite Moqtada Sadr, qui n'a cessé de souffler le chaud et le froid tant vis-à-vis des autres politiciens que des manifestants qui les conspuent, a salué une décision prise "par amour de l'Irak", dénonçant "des corrompus" prenant le pays "en otage".
Le successeur de Mohammed Allawi aura la lourde tâche de renouer avec des Irakiens en colère, après cinq mois d'une révolte inédite émaillée par près de 550 morts et 30 000 blessés, quasiment tous des manifestants, dont un a de nouveau été tué dimanche, selon des sources médicales.
Il devra également composer avec une bipolarité jamais aussi exacerbée en Irak : celle qui oppose les tenants de l'Iran - majoritaires - aux partisans des États-Unis, les deux grands alliés de Bagdad, dont la crise ouverte a déjà dégénéré en bombardements meurtriers sur le sol irakien.
Dans la nuit de dimanche à lundi de nouveau, deux roquettes se sont abattues dans l'ultra-sécurisée Zone verte de Bagdad, a indiqué l'armée irakienne. Elles sont tombées près de l'ambassade des États-Unis, a précisé une source de sécurité à l'AFP.
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