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Le Liban et Israël mènent pour la première fois des négociations sur leur frontière maritime

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Le checkpoint frontalier de Rosh Hanikra, entre Israël et le Liban, octobre 2020
Sous l'égide de Washington, le Liban et Israël ont débuté mercredi des négociations à propos de la délimitation de leur frontière maritime commune. Ces discussions sont cruciales pour le Liban, pays en faillite qui s'est lancé dans la prospection d'hydrocarbures offshore.
Le Liban et Israël, deux voisins officiellement toujours en guerre, ont engagé mercredi 14 octobre des négociations inédites sous l'égide de Washington pour délimiter leur frontière maritime, dans l'optique de lever les obstacles à la prospection d'hydrocarbures. À la suite de ces premières discussions, le chef de la délégation libanaise qui mène ces pourparlers avec l'État hébreu, a annoncé que le Liban espérait délimiter sa frontière maritime avec Israël dans un "délai raisonnable". 

"Notre réunion du jour marque le coup d'envoi des négociations techniques indirectes", a déclaré le général Bassam Yassine lors de son discours inaugural rendu public par un communiqué de l'armée. "Nous espérons que les négociations se dérouleront à un rythme nous permettant de clore ce dossier dans un délai raisonnable", a-t-il ajouté. 

Une brève session inaugurale s'est tenue dans des locaux de l'ONU à Naqoura, ville frontalière du sud du Liban. La réunion s'est terminée au bout d'une heure, selon l'agence nationale d'information libanaise ANI.

Après des années de diplomatie américaine, le Liban et Israël avaient annoncé début octobre ces pourparlers qualifiés d'"historiques" par Washington.

Quelques semaines seulement après des accords de normalisation avec Israël signés par les Émirats arabes unis et Bahreïn à la Maison blanche, mais aussi à l'approche de l'élection présidentielle américaine, les observateurs s'interrogent sur la symbolique de ces développements pour le président Donald Trump.

Selon une source onusienne, les négociations à Naqoura ont débuté aux alentours de 10h30 sur une base frontalière de la Finul, force de l'ONU déployée pour surveiller la zone tampon entre les deux pays.

L'armée libanaise et les soldats de la Finul bloquaient les routes menant à la base, tandis que des hélicoptères de la force onusienne survolaient le secteur, a constaté un photographe de l'AFP.

Au-delà de ce contentieux bilatéral, ces pourparlers interviennent dans un contexte régional de fortes tensions en Méditerranée orientale autour des hydrocarbures et de la délimitation des frontières maritimes, qui implique aussi entre autres la Turquie, la Grèce et Chypre.

Washington comme médiateur

Mercredi, la médiation à Naqoura était assurée par le secrétaire d'État adjoint américain pour le Moyen-Orient, David Schenker. Le diplomate John Desrocher prendra sa relève. La prochaine séance a déjà été fixée au 28 octobre, selon une source militaire libanaise.

Si Israël a évoqué des "négociations directes", des responsables libanais assurent eux que les deux délégations ne se parleront pas.

Deux militaires, un responsable de l'Autorité du pétrole et un spécialiste du droit de la mer, représentent le Liban, tandis que la délégation israélienne est composée de six membres, dont le directeur général du ministère de l'Énergie, un conseiller diplomatique du Premier ministre Benjamin Netanyahu et le chef de la direction des Affaires stratégiques de l'armée.

Le Liban insiste sur le caractère technique et non politique des pourparlers, cruciaux pour ce pays en faillite qui s'est lancé dans la prospection d'hydrocarbures offshore. 

En 2018, le Liban a signé son premier contrat d'exploration pour deux blocs avec un consortium international.

Problème : une partie d'un des blocs, le numéro 9, déborde sur une zone de 860 km² que les deux voisins se disputent.

Une source au ministère israélien de l'Énergie assure que la délimitation maritime peut être résolue "en quelques mois" si le processus se déroule sans encombres côté libanais. "Nous ne nous faisons aucune illusion. Notre objectif n'est pas de créer une quelconque normalisation ou processus de paix", ajoute cette source.

Les pourparlers interviennent après trois années "d'efforts diplomatiques [américains] intenses", selon Washington.

"Les Américains ont fait pression avant la présidentielle pour annoncer un nouvel accomplissement" diplomatique, souligne Hilal Khashan, politologue à l'université américaine de Beyrouth, ajoutant que "le Liban n'a pas de meilleur choix pour pouvoir travailler dans le bloc 9".

Des affrontements toujours en cours avec le Hezbollah

De leur côté, les deux partis chiites, Hezbollah et Amal, ont fustigé mercredi la présence de personnalités civiles dans la délégation libanaise, estimant que seuls des militaires auraient dû s'y trouver et dévoilant ainsi des divisions au sein de la classe politique.

"Cela nuit à la position du Liban et à ses intérêts [] et représente une capitulation face à la logique israélienne qui veut une forme quelconque de normalisation", ont-ils dénoncé dans un communiqué.

"Négociations sans légitimité", titrait de son côté le quotidien Al-Akhbar, proche du Hezbollah.

Après l'annonce de ces pourparlers, le bloc parlementaire du Hezbollah avait assuré que ces pourparlers n'avaient "aucun lien avec une quelconque réconciliation […] ni avec les politiques de normalisation".

La dernière grande confrontation entre le Hezbollah et Israël remonte à l'été 2006. Une guerre dévastatrice d'un peu plus d'un mois avait alors fait plus de 1 200 morts côté libanais, en majorité des civils, et 160 côté israélien, essentiellement des militaires.

Depuis, des réunions tripartites routinières sont organisées par la Finul avec de hauts responsables des deux armées.

D'après l'ONU, les pourparlers sur une démarcation de la frontière terrestre seront menés séparément dans le cadre de rencontres tripartites supervisées par la Finul.

Pour ce processus, le politologue Hilal Khashan évoque un obstacle de taille : "En cas d'accord sur la frontière terrestre, se posera alors la question des armes du Hezbollah".

Le mouvement chiite est la seule faction libanaise à ne pas avoir abandonné son arsenal après la guerre civile (1975-1990), utilisant son rôle de "résistance" face à l'État hébreu comme justification. Selon Hilal Khashan, "le Hezbollah n'acceptera pas d'abandonner son arsenal".


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