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Les réfugiés, candidats zélés de la formation

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Refugiés candidats à la formation

“Je n’ai jamais vu ça depuis que j’encadre des stagiaires”. Jeanne Ouadane, gestionnaire de l’accompagnement des réfugiés qui bénéficient d’une formation à l’emploi dans le cadre du programme Hope, n’en revient pas de la motivation de ces hommes et femmes qui ont souvent vécu l’enfer pour arriver en France. Dix-sept réfugiés ont signé lundi leur contrat de professionnalisation lors d’une cérémonie organisée à l’AFPA, l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes de Saint-Avold (Moselle), sur un millier au niveau national.

Ces contrats prévoient une formation en alternance dans les entreprises où ils ont déjà effectué des stages pratiques et qui devraient les embaucher à l’issue du processus. Arrivés voici deux ou trois ans depuis l’Afghanistan, le Soudan ou le Kosovo, ils ont bénéficié du programme Hope, pour Hébergement, orientation et parcours vers l’emploi, un dispositif expérimental dont le gouvernement vient de décider la pérennisation, avec 500 places de plus à partir de septembre.

“Ils sont tous motivés, assidus, créent une bonne ambiance et les formateurs sont plutôt ravis d’encadrer ces stagiaires”, explique le directeur du centre, Antoine Santin, au préfet du Grand-Est, Jean-Luc Marx, venu célébrer l’événement. Pour Jeanne Ouadane, la surprise est quotidienne. “J’en ai un qui fait huit kilomètres à pied tous les jours pour aller sur son chantier. Côté comportement, il n’y a rien à dire. L’adaptation aux règles de vie et au savoir être en France a été parfois difficile, mais ils ont un savoir-vivre et sont respectueux”, explique-t-elle.

LA VOLONTÉ DE RÉUSSIR

Même son de cloche auprès des employeurs, l’usine de boîtes de vitesses PSA de Metz, Saveurs orientales, un groupe de cinq supermarchés dans le Grand-Est et plusieurs entreprises du BTP. “Ce sont des gens qui, même s’ils ont vécu des choses difficiles dans leur pays, ont la volonté de réussir. Ils nous contaminent avec leur esprit positif”, s’enthousiasme Smaranda Adina, directrices des opérations de Saveurs orientales, pour qui “le savoir-faire sans le savoir-être, ça ne va pas”. 

Le programme Hope a été expérimenté avec 200 stagiaires, en 2016, dans deux régions, les Hauts-de-France, confrontés aux milliers de migrants massés à Calais, dans l’espoir d’un passage vers l’Angleterre, et l’Ile-de-France, autre point de fixation des demandeurs d’asile. Le dispositif a été repris et étendu à un millier de réfugiés, au vu de ses résultats positifs.

Les principes : cibler des métiers en “tension” - ceux qui n’attirent pas de candidats – et mettre ensemble différents acteurs pour offrir en même temps, sur une période de huit à douze mois, des cours de langue, de la formation professionnelle, mais aussi un accompagnement social, dont le gîte et le couvert.

“L’originalité du projet, c’est qu’on l’a fait en fonction des besoins des entreprises, mais le système intégré, c’est la clé de la réussite”, estime Pascale Gérard, directrice de l’Insertion sociale à la direction générale de l’AFPA et co-conceptrice du programme. “Plus de 90% des stagiaires obtiennent leur diplôme et derrière, les gens trouvent un emploi”, ajoute-t-elle, en comparant les 2% de contrats rompus avant terme aux 20 à 25% dans le cadre des formations traditionnelles.

UN “INVESTISSEMENT”

A cette aune, ajoute-t-elle, le coût de la formation, 20.000 euros, nourriture et hébergement compris, constitue “un investissement” plutôt qu’une dépense. Les entreprises contribuent d’ailleurs à hauteur de 80%, via les sept organismes paritaires collecteurs agréés auxquels elles cotisent. Pour leur premier contrat, les stagiaires seront rémunérés au Smic mais Edis Alidini, Kosovar de 19 ans arrivé en France il y a trois ans avec ses parents, s’en réjouit, même si, en quittant son pays, il a dû tirer un trait sur son rêve de formation d’ingénieur.

“Jusqu’ici, j’avais zéro euro. Je vais avoir la nationalité française et je pourrai passer le concours de la gendarmerie”, imagine déjà ce nouvel employé de PSA. Nasser Mudwey, un Soudanais qui était conducteur d’engins dans son pays, qu’il a quitté à cause de la guerre, ne regrette plus l’Angleterre, son premier choix. L’apprentissage du français, le montage des boîtes de vitesse ?

“Il n’y a rien qui est difficile”, assure-t-il. Un comité interministériel a fixé à un millier de formations par an les objectifs à venir de Hope. La France a accordé l’asile ou la protection subsidiaire, l’an dernier, à près de 32.000 personnes, en réponse à un peu plus de 100.000 demandes. Mais tous n’ont pas nécessairement besoin d’une formation.

Edité par Yves Clarisse



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