Amnesty International a demandé lundi à la justice sénégalaise d'annuler la condamnation de Malick Noël Seck, opposant sénégalais récemment condamné à deux ans de prison ferme pour "menace de mort" et "outrage à magistrat".
Amnesty "demande l'annulation en appel de la condamnation de Malick Noël Seck et sa remise en liberté provisoire dans l'attente de ce jugement", selon un communiqué de l'organisation transmis lundi à l'AFP à Dakar.
M. Seck a été condamné, jeudi, "pour avoir exprimé des opinions politiques, conformément au droit à la liberté d'expression consacré" par la Constitution sénégalaise", estime l'organisation.
Il est reproché à l'opposant sénégalais, membre du Parti socialiste (PS, ex-pouvoir) d'avoir menacé et outragé le Conseil constitutionnel dans sa lettre ouverte, remise le 10 octobre au siège de l'institution.
Il y dénonçait le silence des cinq magistrats du Conseil sur la candidature du président Abdoulaye Wade à l'élection présidentielle de février 2012, la jugeant "immorale".
"Nous sommes venus vous rappeler aujourd'hui le serment tacite que vous avez fait au peuple sénégalais" en tant que membres du Conseil constitutionnel, "il nous semble aujourd'hui que vous avez manqué à vos engagements et à votre parole", écrivait-il dans cette lettre.
"Wade doit tomber, l'honneur du Sénégal l'exige! Nous sommes venus chez vous manifester nos ressentiments et vous désigner comme les responsables de nos souffrances quotidiennes. (...) Demain, lorsque la parole sera à la rue, nous reviendrons plus nombreux afin que vous nous rendiez des comptes", ajoutait-il.
"Ni la remise de cette lettre ni le contenu de celle-ci ne peuvent justifier d'être poursuivi pour de telles infractions", selon Amnesty.
Abdoulaye Wade, 85 ans, a été élu en 2000 puis réélu en 2007 et a annoncé en 2009 qu'il se représenterait pour un nouveau mandat, après avoir dit le contraire deux ans plus tôt.
DÉCLARATION
PUBLIQUE
24
octobre 2011
AI Index:
AFR 49/002/2011
Amnesty International
s’inquiète de la condamnation à deux ans
d’emprisonnement d’un
opposant politique, Malick Noël Seck, par un tribunal de
Dakar et demande à la Cour
d’appel d’annuler ce verdict.
Malick Noël Seck,
secrétaire général d’un mouvement affilié au Parti socialiste, a
été condamné, le 20
octobre 2011, pour « menaces de mort » et « outrage à
magistrat » après avoir
déposé une lettre à l’attention du Conseil constitutionnel
demandant aux membres de
cet organe de ne pas accepter la candidature du
président Wade à un
troisième mandat.
Amnesty International
estime que ni la remise de cette lettre ni le contenu de
celle-ci ne peuvent
justifier d’être poursuivi pour de telles infractions. Le courrier
remis au Conseil
constitutionnel ne contient pas de menaces de mort adressées
aux membres de cet organe.
De plus, ce texte ne peut pas constituer un « outrage
à magistrat », étant donné
que les membres du Conseil constitutionnel ne sont
pas, aux termes du droit
sénégalais, des magistrats de l’ordre juridique ou
administratif.
Amnesty International
estime, par conséquent, que Malick Noël Seck a été
condamné pour avoir
exprimé des opinions politiques, conformément au droit à
liberté d’expression
consacré par l’article 10 de la Constitution sénégalaise.
Amnesty International
demande l’annulation en appel de la condamnation de
Malick Noël Seck et sa
remise en liberté provisoire dans l’attente de ce jugement.
L’organisation appelle
également les autorités à mettre un terme au harcèlement
et menaces contre toute
personne exprimant une opinion politique dissidente à
quatre mois de la
prochaine élection présidentielle.
À l’approche de l’élection
présidentielle de février 2012, le Sénégal connaît de
grands débats juridiques
et politiques autour de la candidature du président
Abdoulaye Wade à un
troisième mandat, ce qui a également donné lieu à de
grandes manifestations
notamment à Dakar.
L’article 26 de
Constitution sénégalaise, modifié en janvier 2001, prévoit que « la
durée du mandat du
Président de la République est de cinq ans et renouvelable
une fois. »
L’opposition affirme que
ce texte interdit clairement au Président Wade de se
présenter à un troisième
mandat tandis que les partisans du chef de l’État
clament que cette
disposition ne peut être applicable qu’après son premier
mandat.
Le Président Wade a
annoncé son intention de présenter au Conseil
constitutionnel sa
candidature à l’élection présidentielle et de demander à cet
organe de statuer sur la
validité de cette demande. Le Président Wade a affirmé
qu’il respecterait l’avis
du Conseil constitutionnel.
L’opposition craint que le
Conseil constitutionnel ne fasse l’objet de pressions de
la part du pouvoir
exécutif afin d’entériner la candidature de l’actuel président.
L'opposition et des organisations de la société civile ont récemment exigé qu'il annonce fin octobre le retrait de sa candidature qu'ils jugent anticonstitutionnelle, menaçant de multiplier les manifestations de rue pour le forcer à ne pas se représenter.
AMNESTY
INTERNATIONAL
18 Commentaires
Door
En Octobre, 2011 (23:22 PM)Lou
En Octobre, 2011 (23:24 PM)Las
En Octobre, 2011 (23:29 PM)sim sen thiereye ndeye rek
Kiproko
En Octobre, 2011 (23:48 PM)Reply_author
En Octobre, 2022 (13:52 PM)Pepes
En Octobre, 2011 (23:51 PM)Marseille Marignane
En Octobre, 2011 (23:57 PM)Amnesty Ment Y'avait Menace
En Octobre, 2011 (00:03 AM)La lettre de menaces de Noel Seck envoyee au Conseil Constitutionnel.
Lettre de Malick Nöel Seck au Conseil Constitutionnel. Vos réactions !
À M. Cheikh Tidiane DIAKHATE
Pdt du Conseil Constitutionnel
Réf : 11/CS/SG/MNS/003
Objet : Doléance du peuple sénégalais aux membres du Conseil constitutionnel
Nous sommes venus vous rappeler aujourd’hui, le serment tacite que vous avez fait au peuple sénégalais en acceptant votre statut de membre du Conseil constitutionnel. Vous avez juré de fidèlement remplir vos fonctions, de les exercer en toute impartialité dans le respect de la Constitution, de garder le secret des délibérations et des votes, de ne prendre aucune position publique, de ne donner aucune consultation sur les questions relevant de la compétence du Conseil. Il nous semble aujourd’hui que vous avez manqué à vos engagements et à votre parole, et que vos séminaires, vos rassemblements, ne sont que les signes avant-coureurs d’une forfaiture annoncée.
Or la candidature de Wade aujourd’hui ne relève pas uniquement de considérations juridiques ou constitutionnelles, elle est tout simplement immorale. La presse et l’opposition s’empressent de dénoncer une troisième candidature du chef de l’Etat, en vertu des engagements qu’il aurait pris de ne jamais se représenter et des modifications qu’il aurait lui-même apportées à la Constitution, nous la refusons au nom de la dignité nationale.
Nous tenons à vous rappeler que les fonctions du chef de l’Etat exigent une intégrité sans faille destinée à garantir la dignité sénégalaise. Parce que nous aspirons à vivre dignement, nous voulons mettre un terme au fatalisme du peuple sénégalais qui par résignation a fini par accepter les abus de l’Etat, l’assistanat, et l’opprobre. Ce que nous exigeons, c’est la restauration des valeurs républicaines dont Wade lui-même, dans son double langage, se réclame lorsqu’il réaffirmait : « … avec force son attachement à l’observation stricte des règles de transparence et d’éthique dans la gestion des affaires publiques».
Nous vous invitons à le prendre au mot et à revisiter les dix ans de malversations financières que nous venons de traverser. Les contradictions multiples du chef de l’Etat, ses revirements, ses manquements à la parole donnée, le détournement manifeste des deniers publics par les membres de son entourage et de sa famille, sa tentative de corruption d’un membre du Fmi et son implication directe dans l’assassinat de Maître Babacar Sèye lui interdisent de briguer pour une troisième fois la magistrature suprême.
- On n’organise pas de festival dans un pays sans électricité et sans feux rouges.
- On ne construit pas de statue de la «renaissance» dans un pays sans hôpitaux.
- On n’engage pas le salaire des retraités dans des escroqueries financières.
Wade doit tomber, l’honneur du Sénégal l’exige ! Nous sommes venus chez vous manifester nos ressentiments et vous désigner comme les responsables de nos souffrances quotidiennes. Wade peut aujourd’hui violer l’éthique républicaine sans en souffrir les conséquences, à cause d’hommes comme vous. Demain, lorsque la parole sera à la rue, nous reviendrons plus nombreux afin que vous nous rendiez des comptes. «Vivre coûte beaucoup, mourir également. Faire front exige de la dignité». Il ne sera pas dit que nous ne vous avons pas offert la possibilité de faire front avec nous.
Le Secrétaire Général
Malick Noël SECK
Ampliation : Membres du Conseil Constitutionnel
Malick Noël SECK»
Fin de citation
Mandela Sow
En Octobre, 2011 (00:45 AM)Lagaffe
En Octobre, 2011 (07:56 AM)Xeme
En Octobre, 2011 (08:22 AM)Zik
En Octobre, 2022 (18:32 PM)Khelmourafet
En Octobre, 2011 (09:38 AM)Opinion
En Octobre, 2011 (09:42 AM)Lagaffe
En Octobre, 2011 (10:35 AM)Scipio Africanus
En Octobre, 2011 (11:30 AM)Lettre à Malick Noel Seck, par Hamidou Anne.
Par HAMIDOU ANNE, ENA PARIS « C’est dans les prisons que l’idée de liberté prend le plus de force, et peut être ceux qui enferment les autres dedans risquent-ils de s’enfermer dehors » Jean Cocteau Cher Malick, C’est avec regret que j’ai lu ta lettre adressée au président du Conseil constitutionnel. Mais c’est avec stupeur que j’ai suivi toute la polémique qui l’a suivie. Tu le sais, toi qui es activement engagé dans l’action politique, le Sénégal est à la croisée des chemins, comme nombre de pays africains d’ailleurs, lorsqu’on s’approche d’une importante échéance électorale. Une élection est la respiration naturelle de la démocratie. Donc, il est normal qu’une tension soit ressentie par l’élite politique relayée au sein de la population qui est, dans cet exercice, le seul juge légitime. Mais quand cette tension atteint son paroxysme jusqu’à faire craindre la chute vertigineuse vers le chaos, elle devient problématique et nous enseigne que le Sénégal est encore de ces pays dans lesquels une élection constitue toujours un risque majeur malgré la belle image que l’on a montré au monde en 2000. La belle alternance pacifique matérialisée par ce coup de fil entre un homme représentant un pouvoir qui venait de boucler 40 années de règne et un leader charismatique aux promesses généreuses semble loin, hélas. Le scrutin de février 2012 accentue cette tension du fait de l’inédite déclaration de candidature d’un homme qui venait juste d’être réélu deux ans auparavant. Cette maladresse a fait basculer le pays dans une campagne permanente depuis 2009. Aujourd’hui le Sénégal est dans une posture curieuse qui fait qu’aucun citoyen ne sait ou non si le camp du pouvoir sera représenté en février 2012. Un débat vif s’est posé, d’abord entre juristes, dorénavant national, sur la possibilité ou non pour le chef de l’Etat de se présenter en vue d’un troisième mandat. Je laisse le soin à d’autre de discuter de la question. Discuter, oui, car le seul organe habilité à trancher reste le Conseil constitutionnel. Donc nous attendrons sa décision et nous nous y plierons. « Obéir aux lois qu’on s’est prescrite est une liberté » disait Emmanuel Kant Cher Malick, en tant que républicain convaincu et légaliste jusqu’au bout des ongles, je ne peux accepter des menaces contre le président de cette institution, tel que j’ai compris le dernier paragraphe de ta lettre. J’avoue que tu as été maladroit car la politique c’est des idées qui rencontrent des circonstances. Le moment n’était pas de poser un acte qui risquerait de porter un frein à ta cause, tes camarades de l’opposition avaient plus besoin de toi à leurs cotés que là où tu es aujourd’hui. Tu sais bien entendu que le plus grand problème en Afrique reste la mise en œuvre d’une démocratie pluraliste, le respect de l’indépendance de la justice et la construction d’un Etat de droit pour que chaque citoyen puisse jouir de sa liberté dans un cadre harmonieux. Sans ces préalables, aucun progrès économique et social ne peut voir le jour. Alors ce n’est pas à nous citoyens de fragiliser nos institutions en nous attaquant sans mesure à ceux qui les incarne. Il y va de notre crédibilité en tant que pays de droit mais aussi de la sauvegarde du bien le plus précieux dont nous disposons, la justice. Cher Malick, Je suis convaincu de ton amour pour le Sénégal. Je suis sûr de tes convictions envers ton combat politique. Je sais également combien cet engagement est rude et exigeant et combien il pèse dans la vie d’une personne encore à la fleur de l’âge. Tu as le mérite de participer à la construction d’une ambition nationale en t’engageant à ton âge en politique. C’est un signe de maturité et de patriotisme. Combien de jeunes africains je croise, chaque matin, qui ont démissionné de leur rôle d’avant-garde préférant la précarité d’une vie occidentale voire le choix stupide d’un quotidien en situation irrégulière. Je devine aussi la peine d’être éloigné des siens. J’imagine (peut être pas assez) l’exiguïté d’une cellule. Et je ne doute pas des rencontres désagréables qu’on peut y faire. Mais tout cela n’est rien comparé au sentiment d’injustice qui nous anime quand on a le sentiment de n’avoir rien à se reprocher. Ta lettre de la prison m’a ému. Néanmoins Malick, je ne vais pas te défendre de façon acharnée, tes camarades du PS le font mieux que moi car ils ont leur agenda, leurs motivations qui ne sont pas seulement le vœu de voir un ami sortir des liens de la détention. Ils ont aussi un combat politique à mener. C’est de bonne guère. Alors, je vais juste de suggérer de bien méditer cette réflexion de ce monument de la pensée musulmane, Ibn Taymiya : « Si vous m’exilez, je vais poursuivre ma mission ailleurs ; si vous me mettez en prison je vais méditer sur ma mission et l’affiner ; si vous m’exécuter, je mourrai en martyr ». Je le répète, je pense que tu as eu tort d’employer les termes contenus dans ta lettre, surtout vis-à-vis d’un homme astreint au devoir de réserve, donc qui ne pourra point se défendre. Mais je suis également convaincu que ta place, compte tenu du climat du pays et de la nécessité d’aborder les échéances de 2012 dans la sérénité, n’est pas en prison. Elle est chez toi avec ta famille, avec tes amis et camarades. Pour qu’elle soit efficace et serve de leçon, une décision de justice doit être rendue avec intelligence. Voilà pourquoi le droit est un cousin très proche de la philosophie. Cher Malick, l’Histoire t’acquittera. Hamidou ANNE ENA-Paris, POUR SENINFOS.COM
Ngorgui
En Octobre, 2011 (11:44 AM)La première des libertés est garantie par l'indépendance de la justice. Or, Amnesty interfère sur le fonctionnement de la justice sénégalaise en demandant de libérer qui a été condamné par la justice. Par quel mécanisme une telle libération serait-elle possible?
Ce qui est également choquant venant d'une organisation qui se doit d'être neutre, c'est le fait d'accabler une partie et d'exonérer l'autre de toute responsabilité. Or, que je sache, en 2011, ce sont plutôt les barons du PDS qui ont été menacés et leurs biens saccagés. Amnesty devrait dénoncer cela, au nom du respect de la Liberté d'opinion.
Malheureusement, cette organisation n'en est pas à son coup d'essai. Dirigée par Pierre Sané, Amnesty accusait, sans preuve, l'Etat du Sénégal de poser des mines anti-personnelles en Casamance et de torturer les combattants casamançais, ce qui avait provoqué l'ires du Président Abdou DIOUF.
Pérédio
En Octobre, 2011 (11:58 AM)Daouda
En Octobre, 2011 (12:09 PM)Lagaffe
En Octobre, 2011 (12:26 PM)Bonne Question. Amnesty Int., c'est comme les agences de notation en finances.Tu vois un peu? PERSONNE ne les a élu ni mandaté. Mais , ils se donnent le droit d'observer, d'évaluer les situations et les cas et, le plus souvent, selon " leurs critères", décident de décrier, de "rappeler à l'ordre", d 'exiger telle ou telle chose", de condamner, de "demander l'annulation" , de critiquer les uns ou les autres. C'est selon. Et comme de nombreux sénéwébiens l'ont souligné, ils " omettent", taisent-passent sous silence, font profil bas, caressent-dans-le-sens-du-poli , font la sourde oreille, deviennent amnésiques pour CERTAINS, triés sur le volet . C'est ça Amnesty Int.
Elle se définit comme observateur et organisation à caractère consultatif , et serait représentée auprès de l'ONU, de l'UNESCO, du Conseil de l'Europe et de l'Organisation des États américains, de l'Union Africaine etc.
Mais encore une fois, ils savent QUI il peuvent ENQUIQUINER et qui il vaut mieux ne pas ÉNERVER (dans cette dernière catégorie, les " pays et généreux donateurs bien sûr ". Voila tout
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