ESCROQUERIE FONCIÈRE PRÉSUMÉE : Le maire de Pikine- Est risque 2 ans de prison

‘’En 1996, j’ai été maire et depuis 2009 aussi mais je n’ai jamais vendu un lopin de terre’’, n’a cessé de clamer le maire Malick Konté hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Très prolixe, l’édile de Pikine-Est, dans la banlieue dakaroise, a affirmé n’avoir reçu aucun centime des quatre commerçants qui l’ont traîné en justice en même temps que le délégué du marché de Thiaroye. Cheikh Fall, Modou Diop, Fallou Fall et Mamadou Fall ont porté plainte contre le maire parce qu’eux ont failli se retrouver prévenus. Ils avaient érigé des cantines à l’espace réservé au parking du centre commercial de Thiaroye.

 

A cause de ces constructions irrégulières, le préfet de Pikine avait saisi les autorités de la Direction pour la surveillance et le contrôle des sols (Descos) pour identifier leurs auteurs. L’enquête a révélé que ces constructions ne figurent même pas sur le plan du promoteur du centre commercial. Et donc, si les quatre commerçants ont pu faire une extension de leur cantine, c’est parce que le maire Malick Konté leur a attribué les terrains à raison de 1 million de francs Cfa par mètre carré. Il résulte de leurs déclarations faites à la barre que c’est le délégué du marché, Mbaye Seck, qui jouait les démarcheurs. A ce titre, il a reçu une commission de 2 millions, alors que l'édile a reçu 15 millions, d’après Cheikh Fall. Quant à son collègue Modou Diop, il a confié avoir offert gracieusement 300 000 francs au délégué du marché après avoir versé 25 millions à Malick Konté, dans l’espoir d’obtenir 20 mètres carrés. Les frères Modou et Dame Fall confient, pour leur part, avoir versé 34 millions de francs Cfa.

 

Seulement, aucun des plaignants n’a fourni la preuve de la remise d'argent. ‘’Lorsque j’ai exigé une décharge, le maire m’a dit que j’étais trop compliqué et qu’il allait vendre le terrain à un autre’’, a soutenu Modou Diop. Le plaignant a brandi cependant un arrêté que le maire nie avoir signé. Tout comme Malick Konté contestera les remises d'argent. ‘’Ils ne m’ont pas donné de l’argent car je ne vends pas de terrain’’, a avancé M. Konté. D'après lui, c'est le maire de la ville de Pikine, Pape Sagna Mbaye, qui lui a donné l’autorisation d’agir quand la Descos avait arrêté les travaux. Toutefois, le prévenu s’est empressé d’ajouter que les seules sommes qu’il a encaissées proviennent d’emprunts. Selon ses allégations, Modou Diop lui a prêté 20 millions qu’il a remboursés. Itou pour son co-prévenu Mbaye Seck à qui il aurait remboursé une créance de 10 millions de francs Cfa. Modou Diop et Mbaye Seck ont réfuté avoir prêté de l'argent au maire.

 

Déjà en mauvaise posture, le maire de Pikine-Est a été enfoncé par le délégué du marché. Avec des détails précis, Mbaye Seck a confirmé les remises. Le témoin en fera de même. Il a indiqué, concernant le chèque d’un montant de 13,5 millions de francs Cfa  versé par Dame Fall, avoir lui-même encaissé l’argent. Car, a-t-il renseigné, le maire lui a fait croire qu'il avait perdu sa pièce d’identité. Il a ajouté avoir perçu la somme de 10 000 francs avant d’ajouter que c’est le seul montant qu’il a reçu. ‘’Je n’ai jamais perdu ma carte d’identité’’, a rétorqué Malick Konté, non sans réfuter avoir tenté de s’enfuir à travers la fenêtre de sa chambre, au moment de son interpellation.

 

Quoi qu’il en soit, les conseils des plaignants estiment que leurs clients sont victimes de leur illettrisme. Ils ont réclamé la somme globale de 375 millions de francs Cfa au titre de dommages et intérêts. Abondant dans le même sens, la représentante du parquet a dénoncé la mauvaise foi de Malick Konté contre qui elle a requis deux ans ferme. Pour Mbaye Seck, le substitut Coura Mbissane Diouf a demandé une peine de 2 ans dont 1 an ferme.

 

Évoquant l’absence de preuve quant aux remises d'argent et à l’authenticité des arrêtés délivrés aux plaignants, la défense a plaidé la relaxe pure et simple.

 

Délibéré le 6 septembre prochain.