Entretien avec Thiamas, animateur à Walfadjri : " Chaque animateur est libre de s’adonner à l’alcool, à la cigarette..."

Dans une interview accordée à Leral, Thiamas assure qu'il pratique et respecte les recommandations de l’Islam surtout en cette période de Ramadan. En bon musulman, le célèbre animateur de Walfadjri est bien conscient des biens faits du jeûne. Fier d’être issu d’une famille de griot, le chouchou des téléspectateurs de cette chaîne de télévision privée appelle ses collègues animateurs à être des missionnaires et non des compétiteurs. Il parle également de sa vie familiale notamment avec ses deux épouses. Entretien.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à embrasser le métier d'animateur ? 

 

C’est depuis le bas-âge. Mais avant tout, je vous informe que j’ai appris le Coran et je maîtrise beaucoup de versets. C’est pourquoi d’ailleurs, j’introduis dès fois quelques versets dans mes animations pour éduquer ou rappeler les personnes qui me regardent à travers le petit écran. Ce métier, je l’ai choisi pour répondre aux besoins de ma famille, m’occuper de mes parents. Je n’ai pas de souci par rapport à ce métier, mon directeur général me soutient. Et je vais continuer dans cette lancée. 

Avant d’être animateur, Thiamas s’est-il distingué ailleurs ? 

 

Avant d’arriver à la télévision, j’avais fait le théâtre, des soirées culturelles, des ballets folkloriques, des chœurs d’ouverture et de fermeture. J’ai également participé à des sketchs, j’ai amené des gens chez Aziz Samb à Oscar des vacances, etc. J’ai participé en 1985 au tournage du clip Soweto de Coumba Gawlo Seck. Elle a remporté, à cet effet, la voix d’Or. Après mon bac, j’ai suivi également le mouvement « navétane » dans lequel j’étais très impliqué, il faut le dire. Je fus un mercenaire du ballon rond. J’ai joué dans pas mal de localités, Kaffrine, Kaolack, Saint-Louis, Louga, etc., à bas âge d’ailleurs. Mais il faut dire que tout ce que j’ai pu gagner, j'ai préféré le partager avec ma famille, mes parents en premier. Ils sont les seuls boucliers pour moi. Si j’ai un seul conseil à donner à la nouvelle génération, c’est de leur dire de respecter leurs parents. Ma maman, je l’aime de tout mon cœur. 

 

Certains estiment que les animateurs sont des buveurs d’alcool, des fumeurs ou des dragueurs. Quel est votre sentiment là-dessus ? 

 

Avant tout, comme son nom l’indique, l’animation musicale est destinée au Disk jockey (Dj). Ce métier, nous le faisons tout en les imitant. Chaque animateur est libre de s’adonner à l’alcool, à la cigarette ou à d'autres pratiques malsaines pour faire son métier. Mais pour moi, un animateur qui s’adonne à ces pratiques ne peut pas remplir correctement sa mission. Un animateur n’a pas besoin de boire ni de fumer pour bien faire son travail. Il est un levier important dans la stabilité de la société. Si l’animateur d’auparavant était en train de détruire les relations, celui d’aujourd’hui doit être un unificateur, un rassembleur. En somme, il doit jouer un rôle important dans la société. Il doit être un modèle dans sa communauté, toujours montrer le bon exemple. Il n’a pas droit à l’erreur. Les erreurs, pour les éviter, il faut toujours les prévoir. Car, l’animateur d’aujourd’hui a une mission qu’il doit bien mener dans sa société. Pour ce faire, il doit jouer avec le mot, jouer avec le verbe. 

 

Thiamas est-il un modèle parmi les animateurs ? 

 

Je fais en tout cas de mon mieux pour éviter ces pratiques qui salissent l’image des animateurs. Je fais tout pour être un animateur digne de ce nom, un bon exemple dans ce métier. Il faut savoir faire la différence entre le compétiteur et le missionnaire. Le compétiteur c’est celui qui prend son départ quand on donne le signal. Tandis que le missionnaire est le modèle qui participe au développement de sa société à travers son animation. Moi je ne suis pas un compétiteur mais un missionnaire. J’ai une mission à jouer dans ma société. Celle-ci m’est confiée par Dieu pour un temps bien défini. Où sont nos prédécesseurs animateurs ? Ils sont partis, nous ferons aussi comme eux. 

 

Peut-on dire que c’est Sidy Lamine Niasse qui vous a demandé de danser en faisant de l'animation ? 

 

Non ! Je vous rappelle que c’est moi-même qui ai décidé d’apporter une touche particulière à ce que je fais en tant qu’animateur. Je suis un missionnaire. C’est pourquoi, dans mes animations quelques fois je danse. Pourtant, j’ai des enfants qui me regardent. Heureusement, mes enfants me comprennent dans cette démarche. J’assume ce que je fais. Je suis issu d’une famille de griots. Pourquoi devrais-je donc avoir honte de ce que je fais. Je le suis et je suis fier de ce que je suis. L’ambiance dans mes animations c’est pour les enfants et non pour les adultes. Ces derniers ont des jambes solides leur permettant de danser autant que moi. S’il s’agit du verbe, il est destiné aux adultes. En matière de télévision c’est l’image qui compte. Elle joue un rôle attractif et de reflet. Une personne doit, dans tout ce qu’elle fait, pouvoir le faire bien et sans tricherie. Moi, en tout cas, je suis comme ça. Dans mes animations, je donne le maximum de moi-même pour satisfaire les téléspectateurs. Je sais comment les rendre heureux. 

 

Danser oui, mais certains considèrent que Thiamas en fait trop. 

 

Trop ? (Rires) En tout cas, il faut savoir une chose, si une personne décide de te donner quelque chose, il est préférable qu’il te donne trop que de te donner peu. Je vous donne un exemple, un tailleur qui coud votre boubou, pour la mesure, vous la préférez petite ou grande ? En tout cas, si vous la préférez petite, vous aurez du mal à l’augmenter au cas où vous augmenteriez de poids. Moi, quand je donne, je donne beaucoup c’est à chacun de prendre ce qui lui va et de laisser le reste. Moi, je ne fais que promouvoir ce que l’artiste, à travers sa chanson, donne. Je n’impose rien à mes spectateurs. Dans mes animations, je danse tout en essayant de refléter ce que dit le chanteur. S'il arrive que j’invite un chanteur, vous ne me verrez jamais danser. Mais, à leur absence, en tant qu’animateur les représentants, je danse pour faire valoir leur message à travers la danse. Pour moi, un animateur digne de ce nom ne doit pas animer et rester sur place. Le 21 juin dernier, date de la fête de la musique, Youssou Ndour, en tant que ministre, a chanté et a fait danser les gens. Pourquoi lorsqu'un Thiamas danse, les gens critiquent et en font tout un scandale? 

 

Il ne vous est jamais arrivé d'être interpellé dans la rue sur votre attitude à l’antenne ? 

 

Non ! Dieu m’est témoin. Je n’ai jamais eu de problèmes, ma famille non plus. Au contraire ! Quand on est animateur, je pense qu’il faut savoir consommer d’abord ce qu’on veut faire consommer au public. J’aime l’ambiance. Généralement, quand je suis invité pour une prestation, j’exige à l’avance qu’on me paie. Le cas contraire, une fois sur place, je risque de me passer de mon argent, tellement j’aime l’ambiance, « Damaye Bégué » (Ndlr : Je m’amuse, je me défoule). Une anecdote : j'ai une fois, à l’aide d’une corde, attaché mes pieds exprès, mais quand j’ai ouvert le téléphone, tout le monde m’a demandé de me détacher. Parce qu’en réalité, les gens ne sont pas habitués à me voir dans cet état. Je leur procure du plaisir comme je m’en procure d’abord. Les gens aiment ça en Thiamas. Pourquoi devrais-je alors m'en passer ? Je ne le fais pas pour me vanter ou quoi que ce soit. Je suis polygame. Moi, la musique, je la vis. C’est mon travail de promouvoir ce que fait l’artiste. 

 

Vous avez deux épouses, vous l’avez dit, donc à Walf ça paie bien ? 

 

Si l’argent est indispensable pour le mariage, je suis convaincu que beaucoup ne se marieront pas de sitôt. Le mariage est une recommandation divine. C’est comme si quelqu'un disait : Je ne jeûne pas parce que je n’ai pas de quoi rompre. Donc le mariage est sacré. J’ai fait 21 ans de mariage. Souvent les animateurs que nous sommes avons beaucoup de fans femmes et c’est la même chose lorsqu’il s’agit des animatrices, elles ont beaucoup de fans mecs. C’est très rare de voir un animateur aimé par des mecs. D’ailleurs, toutes les critiques proviennent de ce côté. Et moi, je peux vous assurer que pour ne pas tomber dans certaines tentations, j’ai choisi de convoler très tôt en secondes noces (rire). Franchement je ne verse pas dans ça, je ne cautionne pas ça. J’essaie juste de donner l’exemple pour dire que c’est comme cela qu’un musulman doit se comporter. 

 

Votre seconde épouse était une fan alors ? 

 

Non ! Je peux dire que je l’ai connue depuis longtemps à Pikine. En plus elle est « niénio » comme moi. Nous avons beaucoup de points en commun. 

 

Vos deux épouses partagent le même toit ? 

 

Non ! Je n’ai pas les moyens déjà. D’ailleurs, je lance un appel à tous les mecs pour leur dire que quiconque envisage d’épouser plusieurs femmes, qu’ils s’attèlent d’emblée à leur trouver chacune un local. A mon avis, c’est mieux. Car, sinon, on ne sentira même pas le goût. 

 

Les temps sont durs, comment faites-vous pour vous en sortir ? Est-ce grâce au salaire de l’animateur que vous êtes ? 

 

Bien sûr ! Sidy Lamine me paie bien. Je le remercie au passage et le félicite. Il m'a sorti de loin et je sais que l’avenir sera plus radieux avec lui. Sidy Lamine me suffit amplement comme soutien, confident et tout ce que vous voulez. Moi, je ne connais que lui. Et je peux vous vous dire que n’eût été lui, peut être que je n’en serais pas là aujourd’hui. 

 

Les animateurs sont parfois mal payés, on dit souvent que ce sont les fans qui viennent à leur secours, qu'en est-il exactement ? 

 

Je défie quiconque de dire s’il m’a une fois soutenu . A part mes frères qui sont en Europe, qui m’aident sur le plan vestimentaire, parce qu’aussi c’est un coût qui n’a rien à voir avec ce qui me permet d’entretenir ma famille, je ne compte sur personne et personne ne m’a aidé. C’est ma famille et c’est mon sang. Aujourd’hui, si ça ne dépendait que de moi, je serai à leur côté. Mais à part ça, Sidy Lamine me paie bien, je suis bien traité là où je suis. 

 

Comment vivez-vous le mois de Ramadan en tant qu’animateur ? 

 

Je rends grâce à Dieu qui m’a fait musulman, un bon musulman et pratiquant. Le ramadan, je le vis très bien comme tout bon musulman. Je suis né musulman, j'ai grandi dans la religion musulmane, je porte un nom musulman et j'ai des habitudes d’un musulman pratiquant. Il n’est même pas normal qu’on demande à quelqu'un s'il jeûne ou pas car c’est un devoir de tout bon musulman. Tout bon musulman doit être pressé que le mois de Ramadan arrive. Quand il arrive, on doit le consommer en respectant toutes les recommandations pour l’exécution de ce devoir qui est impératif qui ne peut être payé que par Dieu. En tant que musulman, on ne doit rien faire d’autre que de suivre et respecter ce que le Bon Dieu a recommandé et laisser tout ce qu’il a banni surtout en ce mois béni. C’est valable pour la prière aussi, il n’y a pas d’excuses à ce niveau un bon musulman doit remplir son rôle de musulman. Moi Thiamas, je jeûne et je respecte tout ce que le Ramadan recommande et je ferai tout pour éviter ce qu’il a banni. Je ferai mon devoir et tout mon possible pour accomplir un bon mois de Ramadan et le reste c’est à Dieu de juger. Il est Le Seul à être capable de savoir si le musulman a fait un bon ramadan ou pas. 

 

Un message ou conseil aux musulmans ? 

 

Je rends grâce à Dieu en ce début du mois béni de Ramadan. Je demande pardon à tout le monde et je pardonne à tout le monde. Parfois nous sommes incompris, mais notre mission consiste uniquement à satisfaire le public, à toujours lui faire plaisir. Cultivons le bien et évitons de juger les gens. Ce rôle incombe au Seul Tout-Puissant. Alors évitons de tomber dans des préjugés et aimons nous les uns les autres, main dans la main, pour un Sénégal émergent.