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PACOTILLE À CŒUR OUVERT « J’ai choisi d’être avec Abdoulaye Wade»

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PACOTILLE À CŒUR OUVERT « J’ai choisi d’être avec Abdoulaye Wade»

Pacotille est une star atypique du hip hop au Sénégal. Il a fini de faire ses preuves et son indéniable talent est reconnu de tous. Le rappeur aux célèbres chaussures en plastique est aussi connu pour son engagement au coté du chef de l’Etat. Un engagement qu’il assume et revendique. Nous l’avons rencontré à Yeumbeul et il a abordé avec nous de nombreux sujets. Toujours égal à lui-même il a répondu de manière frontale à toutes nos questions. Entretien avec un artiste talentueux qui refuse de se laisser distraire.

 

Quelle est la dernière actualité de Pacotille ?

 

Je suis en train de travailler. Je travaille actuellement sur mon prochain album qui doit normalement sortir après la Tabaski.  Je prépare aussi une grande tournée nationale et une autre exclusivement réservée au public international. Cette tournée portera sur la Paix et la Stabilité Sociale dans notre pays.  Voilà ce qui constitue l’essentiel de mes projets immédiats. Il s’agit de la sortie de notre album et de la tournée qui va démarrer le 26 octobre prochain.

 

On annonce cet album depuis deux ans. Cela devait  être produit par Ibou Ndour de Prince Arts. Pouvez-vous nous fournir les raisons de ce gros retard ?

 

Il est vrai que l’album devait sortir en 2009. On avait commencé à travailler avec Ibou Ndour et fait des maquettes. Finalement les choses avaient vraiment trop traîné. C’est certainement parce qu’Ibou Ndour avait d’autres obligations. Comme Prince Arts est un label d’excellence, j’ai dû me résoudre à poursuivre seul mon chemin. Nous aussi avons une carrière à poursuivre et nos fans ne nous laissant pas de répit, il fallait vraiment finaliser le projet.  Nos admirateurs nous appellent souvent pour réclamer le produit. C’est parce qu’ils ont vu qu’au Sénégal des albums continuent de sortir, mais honnêtement la qualité laisse toujours à désirer. Aucun de ces produits ne reste deux mois au devant de la scène.  Le monde du hip hop, les connaisseurs et les mélomanes ont vraiment envie d’écouter autre chose et ont vraiment ma nostalgie. C’est ce qui fait que nous avons décidé de sortir notre album avec d’autres partenaires. On est en train d’enregistrer avec nos propres moyens. On a des propositions de producteurs qui sont prêts à booster l’album à sa sortie.

 

Quand vous parlez de moyens, cela veut-il dire que vous disposez de votre propre studio d’enregistrement ou bien avez des partenaires qui en disposent ?

 

Il est vrai qu’on a  un studio d’enregistrement, mais on l’utilise uniquement pour confectionner nos maquettes. Pour l’album proprement dit, on va l’enregistrer avec de grands musiciens au niveau de studios beaucoup plus performants.

 

Cela va-t-il se faire avec des musiciens sénégalais ?

 

Oui ce sera avec des musiciens sénégalais comme Papis Ndiaye, le claviste du Raam Daan de Thione Seck. On travaille avec lui sur certains morceaux. J’envisage très prochainement de travailler avec le grand guitariste Jimmy Mbaye dans son studio. Il va nous confectionner deux morceaux. On  a aussi contacté Lamine Faye du Lemzo Diamono et il va travailler pour nous. On envisage même de travailler avec le claviste Papis Konaté. Parce que nous voulons sortir un album typiquement africain aux couleurs sénégalaises. Ce sera un album live et des instruments comme les guitares, la batterie et les claviers occuperont une bonne place. Ce sera avec des thèmes et des lyrics qui vont parfaitement refléter encore la touche unique de Pacotille. Parce que nous sommes reconnus comme porteur de messages forts mais aussi pour notre facilité d’expression, la clarté de la parole et un contenu intéressant. Il ne faut pas oublier les rimes bien agencées et des sujets d’une rare profondeur. Si on y ajoute une musique bien travaillée, par d’éminents professionnels, accessible et bien ancrée dans notre vécu, cela ne pourra que faire plaisir à notre public. Nous sommes en train de  mettre la main à la pâte. Avec Papis Ndiaye, nous   avons déjà réalisé quatre morceaux et c’est demain que l’on va entamer le cinquième. Pour le moment nous sommes entièrement pris par ce vaste chantier.

 

On constate ces derniers temps que les rappeurs préfèrent jouer en live. Pourquoi avez vous choisi cette option au détriment de la programmation ?

 

En ce qui me concerne je n’ai pas complètement laissé tomber la programmation, car il y’en aura dans cet album. Mais il faut convenir que la musique a beaucoup évolué. Force est de reconnaître qu’il est un peu trop facile de disposer d’un logiciel de musique qui vous permet de composer facilement les doigts dans le nez. Ceci est à la portée de n’importe qui. Actuellement avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication, tout cela est d’une banale simplicité. Cependant il y a des options plus vivantes. Si je prends l’exemple d’un artiste comme Pacotille, cela fait dix ans qu’il sort des albums et qu’il est présent au devant de la scène. On a envie de découvrir autre chose et de disposer d’une bande de quatre à cinq musiciens derrière.

 

Ce qui nous permettra de participer à des festivals, de prendre part à de très grands concerts et de voyager très souvent pour jouer devant un public qui apprécie les prestations en live. La musique a beaucoup évolué et elle est devenue plus vivante. J’ai vu des rappeurs jouer en live avec des orchestres et tout le tralala, mais  ce n’est pas ce que je veux. A  mon avis, il n’est pas donné à n’importe qui la possibilité et la facilité de se faire accompagner par un orchestre. Il faut au préalable bien agencer ses compositions, bien apprendre la musique et surtout savoir où l’on veut aller et ce que l’on veut faire réellement.  C’est une bonne chose, parce que le live est le sommet. C’est ce que j’ai envie de faire. Je veux dire quelque chose de vivant  et très bien élaboré avec un orchestre derrière. Je pense que cela va nous permettre d’être plus respecté, mais il faut vraiment bien le faire.

 

Pourquoi avez-vous choisi de mettre en avant le thème de la paix au cours de votre tournée ?

 

C’est parce que tout simplement nous sommes des fils de ce pays. Un pays que nos aïeuls et nos pères ont admirablement bien façonné. J’ai aussi remarqué que notre génération a failli en perdre le contrôle et que nous sommes prêts de basculer vers d’autres horizons qui ne font pas partie de nos traditions. Et à mon avis, si tu fais partie de ceux qui ont la chance d’être plus ou moins écoutés par le grand nombre, il te faut nécessairement prendre la parole pour t’adresser à tes compatriotes. C’est ce que j’ai toujours fait. Actuellement le pays a atteint un certain niveau ou certains sont en colère, d’autres sont frustrés, certains menacent et ils sont fatigués. Ils parlent d’allumer des feux et comme je fais partie de ces gens qui sont écoutés, j’ai décidé de parler pour lancer le message. C’est pour dire qu’au-delà de nos appartenances politiques, ethniques religieuses ou confessionnelles, il y a quelque chose de plus fort qui nous unit et il s’agit du Sénégal.

 

A mon avis, chacun doit, pleinement, jouer sa partition, de telle sorte que quelque soit, la situation qui prévaut, ce pays soit intact, car il nous appartient à nous tous. Et comme lorsque l’on parle d’un bien commun, il faut utiliser des termes que tout le monde approuve, j’ai choisi de parler de la Paix que tout le monde aime. La liberté existe bel et bien au Sénégal et chacun peut dire et faire tout ce qu’il souhaite. Mais pour ce qui est de notre bien commun le plus précieux, il faut vraiment le préserver à tout prix. C’est pourquoi nous irons vers les populations pour échanger avec elles et discuter sur la bonne marche du pays. Nous l’avons fait samedi dernier à Kébémer. C’était dans l’optique de discuter avec les populations, de leur rappeler les hauts faits d’hier. Mais il faut aussi savoir bien la gérer. On a aussi évoqué les pays qui ont traversé ces moments difficiles et des tristes conséquences. Ces citoyens traumatisés font tout pour se réfugier au Sénégal qui est un pays de paix et tout le monde doit s’atteler à préserver cet acquis indéniable. Il faut savoir bien appréhender les choses et faire preuve de calme. Ce qui permettra d’organiser des élections dans le calme, de passer une bonne fête de Tabaski, de  passer un bon Magal et un bon Gamou. Rien de tout cela ne pourra se faire sans la paix. Il faut aussi que les élèves puissent étudier calmement. Ce qui entraînera  forcément un bon climat social, un climat apaisé. Tout le reste devra être bien géré. Il faut que la paix prévale partout au Sénégal. Ceci est la quintessence du message que nous allons délivrer partout où nous poserons nos valises, aussi bien au Sénégal que dans le monde entier.

 

En votre qualité de leader d’opinion vous avez un droit de regard sur la situation actuelle du pays. Comment percevez-vous la prolifération des mouvements dits citoyens ?

 

Il faut dire qu’il y a beaucoup de mouvements, d’associations et de partis qui ont vu le jour récemment au Sénégal. Je pense que tout cela découle de l’existence de la liberté au Sénégal. Ce qui signifie que notre pays est un havre de paix ou il fait bon vivre. Personne n’est muselé, personne n’est bâillonné. Tout le monde dispose de la liberté de  parole pour dire sa propre vision des choses. Les lois ont accepté ce fait, parce qu’il y a encore des pays où on ne peut pas se permettre de dire ou de faire certaines choses. Ici tout le monde est libre de constituer son mouvement et à tous les niveaux. C’est ce qui fait qu’on a  vu la création du mouvement «Li niou giss doyenaniou», du mouvement «Fékké ma ci bollé», du mouvement «Y’en a marre», du mouvement «Moustarchidina wal Moustarchidati», du «Mouvement Mondial pour l’Unicité de Dieu», du mouvement «Hizbut Tarkhiya», qui se déploient dans de nombreux domaines comme la religion ou la politique. Tout cela est possible grâce à l’existence de ce climat de liberté. Cependant tout le monde devrait s’atteler à le faire pour l’intérêt de la nation. Tout parti créé doit exister pour l’intérêt du pays. Tous les mouvements aussi doivent en faire autant. Ce qui fait que si l’un échoue et que l’autre réussit, ce sera toujours pour l’intérêt du Sénégal. Je juge donc que c’est bien de créer des mouvements, mais encore une fois, il faut que l’objectif principal soit toujours l’intérêt du pays et qu’au finish le Sénégal reste et demeure le seul bénéficiaire.

 

Toujours dans ce sillage on a vu que les rappeurs ont beaucoup investi le champ politique comme «Yen a marre» et les autres. Comment appréciez- vous cette intrusion des musiciens dans la sphère politique ?

 

Je crois sincèrement que c’est parce que nous sommes arrivés à un stade où on pense que là où les politiciens ont échoué, les musiciens peuvent bien réussir.

 

Et ceci est valable dans tous les secteurs. Il ne faut pas se voiler la face : Dieu a fait que de nos jours les artistes sont très bien écoutés par la grâce de Dieu. Si je suis avec un politicien quelque part et qu’il parle, pratiquement personne ne l’écoute. Mais si je prends la parole, les gens font attention à mes propos. Dieu a fait que j’ai voyagé avec beaucoup de politiciens et je suis toujours obligé de les laisser  parler avant moi. Parce que si je parle avant eux, il se peut que les gens rentrent avant même de les entendre, parce qu’ils pensent avoir toujours entendu les mêmes discours. Peut être que les artistes ont fini par comprendre qu’ils font aussi partie de ce pays. Parmi eux, il y a des bacheliers, des maîtrisards et autres qui, tous peuvent donner leur avis sur la marche du pays. C’est certainement pour cette raison qu’ils se sont tous dits qu’ils ne vont plus laisser les destinées de notre pays aux mains des politiciens. Cela signifie que l’artiste peut bien faire de la politique, à sa manière. C'est-à-dire qu’il use de sa parole et de sa pensée pour participer à la bonne marche du pays. Cependant, il ne doit pas essayer d’imposer son point de vue. Il faut tout simplement faire des propositions. Et il appartient à ceux qui sont à la tête du pays de vérifier si tout cela peut contribuer au développement. C’est dans ce cas seulement qu’ils peuvent en faire bon usage. Mais c’est une bonne chose que ces mouvements voient le jour. Les artistes ont bien le droit de parler, de prendre partie. Ils ont bien la possibilité de dire qu’ils sont mourides, tidianes ou layénes.  C’est pour cette raison qu’ils ont le droit de dire leur appartenance à tel ou tel parti politique. Tout comme il a le droit de dire qu’il est chrétien ou musulman. Mais encore une fois, tout doit se faire dans le strict respect de la liberté de tout un chacun.

 

Certains vous taxent d’être le rappeur de Me Abdoulaye Wade. Comment vivez-vous cela ? Quel est l’état de vos relations avec le président Wade ?Je dois dire que c’est une étiquette qui me fait plaisir. J’en suis vraiment content. Ce n’est pas un péché. Quand je fais quelque chose, je prends toujours en compte deux aspects. Je me pose la question de savoir si Dieu  l’interdit ou si la loi le permet. Je pense sincèrement que la Charia ne m’interdit pas d’être avec Wade et la loi du Sénégal ne me l’interdit pas. Donc ce n’est pas grave. J’aurais pu me sentir en faute si on me collait l’étiquette de malfaiteur ou de fauteur de troubles. Dieu merci, de nos jours, si tu évoques le nom de Pacotille, on te dit que c’est un messager, on te dit que son expression est limpide, on te dit que sa parole est très claire et que son message est très porteur, que sa musique est très bien élaborée. Certains même vont jusqu’à dire que Pacotille est le rappeur d’Abdoulaye Wade. Je suis d’accord sur tout cela et c’est très bien ainsi. Je suis le rappeur d’Abdoulaye Wade ! Mais il faut retenir que d’autres rappeurs sont des rappeurs d’autres politiciens et ils n’osent pas l’assumer. Au contraire, ils font tout pour le cacher. 

 

D’autres rappeurs vont boire dans le ruisseau d’Abdoulaye Wade tout en rasant les murs. Moi je ne suis pas un hypocrite et quand je décide d’être avec quelqu’un, je reste avec lui en toutes circonstances. Je serais à ses cotés aussi bien en temps  d’opulence qu’en période de vaches maigres ou en  pleine tempête. Je ne connais pas la demi-mesure. Soit je suis pour, soit je suis contre. Je n’aime pas ces situations qui ne sont pas claires. Je ne vais jamais avancer masqué. J’ai le droit de choisir d’être avec qui je veux et de l’accompagner. J’ai choisi d’être avec Abdoulaye Wade. Un autre a le plein droit de choisir et d’être avec quelqu’un d’autre. Je l’accepte et je prie pour ces gens là. Je suis d’avis que si j’accompagne le président Wade c’est pour l’intérêt du Sénégal. Un autre pense que s’il est avec quelqu’un d’autre, c’est pour le bien du pays. Je prie toujours pour que ce soit toujours pour l’intérêt de notre cher Sénégal. Si mon compagnonnage avec Wade doit desservir le pays, je prie Dieu de ne pas en tirer de victoires. Mais si c’est pour l’intérêt du Sénégal, je souhaite ardemment que le Bon Dieu nous comble de bienfaits, car seul l’intérêt du Sénégal compte. Ensuite, c’est Abdoulaye Wade qui m’a choisi et il m’aime d’un amour filial et sincère. C’est parce qu’il a vu le travail que j’ai abattu dans ce pays. Il a aussi saisi la portée de mes messages. Il a vu que je suis une référence pour beaucoup de milliers de jeunes. On l’a informé du travail que je suis en train de faire.

 

De mes débuts à nos jours, je n’ai connu qu’une évolution positive dans la marche de ma carrière. J’ai représenté dignement le Sénégal un peu partout à travers le monde. Des milliers de sénégalais qui sont établis à des milliers de kilomètres du Sénégal sont contents de mon travail et ils m’écoutent avec beaucoup de plaisir. A mon niveau, c’est un mérite que le chef de l’Etat reconnaisse mon talent. J’ai été avec Youssou Ndour à Amsterdam et j’ai joué devant la Reine... A la fin du spectacle, nous avons dîné en compagnie du couple royal. J’ai joué sur toutes les scènes du monde. J’ai joué dans un stade omnisports de Bercy archi comble au grand bonheur du public parisien. J’ai déjà sorti trois albums qui ont toujours été classés parmi les meilleures ventes de ce pays. Donc ce n’est pas Abdoulaye Wade qui m’impressionne. Il se trouve que si le président de la république de ce pays qui est élu par des millions de sénégalais vous choisit en retour comme ami, je trouve que c’est un honneur et un plaisir que je ne boude pas.

 

Je suis très fatigué de cette situation, car c’est une habitude des sénégalais de toujours critiquer les choses qui leur échappent. Dés qu’ils ne font pas partie d’une alliance, ils la rejettent et la vouent aux gémonies. Ils en font autant pour les choses qu’ils ne maîtrisent pas ou qu’ils ne peuvent pas avoir. Le fait que je sois au coté de Abdoulaye Wade est certainement son intérêt et celui du Sénégal, mais c’est aussi le mien. Je suis très fier de cela. Je ne vais jamais nier cet état de fait. Si on me taxe de rappeur de Abdoulaye Wade je l’accepte et je dis qu’il n y a pas de problèmes. On entend toujours des appellations comme Ndongo Lô « Mou Serigne Fallou » ou d’autres exemples de ce genre. C’est une bonne chose parce qu’il s’agit de personnalités respectables et Abdoulaye Wade est une personnalité respectable.

 

Je préfère qu’on m’associe à lui plutôt qu’au quidam du coin. J’arrive à gérer positivement cette situation. Comme je l’ai dit tantôt, je ne connais pas la demi-mesure et je ne regarde pas dans le rétroviseur. J’ai un but précis et avec l’aide de Dieu, je vais l’atteindre. En tous cas je ferais en sorte que ma carrière musicale soit des plus réussies. Pour cela, je m’efforcerais à ce que ma cassette soit toujours la plus aboutie que celle des autres collègues rappeurs. Pour moi c’est cela l’essentiel. Depuis que le rap existe au Sénégal, il n y a jamais eu de cassettes  meilleures que les miennes. On se connaît entre rappeurs. Encore une fois, j’invite les sceptiques à faire un sondage. Il n’existe pas dans ce pays une cassette de rap mieux élaborée que les miennes. J’ai accès à tous les publics. Aussi bien les jeunes que les vieux peuvent consommer ma musique sans aucun problème. Donc je fais très bien mon travail. Je fais de la très bonne musique. La politique est ma passion. D’autres ont des passions autres comme le football, la lutte ou les courses de  chevaux. A mon niveau, c’est la politique qui prime sur tout cela. En dehors de la musique, je consacre mon temps à la  scène politique. D’autres ont choisi d’autres passions et je respecte tous les choix. Pourvu que le Sénégal en sorte gagnant.

 

Vous avez évoqué tantôt vos rapports avec les autres rappeurs. Vous aviez été très proche de Malal Fou Malade qui est membre actif de Y’en a marre. Comment arrivez- vous à gérer ces relations ?

 

On les gère dans le plus grand professionnalisme. Fou Malade est mon ami et comme il le dit toujours, il me considère toujours comme son ami. On a voyagé ensemble, on a vécu beaucoup de moments  ensemble. Musicalement, on est sur les mêmes ondes, mais force est de reconnaître que politiquement, on ne réfléchit pas de la même manière.  Il a sa vision politique et j’ai la mienne. Ce qui fait que l’on ne peut pas se retrouver sur ce terrain bien précis. Mais sur tous les autres aspects, on est de vrais amis. Je l’appelle souvent et je sais qu’il me souhaite la paix et le meilleur dans la vie. Je lui souhaite aussi tout le bonheur du monde. De toute mon existence, je ne me permettrais jamais de dénigrer Fou Malade ou de lui souhaiter du mal.  Je ne le ferais aussi jamais pour son mouvement. Parce que ce n’est pas mon rôle. Malal aussi ne va jamais dire du mal de Pacotille. C’est un pacte tacite que nous avons signé, seuls, à l’abri de tous les regards indiscrets. Nous avons tissé de solides relations que rien ne peut altérer, mais la vie est ainsi faite et il faut qu’il y ait des divergences. Je n’ai pas peur de la diversité, car chacun a sa propre manière de voir les choses. Il en est ainsi pour la religion, mais politiquement nous ne sommes pas du même bord.

 

Mais pour tout le reste, on est parfaitement en phase,  car on entretient des relations très humaines et très étroites. Je ne leur reprocherais rien, parce que je respecte le droit à la différence. Mais il faut aussi que la réciprocité soit de mise, car tout un chacun est libre de choisir sa propre  voie. Je les encourage. Si ce qu’ils font est pour l’intérêt du Sénégal, je prie pour qu’ils réussissent. En revanche, si ce que je fais n’est pas pour le bien de ce pays, alors que je ne réussisse pas. Car, encore une fois, c’est le Sénégal qui me fait vibrer. Il faut que les gens les laissent travailler. Je lance un appel à l’Etat pour que les autorités les appellent, les écoutent  et essayent de savoir ce qu’ils veulent réellement. S’il y a des suggestions positives dans leur démarche, qu’on puisse les prendre et les réaliser au profit du Sénégal. Mais tout cela devra se faire dans le calme et la sérénité sans aucune forme de violence ou de vandalisme.

 

Musicalement que nous réserve Pacotille après toute cette longue attente ?

 

Le public doit s’attendre à retrouver un Pacotille majeur, mature. Depuis quatre ans, je n’ai pas sorti d’albums. Entre-temps, j’ai beaucoup voyagé  aussi bien au Sénégal, qu’en Afrique et en Europe. J’ai rencontré beaucoup de musiciens. J’ai joué sur de nombreuses scènes. J’ai discuté avec de nombreuses personnalités. J’ai écouté beaucoup de musiques en provenance de tous les horizons. J’ai aussi beaucoup appris durant cette période. Donc que les mélomanes s’attendent à retrouver une musique plus ouverte et plus mature. Ils doivent s’attendre à retrouver un Pacotille avec des messages très clairs et d’un niveau très élevé. Vous aurez un album plein de surprises et très abouti. A l’écoute, on saura  que Pacotille a réellement grandi et beaucoup mûri. Il faut qu’ils m’attendent au niveau où se trouvent les Youssou Ndour et Johnny Halliday. Que personne ne m’attende dans la catégorie des jeunots. Je ne fais pas de trucs de gamin.

 

Je réalise des choses sensées et adultes, conformes à mon âge et à mon plan de carrière. Il arrive de voir ,au Sénégal des rappeurs âgés de plus de quarante ans qui se permettent de dire ou de faire des choses puériles ou qui ont des comportements qui font honte à leurs enfants qui les voient à la télé. Finis les trucs de petits rappeurs qui tirent sur tout ce qui bouge au moment de l’entame de leur carrière. Non ces temps sont révolus. Maintenant on est devenu des responsables et des gens qui comptent dans ce pays. On est des messagers et des personnalités ici. C’est pourquoi on va dire des choses qui seront écrites dans les annales de notre histoire. Nous voulons  que nos créations soient référenciées pour la postérité et qu’après notre mort qu’elles fassent partie du patrimoine musical de ce pays. A mon humble avis, quelque soit le domaine  dans lequel on intervient on doit s’efforcer de toujours livrer le meilleur de nous mêmes et de faire partie des exemples. La musique n’est plus un jouet ou un amusement, elle a atteint un niveau très appréciable. Il faut que le public s’attende à me retrouver au summum de mon art et à un niveau jamais égalé.

 

On a vu que vous avez tout donné au rap. En retour qu’est ce que le rap vous a donné ?

 

Honnêtement, ce que la musique m’a rapporté est de loin supérieur à ce que j’ai fait pour elle. Je préfère parler de musique, car elle est très vaste et très diversifiée. La musique m’a offert une personnalité, une accessibilité, une reconnaissance et des choses que je n’oublierais jamais de ma vie. La musique m’a donné de l’argent. La musique m’a permis d’avoir une épouse. La musique m’a procuré une maison où habiter. Sur le plan économique, la musique me permet de faire face à toutes mes dépenses et à régler la scolarité de mes enfants et mes factures. La musique m’a permis de rencontrer des hommes de pouvoir. La musique m’a permis de découvrir et de séjourner dans tous les pays  du monde qui me faisaient rêver.  La musique m’a permis de rencontrer et d’échanger avec toutes les grandes personnalités qui me faisaient rêver. La musique m’a permis d’être correct, de m’éveiller, de me rectifier, de m’offrir une fierté  et de changer dans le bon sens. Donc je ne peux pas rendre sa monnaie à la musique qui m’a tout donné. La musique m’a remis tout ce qu’elle m’avait promis. C’est moi qui dois rendre hommage à cette noble activité.

 

 A mes débuts il y a de cela dix ans, c’était très dur et les difficultés s’amoncelaient sur mon chemin. Ce n’était pas évident. Mais grâce à ma foi, ma détermination et ma ferme volonté d’atteindre mes objectifs clairement définis, j’ai pu m’en tirer relativement à bon compte. Tout cela grâce à l’appui de mon staff et de mon encadrement. Nous avons dû nous battre contre des préjugés. Etant des habitants  et des natifs de Yeumbeul, rien ne nous était offert. Il était même  difficile de passer à la télévision. On a dû se battre jusqu’ à atteindre ce niveau. Actuellement, il est impossible de citer trois rappeurs au Sénégal sans mentionner Pacotille. Ce qui est une fierté et un honneur. Je ne peux que rendre grâce  à Dieu et prier sur son prophète et encore remercier mes parents et mes fans. Ces derniers m’ont toujours soutenu. A chaque sortie de mes albums ils se multiplient en quatre pour acheter des milliers d’albums. Je remercie tous les chefs religieux, mais plus particulièrement les dignitaires de  la confrérie des Mourides. Il arrive souvent qu’un influent membre de cette communauté achète cinq mille CD de Pacotille pour le les distribuer.  Je profite de cette occasion pour remercier vivement Serigne Saliou Mbacké Ibn Aladji Bara, Serigne Moustapha Amar et Mame Thierno Birahim de Serigne Modou Kara. Ce sont des personnalités qui me soutiennent énormément et qui achètent toujours mes albums pour les donner en guise de cadeau à des fans. Tout cela est à mon avis  une grande source de bienfaits et d’honneur que la musique m’a procurés. C’est pourquoi je disais tantôt que je ne pourrais jamais payer mes fans et la musique.

 

Le mot de la fin ?

 

Je suis heureux de la naissance de votre site. Tout cela dénote une réelle évolution. Cela démontre que le Sénégal est un pays de liberté. On peut ouvrir et lancer des organes de presse sans aucune contrainte. Personne n’est bâillonné. Je prie pour que votre journal en ligne soit le premier au Sénégal. Je demande au public de m’attendre avec impatience. Pour terminer, je dirais que le Sénégal nous appartient à tous. Il faut que chacun cultive l’excellence et se surpasse dans son domaine pour être le numéro un. Il faut toujours viser l’excellence en toutes choses.   Il faut éviter de dépendre Massamba ou de Mademba. Ce pays n’appartient pas à Abdoulaye Wade, à Tanor, à Bathily ou à Macky Sall. Tous les citoyens sont égaux. Il faut éviter les casses, la violence, le mensonge et le vol. Il faut trimer dur et s’armer de patience. Il faut être patient et cultiver la solidarité. Il faut respecter nos guides religieux et nos valeurs traditionnelles et culturelles. Il faut que les jeunes respectent les anciens pour que le pays irradie de bonheur. Je demande aux autorités et membres du gouvernement de se rappeler toujours des problèmes des gouvernés. Que chaque ministre se surpasse dans son domaine de compétence. Que celui qui a en charge l’électricité règle ce problème. Que celui qui s’occupe du pain en fasse autant et qu’il en soit ainsi dans tous les secteurs. Que le Président Wade contrôle un peu plus ses ministres et son entourage. Ce qui lui permettra de prendre toujours les bonnes décisions. Je pardonne à tout le monde et remercie toute la population de notre cher Sénégal.



10 Commentaires

  1. Auteur

    Mand

    En Octobre, 2011 (20:56 PM)
    que le dieu nous donne un bon president et que le senegal soit un pays prospere amine :sn: 
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  2. Auteur

    Wadegalgal

    En Octobre, 2011 (20:56 PM)
    Paco ,tu as assume ton choix et c'est le bon.Ceux qui tentent de critiquer ont une autre vision de Wade et c'est ça la democratie.Prepares nous un morceau de campagne tres endiable pour accompagner les caravanes bleues.J'espere que Pape et Cheikh seront encore de la partie.
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    Auteur

    Dsk

    En Octobre, 2011 (21:21 PM)
    féguedéésssss :down: 
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    Auteur

    Puta Locura

    En Octobre, 2011 (21:25 PM)


    Décidément, quand la poche reçoit de l'argent, la Raison de fait la putain du Diable.

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    Auteur

    Walabook

    En Octobre, 2011 (00:35 AM)
    paco tay rek ngay dègg lo massoula dègg   <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">  
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    Auteur

    L'afghan

    En Octobre, 2011 (02:05 AM)
    Pacotille daal daf gnou yap sakh!!!

    May wakh mounane ma leader d'opinion, textes porteurs de messages! On a "ecoute" (je dirai meme entendu) ton morceau mediocre "souma nekone president"! On comprend pourquoi tu te ranges derriere Wade! Souma dadje ak yow si biir town tu vas regretter tes propos! Tu es un Idiot! Ta barbe en est l'exemple parfait. Aucun style et aucune tenue! Je me demande qui tu peux bien influences! LACHE!
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    Auteur

    Bintou Diakhch

    En Octobre, 2011 (08:08 AM)
    pacotille louka fi diar khaliss dou dara
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    Auteur

    La Cool

    En Octobre, 2011 (08:26 AM)
    Thiey ma warou khelou: comen 1 jeun pe pensé ainsi alor kil devé avoir un otr espri Pacotille khana mbeund bi sonaloula khana ndol ki dank ko faté lolou yeup boko doundoul amna koula diégué koukay dound daye bagne koula khamal sa gnak rek takh na surmen nga fété wo dale tik tik yi wayé démal yak sougnou mame 4 mois rek moléne déssé gnak fayda binga done  <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/khelou.gif" alt=":khelou:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/khelou.gif" alt=":khelou:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/khelou.gif" alt=":khelou:">   :down:  :down: 
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    Auteur

    L'original

    En Octobre, 2011 (08:26 AM)
    ce pacotille n'est qu'un homme d'interet il n' aime ke de l'argent et c bien ce ki l'est allé chercher en gambie et comme un badola dou soure il revient au sénégatié pour cueuillir de l'argent ci sunu gatié gui di ablaye wade



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    Auteur

    Khel Mouy Nathi

    En Octobre, 2011 (13:51 PM)
    paco à tord de troquer son inspiration poétique pour les millions du contribuable sénégalais. Il doit comprendre que notre cher pays est plus important que wade et sa bande et sa carrière artistique a mon avis est beaucoup plus important que wade. je pose une seule question a paco aprés wade qui va acheter tes cassettes ce n'es certainement pas les yembeullois qui nagent dans les eaux noséabondes et qui subissent les coupures d'életricité  :sn:  :sn:  :sn:  :sn:  :sn: 
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