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" Sociobiz 2 " : Nafissatou Dia Diouf poursuit sa critique amoureuse de la société sénégalaise

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" Sociobiz 2 " : Nafissatou Dia Diouf poursuit sa critique amoureuse de la société sénégalaise

Trois ans après la parution d'un premier tome de "Sociobiz" (TML Editions, avril 2010), Nafissatou Dia Diouf poursuit, chez le même éditeur, sa critique sans concession de ce qu'il est convenu d'appeler les "sénégalaiseries", espérant en filigrane des changements qualitatifs au profit de tous et de toutes.

Sans jamais laisser penser ou suggérer que l'homo senegalensis refuserait le développement – sentence chère à des afropessimistes tenaces -, l'auteur n'en dresse pas moins un tableau de nombreux obstacles, entretenus parfois, qui ne favorisent pas des progrès substantiels dans la quête d'un bonheur pourtant de plus en plus virtuel.

Avec une bonne dose d'humour, Nafissatou Dia Diouf allie - ou confronte, c'est selon-, deux postures : son expérience de cadre supérieur d'une entreprise florissante et l'audace créatrice d'un écrivain à l'aise dans différents genres littéraires. Cela donne un regard et des textes dont le propos écœure par moments. Mais un recul honnête et lucide devrait pousser à faire réfléchir tant les états de service mis sur le compte de l'homo senegalensis sont graves, au sens premier de cet épithète.

Dans le premier tome de son recueil, elle offrait à ses lecteurs des chroniques – qu'elle publie régulièrement dans le magazine "Réussir" – "impertinentes sur l'économie et l'entreprise". Là, elle pousse le bouchon plus loin, proposant des "chroniques encore plus irrévérencieuses", très justement illustrées par le dessinateur Samba Ndar Cissé. 

C'est que, en réalité, Nafissatou Dia Diouf, fait sien l'adage suivant : "Qui aime bien châtie bien". On ne peut voir dans ses lignes que l'amour viscéral qu'elle a pour sa société qu'elle veut voir emprunter les sentiers d'un progrès harmonieux, respectueux des valeurs essentielles qui font son existence.

Le portrait que dresse Nafissatou Dia Diouf de l'homo senegalensis et de la société (l'environnement) dans laquelle (lequel) il évolue est presque parfait. Tout ou presque est analysé sous la plume désabusée et lucide de l'écrivain : le rapport au temps, au bien public, à la politique, à l'argent, à l'idée du bonheur, aux codes et textes que le pays s'est laborieusement donnés.

Elle interroge, dans "On ne lâche rien", le féminisme, dont elle dit qu'il "n'est pas une coquetterie de femmes lettrées, oublieuses des traditions, mais un mouvement qui porte un idéal de progrès pour la société et ses membres les plus vulnérables". 

A Dakar, "brave capitale" de ce "Cher-Pays" qu'est le Sénégal, la voie publique est, relève Nafissatou Dia Diouf, "le théâtre d'un ballet bien particulier : celui de milliers de guimbardes d'un autre âge, qui ont fait deux fois le tour du monde avant d'être recyclées pour une énième vie…"

Dans cette "joyeuse pagaille", titre de la chronique, l'auteur reprend à son compte le constat d'un observateur de ce "bazar humain" dans lequel "le car rapide a toujours la priorité", où les panneaux "Stop" et "Cédez le passage" n'ont de sens que si vous avez un petit véhicule.

"Sociobiz 2", un ensemble de trente-et-une chroniques, c'est aussi un peu de fiction. Nafissatou Dia Diouf tente le coup en "réveillant" le penseur Kocc Barma de son repos éternel pour le plonger "une petite semaine dans notre espace-temps". 

"Il est fort à parier qu'avant la fin de la semaine, le sage du Kayor n'aurait qu'une envie, c'est de rejoindre à nouveau le monde des ancêtres en traitant ses arrières-arrières-arrières petits-enfants, dans un mélange de dépit et de pitié… de fous furieux". Parce qu'il aura constaté, par exemple, qu'on présente des condoléances par SMS, que les griots et les autres crieurs publics des temps modernes se nomment Internet.

L'écrivain interroge, en reprenant l'adaptation, par le Mahatma Gandhi, des sept péchés capitaux par la Bible et sous d'autres formes par l'ensemble des grandes religions, les relations entre ses compatriotes et les acteurs du monde politique. Nafissatou Dia Diouf met en garde contre "la politique sans principe", prône "la mise en application d'un état d'esprit reposant sur la fidélité et la transparence", entre autres.

Mais la démarche d'introspection et d'autocritique serait (incomplète) si l'auteur ne se projetait à partir des faits, comportements et attitudes qu'elle décrit et dénonce, en suggérant, entre les lignes, des pistes et propositions pour contribuer à changer l'homo senegalensis et, par ricochet, la société dans son ensemble. Entreprise difficile s'il en est.

Au-delà des portraits et de la dénonciation des mauvais comportements de ses concitoyens, le propos de Nafissatou Dia Diouf a quelque chose de beaucoup plus important. C'est un regard sévère certes mais d'une lucidité presque salvatrice qu'elle pose sur une société qui, pour qu'elle fasse des bonds en avants, devrait se regarder dans le miroir et se débarrasser avec courage de cette tendance à se mépriser.

C'est à ce prix peut-être que, en 2060, comme le souhaite l'auteur, "nous aurons somme toute inventé notre propre modèle de développement. Basé sur nos valeurs et avec pour socle notre Histoire, nos civilisations riches et diverses. Mais aussi nos errements et nos insuccès dont on aura définitivement tiré leçon.''

"Enfin réconciliés avec nous-mêmes, nous aurons gommé définitivement les stigmates de la colonisation et parlerons à l'ex-puissance coloniale comme un pair". Dans cette chronique, Nafissatou Dia Diouf avoue sa naïveté. 

C'est tout le mal qu'elle souhaite à ce Cher-Pays et... aux Sénégalais. A ces derniers, elle soumet "un très grand travail de remise en cause" à travers "Treize résolutions pour l'année 2013". En voici quelques unes : "ne plus vivre au-dessus de nos moyens’" ; "on milite pour l'égalité des chances" ; "la ville n'est pas une poubelle" ; "l'entreprise n'appartient pas à mon père".

ADC/BK



21 Commentaires

  1. Auteur

    Golf

    En Mai, 2013 (21:06 PM)
    Merite des encouragements. En tout cas je suis parfaitement en phase avec votre raisonnemnt.
  2. Auteur

    Kadida

    En Mai, 2013 (21:50 PM)
    vous méritez tous les encouragement vous êtes une référence

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    Auteur

    Jac

    En Mai, 2013 (21:56 PM)
    Mes encouragements
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    Auteur

    Référence

    En Mai, 2013 (22:04 PM)
    C ma référence; un véritable hymne au progrès
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    Auteur

    Diop

    En Mai, 2013 (22:14 PM)
    Merci et bravo à NAFISSATOU DIA DIOUF , à bien relaté les maux du pays , son pays , avec des détails assez explicites . Mais serait - il possible avec toute cette vision du mauvais côté du Sénégal , avoir de l ' inspiration pour une solution à ce problème !!! Pour le prochain thème de votre livre .
    Auteur

    Deug

    En Mai, 2013 (22:59 PM)
    Ohooooo ! Monsieur Diouf , boy serere kontaane naa ci yow ...

    yow yaa dem ba ci biir toucouleurs yi daaldi ne thiopet Nafissatou ba mii...

    waaw goor way Nafi , nii rek la , chaque toucouleur a son boy serere rek rew mi daaldi dokh diem kaname :)
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    Auteur

    Boy Serere

    En Mai, 2013 (00:22 AM)
    Nafishatou man boy serere nii ngay khalaate nekh nama torop waay , barke fapess faye :)
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    Auteur

    Deugla

    En Mai, 2013 (00:24 AM)
    ho ho li amoul gnerign si senegalais ; el raconte k des poisses; senegal lelen la sohla ; ban reference
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    Auteur

    Modjo Ngari

    En Mai, 2013 (00:38 AM)
    trop belle pour un sérére, hahahahaha

    Mon esclave qui a attrappé cette bonne dame kham nalou bakh dé.

    OUfffffffffffffffffffff

    Heu eh bin t'as pas une sister encore libre nafissatou!?
    Auteur

    Pour 2060

    En Mai, 2013 (02:21 AM)
     :cry:  :cry:  :cry:  AMINE YARRABIIII ! AMINE  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  magistraaaal ! ton livrrrrre devrait etre étudié à l univercité afin de contre ballancer la pollution de certains charlatants aux chapelet ki sévissent à l ucad  :haha:  :haha:  non seulement éssayiste lucide ...en plus magnifique belle ében ! :love:  :love:  content de pas voir hyéne machistes salafistes ki n ont k insulte contre l audace lumineuse de notre nafissatou national  :love:  :love:  :love: 
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    Auteur

    @craquer

    En Mai, 2013 (03:35 AM)
    Moi c'est cette dame elle meme ke jadmire, a chak fois kelle sort a la tele ,j moccupe pas de cekelle di qui est si interessant pour notre culture mais c pluto sa beaute ke je contemple,intellectuelle hors pair ,madame je vous adore grave!
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    Auteur

    Blessed

    En Mai, 2013 (04:10 AM)
    Bravo chère compatriote!
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    Auteur

    Peuls,

    En Mai, 2013 (05:40 AM)
    Les déchéances morales-débauches-moeurs légères-incivismes-incivilités sont devenus en un temps record les socles de la pourrie société sénégalaise. Cela a produit le recours permanent, par une mesquine frange, aux mensonges-falsifications-déguisements-tromperies-trahisons-traitrises-combines-complots-pactes diaboliques-manoeuvres-manipulations-abus-ethnicismes-clanismes-confrérismes-régionalismes-haines-jalousies-envies-racismes déguisés pour exister indignement. Dès lors que ces fléaux étaient strictement en vogue au sein de cette mesquine frange qui les a massivement dans le sang, cela laissait de marbre tout digne-noble Sénégalais-es. Mais depuis l'arrivée accidentelle de l'ethniciste-claniste-confrériste-régionaliste-raciste-menteur-falsificateur-corrompu-voleur-violeur-violent-méchant-mystificateur-comploteur, cette mesquine frange, se sentant soutenue-protégée, tente sottement d'imposer ses ignobles culture-nature-éducation-langue-us-coutumes-modes-manières-façons. D'où les catastrophes-drames-misères-HONTES-deshonneurs-horreurs-malheurs-terreurs en cours dans le pays. Certains-es.... Pauvre & triste Sénégal! PEULS.
    Auteur

    Nfissa

    En Mai, 2013 (06:53 AM)
    Elle est toujours mme diouf ?
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    Auteur

    Nabs

    En Mai, 2013 (09:01 AM)
    Fière de toi. Way Macky n'a qu'a te recruter pour que tu amènes de vrais changements dans ce pays

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    Auteur

    Mansa

    En Mai, 2013 (09:25 AM)
    Encouragements et Félicitations !

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    Auteur

    Water

    En Mai, 2013 (11:09 AM)
    Je ne peux avoir ici un jugement objectif de son oeuvre, n'ayant pas lu le précédent roman ni celui -ci d'ailleurs. Par contre cette invite à l’auto prospection, de retour aux valeurs de bases, méritent l'attention. En tout cas, ses résolutions sont totalement à prendre en compte. C'est le mal sénégalais!!! finalement je vais les lire, ses romans. Bon courage, en plus d'être brillante, elle est d'une beauté rare.
    Auteur

    Alou

    En Mai, 2013 (11:17 AM)
    Merci et félicitation pour ces textes qui visent à conscientiser les Sénégalaises et Sénégalais que nous sommes. Il faut qu'on comprenne que le développement commence par nous même, chaque personne est responsable du devenir de notre pays.

    merci encore!!!
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    Auteur

    ça Nous Change

    En Mai, 2013 (11:23 AM)
    ouffff que ça nous change des xéssaal hipopotame et leur leumbeul et méche tout droit sortie de l univers aliennes frankeinstein :cry:  :cry:  :cry:  :cry:   :tala-sylla:  :tala-sylla:  :tala-sylla:  :tala-sylla:  :hun: 
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    Auteur

    Xalaat

    En Mai, 2013 (12:42 PM)
    Je n'ai pas lu le livre mais une phrase de l'article m'interpelle. C'est là où on parle de stigmates de LA colonisation. A mon avis, il faudrait parler DES colonisations. En effet, nous sénégalais faisons souvent de la critique sélective. Il faut comprendre une fois pour toute que la première domination - esclavage des nègres de l'Afrique de l'Ouest ( dont je suis fier d'appartenir ) est arabo islamique. C'est à ce moment que nous avons commencé à bruler nos dieux pour leur empreunter le leur si bien qu'aujourd'hui nous nous considérons comme les fils ainés de l'islam. Ensuite seulement vinrent la colonisation occidentale et le commerce triangulaire qui a achevé de nous destructurer.Si nous tenoons encore un tant soit peu debout, c'est grâce à notre subconsvcient qui nous relie encore à nos encêtres, à nos dieux bien que nous ne sachions plus les distinguer. C'est pourquoi, nous avons une société de cmmémoration qui n'arrête pas de regarder dans le rétroviseur. J'en veux pour preuve toutes les cérémonies coutumières soit disant religieuses, toute notre fierté quand on nous parle de nos ancêtres et notre horreur de prévoir l'avenir.

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    Auteur

    Ndao

    En Mai, 2013 (11:04 AM)
    je vous encourage c est BIEN NAFI

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