La Cité Taïba et les cadres de la compagnie sénégalaise des phosphates
de Taïba, l’invité d’Entretien avec… en parle avec passion. Car c’est
dans cette cité mythique qu’il a grandi, un univers qui aujourd’hui
encore, renferme tous ses souvenirs d’enfance, quoique cette cité
n’existe plus que dans la tête du quinquagénaire qu’il est devenu. Son
cycle primaire effectué à Mboro, le voilà à Thiès où l’école Jules
Sagna, ex-Urbaine 1, lui ouvre ses portes jusqu’à l’obtention de son
examen d’entrée en 6ème. Samba Ndiaye puisque c’est de lui qu’il s’agit,
est artiste-comédien, membre de la troupe de théâtre Soleil Levant de
Thiès. Le passionné de théâtre et natif de Tivaouane en 1963 évoque son
parcours, ses ambitions et passions, ses regrets et ses réussites. Dans
cet entretien exclusif à ThiesVision.com, Samba Ndiaye se confie sans
tabou : il y parle aussi des difficultés à percer dans le milieu du
théâtre, mais également de son enfance sur laquelle il semble se faire
une fixation.
«J’aimais faire rire les adultes»
Si l’école française catalysait toute son attention, le jeune
écolier qu’il fut n’en est pas moins un féru d’art, de théâtre, de
comédie plus particulièrement. En classe de 4ème déjà, il participe à
une compétition scolaire sous la coupe de M. Diagne, leur professeur de
français, qui invita les petits amateurs débutants, à une interprétation
de «Le mariage de Figaro». Une adaptation réussie et dans laquelle
Samba Ndiaye incarnait le rôle d’un Roi. «J’étais le petit animateur qui
faisait rire tout le monde. C’est là que le virus du théâtre m’a piqué
et ne m’a plus jamais quitté», se rappelle celui qui fréquentait la même
classe que Ablaye Guèye, frère de Saneex, qui jouait le rôle de «Guewel
Mbaaye» dans la même pièce.
Mais, « c’était du théâtre amateur, du théâtre scolaire »,
minimise-t-il. Une passion qui par la suite prendra le dessus sur des
études auxquelles il mit un terme après la classe de Première, à un an
du baccalauréat. S’ouvre alors pour le jeune artiste en devenir, une
nouvelle carrière, celle d’un comédien qui deviendra plus tard l’une des
figures de proue de Soleil Levant, la troupe Thiesseoise de la bande à
Saneex et Alaadji, qui brille tel un astre dans le firmament du théâtre
sénégalais, depuis les années 2000. Saneex, Gora et autres, je suis leur
aîné, je les ai guidés, encadrés, puis laissés poursuivre leur chemin
au sein de la troupe », avant de les retrouver bien des années après.
«Je suis quelqu’un de très émotionnel»
Samba Ndiaye, c’est le comédien, mais aussi le communicateur,
l’homme dont le timbre de la voix ne laisse personne indifférent. D’où
le rush des annonceurs vers lui lorsqu’il se voit confier bon nombre
d’annonces publicitaires, le «Micro Central» lors de grandes
manifestations d’envergure, à Thiès, Dakar ou ailleurs dans le pays à
chaque fois que ses services et talents sont sollicités.
S’il apprécie très peu le fait d’être classé dans le lot des
«communicateurs traditionnels», il dit comprendre ces personnes qui
confondent les rôles, notamment l’homme de la rue, qui ne sait guère
faire la différence entre la personne et le personnage. « Je suis
quelqu’un de très émotionnel. J’aime regarder mes enfants, j’aime les
regarder manger, les voir jouer, profiter de la vie. J’aime leur faire
plaisir en les gâtant. Car l’enfance, c’est le symbole de l’innocence »,
souffle-t-il. «Demain, ces enfants seront à ma place. Et moi, où
serais-je en ce moment ? », s’interroge Samba Ndiaye, qui dit tout faire
pour rendre à ses enfants, ce que ses parents, sa mère en particulier,
ont fait pour lui, à savoir, guidé ses premiers pas, couvé et protégé le
marmot qu’il fut.
L’idée lui vint alors un jour de participer à un concours
d’écriture de scénario destiné aux artistes en vue d’un séminaire de
formation à la mise en scène. «J’ai été sélectionné, de même que Cheikh
Ndiaye de Soleil Levant. Cheikh Seck et Ndiamé Sène ont été repêchés»,
se rappelle-t-il. Par la suite, Mbaye Gana Kébé, alors adjoint au maire à
la Culture à Thiès, lui promit de tout mettre en œuvre en vue de le
recommander au maire Idrissa Seck, du moins pour que Samba Ndiaye puisse
proposer ses compétences et s’occuper des animations culturelles au
niveau du Centre culturel Léopold Sédar Senghor de Thiès. «Mon dossier a
été classé, j’ai été bloqué dans mon ascension alors que j’ai tout
donné à Thiès. Depuis, cela m’a permis de mieux me connaître et de faire
attention à mes vis-à-vis».
«Dans notre milieu, il faut savoir se protéger»
Le monde du théâtre, il le compare à l’univers marin où les
composants savent se comporter tels des poissons. Ou pire. Ce qui fait
que Samba Ndiaye croit, comme bon nombre de Sénégalais, au maraboutage.
Mais il dit croire davantage en Dieu auprès de qui il cherche
protection, en tant que musulman. «J’ai appris le coran, j’adore la
propreté, la pureté, mais il faut se protéger et savoir protéger les
siens. Je n’ose pas dire que j’ai une fois été victime de maraboutage,
mais j’y crois car dans le milieu où nous sommes, c’est fréquent, il
faut savoir se protéger. Le maraboutage, je n’en ferai jamais usage,
jamais, mais je me protège », a-t-il prévenu.
Qu’en est-il de la polygamie ? Comme tout bon Sénégalais, Samba
Ndiaye ne dirait non à ce qu’il appelle « ay ayloo », c'est-à-dire
dormir chez la première épouse aujourd’hui, et demain chez la seconde ou
deuxième, c’est selon… Mais pour le moment, son amour et son attention,
il les porte à son épouse et à ses enfants, ses cinq bouts de choux
qu’il chérit et qu’il veut rendre heureux.
« J’ai eu un contentieux avec le commercial de Walf et j’ai finalement quitté »
Si Samba Ndiaye révèle n’avoir pas fait l’école des arts, la
formation adéquate pour devenir un artiste professionnel, il peut se
réjouir de ses talents naturels que sont venus renforcer des stages et
ateliers de perfectionnement, après que la Semaine du Cinéma africain,
organisée à Thiès l’aura révélé au public il y a bien des années. Papa
Nalla Fall, un consultant international le repéra à l’époque et lui
confia dans son cabinet, tout ce qui avait trait à la culture. Alors
responsable de la troupe «Mamelles» devenue la troupe «Dianxeen» de
Thiès, avec Ndèye Sine, Ndiamé, Jules Dramé et autres, dont Cheikh Seck,
un enseignant venu rejoindre la troupe, Samba Ndiaye ne règle pas des
comptes, mais n’oublie pas à quel point il a servi d’ascenseur, de moyen
de promotion à des chefs de service de radios locales à Thiès.
En atteste l’aura de ses émissions sur la radio Dunyaa : «Pencum
xaléyi» destinée aux enfants ; «Ndadié» dans laquelle il a reçu Mbaye
Gana Kébé, entre autres. «Je faisais la promotion des chefs de station
au niveau local et je ne gagnais rien en retour», se désole le comédien,
qui a compris, mais trop tard, le manège de ces responsables de radio
qui voulaient le confiner à Thiès. «J’ai constaté que je ne pouvais pas
évoluer dans ce milieu et j’ai quitté. J’ai travaillé gratuitement
pendant deux ans, sans salaire», confie l’artiste.
«Il ne suffit pas seulement de trouver un cameraman et des acteurs pour faire du théâtre»
De même qu’il a participé à faire connaître Walf à Thiès, lors de
l’implantation de la radio de feu Ben Bass Diagne dans la Cité du Rail.
Une station locale à laquelle Samba Ndiaye dit avoir beaucoup apporté.
Hélas, «j’ai eu un contentieux avec le commercial et j’ai finalement
quitté », peste-t-il, préférant centrer son attention au tournage en
cours, de la suite de « Groupe électrogène », une pièce de théâtre qui
évoque les coupures de courant.
Et Samba Ndiaye de lancer un appel à l'endroit des autorités,
Macky Sall en particulier. A l’heure de l’Acte 3 de la décentralisation,
l'artiste dit interpeller le président de la République, les promoteurs
et directeurs de télévisions, à investir les régions afin de mettre à
profit les talents, les compétences à promouvoir. Toutefois, tient-il à
souligner, «Il ne suffit pas seulement de trouver un cameraman et des
acteurs pour faire du théâtre», conseille-t-il à ses collègues et
amateurs de théâtre qu’il invite à davantage de professionnalisme. Son
vœu le plus cher, c’est de voir Thiès se doter d’un complexe
multifonctionnel pour la promotion de l’art et des artistes. «Je préfère
les 50 000 francs que je peux gagner à Thiès aux 100 000 francs que me
propose Dakar», conclut l'artiste basé à Thiès, Samba Ndiaye qui ne
compte pour rien au monde quitter sa région, la ville qui lui permis
d'éclore ses talents. Du moins pour le moment.
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2 Commentaires
Utile
En Novembre, 2013 (09:07 AM)« Ne faites pas de ma tombe un lieu de cérémonie, mais priez sur moi d’où vous êtes, car vos prières me sont transmises »
(Abou Dawoud)
Nekh
En Novembre, 2013 (09:36 AM)Participer à la Discussion