Un an après la défaite du président Abdoulaye Wade au soir du 25 mars de l’année dernière, Macky Sall au pouvoir depuis le 3 avril dernier, donne l’image d’un président qui n’était pas préparé à mener la barque. La rupture tant attendue donne, les relents d’une continuité subreptice. À bien des égards.
Le hasard du calendrier fait que le chef de l’État sénégalais ne passe pas le premier anniversaire de son élection à la présidence de la république au Sénégal. Macky Sall, qui se trouve actuellement à Nouakchott pour les besoins de la 15e conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (Omvs), ne sera de retour à Dakar que le 29 mars prochain, après un passage à Durban pour prendre part au 5e sommet des BRICS (Brésil-Russie-Inde-Chine et Afrique du Sud) et un tête-à-tête avec le président Barack Obama. Ainsi, le président Sall ne sera à Dakar que quatre jours après la première date commémorative de son élection. Élu chef de l’État avec 65% des suffrages, Macky Sall s’engageait à bâtir son règne sous l’assise de la rupture dans un État « sobre » dont l’action est exclusivement orientée vers l’émergence. Pour ce faire, le successeur de Me Abdoulaye Wade a tracée une trilogie de priorités qui devrait guider son action : « l’agriculture, l’énergie et les infrastructures ». Aux côtés de ce triptyque, d’autres urgences devraient guider les pas de Macky Sall dans cette danse du premier mandat qu’il a promis d’abréger. Mais, hormis la révolution fiscale née de la révision du code général des impôts, la traque des biens mal acquis et son corollaire, les honneurs rendus au drapeau national tous les premiers lundis du mois et la promesse d’une couverture médicale universelle, Macky Sall patauge entre une volonté de rupture et une continuité camouflée dans la gouvernance. En atteste la prise en charge de ses trois premières priorités.
Mille ans derrière l’autosuffisance alimentaire
En premier plan de son action, le chef de l’État promet la modernisation de l’agriculture qui devrait être l’un des piliers de la croissance (4,3 % projeté contre 3,7%) que devrait porter les secteurs primaire et secondaire. Dans cette perspective, près de 133 milliards de francs Cfa des ressources budgétaires ont été alloués à ce secteur. La reprise devrait commencer cette année après le sombre épisode de la crise alimentaire au Sahel qui n’a pas épargné le Sénégal. L’amorce semble bonne avec une hausse de près de 45% du budget du Ministère de l’Agriculture et du Développement rural. À cette volonté politique chiffrée, s’ajoute la décision de l’État de porter le prix du kilogramme d’arachide à 190 francs. Comble de bonheur pour le monde rural, la campagne de commercialisation de l’arachide a atteint un niveau de réussite sans précédent avec « l’invasion » des acheteurs indiens et surtout chinois, prêts à débourser jusqu’à 250 francs pour un kilogramme d’arachide. Toutes conditions qui ont fait des agriculteurs de « nouveaux dieux », malgré les réticences des huiliers sénégalais, clients originels des paysans. Néanmoins, cette montée de l’arachide, ajoutée au bon niveau de récolte dans la vallée, ne garantissent pas la réussite de la première priorité de Macky Sall dans sa première année de gouvernance. L’agriculture qu’il veut mécaniser (avec une première promesse de 1000 tracteurs et divers autres équipements ruraux en perspective de la prochaine campagne agricole), garde les éclaboussures indélébiles héritées des années passées. Outre le manque d’infrastructures, l’inaccessibilité de la terre, le défaut de ressources humaines et financières freinent le départ d’une autosuffisance alimentaire.
Énergie, le mal dans l’électricité
L’accession de Macky Sall au pouvoir n’a pas dissuadé les coupures d’électricités, à la fois longues et intempestives. Au contraire, après un trimestre d’accalmie sous Wade, les délestages ont repris leur cycle infernal au lendemain avec la suppression du plan Takkal pour des raisons…économiques. Aujourd’hui, même si les coupures de courant ont une tendance baissière, il n’en demeure pas moins que le sous-secteur de l’électricité constitue toujours un fardeau socio-économique avec la hausse dérobée des factures d’électricité, malgré la tarification qui reste inchangée. Une situation qui devrait s’accentuer avec la suppression progressive de la subvention (25 milliards ont déjà été annulés cette année) de l’électricité envisagée par l’État, sur injonction des institutions financières internationales qui prônent la « vérité » des prix. Et, le recours à la « modulation » qui devrait amoindrir le choc de cette hausse que devra supporter les plus nantis peine encore à convaincre de sa pertinence. Ainsi, malgré les ressources allouées au budget du Ministère de l’Énergie qui a battu le record des hausses avec près de 700%, le mal reste dans l’électricité.
Infrastructures, les chemins de Wade
Au plan infrastructurel, Macky Sall n’a visiblement pas de choix. Pour l’atteinte de ce troisième objectif, il est plutôt « obligé » de suivre les chemins déjà tracés par son prédécesseur. Qui, sur ce plan, au moins a pris une bonne longueur d’avance et ne sera que difficilement rattrapable. Ainsi, à ce niveau, les priorités de l’actuel régime consisteront sans doute à la correction, à l’adaptation et au relookage de certains projets infrastructurels. D’ailleurs, le budget alloué aux infrastructures est le seul à connaître une baisse (plus de 15% par rapport au budget précédent) parmi les trois premiers secteurs prioritaires du régime. Aux côtés de ces trois priorités, d’autres urgences ont été particulièrement déroulées au cours de cette première année de gouvernance de l’après-Wade.
Macky Sall : « Fuyez la demande sociale »
Dès les premières qui ont suivi son installation au pouvoir, Macky Sall avait relativement tenu la promesse de réduire les prix de certaines denrées de consommation courante. En l’occurrence, le riz, l’huile le lait mais aussi et surtout le sucre, avaient connu une légère hausse. Néanmoins, cette baisse des denrées de première nécessité, saluée à sa juste proportion par les populations, fera long feu. Progressivement, les prix desdits denrées ont légèrement augmenté à défaut de reprendre leurs cours initiaux. Dans la même veine, la première année de Macky Sall au pouvoir n’aura pas été une année « sociale ». Le chef de l’Apr, abordant la pertinence de la réactivation de la loi sur l’enrichissement illicite n’avait pas hésité à inviter ses camarades de l’Apr présents à l’université d’été des jeunes républicains à Mbodiène, de « fuir la demande sociale (sic) ». L’idée était selon lui, de ne pas « tomber sous le coup de l’Ofnac (office nationale de lutte contre la fraude et la corruption) qui est mise en place pour (nous) ». À cela s’ajoute la « mère des pénuries », celle de « l’argent » qui « ne circule plus » dans une économie plombée par une dette intérieure qui refuse de littéralement quitter sa barre initiale de 700 milliards de francs Cfa.
L’année de la justice
La première année de Macky Sall au pouvoir aura sans doute été celle de la Justice marquée principalement par la réactivation de la Cour de répression de l’enrichissement illicite et de la loi de 1981 sur l’enrichissement illicite. Cette première année est faite de procès intentés par l’État et ses démembrements et surtout d’une longue procédure ouverte dans la perspective du recouvrement des bien présumés mal acquis. Cette action, avec tous les questionnements qu’elle a suscités, ne laisse déjà aucune place à la brillance de cette volonté de l’État de remédier au manque d’infrastructures judiciaires, au défaut de ressources humaines, à la modernisation de la justice.
Institutions, priorité à la période pré « Assises »
Au plan institutionnel, la suppression du Sénat aura été la première « révolution » du président Macky Sall, avant l’effectivité de la baisse des deux années dans son mandat. L’application de la parité sur les listes électorales aux Législatives de juillet 2012 a été également une marque distinctive de cette première année de Macky Sall au pouvoir. À cela s’ajoutent les travaux de réflexions de la commission nationale de concertation sur la réforme des institutions (Cnri) dirigée par le doyen Amadou Mahtar Mbow. Cependant, au plan institutionnel, Macky Sall a déjà annoncé la couleur d’une rupture qu’il veut « à sa façon ». Loin des « exigences » des Assises nationales, il s’est arrogé le droit de rester chef de l’État et chef de parti. Aussi, le successeur de Wade a littéralement craché sur la proposition du « peuple des Assises » qui prône la relégation du régime présidentiel au bénéfice d’un régime parlementaire.
6 Commentaires
Sen=gal
En Mars, 2013 (10:16 AM)Cheikh Bi
En Février, 2024 (16:49 PM)je le vois remporter ce scrutin 🇸🇳
Cheikh Bi
En Février, 2024 (16:49 PM)je le vois remporter ce scrutin 🇸🇳
Cheikh Bi
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Cheikh Bi
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Cheikh Bi
En Février, 2024 (16:50 PM)je le vois remporter ce scrutin 🇸🇳
Pro-sonko
En Février, 2024 (16:51 PM)DÉTHIÉ FALL 2024🇸🇳🇸🇳🇸🇳🇸🇳
Pro-sonko
En Février, 2024 (16:51 PM)DÉTHIÉ FALL 2024🇸🇳🇸🇳🇸🇳🇸🇳
Pro-sonko
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111
En Février, 2024 (16:52 PM)Bolé woul dara ki wakh🇸🇳
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111
En Février, 2024 (16:52 PM)Bolé woul dara ki wakh🇸🇳
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En Février, 2024 (16:52 PM)Bolé woul dara ki wakh🇸🇳
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111
En Février, 2024 (16:53 PM)Bolé woul dara ki wakh🇸🇳
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L’observateur
En Février, 2024 (16:56 PM)Attention à ses percés il est trop intéressant son profil
Sénégalaise ????????
En Février, 2024 (16:58 PM)je vois ses hommes partout dans la Diaspora
Son maillage territorial exceptionnel
Sénégalaise ????????
En Février, 2024 (16:59 PM)je vois ses hommes partout dans la Diaspora
Son maillage territorial exceptionnel
Non Au Dialogue
En Février, 2024 (17:02 PM)comprendras qui pourra
Dieug
En Mars, 2013 (10:34 AM)Borom Gualem Gui
En Mars, 2013 (10:43 AM)Kilifa
En Mars, 2013 (10:48 AM)La Rupture
En Mars, 2013 (10:59 AM)Kilifa
En Mars, 2013 (11:10 AM)Participer à la Discussion