Après le journaliste Abdou Latif Coulibaly, c'est au tour de Ansoumana Badji de préconiser la tenue d’un référendum d’autodétermination en Casamance, pour savoir ce que les populations locales pensent du conflit qui mine la région méridionale depuis plusieurs années. Dans ce dessein, M. Badji, qui dispute le poste de Secrétaire général du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) à Jean-Marie François Biagui, a adressé une lettre à Jean Ping de l’Union africaine (Ua) et à Ban Ki Moon de l’Organisation des Nations-unies (Onu). Il s’en explique dans cet entretien qu’il nous a accordé.
Vous avez, à travers une lettre envoyée à la presse, demandé à Jean Ping de l’Union africaine de superviser et d’organiser un référendum d’autodétermination en Casamance. Pourquoi subitement une telle décision ?
Merci. Je pense que le conflit a trop duré. Moi, je pense que la question relative à la Nation ne s’impose pas. Elle ne se décrète pas, non plus, mais se construit. Or, dans notre cas, entre le Sénégal et la Casamance, tout nous oppose. La culture, l’organisation sociale, les pratiques religieuses, la géographie, l’histoire, tout nous oppose. Et aujourd’hui, force est de constater que les Casamançais sont victimes de plusieurs injustices. Il y a d’abord la marginalisation de la Casamance, malgré son potentiel économique, la marginalisation de sa population à tout point de vue, la marginalisation de ses cadres au niveau des institutions de la République, la discrimination dans la redistribution des ressources nationales. Mais aussi la marginalisation des pratiques religieuses et traditionnelles de la Casamance. A cela aussi, il faut ajouter une absence préméditée de volonté politique pour une réelle prise en charge de notre territoire qui est la Casamance, le morcellement de cette entité, sous le prétexte de la décentralisation qui vise à diviser et à opposer les dignes fils de la Casamance.
Monsieur Badji, on sait que vous aviez conduit une délégation du Mfdc lors des premières négociations à Foundiougne. Après tant d’années de lutte, vous aviez l’occasion de poser toutes ces doléances. Pourquoi attendre aujourd’hui pour penser à organiser un référendum ?
J’y ai pensé au début, quand je suis venu au Sénégal. J’ai pensé qu’il y avait de la sincérité dans la démarche des autorités sénégalaises. Ensuite, on a essayé de me discréditer, on a fait comprendre au maquis que j’ai reçu beaucoup d’argent de la part des autorités du Sénégal. Ce qui est tout à fait faux, c’est très faux. On a dit que j’ai reçu beaucoup d’argent de la part du gouvernement sénégalais. Donc, le maquis m’en voulait ; ils m’en voulaient. Et puis, ils ont torpillé les négociations, on n’a pas laissé les négociations continuer. Donc, voilà pourquoi je n’ai pas pu m’exprimer à l’époque.
On sait également qu’il y a eu en 1993, à la demande de l’Abbé Diamacoune, l’arbitrage de la France avec Jacques Sarpi, sur certaines questions que vous évoquez dans cette lettre. Apparemment, vous n’êtes pas satisfait de la décision ?
S’il y a eu un contre-témoignage d’Abbé Diamacoune, nous vraiment, nous nous en félicitons. Sarpi n’a dit que ce qui l’engageait ; et ce que Sarpi avait dit n’engageait que Sarpi.
Ne pensez-vous pas qu’il y a un risque par rapport à l’avenir de votre lutte, si toutefois les populations venaient à voter le contraire de ce vous pensez ?
Non. Je pense que non. Ça mettra un terme à la guerre si les populations se prononcent pour un non. Le Mfdc acceptera cette volonté populaire. Je vous le garantis.
Mais, ne faudrait-il pas d'abord que le Mfdc parle d’une seule voix ?
Vous comprendrez que cette division dont vous me parlez n’est pas l’apanage du Mfdc. Au contraire, tout le Mfdc, sans exception, va dans ce sens. Les gens veulent la fin du conflit en Casamance, et le seul moyen d’y parvenir, c’est d’organiser un référendum. Le référendum pourra départager, et ce sont les populations casamançaises qui vont se prononcer, parce que le problème, c’est quoi ? Et là, je le dis une dernière fois. Le problème entre le Sénégal et la Casamance, c’est le syndrome d’un problème de fond, c’est un problème politique.
Comment expliquez-vous la recrudescence de la violence depuis quelque temps sur le terrain ? La situation ?
Bien sûr, les gens veulent la libération de la Casamance. Cette situation va continuer tant que la Casamance ne sera pas libérée. Seulement, par le dialogue, ils ont voulu brouiller les cartes. Ils ont voulu m’assassiner une fois, et voilà, ça n’a pas marché. Là, il faut qu’on fasse un référendum pour que les gens se déterminent.
Votre démarche risque de ne pas aboutir, si l'on sait que l’État a toujours refusé d’internationaliser ce conflit...
L’État va accepter. Il n’a pas les moyens de dire non. L’État va accepter. S’il n’accepte pas, il prendra toutes ses responsabilités.
Quand est-ce que vous comptez organiser ce référendum ?
J’attends la réponse, parce que je n’ai pas seulement écrit à Jean Ping. J’ai également écrit à Ban Ki Moon et à des membres de l’Union européenne.
21 Commentaires
Casa
En Février, 2011 (12:40 PM)Diop
En Février, 2011 (12:54 PM)Where
En Février, 2011 (12:59 PM)Lollllllllllllllllll
En Février, 2011 (13:09 PM)Acd
En Février, 2011 (13:11 PM)Ragal
En Février, 2011 (13:11 PM)Pif
En Février, 2011 (13:12 PM)ET je profite de locasion pour faire savoir a yaya djameh kil fasse attention car nous sommes au courant de ses agissements dans le sud
Metso77
En Février, 2011 (14:41 PM)Bigman
En Février, 2011 (15:05 PM)Il fallait commencer par là: demander d'abord aux populations de Casamance si elles veulent être embarquées dans votre histoire de rebellion; je suis Casamançais de père et de mère eux mêmes Casamançais, mais je ne me suis jamais senti concerné par votre mouvement indépendantiste; je me sens Sénégalais à part entière;Or, vous avez engagé, à mon nom et aux noms d'autres casamançais qui ne désirent que vivre dans un Sénégal harmonieux et en paix, un combat sans issue, qui a retardé notre belle région de plus de 30ans! et ceci sans jamais vous poser la seule question qui vaille! les casamançais veulent ils de cette indépendance?
Je vous plains, vous et vos semblables!
Sen Correspond D'afghanistan
En Septembre, 2021 (14:05 PM)Golo
En Février, 2011 (15:18 PM)Lila
En Février, 2011 (15:31 PM)Ragal
En Février, 2011 (16:20 PM)Fall
En Février, 2011 (18:47 PM)Oms
En Février, 2011 (19:12 PM)Oms
En Février, 2011 (20:11 PM)Deg Deug
En Février, 2011 (03:18 AM)Djambaar
En Février, 2011 (03:18 AM)Comme l'avait dit le Général Dieng,jusqu'à ce qu'il n'est qu'un Djambaar vivant même bléssé,les rebelles n'auront jamais gain de cause wakhoumalak reférendum!
Pourquoi ils ne veulent pas affronter l'armée de face et vont attaquer leur parent Joola?
Lo réndi sa lokho lay nathie !
Les politichiens nguir yalla, laisser les militaires faire ce pourquoi ils sont payés !
Niokhor
En Février, 2011 (03:28 AM)pensez rejoindre ce fou de Yaya djamet dans son royaume bananiere vous vous trompez parce que lui on va bientot lui regler son probleme
on lui prepare une place a reubeusse et retablir la democratie dans sont village la gambie
Holar
En Février, 2011 (17:15 PM)Bourbadjollof
En Février, 2011 (14:47 PM)Osolane
En Mars, 2012 (16:39 PM)Participer à la Discussion