Démission d’Abdoulaye Niang: Le double langage du Gouvernement

A quoi joue le gouvernement ou plus précisément Macky Sall en précédant, ce jeudi, au limogeage du directeur de la Police nationale ? C’est la question qu’il convient de se poser, après l’acte notoire posé par l’exécutif dans le duel qui oppose le commissaire Keita, ex-directeur de l’Ocrtis, à Abdoulaye Niang. Une affaire de trafic de drogue qui éclabousse la haute hiérarchie policière. En effet Abdoulaye Niang vient de perdre la première manche, étant donné que le pouvoir n’a pas hésité une seconde, à le démettre, soi-disant pour lui permettre de « pouvoir se défendre devant la justice », et par la même occasion « défendre son honneur », selon les propos du porte-parole du gouvernement.

Dès lors, on peut se poser la question de savoir ce qu’il y aurait de compromettant dans le rapport de la Direction de l’Inspection des Services de Sécurité (Diss) remis au chef de l’Etat, pour qu’il procède à la décision de débarquer Abdoulaye Niang de son poste de directeur de la police. De même, ledit rapport se veut un réquisitoire contre le commissaire Keita et ses révélations qui l’exposent à une sanction à la fois disciplinaire et pénale. «L’insubordination, la violation de l’obligation de réserve, l’offense au chef de l’Etat et l’insulte à des institutions de la République (chef de l’Etat, ministre de l’Intérieur…) », entre autres griefs retenus contre Keita. En d’autres termes, Niang est « clean », bien qu’il ait été démis à cause de ces mêmes révélations. Ce qui donc s’apparente comme un double langage du gouvernement, car l’on ne saurait d’une part, balayer d’un revers de main ces accusations « mensongères » tout en les prenant compte pour justifier la démission du mis en cause, à savoir Abdoulaye Niang. De deux choses l’une : ou Niang est coupable de ce dont Keita l’accuse et sa démission se justifie, ou alors il est innocent et dans ce cas, rien ne justifie sa démission. Il reste en poste et se démet de lui-même afin de se mettre à la disposition de la justice.