JOAL-FADIOUTH - Le maire socialiste Paul Ndong aux populations : «Pour régler nos problèmes, donnons à Wade 20 ou 30 ans encore»

Le maire socialiste de Joal-Fadiouth, Paul Ndong, non moins frère du ministre libéral Joseph Ndong va-t-il rejoindre les prairies bleues, avant les prochaines élections ? Rien n’est sûr. Son speech prononcé devant le chef de l’Etat, lors de l’inauguration du pont de Joal-Fadiouth, a laissé des populations et pas mal d’observateurs locaux dubitatifs. L’échange de bons procédés entre les deux hommes incite à la prudence quant au futur comportement politique du maire socialiste.

Ceux qui avaient estimé que la visite du chef de l’Etat à Joal-Fadiouth où il a inauguré le nouveau pont de la localité, était inopportune avaient tout à fait raison. Et Me Wade l’a appris à ses dépens. En effet, contrairement aux autres localités où le «Pape du Sopi» n’a vu que des foules, malgré la manifestation de mécontentement des populations, à Joal-Fadiouth, par contre Joseph Ndong et ses «frères» ont eu du mal à mobiliser leurs militants. C’est un Président Abdoulaye Wade, apparemment, pas du tout satisfait qui a foulé le sol de Fadiouth, fief du Parti socialiste, par excellence, pour inaugurer le nouveau pont de la ville. Et, comme pour montrer à son protégé de ministre, Joseph Ndong, par ailleurs secrétaire général de la fédération Pds du département de Mbour, qu’il n’était pas content de lui, Wade a, tout simplement, préféré jeté son dévolu sur le maire de la commune Paul Ndong.

WADE SEDUIT PAR PAUL NDONG

«Vous n’avez pas eu le temps, en deux jours, de tout préparer et de faire venir vos parents, mais ça n’a aucune importance. L’essentiel, c’est de savoir que les réalisations étaient désirées par les populations», lance-t-il à l’endroit du maire de Joal, au détriment de Joseph Ndong. Tombé sous le charme de l’amour et le respect que les joaliens et les fadiouthiens vouent à leur édile, le chef de l’Etat n’hésitera pas à jeter des fleurs à Paul Ndong qu’il juge très modeste. D’après lui, «quand vous aviez gagné contre nous, lors des dernières municipales, je me suis dis, dans le fond -je ne l’ai pas dis à Joseph Ndong- mon ambition pourra être réalisée avec l’actuel maire (Paul Ndong). Parce que je sais que c’est un homme qui aime son terroir, un patriote sénégalais, un homme induit de sa culture et fier de sa culture. Un travailleur, qui rêve aussi de faire des réalisations dans sa commune qu’il voulait amener à des niveaux, qui le placeraient dans la même catégorie que les grandes villes», a déclaré Me Wade dont ses propos sont, diversement, analysés par les connaisseurs politiques qui y voient une main tendue du secrétaire général national du Pds, qui cherche à déboulonner le patron des socialistes de Joal-Fadiouth.

D’ailleurs, en écoutant les propos de Paul Ndong, ceux-ci peuvent être pris au sérieux.

«UN GUIDE CHOISI ET AVISE DE SON PEUPLE SOUVERAIN»

En souhaitant la bienvenue à son hôte, M. Ndong en a profité pour faire le bilan de l’Alternance. Et, à l’en croire, Wade est «le guide choisi et avisé de son peuple souverain, comblé par autant de réalisations dans tous les secteurs de la vie économique, éducative, sanitaire, sociale, culturelle, voire politique», soutient-il avant d’ajouter : «Tout se passe comme si les Présidents Wade et Senghor, dans une confidence mystique, ont décidé de poser l’acte de pérennisation de leur complicité de leur complicité active et positive de toujours.» L’héritier de Senghor, dans sa ville natale, qui estime que c’est là toute la symbolique de la visite de Wade à Joal-Fadiouth où, de l’avis de M. Ndong, les populations l’ont accueilli «à la dimension de sa stature d’homme d’Etat, de pardon, de rassembleur. Nous aurions souhaité, pour cet accueil amical et cordial, vous offrir, à la place des tapis rouges occidentaux, le décor pittoresque à l’ombre verte de la véranda», lui chante-t-il.

Selon le maire de la ville aux coquillages, «le 19 mars 2000, le verdict des urnes et non moins divin tomba. Me Wade fut élu, de façon démocratique et apaisée, contre toutes les attentes. C’est là où j’ai eu ma première palpitation», révèle-t-il, tout en précisant que c’est à partir de là qu’il a posé des actes révélateurs «encore une fois, de (son) credo à la démocratie». «Mais, au demeurant, le plus important aura été votre définition d’une vision pour le Sénégal. Laquelle s’est traduite, dans les faits, par de multiples réalisations dont Joal-Fadiouth a pu bénéficier», se réjouit Paul Ndong. Ce dernier lance à l’attention de Me Wade qu’en agissant de la sorte, pour les populations de sa commune, le chef de l’Etat a «compris que de tous les combats, seul vaut le combat pour l’homme».

TROIS DOLEANCES DE JOAL

Et contrairement à ses populations, qui espéraient beaucoup du régime de l’Alternance, la maire de Joal-Fadiouth n’a eu que trois doléances à soumettre au chef de l’Etat. Il s’agit d’un bus pour le transport des élèves du Lycée Léopold Sédar Senghor, deux Cases des Tout-Petits, dont une à Joal et une autre à Fadiouth et, enfin, un canal qui pourrait drainer les eaux de ruissellement. «Ceci aurait le double avantage d’enrayer le douloureux problème des inondations, tout en permettant l’émergence des bassins de rétention, qui serviraient aux jeunes de Joal-Fadiouth, Ndianda et Fadial, de support pour les cultures maraîchères. Ce serait là notre contribution au plan Reva», indique M. Ndong non sans poursuivre : «Autant de grands peuples nourrissent de grands destins, autant les grands hommes portent sur leurs frêles épaules ces grands destins. Le Sénégal demeure un grand peuple et vous êtes un grand homme», martèle-t-il. Il estime que les problèmes des Sénégalais ne peuvent pas se régler en sept mois. «Le Président est là pour tout le Sénégal. Si nous voulons qu’il règle les problèmes, il faut lui donner le temps encore pour 20 ou 30 ans», suggère Paul Ndong qui est, pourtant, annoncé comme tête de liste départementale de la coalition «Jam ji».

Mais, la question que sont en train de se poser les populations et autres politiciens est de savoir si le maire de Joal ne va pas rejoindre le camp de Wade dont son seul souci dans la Petite-Côte est de décrocher le maire de la ville natale de Senghor.