NETTALI- Il y a très longtemps que Talla Sylla n’avait été aussi dur que le président Abdoulaye Wade et son régime. Et en d’autres circonstances, nul doute que le patron de l’Alliance Jëf-Jël pourrait bien se retrouver en prison pour moins que ça. C’est que plusieurs raisons poussent aujourd’hui le régime libéral à y réfléchir par deux fois avant de décider d’envoyer en prison un leader politique de la trempe de Talla Sylla.
« Wade est un criminel. » C’est la déclaration faite le week-end dernier par Talla Sylla qui était en déplacement dans la banlieue de Dakar, plus précisément à Pikine où il a rencontré les militants de son parti. Une déclaration qui a, d’ailleurs, été reprise par différents quotidiens dakarois dans leurs livraisons de lundi. Pis ou mieux, le président de l’Alliance Jëf-Jël est allé jusqu’à demander aux Sénégalais de s’organiser dans les quartiers pour mettre un terme au régime de Wade qui, pourtant, avait été démocratique installé suite aux élections présidentielles de 2007.
D’ailleurs, après cette sortie de Talla Sylla, d’aucuns avaient craint le pire pour ce leader politique célèbre par son discours sans concession, mais aussi pour avoir été nuitamment agressé par des hommes identifiés comme étant membres de la garde rapprochée du président Abdoulaye Wade.
Pourquoi alors Talla Sylla peut ainsi se permettre de s’attaquer aussi frontalement au président Abdoulaye Wade sans courir le risque d’aller en prison, ne serait-ce que pour offense au chef de l’Etat ? « L’attachement » de Wade à la liberté d’expression est loin de tout expliquer. D’ailleurs, Wade, lui-même, a déjà déclaré, selon la presse sénégalaise, qu’il ne ferait pas au leader de Jëf-Jël le plaisir de l’envoyer en prison. En fait, c’est parce que le chef de l’Etat est conscient que dans ce contexte de tension qui règne dans le pays depuis sa réélection, il serait aventureux d’envoyer Talla Sylla en prison. En réalité, ce serait un bon prétexte pour l’opposition de descendre dans la rue. Le cas des jeunes socialistes arrêtés puis libérés, après les menaces de Barthélemy Dias et compagnie, est là pour en attester. Il s’y ajoute que le régime de Wade a déjà un détenu pour « délit d’opinion ». Il s’agit du journaliste El Malick Seck, directeur de publication du journal 24 Heures Chrono.
En outre, Abdoulaye Wade ne souhaite certainement pas faire de Talla Sylla l’élément autour duquel pourrait se retrouver le « Front Siggil Senegaal » et ses anciens ( ?) « fils » que sont Macky Sall et Idrissa Seck. Car, un tel rapprochement pourrait facilement aboutir à une coalition pour les locales à venir. Coalition forcément lourde de danger pour le régime.
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