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Politique

Mamadou Diop Decroix, ancien ministre d’état : «Les menaces de Macky ne nous empêchent pas de dormir»

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Mamadou Diop Decroix, ancien ministre d’état : «Les menaces de Macky ne nous empêchent pas de dormir»

Signataire de la motion de censure rejetée par l’Assemblée nationale, le député Mamadou Diop Decroix n’est pas pour autant déçu par le résultat. Il trouve par contre scandaleux, le système de vote qui est loin d’être secret et du coup influence négativement le scrutin. Quant aux démissions enregistrées dans les rangs de son parti, Decroix relativise et parle d’une recomposition politique.


Wal Fadjri: Un membre de l'opposition vient d'être arrêté et traduit en Justice pour offense au chef de l'Etat suite aux menaces de ce dernier de ne plus permettre à quelqu'un de porter atteinte à l'image du chef de l'Etat. Qu'en pensez-vous ?


Mamadou DIOP Decroix : Mais, quel est le Macky qui parle ? Macky Sall, chef de parti, devant ses jeunesses apéristes ou Macky Sall, président de la République ? Dans le premier cas, il est chef de parti. Il n'a, à cet égard, aucun privilège qui le placerait hors d'atteinte alors que lui-même ne rate aucune occasion d'ajouter sa pincée de sel dans le débat, la polémique et la controverse. Dans le deuxième cas, en tant que président de la République, il doit être au-dessus des considérations de factions, de partis, de coalitions et de clans et rester le Président de tous les Sénégalais. Toutes les fois qu'il se départira de cette posture, l'opposition sera là pour riposter de la manière la plus adéquate possible. Enfin, et plus fondamentalement, le président de la République c'est qui, c'est quoi ? Se prend-il pour un Négus ou un Pharaon ? Pour finir sur cette question, le président Sall n'a qu'à tenir ses promesses électorales. C'est cela que le vaillant peuple sénégalais attend de lui. J'espère qu'il ne pense pas, un seul instant, que de telles menaces vont empêcher ses adversaires de dormir. Nous en avons vu bien d'autres… A sa place je mettrai plutôt en avant ces propos de Voltaire : «Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire». Ou encore, plus près de nous, ceux du Président Barack Obama : «En tant que Président de notre pays, et commandant de nos armées, j'accepte que les gens disent les pires choses sur moi chaque jour, mais je défendrai toujours leur droit de le faire».


Vous étiez parmi les signataires de la motion de censure rejetée par l'Assemblée nationale ce mercredi. Considérez-vous cela comme un échec ?


Pas du tout en ce qui me concerne. J'avais indiqué que la motion de censure était un instrument qui s'offrait à tous les députés, singulièrement ceux de l'opposition pour mener leur combat contre le pouvoir. Quand on est dans l'opposition, on doit jouer son rôle d'opposant. Et c'est mon cas. J'avais aussi dit que la motion ne passerait pas et que pour moi, l'objectif n'était pas et ne pouvait être de renverser le gouvernement Abdoul Mbaye vu la majorité écrasante dont il dispose au Parlement et au système de vote utilisé, mais que le mérite en serait qu'un certain nombre de questions importantes allaient affleurer et que le niveau de maturité de notre opinion publique allait en bénéficier, ce qui était important pour l'avenir. C'est exactement cela qui s'est passé hormis les invectives et les attaques en dessous de la ceinture qu'il faut déplorer mais qui font aussi partie du jeu et du décorum.


Vous avez été très laconique à la tribune. Une minute !


C'est simple à expliquer : 70 mn de temps global. Le groupe parlementaire du Pds dispose de 6 mn. Les onze députés non inscrits disposent de 5 mn. Le groupe Benno dispose de 59 mn. Ainsi donc, non inscrits et groupe libéral, nous n'avons que 15 % du temps de parole. Le groupe Bokk Yakaar quant à lui prend 85 % du temps de parole. C'est injuste. Tout comme le mode de scrutin que je dénonce depuis l'époque du parti socialiste. Avec 53 % des suffrages exprimés en juillet 2012, la liste Benno a raflé 80 % des députés au Parlement. Les 47 % d'électeurs sénégalais n'ont pu, eux, envoyé que 20 % des députés au Parlement. Tout cela relève d'une injustice inacceptable et insupportable. Je dénonce ce système du raw gàddu depuis l'époque du Ps. Je l'ai dénoncé sous Wade et aujourd'hui encore je le dénonce.


Qu'en est-il du système de vote que vous évoquiez tantôt ?


Ah oui ! Lorsque, sur votre petit écran, vous voyez un député mettre une enveloppe dans l'urne, vous avez la certitude qu'il s'agit d'un vote secret. Il n'en est rien. Figurez-vous que dans l'enveloppe que nous mettons dans l'urne, se trouve un bulletin sur lequel sont mentionnés, en toutes lettres, le nom et le prénom du député qui vote. Vous ne rêvez pas, il en est ainsi. Les bulletins sont préparés bien avant la séance et distribués au début de celle-ci. Chacun reçoit un bulletin pour le oui, un bulletin pour le non et un bulletin pour l'abstention mais, sur chacun de ces bulletins, figurent, comme je l'ai dit, le nom du député et son prénom en toutes lettres. Si bien qu'au moment du dépouillement, on sait exactement qui a voté pour la motion, qui a voté contre la motion et qui s'est abstenu. Je ne suis pas sûr que sans ce système, scandaleux à tous égards, le résultat du scrutin aurait été ce qu'il a été ce mercredi. Je ne dis pas que le gouvernement allait être censuré, mais les résultats pourraient être bien différents de ce qu'ils ont été. Nous nous parlons entre députés vous savez... En tout état de cause, j'ai adressé une lettre au Président de l'Assemblée pour demander la mise en place d'une commission pour réviser de fond en comble le règlement intérieur de l'Assemblée nationale pour dégager tout ça. Il y a trop de reliques qui gangrènent encore notre système démocratique et qui l'empêchent de vivre pleinement sa maturité. Ce sont les combats de la véritable rupture. Autrement, ce ne sont que des combats verbaux et verbeux, dans la continuité qui vous donne l'illusion enivrante que vous reconstruisez le monde.


«Ils ont lancé ce qu'ils appellent la traque des biens mal acquis ici au Sénégal. Les Tchadiens veulent, eux aussi, que les milliards soustraits par Habré du trésor public leur soient retournés. L'on ne peut soutenir la première exigence et rejeter la seconde.»


Comment avez-vous ressenti la réponse musclée du Premier ministre aux signataires de la pétition ?


Écoutez, le Premier ministre est un homme intelligent. Il s'est moulé à merveille dans le schéma d'une motion de censure et a joué à fond sa partition. C'est aussi ça le système. Rôle pour rôle, Il a bien joué son rôle. Il est vrai que j'ai été surpris, par moments, par le ton et même le vocabulaire usités car Abdoul Mbaye ne m'avait pas habitué à ce style. Mais comme il le dit lui-même, il est vraiment à bonne école. Je suis signataire de la motion, mais j'ai très bien pris sa sortie. Vous savez, quand on est rigide comme une colonne, on dit s'éloigner du combat politique démocratique. Le débat contradictoire, la controverse voire la polémique, voilà le propre des sociétés et des systèmes pluralistes, des systèmes libres qui respirent. Si vous enlevez ça, nous courrons tout droit vers ce que l'on voit ailleurs en Afrique hélas! Cela dit, il reste l'essentiel. Ils ont lancé ce qu'ils appellent la traque des biens mal acquis ici au Sénégal. Les Tchadiens veulent, eux aussi, que les milliards soustraits par Habré du trésor public leur soient retournés. L'on ne peut soutenir la première exigence et rejeter la seconde. C'est toute l'incohérence de la démarche que nous dénonçons sans cesse, c'est-à-dire la discrimination.


L'actualité aussi, ce sont ces hauts responsables qui quittent votre parti. Certains d'entre eux vous reprochent votre manque de fair-play. D'autres disent que vous n'aimez pas les critiques. Qu'en est-il ?


J'écoute tous ceux qui ont un avis à donner. Lorsque des divergences criardes sont notées, on va dans le sens de la majorité. Depuis des années, sans discontinuer, nous nous réunissons en Secrétariat permanent toutes les semaines. Et la séance dure des heures pendant lesquelles chacun s'exprime. Allez demander aux membres de cette instance comment les choses se passent. Cela vous donnera une idée exacte du caractère démocratique de nos débats. Il reste qu'au Sénégal, et ce n'est pas seulement dans les partis politiques, celui qui vous donne un avis le considère généralement comme un ordre à exécuter. Mais allons au fond de la question des départs. Une étude même superficielle du contexte montre qu'en réalité c'est toute la classe politique qui est entrée en recomposition profonde. Nous y reviendrons d'ailleurs en termes de théorisation car la période actuelle peut être caractérisée comme une transition d'un cycle politique qui aura duré prés d'un siècle à un autre cycle politique dont les contours et contenu ne sont pas encore entièrement dévoilés. De ce fait, les migrations qui sont observées sur le champ politique englobent mais dépassent la transhumance habituelle. Des personnalités reconnues de la société civile rejoignent les partis politiques. Des mouvements citoyens, qui se posaient naguère avec fierté comme négation des partis politiques, se transforment aujourd'hui en partis politiques purement et simplement. Pourtant, il y a seulement trois ou quatre années derrière, on ne vendait pas cher la peau des partis politiques et des politiciens voués aux gémonies et promis à une fin imminente. Il y a là des phénomènes très intéressants à analyser dans la perspective d'une bonne lecture des mutations en cours.


Pour en revenir à ces déménagements de manière concrète, on notera que ceux qui quittent leur parti, à quelques nuances près, entonnent toujours la même chanson : «Je suis frustré; le leader est un dictateur», etc. Des découvertes souvent bien tardives d'ailleurs. Cela dit, je respecte et regrette la décision de ces deux camarades qui sont partis. Mais je dois à la vérité de rectifier et de relativiser. Par exemple, l'un des démissionnaires, Mouhamadou Daff, est depuis près de deux ans, Président du Conseil d'Administration d'une importante structure de la place avec un gros salaire (je n'indiquerai pas le montant), un véhicule 4X4, un chauffeur, du carburant, une ligne téléphonique et j'en passe. Pourtant, quand on a voté, sur 7 200 suffrages exprimés, il a eu exactement 64 voix dans sa commune de Gounass et 281 voix sur plus de 58 000 suffrages exprimés dans le département dont il était la tête de liste soit 0,4 % des suffrages du département. Et Guédiawaye se place 39e sur 45 dans le classement des départements selon les résultats du parti. Le Secrétaire Général que je suis a bon dos mais, très franchement, quelle est ma responsabilité dans cet échec ?


«Il est apparu que l'on veut brandir le drapeau de la traque des biens mal acquis pour que flotte, en définitive, celui des règlements de comptes politiques. Lorsque le Pds sera liquidé parce qu'on l'aura laissé se battre tout seul, les autres forces politiques rescapées auront fort à faire à leur tour»


Vous semblez être rattrapé par les mêmes reproches que vous avez faits à Landing Savané lors de votre séparation.


Amalgame ! En 2007, il s'agissait d'élection présidentielle avec un seul candidat. En 2012, ce sont des élections législatives avec près de 300 candidats. Ça n'a rien à voir. Nous, en 2007, nous appelions à un congrès pour évaluer l'expérience de notre participation à l'élection présidentielle où notre candidat avait décidé de se présenter tout en étant ministre dans un gouvernement mis en place par Wade qui, lui-même, était candidat. En maintenant sa candidature et en refusant de démissionner du gouvernement, le Secrétaire général de l'époque hypothéquait toutes ses chances car un rejet du régime en place emporterait ipso facto son rejet par l'électorat tandis qu'un satisfecit irait directement au candidat sortant plutôt qu'à son ministre. En somme, il s'agissait d'une contradiction insurmontable et la débâcle n'a pas tardé. En 2012, quelle est la situation ? Nous avons soutenu un candidat à la présidentielle qui a été battu. Tirant les conséquences de la défaite, nous nous sommes installés tout naturellement dans l'opposition pour laisser ceux qui ont gagné gouverner. Et c'est à partir de notre posture d'opposants que nous avons présenté des listes autonomes aux législatives face aux grandes coalitions aux moyens financiers énormes et à la vague référendaire qui avait porté Macky Sall au pouvoir. En vérité, nous avons fait preuve d'un grand courage politique en décidant de planter notre propre drapeau, dans ces élections. Dans l'indépendance et l'autonomie de pensée et d'action. Et nous avons rallié le Parlement sous notre propre bannière, par notre propre train et non dans le wagon de qui que ce soit d'autre. Avec un parti qui a connu deux scissions importantes en l'espace d'un an sans compter le mode de scrutin inique, il n'y a nul doute que nos résultats sans être brillants (nous nous attendions à bien mieux), sont loin d'un échec. A présent, et c'était aussi un de nos objectifs dans ces élections, nous avons appréhendé toutes nos limites et avons identifié avec netteté les voies par lesquelles il nous faut désormais passer pour faire de notre parti l'un des premiers partis du Sénégal(…)


Vous avez appelé à la création d'un Front pour la sauvegarde de la démocratie et des libertés. Ne va-t-on pas vers un second Cpc ou un Benno Bis, quel sera son contenu ?


Oui, j'ai lancé, au nom de And-Jëf/Pads, un appel à toutes les forces de l'Opposition pour un vaste regroupement. Le Cpc et Benno ont été des regroupements positifs pour l'Opposition de l'époque, aujourd'hui aux affaires. Celle-ci, depuis 2001, a appris à travailler ensemble dans ces cadres, à se connaître et, cerise sur le gâteau, à gagner ensemble des collectivités locales (cf les locales de 2002 et 2009). Ce sont donc des expériences fort utiles pour la nouvelle opposition que nous sommes. Je rappelle que de 1998 à 2000, l'opposition que nous étions s'était aussi regroupée pour enlever le Parti socialiste du pouvoir. Donc rien de bien nouveau sous les cieux à cet égard. Quant au contenu, il est déjà défini par le nom : sauvegarder la démocratie et les libertés. Certains, je les vois, ont le sourire en coin en nous entendant parler ainsi. Ils auraient tort, profondément tort. Rappelez-vous les partis uniques du début de nos indépendances. Le multipartisme et le pluralisme de l'époque coloniale avaient été purement et simplement bannis dès la proclamation des indépendances au motif qu'il fallait regrouper toutes les forces vives de la nation pour construire rapidement nos pays et gagner la bataille du développement. Qu'en a-t-il résulté ? Le règne de l'autocratie.


Les partis uniques sont devenus pour ainsi dire dès leur naissance, des monstres surgis pour cannibaliser tout ce qui pouvait aller dans le sens de ce pourquoi on les avait créés, du moins théoriquement. Ils ont accentué la pauvreté et la misère et retardé nos pays qui se sont laissés distancer par ceux-là qui, en 1960, avaient pourtant le même Pib que nous. Ces partis uniques ont liquidé le régime démocratique dans nos pays et ont engendré la culture de la dissimulation et du mensonge dans l'élite intellectuelle, et bien d'autres méfaits comme la corruption, le détournement du bien public, etc. Ces partis uniques ont liquidé le régime démocratique dans nos pays et ont engendré la culture de la dissimulation et du mensonge dans l'élite intellectuelle, et bien d'autres méfaits comme la corruption, le détournement du bien public, etc. Alors aujourd'hui, on parle de traquer les biens mal acquis. Tout le monde applaudit, moi en premier. Mais très vite, il est apparu que l'on veut brandir le drapeau de la «traque des biens mal acquis» pour que flotte, en définitive, celui des règlements de comptes politiques. Lorsque le Pds sera liquidé (ce qui ne sera pas, croyez-moi, une mince affaire) parce qu'on l'aura laissé se battre tout seul, les autres forces politiques rescapées auront fort à faire à leur tour si elles veulent éviter de se ranger ou d'être juste des faire valoir d'un système dévoyé. Et va pour une autre longue période de mise en berne de nos aspirations à un mieux être et à la dignité. En lançant cet appel pour ce vaste front, c'est à ces dérives-là que nous pensons. Rechercher les biens publics est une juste cause mais la vigilance doit être de rigueur à tous les instants.


Croyez-vous faire mieux que l’ancienne opposition aujourd’hui au pouvoir ou ne craignez-vous pas tomber dans une imitation ?


Nous sommes condamnés à constituer une opposition crédible. C'est le seul apport que nous pouvons faire à notre peuple dans les circonstances actuelles. A ceux qui gouvernent, il leur revient de tenir les promesses pour lesquelles ils avaient été élus, dans la sérénité et la paix civile. Si chacun tient sa place, les vaches seront bien gardées.


Macky Sall peut certes avoir son avis sur les affaires mais il ne doit pas le dire, surtout pas en public, vu sa stature de clé de voûte des institutions. Tout cela, il faut bien le dire, fait désordre.»


Les audits battent leur plein et les anciens dignitaires se relaient à la gendarmerie. L'opposition parle d'acharnement, mais ne croyez-vous pas que les personnes citées doivent éclairer l'opinion et la justice sur leur fortune ?


Pas tous les anciens dignitaires. Et certains de ceux qui sont aux affaires aujourd'hui ? il est vrai que Macky Sall, président de la République n'est pas passible de poursuites mais quel est le Sénégalais qui ne se pose pas des questions sur l'origine des biens qu'il a mentionnés dans sa déclaration de patrimoine ? D'abord la méthode et le vacarme renvoient à l'acharnement. Ensuite, une question préalable se pose : C'est l'opinion ou la justice qu'il faut éclairer ? Vous dites bien l'opinion et la justice. Ambivalence. Si c'est la justice, à moins qu'elle ne soit une justice «populaire», sommaire, expéditive et sans appel comme nous en avons connu ailleurs dans le monde, il faut la laisser travailler dans la sérénité et la quiétude. Ce qui est le contraire de l'opinion. D'ailleurs, l'on perçoit cette ambivalence dans la démarche des autorités qui veulent satisfaire l'opinion tout en étant fort limitées par les exigences de la loi et du règlement. Par exemple, les extraits des procès-verbaux des auditions sont détenus par la presse, nous dit-on. Comment expliquez-vous cela ? Ceux qui sont à la base de ces fuites, qu'est-ce qu'ils recherchent ? Pourquoi tient-on tant à ce que l'opinion reste en haleine alors que, normalement, on devrait plutôt tenir à ce que les auditions se fassent sans tambour ni trompette ? Comment expliquez-vous que des membres du gouvernement qui, pour cette qualité, devraient être tenus par le devoir de réserve, s'épanchent sans limite et sans souci dans la presse, sur ces dossiers ? Même le président de la République entonne son refrain et va d'ailleurs plus vite que la musique en conseillant à ses anciens amis d'aller chercher de bons avocats alors que ceux-ci ne sont même pas inculpés. Il peut certes avoir son avis sur les affaires mais il ne doit pas le dire, surtout pas en public, vu sa stature de clé de voûte des institutions. Tout cela, il faut bien le dire, fait désordre.


Quel bilan faites-vous des neufs mois de Macky à la tête du pays ?


Dans le domaine de la politique extérieure, nous avons approuvé certaines décisions comme la réciprocité du Visa, la redéfinition de notre politique de bon voisinage. Sans la paix intérieure et la paix à nos frontières, parler de développement équivaudrait à vouloir réussir une agriculture sur des sols salés. Mais globalement, aucune visibilité sur les perspectives. Eux parlent de Yoonu Yokkute, les experts eux parlent du «document de politique économique et social 2011-2015» de novembre 2011. Regardez la campagne de commercialisation agricole. Les huiliers n'achètent presque pas car d'autres acteurs offrent des prix qui défient la concurrence... Les entreprises ne tournent pas et licencient du fait d'une dette intérieure énorme et qui tarde à être honorée. L'investissement fait défection et l'emploi avec, tout comme la production et la consommation. Justement s'agissant de la consommation, l'indice des Prix à la consommation du mois d'octobre 2012 montre que, par rapport à la période correspondante de l'année 2011, les prix à la consommation ont augmenté de 2,3 %. Le rapport des prix moyens des dix premiers mois de l'année 2012 sur ceux de la période correspondante de l'année 2011 laisse apparaître une hausse de 2,2 %. Bref, c'est la panne sèche.


Macky Sall est un ancien militant de Aj, êtes-vous prêt à rejoindre la mouvance présidentielle s’il fait appel à vous ?


Macky Sall a été militant à Aj pendant plusieurs années, ce qui ne lui a pas fait de mal d'ailleurs, apparemment. Cela dit, votre question relève de la science-fiction. Je dis souvent que le Président Sall a suffisamment de personnel pour travailler. Vu de loin, il dispose de ressources humaines de grande qualité. Je peux me tromper. Il faut donc le laisser gouverner et nous laisser nous opposer. Surtout ne pas souhaiter que se produise au Sénégal un contexte d'exception qui oblige Macky à nous appeler et qui nous oblige nous aussi à répondre à son appel. Ces situations d'exception, personne ne doit les appeler de ses vœux. Toutefois des relations empreintes de respect réciproque et de considération mutuelle peuvent et doivent exister entre nous car il y a tellement de liens extra politiques qui unissent les Sénégalais. Le statut de l'opposition que vous évoquiez tantôt pourrait y aider dans une certaine mesure. Et le changement de façon de faire dans ce que l'on appelle la traque des biens mal acquis.


Propos recueillis par Najib Sagna et Georges Nesta DIOP

 



13 Commentaires

  1. Auteur

    Abou

    En Janvier, 2013 (16:49 PM)
    c est un entretient tres riche et beaucoup d idees y sont developpees.
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  2. Auteur

    Xeme

    En Janvier, 2013 (16:54 PM)
    En vérité, il n'y a que Macky et ses 100 journalistes pour perdre le sommeil. La raison est simple. On ne peut tenir un pays par le mensonge. Le menteur ne mesure pas l'ampleur de sa tâche. Parce que pour chaque mensonge, il lui faut en créer 100 pour soutenir le premier. C'est un travail harassant, surtout lorsqu'on doit le mener pour 5 ans.
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    Auteur

    Dfg

    En Janvier, 2013 (20:13 PM)
    Gawa danou, il faut boire un verre de tamarin, le soir, et ne pas faire l'amour sous la lumiere, il faut eteindre la lampe...Le manque d'appetit il faut rester une semaine sans faire l'amour , et le jour ou vous devez faire l'amour acheter un sachet de café , et le boire à 17h puis à 18 h, ensuite croquer une noix de Kola rouge, pas blanche...

    le dysfonctionnement erectile aller voir un medecin, il va prendre votre tension et arreter la cigarette immediatement...
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    Auteur

    Weuss

    En Janvier, 2013 (09:29 AM)
    traitre ne survivra pas à la trahison

    quand tes proches collabos te quitte à la fin du butin Wadien ily'a à reflechir

    vous et votre bande avez liquider AJ pour du matos . aujourd'hui la paie  :-D  :tala-sylla: 
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    Auteur

    Xarebi

    En Janvier, 2013 (10:25 AM)
    tais toi et manges ce qui te reste.
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    Auteur

    Militant

    En Janvier, 2013 (11:38 AM)
    BRAVO CAMARADE SECRETAIRE GENERAL, CE TEXTE EST VRAIMENT INTERESSANT ET INSTRUCTIF
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    Auteur

    Iba

    En Janvier, 2013 (12:18 PM)
    Une contribution de haute facture. Il est toujours égal à lui-même ce Mamadou Diop Decroix: pertinent, concis, sans langue de bois
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    Auteur

    Alphambow

    En Janvier, 2013 (12:32 PM)
    honorable chaque jour que dieu fait tu deccois le peuple senegalais rappelle toi un peu le jour du rappel a dieu de notre regrettee mere a fatick coincidant avec votre defenestratoin du gouvernemet da lepoque comment tu avais maigri et tu ne pouvais meme pas marcher pour aller prier et au cimetier ndanga beugue ngour le vrai aj cest landing savane bon entendeur salut
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    Auteur

    Ouz

    En Janvier, 2013 (12:35 PM)
    Il a abordé toutes les questions d'actualité avec rigueur et compétence bravo Decroix
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    Auteur

    Militant Aj

    En Janvier, 2013 (12:44 PM)
    Les partants pensaient que le parti n'allait pas rester dans l'opposition. Après le bureau politique ils se sont rendus compte qu'il n'y aurait pas de transhumance. donc ceux qui pensaient continuer à bénéficier des prébendes du nouveau pouvoir s'en vont. l'opposition c'est pas facile mais nit day gore. croire en quelqaue chose, avoir un idéal. Sous Wade y a eu bcp de conneries mais le vieux a fait des choses formidables pour ce pays. ceux qui sont là entament leur 9ème mois au pouvoir et rien ne bouge. notre engagement pour le peuple doit donc décupler ainsi que notre unité et notre cohésion.
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    Auteur

    Kim

    En Janvier, 2013 (12:45 PM)
    C'est un grand homme d'Etat: il ne cessera jamais de nous régaler avec sa vision, sa clairvoyance d'esprit, et la pertinence de ses idées. Dommage que les sénégalais n'aient pas encore pensé à le porter à la tête du pays
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    Auteur

    Guélor

    En Janvier, 2013 (12:59 PM)
    Merci Mamadou Diop Decroix, le langage de la vérité est simple.



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    Auteur

    Ndiaganiao

    En Janvier, 2013 (13:03 PM)
    La vérité est fille du temps , les Sénégalais commencent à vous admirer



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