« Je nomme qui je veux » a furieusement déclaré Macky Sall.
Exact. Constitutionnellement, le chef de l’Etat a raison : il nomme aux
emplois civils et militaires les plus élevés. Toutefois, un processus
décisionnel est infiniment plus complexe et grandement plus délicat qu’un
discours (agacé) sur la décision ; notamment au sein de l’appareil
militaire. Un domaine névralgique devant l’Eternel, où le Président de la
république (chef des armées) sera très prochainement confronté au remplacement
du Général Abdoulaye Fall, dès la première quinzaine de novembre 2012.
Colonne vertébrale de la nation, modèle d’organisation réfractaire à
tout raté et réceptacle d’un héritage colonial et post-colonial, l’armée
sénégalaise fait figure d’institution loyalement immaculée et
professionnellement sublimée dans le pays et hors des frontières nationales.
C’est pourquoi, tout changement ou réajustement dans son commandement
cristallise l’attention des analystes, suscite la curiosité des observateurs
(attachés de défense des ambassades) et alimente la réflexion des experts issus
de pays ayant des accords de défense ou entretenant des relations de
coopération militaire avec le Sénégal. Sans oublier la vigilance aiguisée des
diplomates de pays voisins ou éloignés dont l’une des facettes de la mission –
ne nous voilons pas la face – est de s’informer tous azimuts. C’est encore
pourquoi Macky Sall est attendu sur la nomination du futur chef d’Etat-major
général des armées (Cemga). Et c’est enfin pourquoi les faits et gestes
présidentiels sont particulièrement épiés.
Force est de reconnaître que le casse-tête est réellement de taille. En
douze ans de pouvoir, Abdoulaye Wade a été le Père de la
« mexicanisation » de l’armée, c’est-à-dire de l’inflation des
Généraux et de l’obésité du commandement. En effet, des fournées de Généraux et
des constellations d’étoiles (Généraux de brigade, de division, de corps
d’armée, d’armée, et des Contre-amiraux) ont engendré des embouteillages dans
les états-majors des trois armes : terre, air et mer. Et, par voie de
conséquence, créé un gros bouchon au crépuscule des carrières. D’où l’écheveau
que son successeur Macky Sall est appelé à démêler dans quelques semaines. Avec
doigté. Et non avec la rage de nommer qui on veut. Car la nomination d’un chef
d’Etat-major général des armées peut se révéler plus ardue que la formation
d’un gouvernement.
D’emblée, il est bon et opportun de rappeler à Macky Sall, les trois
« C » qui président à la désignation d’un Cemga : compétence,
confiance et circonstances. La compétence découle en gros du CV. Même si un
homme peut valoir moins ou plus que ses diplômes. La confiance est totalement
discrétionnaire. Quant aux circonstances, elles sont tantôt contingentes ;
tantôt contraignantes. En tout état de cause, l’aréopage de Généraux (plus de
dix en activité) se prête à toutes les options, allant de la nomination d’un
Cemga de transition à la désignation d’un Cemga de rupture, pour employer un
mot qui fait florès sous l’ère Macky.
Dans cet ordre d’idées, il est tentant de passer au crible les profils
des remplaçants possibles et plausibles du Général Abdoulaye Fall. En les
scindant en deux lots, ce sont le Général Diawara du Groupement national des
Sapeurs Pompiers, l’Amiral Farba Sarr (marin spécialisé dans le renseignement) et
l’Amiral Ousmane Sall (dernier aide de camp du Président Abdou Diouf) qui – au
vu de leurs âges respectifs – se glissent d’office dans la peau de Cemga de
transition. Et de courte transition. Tous les autres officiers généraux
d’active sont nés entre le milieu et la fin des années 50.
Dans le second lot figurent le Général d’aviation Charlemagne Pereira
(actuel chef d’Etat-major de l’Air), le Général d’aviation Ousmane Kane
ex-attaché militaire à Washington, le Général des troupes de choc Balla Keita,
les Généraux d’infanterie Pape Samba Kamara, Saliou Ndiaye et Mamadou Sow alias
Noguass, le Général de cavalerie Alioune
Wade, l’Intendant-Général Sanghé Ndao, les Amiraux Mohamed Sané, Samba Fall ex-patron
des commandos-marins et Bara Cissokho (actuel aide de camp du Président Wade).
Au-delà des profils, affleurent les atouts des uns et les handicaps des
autres, nonobstant la compétence qui est largement partagée dans l’armée
sénégalaise. Moult raisons et / ou considérations pour lesquelles la décision
(vecteur du choix) du Président Macky Sall doit être fignolée en amont, avec
l’aide, non pas de courtisans et d’excités techniques, mais de conseillers
avisés ; puisque toute erreur sera impossible à rattraper. En effet, si le
mauvais choix est opéré, il sera contre-productif au double plan opérationnel
et psychologique ; s’il est corrigé peu de temps après, il sera
illustratif d’un cafouillage et d’un tâtonnement de la gouvernance au sommet de
l’Etat, c’est-à-dire dévastateur pour l’image du Président.
Au cœur des supputations, se trouve le Général d’aviation Ousmane Kane
fraîchement promu et remplacé à Washington par le Colonel Kébé de
A contrario, son collègue aviateur Charlemagne Pereira a le double
avantage d’appartenir à une double minorité : mandjaco-cap-verdienne et
chrétienne. A ce double titre, il est un élément tampon, stabilisateur et
rassurant. Par ailleurs, il affiche un patriotisme ardent, puisque des offres
de carrières financièrement alléchantes n’ont pas manqué dans l’aéronautique civile
pour ce brillant pilote. Toutefois, le poids écrasant de l’armée de terre
(volume des effectifs et présence hégémonique sur le théâtre des
opérations ; notamment en Casamance) rognent les chances de l’aviation qui
n’a donné qu’un seul chef d’Etat-major à l’armée, le Général Mansour Seck, à la
fin des années 80.
Du coté de l’armée de terre (infanterie, artillerie, cavalerie et génie
confondus) Macky Sall aura l’embarras du choix face au wagon de Généraux légués
par Wade. Les parcours étant globalement remarquables pour tous ces képis
constellés d’étoiles, le second « C », autrement dit le critère de
confiance, sera alors déterminant. Le déroulement des opérations en Casamance
est aussi un paramètre qui joue davantage en faveur de l’infanterie que de
l’artillerie ou de la cavalerie. Dans le sud du Sénégal, l’infanterie (épaulée
par le renseignement) est la reine voire l’impératrice des batailles. Pour
boucler la panoplie des paramètres, citons subsidiairement la cote des Généraux
(mélange de crédibilité et de popularité) à la bourse des garnisons, des
popotes et autres cercle-mess. Evidemment, il s’agit là d’une considération
très secondaire dans une armée sénégalaise qui n’a rien à voir avec l’Armée
Rouge où le soviet des soldats intervenait dans la promotion des officiers
supérieurs.
Quant à
Un mot sur le patron de l’Intendance, le Général Sanghé Ndao. Ses
chances sont historiquement réduites par un autre Général (Charles De Gaulle)
qui aimait dire : « L’intendance suivra ». Donc, elle ne précédera
pas. Par conséquent, ne présidera pas, de sitôt, aux destinées des armées.
L’après Abdoulaye Fall offre au Président de la république l’occasion
d’élaguer un hiérarchie trop touffue, par une cure d’amaigrissement de nature à
rendre plus flexible l’outil militaire. La leçon malienne est à méditer :
l’armée du Mali n’est-elle pas, en partie, morte de l’obésité de son
commandement ? Nous reviendrons prochainement sur ce volet.
55 Commentaires
Gobi
En Septembre, 2012 (11:07 AM)Raison D'etat
En Septembre, 2012 (11:28 AM)Thosa
En Septembre, 2012 (11:44 AM)Harupeulpeul
En Septembre, 2012 (11:46 AM)Exspère
En Septembre, 2012 (12:02 PM)Rudy
En Septembre, 2012 (12:02 PM)Zeut
En Septembre, 2012 (12:04 PM)Faye Biram
En Septembre, 2012 (12:23 PM)qui a peur de quoi ?
Waxatikoo
En Septembre, 2012 (12:30 PM)Moi Même
En Septembre, 2012 (12:39 PM)Guy
En Septembre, 2012 (12:42 PM)Baba Gallé
En Septembre, 2012 (12:59 PM)Reply_author
En Août, 2023 (12:50 PM)Bâ
En Septembre, 2012 (13:10 PM)Moi
En Septembre, 2012 (13:19 PM)Sow
En Septembre, 2012 (13:50 PM)premier ministre souleyemane dénde ndiaye;wolof
president du senat pape diop:wolof
president de l'assemblé:wolof
cemega abdoulaye fall:wolof
directeur RTS babacare diagne:wolof
et pourtant cette question ne s'est jamais posée au temp de wade.s'il sagit des pulaars on parle de l'ethnie monsieur ndiaye est plus ethniciste que legalsene à eu à enfanté
Col Ndiaye
En Septembre, 2012 (14:07 PM)Boydo Bah
En Septembre, 2012 (14:20 PM)Adolf
En Septembre, 2012 (14:25 PM)Diambard
En Septembre, 2012 (14:35 PM)Feug
En Septembre, 2012 (14:54 PM)Le Grriot
En Septembre, 2012 (15:01 PM)Lyns
En Septembre, 2012 (15:15 PM)Anti Netto Ko Bandoum System
En Septembre, 2012 (15:20 PM)Ibrahima Sall
En Septembre, 2012 (15:28 PM)Vive Justin
En Septembre, 2012 (15:43 PM)Yves
En Septembre, 2012 (15:47 PM)Pino
En Septembre, 2012 (16:23 PM)Pms
En Septembre, 2012 (16:30 PM)Le prochain sera de l'armée de terre, un ancien chef d'unités combattantes et aura fait la Casamance.
Le Senegal doit faire face en même temps aux situations ci-dessous.
- le besoin de paix définitive en casamance ou l'armée a des otages
- le bordel permanent en Guinée Bissau
- le foutu bordel Malien
- le fou gambien
Qu'Allah protége le Senegal et nous donne des leaders éclairés.
Peuls,
En Septembre, 2012 (17:08 PM)Khallildieye
En Septembre, 2012 (17:35 PM)Un Cochon
En Septembre, 2012 (17:53 PM)plus ils persisteront sur ce discours,plus macky nommera des pular. s'ils pouvaient seullement imaginer combien on est tetu nous les pulars!!
bienvenu donc et felicitations au prochain CEMGA, kane, salll, ba , l'essentiel est qu'il soit pular!
Bro
En Septembre, 2012 (18:12 PM)CE SERA DIAWARA POINT FINAL!!
CE SERA DIAWARA POINT FINAL!!
Mais à quand un Sudiste à la tête de l'armée?? 60% des troupes sont constituées de sudistes!! Ils le mériteraient bien non?
Lemignon
En Septembre, 2012 (18:16 PM)tu es trop prétentieux
quelques fois tes analyses sont plausibles voire pertinentes,mais tu les balances n'importe ou
Acd
En Septembre, 2012 (18:45 PM)Col Tall
En Septembre, 2012 (20:11 PM)Caton L'ancien
En Septembre, 2012 (20:15 PM)Bounkhatab
En Septembre, 2012 (20:28 PM)Efgras
En Septembre, 2012 (21:47 PM)1 Faut savoir que le Senegal c est une Nation
2 un intellectuel doit éviter de parler se qui fragilise la Nation
3 Seul la culture de l excellence prime , peut importe l origine , l ethnie ou la religion.
4 Personne ne peut être spécialiste de tout.
5 Les elections présidentielles tu as théorise l aspect Ethnique entre President Macky et Wade cela s est avère faux.
6 parler nous de compétence , d expériences , diplômes et honetete intellectuelle mais de Grace pas se qui peut diviser une nation.
7 If we are united , we stand . If we are divided we fail .God Bless Senegal.Senegal , en ton destin nous croyons.
Amadou Jefferson Ndiaye .
Ly Bocar
En Septembre, 2012 (22:43 PM)Sos Danger
En Septembre, 2012 (23:07 PM)Ana
En Septembre, 2012 (23:19 PM)Fara
En Septembre, 2012 (23:23 PM)Mbidou
En Septembre, 2012 (03:10 AM)Non A La Toucouleurisation
En Septembre, 2012 (18:52 PM)Max
En Septembre, 2012 (22:38 PM)Fans De Justin
En Septembre, 2012 (23:25 PM)Tasiong
En Septembre, 2012 (01:39 AM)Plagiara
En Septembre, 2012 (02:06 AM)Verite Amere
En Septembre, 2012 (11:22 AM)Adama Ba
En Septembre, 2012 (00:46 AM)Mbaye Diouf
En Septembre, 2012 (01:59 AM)African56
En Octobre, 2012 (09:09 AM)Lundi
En Octobre, 2012 (14:35 PM)Le Novice
En Octobre, 2012 (18:21 PM)ps:c'est quand DIEU decide rester anonyme,que le hasard st évoqué.
Nation Wolof
En Novembre, 2012 (03:29 AM)Participer à la Discussion