Homélie Dimanche de la Sainte Trinité : Quatre « tout (s) » et Trois Personnes !

Louange à Dieu : le Créateur et Père des hommes ! Oui, le Père nous aime et pour nous il a fait ce monde immense et beau. Louange à Dieu : la Parole qui  se communique et qui se donne ! Oui, c’est Jésus Christ, Parole d’amour, mort et ressuscité pour nous, centre de l’histoire ! Louange à Dieu : le Souffle Consolateur qui guide à la Vérité ! Oui, l’Esprit Saint, qui guide l’Eglise et communique la Sainteté de Dieu !

La fête de Sainte Trinité nous surprend, comme une continuation du temps pascal pour nous redire la nature de notre Dieu et nous montrer son effort de communication et de proximité. L’Unicité fonde sa nature divine, la Trinité sa révélation dans le temps et l’histoire. L’Unicité conçue comme unité intrinsèque et la Trinité comme communion ouverte au dialogue avec les hommes, depuis la création partenaires de Dieu. Le grand mystère qu’on ne peut expliquer, mais si facile à comprendre à partir de l’Amour : Dieu aime, pour cela il se communique, dans la Parole faite chair, Jésus Christ. Il nous envoie son Esprit pour construire en nous la sainteté et nous introduire dans la vie trinitaire. Un Dieu qui ne craint pas de « se salir les mains » avec le monde ; un Dieu qui ne craint pas d’avoir un Fils, pour nous recevoir tous comme ses fils ; un Dieu qui veut partager sa nature par le don de l’Esprit pour nous « diviniser » et nous rendre semblables à lui. Depuis la Pentecôte, l’image et la ressemblance de la création sont restaurées, et nous sommes vraiment l’image de Dieu.

Après avoir énoncé la théologie de la Trinité, descendons maintenant dans notre monde concret, approprions-nous les paroles de l’Evangile qui nous expliquent l’agir de Jésus, pour comprendre en définitive l’agir de Dieu. Je suis frappé par ces quatre adjectif : tout pouvoir ; toutes les nations ; tout ce que je vous ai commandé ; tous les jours.

C’est la conclusion de l’Evangile de Matthieu, c’est le dernier moment de Jésus avant son Ascension, c’est le moment solennel des consignes, des adieux.  C’est le moment où commence l’aventure de l’Eglise qui actualise et perpétue la présence agissante du Seigneur : Parole et sacrements, le Christ aujourd’hui.

Tout pouvoir : Jésus affirme sa nature divine, il n’est pas seulement le grand prophète, il est le Messie, l’envoyé du Père, celui qui, comme le Père, vit et agit depuis l’éternité. Par sa Parole tout a été fait. Le Christ, Alpha et Omega, centre de l’histoire, Lumière des hommes, Porte des brebis ; son pouvoir n’est pas despotique, c’est le pouvoir de l’amour et du don de soi, c’est la puissance de la croix qui se manifeste dans son anéantissement. Le pouvoir de sauver, de pardonner, de relever les hommes, le pouvoir de se sacrifier et de se laisser  mettre en croix. Le pouvoir de Dieu est un pouvoir d’amour, tellement diffèrent de notre conception du pouvoir.  Rien n’est impossible à Dieu, un pouvoir absolu orienté au bien des hommes, dirigé par l’amour pour le monde et pour notre humanité. Notre Dieu-Trinité exerce son pouvoir en aimant les hommes.

Toutes les nations : Jésus manifeste l’extension de son travail, nous sortons des frontières d’Israël, le peuple choisi. Nous dépassons ici le rôle historique du Peuple de l’alliance pour entrer sur les dimensions du monde, toutes races, toutes langues, tous peuples et nations sont désormais candidats à l’amour de Dieu, aux bienfaits de Dieu, à la Bonne Nouvelle du salut. C’est le souffle missionnaire de la foi chrétienne ouverte à tous, nécessaire pour tous. C’est l’envoi en mission que  Jésus réalise avec ses disciples. S’Ils vont de par le monde, c’est pour faire des  disciples, c’est-à-dire, apprendre aux hommes  à écouter, suivre et imiter le Maitre. Il ne suffit pas faire des chrétiens, il faut former des  disciples. Notre Dieu-Trinité travaille pour faire de toutes les nations une seule famille.

Tout ce que je vous ai commandé : résonne ici le commandement de l’amour, car tout l’enseignement de Jésus se résume en cela. La vie chrétienne n’est pas un ensemble de normes et d’interdits, comme certains le pensent. Ce que Jésus nous a commandé, c’est de nous aimer, de le suivre, d’entrer dans son Royaume, de connaitre le Père, d’être dociles à l’Esprit qui nous conduit. Celui qui m’aime, dit Jésus, garde mes commandements. Notre Dieu-Trinité nous a révélé le commandement de l’amour comme loi suprême.

Tous les jours : Jésus est encore avec nous, il ne nous laisse jamais, depuis que, par l’incarnation, il a assumé notre vie humaine. Il est tellement solidaire à nous, qu’il continue sa présence au milieu de nous. Depuis la résurrection et le don de l’Esprit, nous sommes entrés dans une nouvelle dimension temporelle. S’il est vrai que nous sommes encore en chemin, il est aussi vrai que Jésus a déjà réalisé son œuvre. Nous sommes dans le jour éternel, le jour nouveau, le huitième jour qui ne finit pas. Il est avec nous, il lutte avec nous, il souffre avec nous, il se réjouit avec nous. Notre Dieu-Trinité ne nous abandonne pas, il marche avec nous dans notre temps pour nous conduire à l’éternité.

Bonne fête ! Avec notre Dieu-Trinité, Père, Fils et Esprit Saint.

Que Marie nous entraine à une relation toujours plus profonde avec le Dieu d’Amour !

Père Bruno Favero