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Reportage

Etudes et ramadan : Le double défi des étudiants jeûneurs de l’Université de Dakar

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Ramadan et Etudes Universitaires
Observer le jeûne, faire cours et préparer les examens dans un campus universitaire où les conditions de vie sont jugées précaires. C’est ce qu’endurent les milliers d’étudiants de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) durant le mois de ramadan. Malgré des conditions difficiles liées à la promiscuité dans les chambres et dans les amphithéâtres et au manque d’argent, les pensionnaires rencontrés parviennent quand même à respecter à ce pilier de l’islam. Reportage. 


A l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, chaque étudiant essaie, à sa manière, de «tuer» le temps pendant cette période de dévotion. Si d’aucuns profitent de ces moments pour réviser leurs cours, d’autres estiment que la meilleure manière de « tromper » le jeûne, c’est de se consacrer aux séries et aux films qu’ils téléchargent sur leurs ordinateurs. D’autres étudiants préfèrent, quant à eux, se connecter sur les réseaux sociaux, le plus souvent avec leur téléphone android. 

Facebook, Instagram, Tiktok, films ou les cahiers pour tromper le jeûne

Des va-et-vient, cahiers ou feuilles à la main, Mariata Diedhiou apprend tranquillement ses leçons. Comme beaucoup de ses camarades, elle révise en faisant des allers retours. «C’est ma manière d’apprendre mes cours et de bien les mémoriser», se justifie cette étudiante de la Faculté des sciences de gestion (Faseg). Ce défilé sur ces lieux, on se croirait au marché où les gens vont et viennent en se croisant, mais en silence. Assis sur une brique, le dos contre un arbre, les yeux rivés sur son cahier, Khadim lit ses notes. «C’est la période des révisions. On doit passer nos examens, au plus tard, tout juste après la fête de la Korité. Les moustiques ont envahi les salles de cours et il y a beaucoup de bruit dans les chambres. C’est pourquoi, j’ai décidé de venir ici», confie cet étudiant en première année de Droit. Poursuivant, il estime que le mois de ramadan est aussi un moment opportun pour apprendre ses leçons. «En se concentrant sur les cahiers, on ne sent pas le temps filer. C’est pourquoi, si je n’ai pas cours, je passe la journée à apprendre», ajoute-il. 

Farmata, de son côté, soutient qu’elle ne peut pas allier la faim et les apprentissages. Assise à même le sol à quelques encablures de la corniche, cette étudiante en Lettres modernes, dans son « malfeu », explique les raisons de sa présence sur les lieux. «Je suis très fatiguée. Il fait chaud dans les chambres, le ramadan est un peu dur. J’ai décidé de venir passer la journée près de la mer pour respirer de l’air pur et pour fuir le stress du campus», lâche-t-elle.

Un Smartphone à la main, elle se connecte sur internet. C’est son passe-temps. «Je discute avec des proches et des amis dans les groupes Whatsapp afin de ne pas sentir la faim. Comme ça, après la rupture, je me concentre sur les cahiers. C’est ainsi que je passe la journée depuis que le mois de ramadan s’est installé», ajoute-elle, les doigts sur le clavier de son appareil. Tout le contraire d’Aboubacar Ndiaye. Cet étudiant d’une vingtaine d’années trouvé dans le hall de la Faculté des sciences et techniques (Fst), pense que la meilleure manière de tuer le temps, c’est de regarder des séries et films. «J’avais cours, mais je viens de descendre comme ça. Une fois arrivé dans ma chambre, je regarde des films jusqu’à 17 h. Après la prière, je sors pour régler mes affaires», raconte-il. Expliquant son choix porté sur ce genre cinématographique, il ajoute : «Avant le ramadan, j’ai téléchargé des séries. Maintenant, si tu regardes le début, tu as envie de suivre l’histoire pour comprendre la fin». 

Ces étudiants fustigent également l’heure fixée par les autorités du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) pour l'ouverture des restaurants. Pour la plupart de ces pensionnaires, il devait y avoir une dérogation pendant le mois de Ramadan. d'autres par contre pensent que les autorités ont bien réaménagé les horaires d'ouverture des restos. Rencontré devant le pavillon A, Moustapha Séye, vêtu d’un « Jalaabi » blanc, un chapelet autour du poignet, ne cache pas sa désolation. «Nous vivons un véritable calvaire au campus. Il est difficile d’allier la faim, la soif et le stress de l’université, les conditions sont très déplorables», lance cet originaire de la région de Kolda. Toutefois, il salue la décision du Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (COUD) d’ouvrir les restaurants plus tôt pour leur permettre de bien manger après une longue journée de jeûne. «On ne peut pas faire la rupture à 19 h et venir prendre le « ndogou » à 17 h 30. Les autorités en charge de la restauration ont revu cela. Elles ont réaménagé les horaires pour ouvrir à 16 h 30. Comme ça, nous pourrons manger tranquillement», dit-il. Son ami, Abdoulaye, va plus loin. Cet étudiant en première année de Droit estime que des pensionnaires sont parfois obligés d’ aller hors du campus pour rompre le jeûne ou sacrifier la rupture pour pouvoir dîner. «Il y a même des étudiants qui préfèrent aller à la grande mosquée de Massalikoul Jinaan pour rompre le jeûne. C’est très difficile ce qu’on vit ici. La qualité n’y est pas du tout, mais nous n’avons pas le choix», témoigne-t-il.


Rompre son jeûne au restaurant est un véritable casse-tête pour les milliers d’étudiants jeûneurs de l’Ucad. Les témoignages en disent long sur le calvaire de ces derniers, surtout à l’approche de la rupture. «A 16 h 30, les étudiants sont déjà dans les rangs en attendant l’ouverture du resto. Si je n’ai pas cours, je m’y rends avant la prière de « Takussaan». C’est pour éviter de faire la queue longtemps. Après avoir pris mon petit-déjeuner (le repas de la rupture), je retourne dans ma chambre. Une fois arrivé là-bas, je prends un bain pour ensuite préparer la rupture avec mes « voiz» (voisins), raconte Moustapha Seye dans sa chemise blanche et pantalon noir. Selon Issa Thiam , « il est très difficile d'allier concentration, sommeil et jeûne. «Vous savez ici, les étudiants respectent beaucoup le ‘’kheud’’. Ils se lèvent à 4 heures du matin pour se rendre au restaurant. Ils se querellent même dans les rangs. C’est très difficile», regrette-t-elle. Une situation qui fait que beaucoup de pensionnaires ne vont pas en cours, le lendemain. On ne peut pas se réveiller à 4 h du matin puis aller faire cours à 8 h », s’exclame-t-elle avant de souligner que« c’est pourquoi  les amphis ne sont pas remplis en cette période de ramadan». 

«On cotise pour préparer à manger»

Mettant en cause la qualité de l’alimentation servie dans les restaurants, des étudiants trouvent d’autres alternatives pour manger correctement à leur faim. «Chaque jour, nous cotisons entre amis pour préparer notre ‘’ndogou’’. Avec cette somme, nous allons au marché pour faire nos achats. Et chaque jour, deux à trois étudiantes sont chargées de la restauration». Toutefois, reconnaît cette étudiante en L3 au département d’Anglais, «c’est très cher contrairement à l’alimentation subventionnée du campus. Mais, nous n’avons pas le choix. Pour jeûner, il faut bien manger. Dès fois, on n’a pas suffisamment d’argent, on se contente de préparer du ‘’lakh’’. Parce que c’est moins cher». Mouhamed Fall et ses amis adoptent la même stratégie. Selon ces résidents du pavillon K, le Ramadan est un mois béni, de sacrifices et de partage. «Nous cotisons pour manger. Tous les matins, chacun d'entre nous verse 1000 F Cfa ou 500 f parfois selon ce qu’on veut préparer. Avec cet argent, on prépare un peu de café Touba, des omelettes et acheter du pain pour la rupture. Le reste, on le garde pour le «kheud». C’est beaucoup d’argent, mais nous avions fait des tontines bien avant le mois. On s’est sacrifié. Mais, cela vaut le coût», renseigne Mouhamed Fall qui soutient que ses camarades et lui n’hésitent pas à venir en aide aux étudiants nécessiteux. «Il nous arrive d’inviter des étudiants qui sont dans le besoin pour partager avec eux ce qu’on a ». En tout cas, pendant ce mois de forte consommation, les boutiquiers installés au campus universitaire se frottent bien les mains. Car, pour bon nombre d’étudiants rencontrés dans le campus universitaire, en cette période de ramadan, la bourse ne sert quasiment plus à acheter des bouquins ou à faire des recherches, mais elle est plutôt destinée à satisfaire les besoins du jeûne. Malgré la subvention apportée sur les repas, certains étudiants ne veulent pas aller dans les restaurants universitaires pendant le Ramadan. Et la qualité de la nourriture y est sans doute pour quelque chose.


2 Commentaires

  1. Auteur

    Deugg_neekhoul

    En Avril, 2021 (13:55 PM)
    Pour ceux qui n'ont les moyens pour acheter de quoi couper le jeûne, vous pouvez vous rendre de temps en temps, si le temps vous le permet, à la Grande Mosquée de Masaalikul Jinaan de Dakar.

    De copieux mets vous y attendent et c'est gratuit.

    Serigne Touba amoul morom.
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    • Auteur

      Reply_author

      En Avril, 2021 (16:22 PM)
      avec 450 milliard macky pourrait creer 450 entrepots ou usines de transformation et donner aux jeunes du travail durable ay nakhate la rek sonko neena macky meuneu toul def resultats si liko fii desse
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  2. Auteur

    En Avril, 2021 (16:12 PM)
    Macron est jeune mais pense comme ses ancetres pour opprimer l'Afrique et voler nos ressources raison pour la quelle il a utilise le cousin d'Idris Deby pour l'assassiner et imposer son fils qui pourra continuer l'oeuvre de son pere en pillant le Tchad au benefice de la France.
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    • Auteur

      Reply_author

      En Avril, 2021 (19:32 PM)
      hors-sujet. reprends ta serpillière et ton seau et vas reprendre ton travail.
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