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Sante

Combien coûtent au Trésor sénégalais les évacuations sanitaires des agents de l’Etat vers l’étranger?

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Combien coûtent au Trésor sénégalais les évacuations sanitaires des agents de l’Etat vers l’étranger?
Combien coûtent au Trésor sénégalais les évacuations sanitaires des agents de l’Etat vers l’étranger, principalement en Europe et au Maghreb ? Quid du coût lorsqu’il s’agit des hautes personnalités de l’Etat ? 

Au niveau des différents services concernés, on préfère ne pas répondre. Une entorse à la transparence révélatrice de l’embarras sur un sujet d’intérêt public. C’est sur cet indicateur manifeste de la faiblesse de nos réceptifs hospitaliers, qu’Ouestaf News, démarre une série d’articles sur la gestion des systèmes de santé en Afrique de l’Ouest, réalisée avec l’appui de la fondation Osiwa. En attendant que les services compétents de l’Etat veuillent répondre, Ouestaf a enquêté... 


Plus d’un milliard ou des centaines de millions ? 

Deux chiffres différents sont avancés par des sources médicales contactées au cours de cette enquête. La première considère que les évacuations sanitaires sont « raisonnablement » chiffrables à « un ou plusieurs milliards de francs CFA par an ». La seconde dit, « par prudence », estimer le montant à « plusieurs centaines de millions de francs, annuellement ». 


Que ce soit un milliard ou des centaines de millions, c’est déjà beaucoup dans un pays où l’écrasante majorité peine à se rendre à l'hôpital ou à s'acheter une ordonnance dès que le coût dépasse 10.000, voire 5.000 FCFA. 


En janvier 2015, lors de l’inauguration de deux unités de cardiologie interventionnelle et de web radiologie numérisée à l’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar, quelques chiffres ont été mis sur la place publique, qui permettent de se faire une idée de l’importance des montants en jeu, lorsque des Sénégalais sont envoyés dans des pays disposant d’un plateau médical plus relevé. 


« Les évacuations sanitaires sont coûteuses pour l’Etat et les familles », avait notamment affirmé le Pr Serigne Abdoul Ba, qui a a avancé quelques chiffres lors de cette cérémonie. 


« L’évacuation d’un malade (à l’étranger) coûte en moyenne 5 millions FCFA. Les 500 malades font 2,5 milliards alors que le coût des consommables pour prendre en charge 500 malades à Dakar est de 261 millions de francs CFA, soit une économie substantielle de plus de 2 milliards de nos francs». 


Question : combien de malades qui meurent d’un simple paludisme pourrait-on soigner avec deux milliards si on mettait en place une véritable politique de santé pour tous, avec les infrastructures adéquate qui vont avec ? 


« Difficle à organiser et coûteuse » 

Dans un communiqué publié en mars 2015, le ministère de la Santé déplorait lui-même que l’évacuation sanitaire est non seulement « difficile à organiser » mais aussi « coûteuse (10 millions de francs Cfa en moyenne). » C’était en prélude au lancement d’une semaine d’opérations chirurgicales au profit de onze enfants démunis souffrant de cardiopathie. 


En allant plus en profondeur dans les détails, certains croient que les montants réels sont encore plus faramineux qu’on ne le dit. 


« Pour la destination France, c’est environ 3 000 euros/jour (près de 2 millions FCFA) contre peut-être 2 000 euros/jour (plus de 1,3 million FCFA) si c’est la Belgique… », confie sous le couvert de l’anonymat un des médecins qui a l’habitude d’accompagner des malades lors des évacuations. 


Et parfois, les coûts sont encore plus élevés, en fonction du lieu où se situe l’établissement, par exemple dans le très bourgeois département des Hauts-de-Seine, à Paris. 


Toujours dans le cas de la France, selon la même source, « il faut déposer en argent l’équivalent de 90 jours d’hospitalisation à la Paierie de France. On établit un reçu et l’hôpital d’accueil vous avise avoir reçu les preuves du paiement, vous enjoignant alors de procéder aux formalités du visa… » 


Dans les cas où le malade se trouve déjà dans une situation critique, d’autres frais non moins vitaux sont en prendre en compte : ceux liés au transport et à « la civière ». 


Dans le jargon médical, la civière est le package composé des éléments suivants : le patient, l’espace qu’il doit occuper dans l’avion, la place du médecin qui peut être à la fois transporteur et réanimateur, un infirmier, et parfois un ou des parents accompagnateurs… 


A bord de la compagnie Air France, cette « civière » équivaut à six places et coûtera quelques 14 millions de FCFA , contre environ 7 millions FCFA sur Tunis Air ou Royal Air Maroc pour huit places, rapporte le même interlocuteur. 


Quelques indications 

Selon les déductions tirées de ces différents entretiens avec des acteurs du monde médical intervenant directement dans ce processus, chaque année, entre 15 (quinze) et 20 (vingt) fonctionnaires de l’Etat pourraient avoir été évacués vers l’étranger sur décisions médicales du Conseil de santé dirigé par le médecin-chef du Centre médico-social des fonctionnaires (voir plus loin). 


Un calcul en s’appuyant sur les différents chiffres fournis amène à croire que l’Etat dépenserait environ 180 millions FCFA pour la prise en charge d’un agent. 


Avec un minima de quinze agents pris en charge chaque année, le Trésor sénégalais dépenserait environ 2,7 milliards FCFA. 


Cette somme n’est qu’une indication car une partie de la garantie financière laissée à l’ambassade du pays de destination pourrait être retournée au Trésor payeur en cas de séjour moins long que prévu dans l’établissement hospitalier d’accueil. Ensuite, la destination France (ou Belgique) étant plus onéreuse, l’option de la Tunisie ou du Maroc contribuerait à réduire de manière significative la facture des soins (voir plus loin). 


Un système éclaté 

Toutefois, ce chiffre de 2,7milliards FCFA ne tient pas compte de la «décentralisation» du système d’évacuation sanitaire. 


En effet, il ressort de nos investigations que des organes et institutions de l’Etat ont de plus en plus tendance à prendre en charge eux-mêmes cette mission en cas de besoin. 


« Pour l’année 2014 par exemple, nous n’avons eu qu’un seul cas d’évacuation sanitaire. Malheureusement, la personne n’a pas survécu à sa maladie», révèle une source autorisée au service des Douanes confirmant ainsi que ce service procède à ses propres « évacuations ». 


D’autres démembrements de l’Etat sont dans le même cas, dont bien entendu la Présidence de la République. La Direction générale des Impôts et Domaines, etc. Là aussi, difficile là aussi d’accéder aux chiffres. 


Des abus et des magouilles 

Pour des professionnels et acteurs du monde médical interrogés dans le cadre de cette enquête, si le coût des évacuations sanitaires est devenu un secret d’Etat bien gardé, c’est en partie dû aux « abus manifestes » qui entourent certaines opérations.


Selon Mballo Dia Thiam, secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (SUTSAS), « c’est un problème réel (et) quand ceux qui en profitent ne sont pas toujours ceux qui doivent en profiter, cela pose problème. »


Un médecin chevronné officiant au sein d’une instance qui travaille sur tous les dossiers d’évacuation sanitaire d’agents de l’administration centrale, dit ne pas comprendre que l’Etat ne se donne pas encore les moyens de régler définitivement ce casse-tête. 


Des solutions ? 

Des progrès, l’Etat en fait, note Mballo Dia Thiam, qui rappelle l’inauguration en janvier 2015 par le Président de la République de nouveaux équipements en faveur de l’hôpital Aristide Le Dantec. Mais dans des domaines comme « la greffe rénale », plus d’efforts contribueraient à réduire le nombre d’évacuations sanitaires. 


Pour les spécialistes le Sénégal pourrait s’inspirer de la Tunisie et du Maroc. « Ces deux pays se sont donné les moyens d’avoir un plateau technique extraordinaire avec des cliniques - et je dis bien des cliniques, pas des hôpitaux – qui sont capables de vous faire trois cœurs par jour », renseigne un professionnel qui remarque au passage la « grande qualité » des ressources humaines disponibles au Sénégal. Mais cela suffit-il ? 


« On a un gros problème de rigueur et d’organisation ici », déplore un médecin. « En soi, un plateau technique, même sophistiqué, peut ne vouloir rien dire. On peut même construire un hôpital nickel avec tous les moyens imaginables. Mais si les personnels chargés de le faire fonctionner manquent de rigueur et de volonté, si l’organisation n’y existe que de nom, s’il n’y a pas de critères acceptables pour l’évaluation et la surveillance, s’il n’y a aucun garde-fou contre les dérapages et les abus, ça va aller dans tous les sens. Et en deux ou trois ans, ce plateau technique extraordinaire périclite », souligne ce spécialiste.


19 Commentaires

  1. Auteur

    Infirmier

    En Juin, 2015 (16:10 PM)
    comme si y a pas d'hopitaux au senegal :thumbsdown: 
  2. Auteur

    Anonyme

    En Juin, 2015 (16:13 PM)
    Donc ils reconnaissent que nos hôpitaux sont pour les badolas et pourtant c'est avec l'argent de ces derniers badolas qu'ils se payent ces évacuations. Bandes de voleurs !
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    Auteur

    Prix De La Santé

    En Juin, 2015 (16:24 PM)
    La santé n'a pas de prix mais elle a un cout. L'essentiel est de faire les choses dans la transparence. Il faut aussi former de bons économistes de la santé pour déterminer les bons choix è faire dans nos investissements.
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    Auteur

    Anonyme

    En Juin, 2015 (16:25 PM)
    Pffff
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    Auteur

    D.wade

    En Juin, 2015 (16:28 PM)
    Article très très intéressant, mes compliments...J'aime beaucoup La partie finale qui Reflète Le pays de la "téranga" :« On a un gros problème de rigueur et d’organisation ici », déplore un médecin. « En soi, un plateau technique, même sophistiqué, peut ne vouloir rien dire. On peut même construire un hôpital nickel avec tous les moyens imaginables. Mais si les personnels chargés de le faire fonctionner manquent de rigueur et de volonté, si l’organisation n’y existe que de nom, s’il n’y a pas de critères acceptables pour l’évaluation et la surveillance, s’il n’y a aucun garde-fou contre les dérapages et les abus, ça va aller dans tous les sens. Et en deux ou trois ans, ce plateau technique extraordinaire périclite », souligne ce spécialiste. :sunugaal:  :sunugaal:  :sunugaal:  :sunugaal:  :sunugaal:  :sunugaal: 
    Auteur

    Anonyme Der

    En Juin, 2015 (17:26 PM)
    ARTICLE TROP LONG ET DIFFICILE A LIRE AVEC LE RAMADAN.
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    Auteur

    Laye

    En Juin, 2015 (17:54 PM)
    Tout ça c'est pour justifier les directives du PSE dans le domaine de la Santé qui à l'intention de dévelloper le privé. Les gens modestes n'y profiterons pas. Croyez moi ce sont des conneries. .
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    Auteur

    Zeur

    En Juin, 2015 (18:45 PM)
    voila le principal probleme de la santé au senegal :frustre:  :frustre:  :frustre:  :frustre: « On a un gros problème de rigueur et d’organisation ici », déplore un médecin. « En soi, un plateau technique, même sophistiqué, peut ne vouloir rien dire. On peut même construire un hôpital nickel avec tous les moyens imaginables. Mais si les personnels chargés de le faire fonctionner manquent de rigueur et de volonté, si l’organisation n’y existe que de nom, s’il n’y a pas de critères acceptables pour l’évaluation et la surveillance, s’il n’y a aucun garde-fou contre les dérapages et les abus, ça va aller dans tous les sens. Et en deux ou trois ans, ce plateau technique extraordinaire périclite », souligne ce spécialiste. :frustre:  :frustre:  :frustre: 
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    Auteur

    Anonyme

    En Juin, 2015 (20:43 PM)
    SOKHNA DIENG MBACKE MME KARA A DU TEMPS DE WADE BENEFICIE ANNUELLEMENT DE 9.000.000 F CFA DE SOINS DANS UNE CLINIQUE PARISIENNE DANS LA CADRE DES AVACUATIONS SANITAIRES A L EPOQUE PILOTEES PAR LE GENERAL MARA. NO COMMENT!!!!
    Auteur

    Doxandem

    En Juin, 2015 (21:04 PM)
    Ce sont pas les compétences qui manquent, à la rigueur , peut être du matériel.Il aurait suffit only d’un investissement à la place d’une dépense.
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    Auteur

    Anonyme Dom Rewmi

    En Juin, 2015 (21:10 PM)
    Moi je dirai plutot on a un probléme organisationnelle de nos ressources humaines et materielles dans les C.H.U gérés par AP- HP assistance publiques des hopitaux de paris,il y'a au moins 4 organismes de controle gestion du personnel , sanitaire, entretien des appereils et surtout hygéne pour éviter des maladies nosocominiales Tout ce qui manque chez nous c'est l'organisation et surtout la sanction qui est le catalyseur de la rigueur là où il y'a la rigueur y'a la sanction , l'individu n'a peur que de la sanction .
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    Auteur

    Anonyme

    En Juin, 2015 (23:21 PM)
    Est ce qu'on évacue les gardiens et autres petits agents ?
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    Auteur

    Alba

    En Juin, 2015 (07:50 AM)
    Ce qu il faut en tirer est que le probleme du Senegal est le senegalais .

    Mis a n importe quelle station, le senegalais ne sera pas discipline .

    Tous ces debats politiques,ces analyses,oublient de parler d un seul sujet:

    Le senegalais .
    Auteur

    Anonyme

    En Juin, 2015 (10:33 AM)
    "A bord de la compagnie Air France, cette « civière » équivaut à six places et coûtera quelques 14 millions de FCFA , contre environ 7 millions FCFA sur Tunis Air ou Royal Air Maroc pour huit places"



    Ces charognards de francais!



    Boycotter air france!!!

    Boycotter air france!!!

    Boycotter air france!!!

    Boycotter air france!!!

    Boycotter air france!!!
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    Auteur

    Xeme

    En Juin, 2015 (12:30 PM)
    Combien coûte à OSIWA l'entretien des Y en a marre et autres mercenaires pour les révolutions de couleurs en Afrique de l'Ouest ?
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    Auteur

    Anonyme

    En Juin, 2015 (15:31 PM)
    dans le journal de 20h de la rts samedi dernier on a montré ne sage-femme qui faisait le tour des villages en charette . ca een dit long sur le manque de considération de nos politiciens a l'endroit des sénégalais lamda. LE PEUPLE DOIT FAIRE FACE
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    Auteur

    Anonyme

    En Juin, 2015 (16:46 PM)
    C'est tout simplement parce que l'état y gagne. Sinon je ne vois pas comment avectoutes les compétences au Sénégal on soit obligé de transférer les patients dans le Maghreb.
    Auteur

    Bongoman

    En Juin, 2015 (19:50 PM)
    La dégradation du système est liée a des politiques inadaptées datant de plusieurs décennies. Ainsi, sous Senghor, pendant longtemps le ministère de la santé était la porte de sortie du gouvernement. Un ministre qui sait que son avenir est compromis aura d'autres préoccupations que de travailler.

    Pendant le magistère de Diouf, les plans d'ajustement structurel ont sacrifié les secteurs dit non rentables que sont la santé et l'éducation. Pendant cette période, le dénuement des hôpitaux était extreme. Il s'agissait plutôt de mouroirs.

    Aujourd'hui, le développement dans les soins à beaucoup évolué mais les attentes des sénégalais dépassent de on l'offre du système.

    Il y a cependant une santé à 3 vitesses:

    -- la vitesse des personnes évacuées aux frais de l'état ou de la famille

    -- la vitesse des personnes ayant accès au système de santé publique ou privé

    -- et la vitesse de ceux qui n'ont pas accès à la santé et qui dépendent des consultations gratuites offertes par des politiciens qui font de la récupération politique. Ils ont l'adhésion des populations transformées en bétail électoral avec la complicité de personnel de santé.

    Maintenant, on souhaite a corps et à cri des soins de meilleure qualité à un moment où le personnel de santé peine à voire la matérialisation des accords signes avec l'état.

    Sommes nous réalistes?
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    Auteur

    Anonyme

    En Octobre, 2017 (11:41 AM)
    En effet, ca pose problème. Le soucis c'est quand on a recours à une évacuation notamment vers la France on nous propose que les hôpitaux de Paris qui sont très cher, car ils pratiquent une tarification à la journée. J'ai vu qu'il existe d'autres structures pour des personnes qui le nécessiterait vraiment comme Medifrance Solution qui propose des tarifs aussi attractifs que le Magreb, mais pour la France.

    Les évacuations sanitaires doivent être utilisé en dernier recours et juste en cas de maladie grave et difficile, alors que chez nous on a des hôpitaux qui sont la.
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