ABDOU GUITTE SECK, ARTISTE-MUSICIEN «Le Mbalakh est bon, mais nous avons besoin d’ouverture»

Le jeune prodige de Saint-Louis a bien grandi. Il a participé récemment avec un certain brio à la dernière édition du festival de Jazz à Dakar. A cette occasion, il avait choisi de renouer avec ses premiers amours en jouant des titres extraits de ses premiers albums avec le groupe Wock. Nous l’avons rencontré pour évoquer avec lui les raisons de ce choix et aussi parler de ses projets.

Vous avez récemment participé au dernier Festival de Jazz à Dakar, comment avez-vous vécu cela ?

Pour répondre à cette question je dirais tout simplement que je ne peux qu’être satisfait de la tenue de ce festival. Parce qu’aujourd’hui, la musique s’est presque appauvrie au niveau de tous ses paramètres. Elle a besoin d’être soutenue et réconfortée. A mon avis, cela doit provenir de ses propres acteurs. Et Michael Soumah fait partie de ces piliers.

Il a été là depuis nos débuts avec le groupe Wock et c’était depuis notre enfance. S’il prend cette initiative malgré les difficultés organisationnelles, je crois sincèrement que cela représente quelque chose et il mérite un grand soutien. Tout cela pour vous dire que globalement j’ai été très satisfait.

Vous avez joué une musique aux antipodes du Mbalakh, au cours de ce festival de Jazz, comment la qualifierez-vous ?

Il faut retenir que je ne fais pas de jazz. Ma formation de base est plutôt issue du Rock et Pop british. Parce que tout simplement cela résultait de ma première collaboration avec des amis français au sein du groupe Wock. Nous avons par la suite signé chez BMG qui était notre maison de disques. Donc tout ce que vous avez entendu au cours du festival est tiré de cette formation de base. Avec le temps on a appris à mûrir avec tout ce background. J’espère que nous allons persévérer dans cette direction pour donner encore le meilleur de nous même. En réalité, il existe une très forte demande à ce niveau et je pense qu’il est temps que le Sénégal soit aussi bercé par d’autres couleurs musicales qui ne sont pas uniquement tirées du Mbalakh. Je n’ai rein contre ce genre musical qui est extraordinaire mais je pense que de nos jours nous avons besoin de plus d’ouverture et ce style que je propose en est une parfaite illustration.

Pourquoi chantez-vous en plusieurs langues ?

Oui, c’est parce que nous essayons de nous adapter à tout univers. Nous ne jouons pas toujours pour le public sénégalais. Il nous arrive très souvent de performer devant d’autres personnes qui ne sont pas forcément de nationalité sénégalaise. Ce qui signifie qu’elles ne parlent pas forcément la langue wolof. Donc le choix de cette diversité de langues, (car on chante en anglais et en français), est une invitation aux autres pour qu’elles nous rejoignent. Vous avez tantôt parlé de retour à vos premiers amours et au style qui vous a fait connaître.

Peut-on dire que le Mbalakh ne vous a pas satisfait ?

Loin de là et je pense que ce serait un vrai gâchis d’apprendre des choses ert de les jeter ensuite. J’estime qu’il faut toujours emmagasiner un maximum de potentiels. C’est parce qu’en participant au Festival de Jazz à l’Institut le contexte s’y prêtait et il fallait donc jouer dans ce style. C’est la raison pour laquelle nous l’avons présenté ainsi mais demain nous nous retrouverons avec notre public adepte du Mbalakh, nous allons en faire sans aucune retenue et ce sera du Mbalakh pur et mur.

Peut-on s’attendre à un nouvel album dans ce style Pop et Rock de vos débuts ?

Absolument car je vais vous révéler que j’ai fait récemment une grande collaboration avec Dominique Jonckheere qui est professeur à l’ULB. C’est un chef d’orchestre spécialiste des musiques de Beethoven et de styles de ce genre. Il a une très grande culture musicale. J’ai aussi été en collaboration avec Habib Faye (bassiste du Super Etoile ndlr) et Matar Samba (batteur franco marocain établi à Paris, ndlr). On a déjà enregistré un album complet à Paris et le meilleur reste à venir.

A quand prévoyez la sortie de cet album ?

Aujourd’hui je ne saurais trop m’engager pour donner une date de sortie. C’est parce que tout simplement le marché vit des difficultés énormes. Je sais qu’artistiquement nous avons été présents. Nous avons toujours fait le boulot comme il se devait. Ce qui fait que nous sommes très respectés avec, à la clef, un long travail de recherches de mise en couleurs et tout le professionnalisme requis. Maintenant il faut convenir que le monde de la production souffre énormément et, cela aussi, il ne faut pas l’occulter. Cela se ressent au niveau de la bonne marche de l’industrie musicale. C’est pour toutes ces raisons que je ne saurais avancer de date de sortie précise. Cependant, on ne croise pas les bars et on est toujours en train de chercher comment parvenir à nos fins mais, encore une fois, je ne saurais vous fixer le moment propice.