ACCUSÉ D'AVOIR ASSASSINÉ UN JEUNE PÈRE DE FAMILLE : Alla Sarr dont le complice est décédé écope des travaux forcés à perpétuité

À l'image de l'assassin de la pharmacienne de Ouagou Niayes qui avait été condamné, le premier jour des Assises de Dakar, aux travaux forcés à perpétuité, c'est une peine similaire qui a été infligée à Alla Sarr. Âgé 30 ans, ce dernier qui était le jour des faits en compagnie de Ngagne Guèye, aujourd'hui décédé, va devoir passer le restant de ses jours en prison.

Condamné aux travaux forcés à perpétuité, à la fleur de l'âge, Alla Sarr, qui à la fin de l'audience a exprimé son souhait de retrouver les siens, pour, disait-il «aider le seul frère qui lui reste après le décès de ses parents et de son grand frère», voit ainsi tous ses rêves brisés. Et pourtant, l'avocat général avait requis à son encontre une peine de 20 ans de travaux forcés, là où son avocat Me Iba Mar Diop qui n'est pas convaincu de la culpabilité de son client avant demandé son acquittement. Les faits qui ont valu à Alla Sarr, d'être traduit devant la Cour d'Assises date en effet de septembre 2001. Et pourtant, ce ne fut qu'en 2003, qu'il a été appréhendé, après une fugue de plusieurs mois en Gambie. Il résulte en effet des faits, qu'un jour du mois de septembre 2001, l'accusé Alla Sarr et un de ses amis, en l'occurrence Ngagne Guèye, qui est aujourd'hui décédé des suites d’un lynchage, s'étaient présentés à la devanture d'une boulangerie, sise à Guinaw rail. Ayant trouvé sur place une femme qui vendait des sandiwchs, les deux agresseurs qui avaient farfouillé dans les bols de la dame, s'en était finalement pris au témoin Abou Dia, lequel s'était interposé entre la dame et les agresseurs. Malmené, ce dernier qui a paré aux coups de couteau et de machette des deux agresseurs, à l'aide d'une chaise en métal, a expliqué hier à la barre, que c'est dans ces circonstances que son ami Moustapha Gningue, qui habite à quelques jets de pierres est sorti de sa chambre, pour venir à sa rescousse. «Alerté par les cris de sa soeur qui était à proximité du lieu de l'altercation, le jeune homme qui venait à peine de se marier et dont l'épouse était en état de grossesse de deux mois, avait pris son courage à deux mains, pour poursuivre les assaillants qui avaient pris la fuite. «La victime s'était fait poignarder en voulant sauver son ami» Accompagné par quelques employés de la boulangerie, Moustapha Gningue s'était signalé en devançant les autres poursuivants. Ce qui fait que lorsqu'il est arrivé à hauteur des agresseurs qui l'attendaient à l'angle du bar «Chez Momo», il a été poignardé dans la région du coeur. «Lorsque je l'ai aperçu, il était tombé à terre et répétait à haute voix, Laa ilaaha ila Lah», a soutenu sa mère à la barre, là où son épouse qui attendait un enfant au moment des faits a révélé qu'elle a accouché d'un bébé handicapé des pieds et des mains à cause de l'émotion qu'elle a eu en voyant son mari à terre. En effet, c'est au cours de son évacuation que Moustapha Gningue qui n’était pour rien dans cette affaire et qui a reçu un coup de couteau ou d'un bec d'espadon, a succombé à ses blessures. Inculpés pour assassinat en même temps que son ami Ngagne Guèye, qui sera jugé par la justice divine après l'extinction de l'action publique, Alla Sarr, qui a été jugé hier, a une fois de plus tenté de se soustraire à sa responsabilité pénale en arguant que le coup fatal a été porté par son compagnon. Mieux, il a soutenu qu'il n'était même pas sur les lieux, la nuit des faits. Et pourtant, tous les témoins ont été unanimes à dire que Alla Sarr qui a été identifié à cause de son balafre au coup, était habillé en «Baye Fall» et détenait le couteau au moment où son compagnon avait une machette. Une mauvaise foi qui a été décriée par l'avocat général, selon qui le crime d'assassinat est établi au vu de la partie du corps qui a été visé et de la circonstance aggravante du guet-apens. Peu convaincu de la culpabilité de son client, Me Iba Mar Diop qui soutient que personne n'a assisté à la dernière séquence, lors de laquelle la victime a été poignardée, a plaidé l'acquittement. À l’issue de son délibéré, la cour a eu la main plus lourde que le parquet général, en condamnant Alla Sarr aux travaux forcés à perpétuité. La Cour a également alloué à la mère et à l'épouse de la victime, chacune la somme d'un million.