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Au Sénégal, on tente encore de comprendre les raisons de la disparition de l’étudiante Diary Sow

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Au Sénégal, on tente encore de comprendre les raisons de la disparition de l’étudiante Diary Sow
Pression scolaire, craquage ? Le retrait volontaire de la jeune femme durant deux semaines à Paris continue de captiver le pays.

Sa disparition avait tenu le Sénégal en haleine quinze jours durant. Son retour ne fait pas retomber l’attention pour autant. Une semaine après les premiers signes de vie donnés par Diary Sow, l’étudiante sénégalaise portée disparue en France le 4 janvier, l’affaire continue d’alimenter les réseaux sociaux et fait les choux gras de la presse sénégalaise.

Si l’absence de la jeune femme de 20 ans avait suscité une vive inquiétude, sa réapparition a fait place au soulagement et à son lot de questions. Dans la lettre où elle brise le silence le 21 janvier, Diary Sow prévient pourtant. « Ceux qui cherchent une explication rationnelle à mon acte seront déçus, puisqu’il n’en a aucune », écrit-elle à son parrain Serigne Mbaye Thiam, par ailleurs ministre de l’eau et de l’assainissement du Sénégal.

Malgré cela, l’affaire intrigue. Sur les réseaux sociaux, personnalités et anonymes se prononcent sur le sujet. Deux camps s’opposent : d’un côté, les internautes qui prônent le respect de sa vie privée et de l’autre, ceux qui veulent percer le mystère, par curiosité, besoin de comprendre ou pour situer les « responsabilités ». Selon le sociologue Abdou Khadre Sanoko, « les Sénégalais se sont arrogé le droit de parler de cette affaire parce que, à travers leurs impôts, ils ont participé à la bourse d’études attribuée par l’Etat du Sénégal à la jeune fille, qui la mérite amplement ».

La question du maintien de sa bourse d’excellence de 650 euros a été rapidement posée sur la Toile. La « une » du quotidien le plus distribué au Sénégal, L’Observateur, évoque l’éventualité d’un refus de Diary Sow de reprendre les cours. Distinguée par deux fois « meilleure élève du Sénégal » en 2018 et en 2019, l’étudiante en classe préparatoire au lycée Louis-le-Grand à Paris n’a pour l’heure fait aucune déclaration concernant la poursuite de ses études.

« Répit salutaire »

Dans sa lettre adressée à son parrain, la jeune femme assure n’être « victime d’aucune pression » et ne pas avoir « disjoncté à cause du confinement ou de la prépa ». Pour autant, sa disparition est devenue un prétexte pour mettre en question le système éducatif sénégalais. La formation de ses élèves est-elle adaptée aux réalités d’études supérieures parmi les plus exigeantes ? En médiatisant Diary Sow dès l’adolescence, en la présentant comme un espoir national, ce système a-t-il failli à son devoir de protection ?

Mais, au-delà du symbole de réussite que représente Diary Sow, son « évaporation » durant deux semaines est devenue une intrigue, tant l’émotion suscitée au Sénégal a été grande. Dans les médias, on tente de retracer son parcours pendant son absence. Hôtel à Paris, séjour à Bruxelles, etc. Mais aussi de comprendre le pourquoi d’une disparition volontaire. Diary Sow parle d’un « répit salutaire dans ma vie ». Inaudible pour certains, qui assimilent cet acte à un « geste occidental ».

« En France comme au Sénégal, il n’y a aucune interdiction légale ou judiciaire qui empêche une personne majeure de s’absenter », répond Me Bamba Cissé, avocat à Dakar. Cependant, au Sénégal, « la “fugue” est un phénomène marginal qui est perçu comme une trahison, un manque de soumission à l’autorité parentale, décrypte le sociologue Abdou Khadre Sanoko. Cela choque d’autant plus que c’est une jeune fille à qui on a donné les moyens de réussir », poursuit-il.
Diary Sow à Dakar, le 7 août 2020, lors d’une visite à la présidence sénégalaise.
Diary Sow à Dakar, le 7 août 2020, lors d’une visite à la présidence sénégalaise
Certains internautes se montrent sensibles à la pression des études en classe préparatoire. D’autres évoquent la récente perte de son père. D’autres encore tentent de trouver des réponses dans le roman écrit par la jeune femme en 2019 et intitulé Sous le visage d’un ange. Sur les réseaux sociaux, certaines pages ont été publiées pour faire le parallèle avec sa vie. Seignane Ndiaye, responsable de la promotion dans sa maison d’édition, L’Harmattan, a confié au site en ligne Pressafrik que les ventes du livre de Diary Sow ont augmenté depuis la disparition de celle-ci.


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