La fin du monde ? Nostradamus dément !

Le Salonais est tout sauf un prophète de l'Apocalypse. Même si on continue à lui faire dire n'importe quoi... jusqu'en Corée du Sud ! Les Mayas ne sont pas les seuls à former avec Nostradamus (1503-1566) un couple de foudre apocalyptique. Dernière farce du mal en date : les réseaux sociaux sud-coréens font de Psy, le chanteur de Gangnam Style, le cavalier de la fin du monde ce 21/12/2012 sur la foi d'une citation (inventée de toutes pièces) du célèbre médecin et astrologue salonais.Un succès foudroyant qui a même mis en surchauffe le standard téléphonique du musée de Nostradamus, situé à Salon :"Allô, est-ce vraiment la fin?". Habituée à l'antienne, la directrice, Jacqueline Allemand, dit ne plus compter "les coups de téléphone d'un autre monde" et toutes les fausses prédictions prêtées à Michel de Nostre-Dame : le 24 juillet 1999, la chute d'une météorite géante aurait dû supprimer toute présence humaine ; le bug de l'an 2000 allait tout pulvériser...Plutôt de quoi mourir de rire, au final. Vivant "depuis 30 ans dans les écrits et 20 ans dans la maison" de l'astrologue, Jacqueline Allemand se dit "stupéfaite" du talent hollywoodien dont certains esprits usent pour surfer sur ses centuries "en des sens inimaginables" et mettre en scène, à leur gré, nos angoisses. Ainsi, c'est à son corpus défendant que Nostradamus doit "s'en retourner dans son tombeau", estime-t-elle.Exégète de ses fameux quatrains, elle met quiconque au défi de trouver quoi qui puisse se référer à 2012, la fin du monde et même aux Mayas. "Nostradamus utilise très peu de dates. On retrouve par exemple 1609. 

Quand il date, c'est avec la conjonction des planètes. Il décrit ce qu'il voit, une bataille par exemple, ainsi que les planètes qui y président."Enfin, il existerait "un argument imparable" pour tuer dans l'oeuf tout fantasme apocalyptique. Dans la préface de la première édition de ses Prophéties datant de 1555, Nostradamus calcule en chiffres arabes jusqu'en 3797. "Il a une vision cyclique du temps. Il s'agit de tout sauf d'un livre de fin du monde." Nostradamus opposerait d'ailleurs à cette vision une fin de non-recevoir ("encore que le cours du temps aille encore plus loin"). 

"Il met justement en garde l'homme contre les répétitions, s'il ne fait rien pour changer les choses." Nostradamus aurait aussi prévenu qu'on chercherait à prévoir ce qu'il a écrit ("la grande jactance que feront les lettres") alors que ses prophéties, affirmait-il, ne pourraient être comprises qu'après "leur avènement".Alors, pourquoi un tel destin posthume ? Jacqueline Allemand y perçoit l'oeuvre de pulsions nihilistes se nourrissant de l'obscurité de ses quatrains, écrits sous une forme cryptée à cause de la censure, et avec lesquels il serait facile de se raccorder aux accidents de l'histoire. "Il suffit de prendre un mot par-ci et un autre par-là. Certains recréent eux-mêmes des quatrains pour faire dire à Nostradamus tout et n'importe quoi. 

Quand il parle d'oiseaux de feu, certains y voient les avions en flammes du 11 septembre, la cité neuve est aussi rapprochée de New York. À chaque crise dans le monde, c'est la même rengaine : on se rue à tort et à travers sur ses oeuvres."Il lui arrive bien d'évoquer des scènes apocalyptiques, mais pour parler de guerres, famines... Aux yeux de Jacqueline Allemand, la chance, ou malchance, de ce médecin astrologue est d'avoir été considéré par ses contemporains comme un prophète pour avoir "annoncé " le tournoi qui coûta la vie à Henri II et la mort prématurée de François II, dans des vers sibyllins.