Situé à la périphérie du
centre ville, précisément dans la commune de Gueule Tapée-Fass-Colobane, le
marché Colobane est l’un des plus anciens et l’un des plus célèbres de Dakar.
D’aucuns l’appellent «Colways», un nom argotique donné par les jeunes dakarois
appelés «Boy Town». D’autres préfèrent dire «market colobane». La particularité
de ce marché est qu’on y vend «Tout», sauf les organes humains… Reportage.
C’est dans une ambiance
sonore et festive que les marchands et les clients se rencontrent au marché de
Colobane. Musiques, bruits de moteurs des véhicules et déclamations des
commerçants, rythment ce lieu de rencontre. Les activités vont bon train entre marchands
ambulants, commerçants et autres acheteurs. Hommes et femmes, jeunes et vieux : tous
s’activent avec détermination pour se faire de l’argent. Ici, c’est le secteur
informel en mouvement. Du recyclage en passant par le recel des objets volés,
le marché de Colobane a une réputation de coin malfamé.
Centre commercial Cheikh
Ahmadou Bamba, l’antre des receleurs
Situé à l’intérieur du
marché, le centre commercial Cheikh Ahmadou Bamba est l’un des sites les plus
animés. A l’entrée, on y voit une foule compacte qui se bouscule. L’ambiance
bat son plein. Des étales se disputent l’espace avec des magasins, sans compter
les ambulants qui ont la bougeotte, le tout dans une atmosphère de poussière et
d’insalubrité. Les initiés l’appellent «marché noir» car, c’est le lieu de
prédilection du recel. C’est là où beaucoup de cambrioleurs, d’agresseurs et de
pickpockets venus d’horizons divers, écoulent leurs butins après avoir commis
leurs forfaits. Dans ce site, on vend toutes sortes de marchandises :
téléphones portables, ordinateurs, accessoires, chaussures, vêtements,
nourriture ... Certains exposent leurs produits, mais la plupart les planquent
en attendant de démarcher un éventuel client.
Fallou Ngom est un
ambulant, inconscient du danger qui le guette. Venu de son lointain village à
la faveur de l’exode rural, il ne sait même pas ce qu’est le mot receleur. Un
jour, s’il n’a pas trop de chance, il se retrouvera derrière les barreaux,
parce que tout simplement un portable, fruit d’un cambriolage ou d’une agression,
aura été trouvé entre ses mains. Il vend, en effet, des téléphones portables de
seconde main. Interrogé sur son business, le jeune homme, la vingtaine
dépassée, explique qu’il achète sa marchandise auprès de ses amis et ignore
même la provenance de ces cellulaires. Une dizaine de téléphones de marques
différentes à la main, il dit avoir confiance en ses fournisseurs.
Juste à côté de lui, se
trouve un autre ambulant. Lui connaît la réalité du marché et sait que des
policiers et gendarmes y font très souvent des descentes inopinées. Approché,
il affiche un visage méfiant, se refusant à tout commentaire, pensant avoir
affaire à un enquêteur. Aussitôt après avoir décliné, il se fond dans la foule
et disparait, suivis par plusieurs jeunes hommes qui rodaient dans les parages.
Jadis, le marché
Colobane était un lieu de vente et d’achat. De nos jours, ce marché est devenu
un coin où le troc est entretenu au quotidien. Système qui consiste à échanger
son produit avec un autre, moyennant une compensation financière. Un système
très prisé par beaucoup de jeunes sénégalais et étrangers. Il a permis à ces
derniers de s’habiller à la dernière mode sans dépenser des sommes
faramineuses.
Le berceau du recyclage
Le recyclage est une
activité très développée au marché Colobane. Exploité par une franche
significative de la population qui vit de «petits boulots», le recyclage
apporte beaucoup pour les jeunes et les vieux, notamment des «Come on Town». Il
s’agit des gens qui abandonnent les champs dans la campagne au profit de l’exode
rural. Ce, pour se trouver un petit emploi et chercher de quoi faire nourrir
leurs familles. Ils recyclent presque tout. Des chaussures, des jouets pour
enfants, des matériels électroniques, informatiques, des téléphones portables
et accessoires, des ordinateurs fixes et portables et leurs accessoires, des
valises, des sacs à main, des sacs à dos, des sacs de voyage, des fûts, des
bouteilles, et autres. Bref, tout ! La plupart de ces objets sont ramassés
dans les poubelles ou achetés à bas prix. Après nettoyage et quelque petites
réparations, ces articles sont revendus aux utilisateurs.
Mame Gor Tambédou, est
un jeune père de famille âgé de 35 ans qui s’active dans la vente et l’achat de
chaussures recyclées. Trouvé en train de nettoyer sa marchandise, le natif du
Baol a expliqué qu’il s’adonne à ce métier après chaque hivernage. «Je suis un
cultivateur. Après les récoltes, je viens à Dakar pour faire ce business afin
d’avoir quelque chose pour nourrir ma famille», a-t-il confié. Une activité que
le marchand ambulant pratique depuis plus de 10 ans. Selon lui, ce commerce
marche un peu car il parvient parfois à se frotter les mains.
Père Modou Thiam est un
vendeur de lunettes recyclées. Il achète son produit dans la friperie et auprès
des utilisateurs. Le père de famille revend les cadres et les verres de ces
lunettes à ses clients entre 500 et 1 500 FCFA, selon l’état et la nature
de la marchandise. Un commerce pas trop florissant, car, parfois, le
vieux commerçant peut rester toute une journée sans l’ombre d’un client.
Parc «Daal», le temple
des chaussures d’occasion
Au marché Colobane, il y
a un lieu spécial appelé «Parc Daal» où l’on ne vend que des chaussures de
friperie. Un site moins connu du grand public. Ici, on vend toutes sortes de
chaussures, neuves et occasions. Mbaye Plane, 68 ans, est l’un de ces vendeurs
de chaussures de friperie. Assis devant son tas de chaussures étalées sur une
natte, le natif de Tivaouane dit avoir regagné ce lieu après avoir été déguerpi
au marché Grand Yoff. Il a acheté la balle entre 75 000 FCFA et vend la
paire de chaussure entre 500 et 2 000 FCFA, selon leur état. Un métier
qu’il dit avoir embrasé par manque de travail.
Rue 14 X Niangor, le
canton de la friperie
C’est la rue la plus
animée du marché colobane. C’est ici où est née la vente de la friperie.
Vendeurs, acheteurs et prestataires de service, tous se disputent la
chaussée avec les transports en commun, les véhicules particuliers, les
charrettes et les motos. Saliou Touré, né vers 1946 à Touba, s’active dans la
vente de friperie sur ce site depuis 1973. Interrogé, le vieil homme a expliqué
que le commerce de la friperie ne marche plus comme avant. Il vendait des
habits d’hommes et femmes, des draps, des serviettes et des bas mais,
maintenant il ne vend que des vêtements d’hommes.
«Marché par terre», le
rayon des matériels scolaires
Ce lieu mythique, se
trouve non loin du «Parc Daal». Ici, on vend tout ce qui est matériels
scolaires et papeterie neufs et recyclés. Un jeune homme sous l’anonymat
et vendeur de livres recyclés, interpellé sur l’origine de ces produits,
a fait savoir qu’il les achète auprès des élèves. Ces derniers, une fois passés
en classe supérieur, revendent leurs livres pour acheter d’autres. Mais, il
faut préciser que la provenance de certains de ces livres n’est pas licite.
Le centre des
médicaments traditionnels
Le marché Colobane est
aussi le lieu où l’on vend des médicaments traditionnels et des gris-gris.
Cette activité est plus pratiquée par des étrangers notamment les Maliens, les
Nigériens et autres. Fodé Keita est un Malien établi au Sénégal depuis une
vingtaine d’années et s’active dans le commerce de médicaments traditionnels
dans ce marché. Il vend des racines, de la poudre, des feuilles et tiges de
plantes. Une activité qui fait son bonheur car il se frotte bien les mains.
Au Marché de Colobane,
on trouve ainsi du tout. On peut y vendre et acheter tout, allant du licite à
l'illicite. D'où les fréquentes descentes que les forces de sécurité opèrent
très souvent sur les lieux.
10 Commentaires
Tt
En Février, 2015 (14:18 PM)Oyvta
En Février, 2015 (14:25 PM)Nastick
En Février, 2015 (14:43 PM)Yos
En Février, 2015 (15:03 PM)Dof Bi
En Février, 2015 (15:19 PM)Kolweez
En Février, 2015 (15:25 PM)Comm.numero 6
En Février, 2015 (18:46 PM)Peulh Bi
En Février, 2015 (21:26 PM)J’ai été ahuri de voir les GENS SAIGNANTS de L. DIANTE brandir des pancartes pour reclamer de INDEMNITÉS... ( Journal Télévisé 20 heures de SEN TV..)
Buzz Bi
En Février, 2015 (22:04 PM)Montréalais
En Février, 2015 (23:00 PM)Participer à la Discussion