Me WADE SUR L’INDEPENDANCE DE LA JUSTICE : « Nos magistrats sont bien formés et indépendants »

Le président Wade s’est félicité, hier, du choix porté sur notre pays pour abriter la 53ème réunion annuelle de l’Union internationale des magistrats (Uim), signe d’un hommage rendu à la qualité de notre Justice et un encouragement à persévérer dans la voie tracée. En présence du Premier ministre et du ministre des Affaires étrangères, la rencontre, organisée à l’initiative de l’Union des magistrats du Sénégal, a vu la participation du rapporteur spécial des Nations Unies pour la protection des juges et des avocats, du Premier président de la Cour suprême et des représentants d’une soixantaine d’associations du monde entier. Me Wade a déclaré que les magistrats sénégalais sont mis dans de bonnes conditions pour assumer pleinement leur indépendance.

Le président Wade a ouvert, hier matin au Méridien Président, la 53ème réunion annuelle de l’Union internationale des magistrats (Uim), en présence de son président José Maria Bento Company et du Rapporteur spécial des Nations Unies pour l’indépendance des juges et des avocats. Il a promis de soutenir la candidature de l’Uim à un statut d’observateur à l’Union africaine

En compagnie du Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye et du ministre des Affaires étrangères Madické Niang, face aux magistrats et avocats sénégalais et au corps diplomatique, le chef de l’Etat a loué les efforts faits par notre pays pour la promotion d’une justice indépendante. « On pense généralement l’indépendance de la justice par rapport à l’exécutif, alors qu’il y a beaucoup d’autres contraintes », a dit en substance Abdoulaye Wade à l’ouverture des assises de l’Uim qui se tiennent pour la seconde fois en terre sénégalaise. Ainsi, a-t-il cité les questions relevant du sous-développement et celles qui tiennent des structures sociales spécifiques à chaque culture. Saluant la pertinence des autres thèmes qui portent notamment sur la protection de la vie privée, la protection des données personnelles et la traite des personnes, Me Wade s’est appesanti sur le « rôle du digital au sein de nos sociétés », en soulignant que c’est un problème global qui fait l’objet de réflexion dans tous les pays pour une bonne protection des données personnelles et de la vie privée. « C’est l’essence d’un système démocratique », a-t-il plaidé. Mais pour lui, la question de l’indépendance de la justice se pose partout (y compris dans les plus grandes démocraties) au regard des contraintes économiques et sociales, notamment à l’aune de la levée des « préjugés séculaires ».

Une bonne protection des femmes et des enfants

A titre d’exemples, la condition de la femme et la situation des enfants au Sénégal ont retenu son attention et le président Wade s’est félicité de sa décision de nommer une femme Premier ministre en 2001. « Il s’agit de distinguer ce qui est facteur de progrès de ce qui est stagnation », a dit le président sénégalais pour qui, « c’est la loi du progrès par élimination des aspects négatifs au profit des valeurs positives ». Se disant très fier des magistrats sénégalais « qui sont indépendants parce que bien formés aux plans juridique et professionnel », Abdoulaye Wade a présenté les efforts consentis en leur faveur, essentiellement pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, sans oublier le cadre devant « restituer à la fonction toute sa dignité ». Rapprocher la justice des justiciables, augmenter les effectifs et moderniser le système judiciaire, en particulier grâce à la généralisation de l’outil informatique, tels sont les axes qui ont permis au Sénégal d’atteindre des résultats non négligeables. Ainsi, le président Wade estime que le choix porté sur Dakar, est à la fois un hommage du fait que dès les années 60, nos magistrats ont été cooptés dans les plus hautes juridictions internationales, et un encouragement à poursuivre dans cette voie. Auparavant, après le discours de bienvenue du président de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) Abdoulaye Bâ, le président José Maria Bento Company et le premier président de la Cour suprême Pape Omar Sakho ont tour à tour planché sur la pertinence de la tenue de cette 53ème réunion de l’Uim en terre sénégalaise. Citant Montesquieu et Diderot, le président Sakho a particulièrement loué la diplomatie judiciaire sénégalaise, avant d’inviter les participants à revisiter Gorée, symbole de « dignité et d’intégrité des personnes et des peuples ».

Quant à M. Company, il s’est félicité de ce que l’Uim est « fondée sur la connaissance mutuelle entre autant d’associations de cultures juridiques différentes, mais toujours unies dans la défense et la reconnaissance de valeurs communes ». La réunion de l’Uim qui se poursuit jusqu’au 11 novembre devra élire un nouveau bureau, c’est-à-dire son président et les 10 vice-présidents. Une seule Africaine, Mme Fatoumata Diakité de la Côte d’Ivoire y siège comme 1er vice-président.